Production Porcine en Chine : Statistiques et Tendances

La Chine, premier producteur de porcs dans le monde, accélère la restructuration de sa filière, sous la forte influence des autorités politiques. Celles‐ci visent l’auto‐approvisionnement du pays en viande de porc, malgré la poursuite du développement de la consommation, ce qui suppose une croissance plus rapide de la production. Au cours des vingt dernières années, la consommation chinoise a plus que doublé, estime l’US Department of Agriculture (USDA).

Évolution de la Production Porcine

La production porcine chinoise a longtemps été réalisée presqu’exclusivement par de petits élevages. Ces dernières années, progressivement, de plus grandes entités de production sont apparues, utilisant souvent de la technologie étrangère. Les restructurations s’accélèrent, en prenant appui sur les orientations du « 12ème plan quinquennal national ».

Les entreprises veulent intégrer plusieurs activités de la filière, par des investissements nouveaux ou par la reprise d’entreprises existantes.

Défis et Obstacles

Elle n'est pas prête à couvrir ses besoins, même si ses dirigeants affichent une volonté de développer la production nationale. Mais elle doit affronter des obstacles majeurs : sanitaires, économiques, écologiques… Visiter des élevages des cochons est aujourd’hui l’une des expériences les plus traumatisantes qui soient.

Un article publié par le Pôle Economie de l’IFIP aux Journées de la Recherche Porcine 2015, évalue la dépendance en matières premières et les nombreux autres défis à résoudre pour atteindre l’autosuffisance, tels que la forte surcapacité d’abattage, la sécurité sanitaire des aliments ou les contraintes environnementales croissantes.

Pratiques d'élevage intensives

Comme on s’est arrangé pour que les truies n’aient plus 10 porcelets comme le prévoit la nature mais 17 ou 18, on bricole génétiquement des truies avec le nombre adéquat de tétines. Comme ces mamans cochons ne bougent pas de leur case, qu’elles dorment au-dessus de leurs déjections (le lisier) et que, bref, leur santé est fragile en ce milieu ultra confiné, on les bourre d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques pour que nos petits porcelets ne tombent pas malades.

Dopants musculaires : salbutamol (= ventoline), ractopamine, et chlorhydrate de clenbutérol. Ce dernier est devenu la norme dans les élevages chinois.

Production Mondiale et Chinoise

Ce sont 3484 kilos de viande de porc qui sont produits chaque seconde dans le monde (compteur). Plus de 109 millions de tonnes de viande porcine devraient être produits en 2014 pour 790 millions de porcs. La production porcine américaine 2014 : 10.9 millions de tonnes, un record ! La production porcine se développe là où est la consommation, c'est-à-dire dans trois principaux bassins : Amérique du Nord, Europe et Asie.

" En 2020, La Chine, à elle seule, va représenter la moitié de la demande mondiale, avec une estimation à 52 millions de tonnes consommées.

Le Marché Européen

L'Europe, dans son ensemble, est compétitive sur le marché mondial, compte tenu de sa technicité. D'autre part, elle peut prétendre occuper des marchés relativement « haut de gamme » grâce à la qualité de ses produits.

L’Union européenne dispose du 2ème cheptel porcin mondial en 2008.

PaysCheptel Porcin (en milliers)Production de Viande (en milliers de tonnes)
Allemagne26 7192 296
Espagne26 2902 542
France14 7961 201
Pologne14 2421 279
Danemark12 1951 289
Pays-Bas11 7351 025
Italie9 252756
Belgique-Lux.6 190552
Roumanie6 149398
Royaume-Uni4 550488
Hongrie3 383314
Autriche3 064291
Portugal2 339303

Consommation et Utilisation

La part de la viande fraîche (côtes de porc, rôti, etc.) ne représente que 25 % de cette consommation. Sur ces 34,5 kilogrammes, il est important de préciser que la part de la viande fraîche (côtes de porc, rôti, etc.) ne représente que 25 % soit environ 8,5 kilogrammes équivalent carcasse (avec os et gras).

Le gras et les os servent d'ingrédients dans la fabrication des aliments pour animaux de compagnie ou peuvent servir pour la fabrication de gélatine ou de gomme à mâcher. Certains sous-produits sont utilisés pour la fabrication d'encre d'imprimerie, de pneus ou d'asphalte.

Analyse Prévisionnelle des Marchés

Tous les semestres, l’Ifip réalise une analyse prévisionnelle de l’offre, de la demande et des prix sur les marchés des matières premières végétales et du porc. Pour ce faire, les facteurs d’évolution probables du marché sont pris en compte en intégrant les avis de différents experts européens, les données d’offre, de demande et de prix.

A partir de ces éléments disponibles à date, l’objectif est de fournir la meilleure estimation possible de ce que seront les conditions de marché jusqu’au 1er semestre 2025 afin de permettre aux acteurs de la filière porcine de favoriser la construction de choix stratégiques.

