Histoire de Villard-de-Lans : Entre Patrimoine, Sports et Résistance

L'histoire de Villard-de-Lans est intimement liée à celle du massif du Vercors, une région aux paysages grandioses et au passé riche en événements marquants.

Les Origines Géologiques et Préhistoriques

Notre histoire commence il y a 320 000 ans. À cette époque, des glaciers recouvraient une partie du massif du Vercors. Un énorme glacier... C’est à la faveur d’un adoucissement climatique plus général, entre 15 000 et 12 000 ans avant J.C., que l’homme moderne va fréquenter durablement le Vercors.

À la fonte des glaciers, l’eau qui tombe dans le Val de Lans rejoint naturellement la vallée de l’Isère par des gorges profondes. La Bourne naît dans ce pré à 1000 m d’altitude. Tout au long du vallon, sur les flancs de la montagne, des sources émergent. Paisible jusqu’à Villard, marquant des hésitations par un cours tout en méandres, la Bourne se gonfle de petits ruisseaux dans le Val de Lans. Le val est marécageux.

Des traces d'une histoire encore plus ancienne ont été retrouvées dans le Vercors : des marques attestant de la présence de l'Homme qui dateraient de la période Paléolithique, c'est-à-dire d'environ quelques centaines de milliers d'années, ont déjà été retrouvées. Le Vercors, riche en verdure, est depuis toujours un terrain fortement propice à la cueillette et à la chasse selon saison rythmant les années.

Du Moyen Âge à la Révolution Française

Après l’émiettement de l’empire de Charlemagne, de petits seigneurs locaux prennent le pouvoir sur des parcelles de territoire. À la fin du XIe siècle, on trouve mention de la famille du célèbre chevalier Rainold, et de son frère Guigues, chanoine de la cathédrale de Grenoble. Le premier château semble être constitué d’une tour en bois entourée d’une palissade et d’un fossé, pour protéger les villageois en cas d’attaque. Autour de cet édifice s’organise la vie paysanne ; une basse-cour jouxte peut-être le château.

Nous pouvons nous faire une idée de la vie à Lans durant la Révolution grâce à une enquête de M. Neyton, instituteur à Lans en 1887. Ce texte a été rédigé pour le centenaire de la Révolution française. Lans était alors chef-lieu de canton, mais le 20 novembre 1799 le titre passe à Villard “grâce à l’influence d’une famille qui y résidait (…). Nous apprenons que de nombreux soldats réfractaires à la conscription, au moment des guerres de la Révolution, se sont réfugiés dans certains endroits secrets. Quand ils étaient pris, ils étaient incarcérés au village : “Une prison existait au Peuil, près du château, avant la Révolution. La clef en avait été confiée à un nommé Mure Ravaud, maréchal-ferrant au Peuil”.

M. Neyton procède ensuite à une description de la vie des Lantiers à cette époque : “L’élevage n’était véritablement pratiqué que sur les hauteurs, le fond du val étant jugé trop humide. Avant la route, les liaisons avec la vallée de l’Isère se faisaient à dos de mulet par des sentiers étroits et escarpés.

Le Désenclavement et le Développement Économique au XIXe Siècle

De Sassenage à Villard-de-Lans, en passant par Lans, cette grande route fut la première à désenclaver le Vercors. À cette époque, les routes du Vercors étaient caillouteuses et rapidement détériorées par les lourds charrois. Ces voitures montées sur 4 roues suspendues par des ressorts métalliques étaient tirées par des chevaux. La patache était tirée par deux chevaux jusqu’à Sassenage puis par six chevaux pour pouvoir atteindre la plaine de Lans.

À la fin du XIX e siècle, la forêt offre des ressources non négligeables aux habitants de Lans. L’exploitation du bois devient un métier. Il fallait de l’expérience pour tomber un beau sapin. C’est à la hache et à la scie que le bois était coupé. Ensuite, à l’aide d’un treuil à manivelle appelé “la chèvre”, il était chargé sur un char. À la Révolution, la confusion est générale : les forêts deviennent communales. Dans la première moitié du XIXe siècle, les habitants se servent souvent jusqu’au pillage. Ce n’est qu’après 1850 que l’aménagement et la mise en valeur des forêts furent effectivement entrepris. À Lans, en 1893, l’Administration des Eaux et Forêts (l’ONF actuel) divise les forêts communales de Lans en séries et parcelles.

Le coquetier est l’un des précurseurs du commerce qui se met en place avec la vallée. Equipé d’une carriole à grandes roues tirée par un ou deux chevaux, il sillonnait les villages du Vercors. Une fois par semaine, il effectuait le trajet jusqu’à Grenoble. Par les routes caillouteuses, il descendait des œufs délicatement posés dans des cagettes remplies de paille. Le coquetier ne reprenait la route que le lendemain, mais pas à vide, il remontait les denrées demandées par les habitants : du sel, du riz et du sucre.

L’absence de transport frigorifique et les difficultés de ramassage font que la production laitière était jusqu’alors transformée sur place, à la ferme, en beurre et en fromage. En 1911, seul le lait de Lans est expédié à Grenoble. Un camion passe à domicile, ramasse le lait produit dans les fermes proches de la route. À cette époque, on assiste à un changement d’attitude chez les éleveurs du plateau.

Le XXe Siècle : Développement Touristique et Climatisme

Entre 1914 et 1918 les rails sont posés jusqu'à Saint-Nizier par des travailleurs italiens et des prisonniers allemands. À l’achèvement de la ligne en 1920, les machines étaient déjà dépassées. Dès la fin des années 1930, avec la concurrence des autocars beaucoup plus rapides, il fallait prendre une décision quant au devenir de la ligne. Deux options étaient alors envisagées : soit investir dans un matériel plus moderne de manière à diminuer le temps de trajet, soit abandonner, démanteler la ligne.

Pour vaincre la tuberculose, responsable à l’époque de 90 000 morts par an, une solution : vivre à l’air pur, se reposer, se suralimenter. Réputé pour son climat sec et ensoleillé, Lans possède tous les atouts pour attirer les malades. Les maires de Lans et de Villard soutenus par la population s’opposent alors à leur construction. Un comité médical consultatif se met en place pour constater l’absence de maladies contagieuses. Ces mesures assurent à Lans une réputation de station climatique modèle, au slogan évocateur : “Pour récupérer force et santé, venez à Lans. Un soleil éclatant, ni brume, ni brouillard”. Dans les années 1930 ont été pour Villard de Lans le début d’une toute nouvelle économie . Le Vercors devient alors un lieu privilégié pour les cures d’air et de soleil et notamment pour les enfants .

Villard de Lans obtient par décret le titre de station climatique. Le Splendid a conservé ses plafonds hauts et peints de fresque, son hall d’accueil avec son sas d’entrée d’époque mêle l’histoire et la modernité . Devenu dans les années 60 une maison de repos et convalescence réputée , le Splendid accueille une clientèle venue se refaire une santé et les familles qui viennent les visiter et ceci jusque dans les années 2010 . Aujourd’hui , le Splendid devient une résidence 4 étoiles à la montagne et propose des appartements en location hôtelière avec des services annexes et n’oublie pas son histoire liée à la santé .

Dans les années 1970, cette activité semble atteindre un palier. On assiste alors à une baisse du nombre de cures conventionnées prises en charge par les caisses de sécurité sociale et les caisses complémentaires. Parallèlement se développent les séjours verts ou les séjours de neige dans les maisons d’accueil.

La Résistance et la Seconde Guerre Mondiale

Lorsqu'on parle du Vercors et de son histoire on est obligé de parler de la Résistance et c'est cette architecture calcaire si particulière qui a aussi engendré cette partie de son histoire principalement parce qu'elle permettait la création d'un maquis organisé. Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu'est un maquis, dans ce cas précis, un maquis est un lieu de regroupement de résistants car c'est un lieu peu accessible. Cet environnement difficile d'accès et du coup connu uniquement des résistants habitants le Vercors, aussi appelés les maquisards, ont permis la protection du Vercors de l'envahisseur par ces derniers. C'est notamment l'entrée sur le massif par Grenoble qui a pu ainsi protégée pendant de longs mois contre les nazis grâce à la présence de nombreuses grottes et donc de cachettes.

Villard-de-Lans est occupé. Le 23 juillet 1944, le village de Valchevrière, situé en pleine forêt, qui abritait un camp de maquisards commandé par le lieutenant Chabal, est détruit par une attaque allemande.

L'Essor des Sports d'Hiver

Durant la période d'entre deux guerres, le Vercors se développe et notamment grâce à la croissance des sports d'hiver : ski, bobsleigh, luge... On retrouve de tout les sports sur le massif. Les compétitions apparaissent petit à petit et attirent les habitants du bassin grenoblois. Les sports d'hiver séduisent le grand public. C'est dans ce contexte que notre fameuse station Côte 2000 fait son apparition en 1951, avec l'installation des premières remontées mécaniques et premiers modèles de télésièges.