Tendances des Prix des Céréales et du Soja

Le mouvement de stabilisation des prix de l’aliment observé depuis quelques mois devrait se poursuivre à très court terme. Les cours des céréales devraient se maintenir sur les niveaux actuels et seul le prix du soja dispose d’un potentiel de baisse encore significatif.

Plusieurs facteurs vont participer au maintien des prix du blé sur les niveaux actuels. La demande est attendue une nouvelle fois supérieure à l’offre sur cette campagne, ce qui implique la contraction des stocks de fin de campagne. De plus, la mise en place de systèmes de quotas et/ou prix planchers sur les exportations russes et ukrainiennes de céréales entrainera une possible réduction de l’écart de compétitivité avec les blés européens, sur les prix et les volumes.

Par ailleurs, les volumes disponibles à l’export pour ces deux origines sont en retrait par rapport à 2023, avec une production s’élevant à 104 Mt contre 114,5 Mt en 2023. Dernièrement, le renforcement du dollar qui a suivi l’élection de Donald Trump a soutenu les cours européens, bien que de portée finalement limitée.

Sur la campagne 2024/25, la demande devrait se stabiliser par rapport à 2023 (+0,2 %) mais rester supérieure à l’offre. Aujourd’hui, la confrontation de l’ensemble de ces facteurs d’influence conduit à une certaine stabilité des cours des céréales sur le marché européen.

Au regard du contexte géopolitique et des nombreuses incertitudes quant à l’évolution des relations commerciales actuelles, les cours des céréales ne devraient plus beaucoup reculer sur les marchés européens et français à court terme.

La récolte mondiale de soja est attendue à 427 Mt sur cette campagne soit une hausse de 16 % par rapport à la moyenne 19-23. A ce jour, seule la récolte américaine est réalisée, représentant 30 % de la production mondiale, avec une production record de 121 Mt.

Les perspectives pour le Brésil et l’Argentine sont très bonnes avec respectivement 169 Mt et 52 Mt contre 143 Mt et 42 Mt en moyenne sur 19-23. Pour la troisième année consécutive, le bilan est attendu excédentaire pour le soja, avec un surplus d’offre de 25 Mt sur cette campagne ce qui pèse sur les cours. De plus, l’activité de trituration est très dynamique aux Etats-Unis, portée par la demande en huile de soja pour le secteur des biocarburants.

Impact des Fluctuations du Marché

La production porcine chinoise a rebondi rapidement et la forte baisse des prix du porc en Chine au 1er semestre 2021 le montre. La croissance rapide de la production résulte d’une restructuration importante de l’élevage de porc en Chine, d’une amélioration des performances et de soutiens financiers du gouvernement pour limiter l’inflation et la volatilité des prix.

En même temps, beaucoup de petites exploitations porcines ont repeuplé leurs bâtiments profitant des prix très élevés. A présent, le recul des prix à la production et l’envolée des cours des matières premières affectent beaucoup la rentabilité des élevages.

Les petites structures ont de nouveau dû décapitaliser leur cheptel entraînant une augmentation ponctuelle de l’offre nationale. Les grands complexes perçoivent des subventions pour continuer à produire.

L’USDA estime que la production chinoise atteindra 48 Mt en 2021 (+ 32 %/2020). La décapitalisation des fermes devrait se poursuivre à cause des pertes financières subies. La production devrait chuter de -13 % en 22/21. Malgré une consommation chinoise de porc en baisse, les importations pourraient à nouveau dépasser les 5 Mt.

Importations et Exportations

Les importations se sont beaucoup réduites depuis l’été 2021 en recul de -10 % en 21/20. En juillet, le recul des achat chinois s’est accentué. Les importations ont chuté de -35 % entre juin et juillet. Ce recul des achats s’explique par une hausse de l’offre intérieure sur le marché avec une volonté du gouvernement de limiter l’inflation.

Un des signes de la hausse de l’offre nationale est la baisse des importations de viandes de porc. Depuis mars, la Chine a beaucoup réduit ses achats de viandes, surtout les carcasses, pièces désossées et poitrines. En revanche, les importations de longes, lards et graisses restent plus élevées qu’en 2020 avec une demande en abats stable.

Le recul de la demande chinoise entraîne une redirection des flux vers le marché intra-européen alors que l’offre allemande est déjà bien présente sur ce marché. En plus de la pression sur le marché international pour faire baisser les cours du porc, la Chine souhaite diversifier ses approvisionnements en termes de fournisseurs et de sources protéiques, ce qui explique qu’aux Etats-Unis, environ 17 abattoirs de porc, volaille et boeuf ont récemment obtenu un agrément pour exporter vers la Chine.

Importations chinoises par type de produits (1000 tonnes)

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