Le pas sûr, le regard bleu et vif, le verbe haut, Daniel et Victor Huillier, 91 et 89 ans, replongent sans qu’on les pousse dans leurs souvenirs. Leur aventure à la Côte 2000, la station de ski de Villard-de-Lans dont ils s’apprêtent à se séparer, c’est tout simplement l’aventure d’une vie. Une histoire de pionniers - une habitude, dans le Vercors ! - qui débute en 1951, lorsqu’un groupe d’entrepreneurs villardiens fonde la Société d’équipement de Villard-de-Lans (SEVL). Elle prévoit dans ses statuts de créer une station de ski, avec des remontées mécaniques.

Le 7 mars 1951, notre journal titre : “Villard-de-Lans en fête !” Et pour cause ! La station inaugure alors sa première télécabine débrayable deux places, qui s’avère aussi être « la première d’Europe, voire du monde », assure Daniel Huillier. Les 60 bennes, construites par les Établissements Mancini, permettent alors de transporter “350 skieurs dans l’heure” jusqu’à la Côte 2000, le tout “en 10 minutes”. De quoi “transformer totalement la physionomie de la station et du ski dauphinois”, peut-on encore lire dans notre journal. C’est le point de départ de l’ascension de la station.

À la mort de leur père, en 1961, Daniel et Victor Huillier entrent au conseil d’administration de la SEVL et constituent dans la foulée la société d’équipement de Corrençon. « Ça, ça a été quelque chose ! », se rappelle Daniel Huillier, qui en fut alors président. Au début des années 70, son frère Victor devient directeur général de la SEVL, puis PDG lorsque le groupe Huillier devient actionnaire majoritaire de la société d’équipement.

Précurseurs, ils l’ont été à plusieurs reprises, particulièrement en 1982 avec l’installation de 72 enneigeurs. Villard-de-Lans devient l’une des premières stations françaises à en posséder, et même le premier domaine européen de neige artificielle. « Avant ça, on descendait 40 jours par an. Depuis qu’on a la neige de culture, on descend chaque année 120 jours par an ! », détaille Victor Huillier.

Aujourd’hui, le domaine peut fabriquer « 2 500 m³ de neige à l’heure par -5 °C », rappellent les frères. Eux, qui ont longtemps pratiqué le hockey sur glace (ils participent aux Championnat du monde de 1953 en Suisse), n’ont jamais été des « fanas de ski ». Mais ils en ont saisi tous les enjeux pour le plateau.

Les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968

On ne peut pas parler des sports d'hiver sans aussi parler des Jeux Olympiques d'hiver de Grenoble qui ont eu lieu en 1968. Ces jeux ont rendu célèbre notre région, mais surtout le Vercors aux yeux de tous car il accueille plusieurs épreuves comme la luge, le saut de 90 mètres ou bien le ski nordique par exemple.

Villard-de-Lans Aujourd'hui

Après avoir connu une diminution de sa population dans les années 1960, Lans-en-Vercors a fait face à un fort essor démographique.

Le Best Western Grand Hôtel de Paris

L’incroyable histoire du Best Western Grand Hôtel de Paris de Villard de Lans a débuté en 1894. Depuis plus d’un siècle, il a vu passer de nombreuses personnalités et fait partie de l’histoire locale, nationale mais aussi internationale. De grandes décisions ont été prises dans ces lieux lors de grands séminaires notamment les premières décisions concernant la fusée ARIANE.

Voici un extrait du livre concernant le grand hôtel de Paris : « Malgré un siècle d’existence et une clientèle longtemps composée des membres les plus « glamour » de la société cosmopolite, voici un étonnant exemple d’absence presque totale d’archives et donc de souvenirs. Commencé en 1894 par une entrepreneur de Villard de Lans sur les plans d’un architecte parisien, le Grand Hôtel de Paris est transformé une première fois en 1900 puis, devant le succès, largement agrandi en 1924 pour obtenir son apparence actuelle de grande maison savoyarde au cœur d’un parc de verdure. »

« L’hôtel est suffisamment à la mode parmi les amateurs fortunés de grands espaces et les mondains - dans des années vingt, le sport est encore un luxe - pour recevoir l’Aga Khan, le roi du Maroc, Chanel et des vedettes du spectacles ou de la politique. L’Elysée le considère alors comme la meilleure adresse de la région et l’établissement reçoit le Président de la République Albert Lebrun, lors de son voyage officiel dans le Vercors à la fin des années trente.

Au cours de la seconde guerre mondiale, dans le Vercors à la fin des années trente, lorsque les ennemis envahissent la Savoie et le Vercors, les allemands s’installent à l’hôtel qui devient la Kommandatur locale. Malheureusement, l’armée a l’idée de brûler toutes les archives de la maison en 1943. Disparaissent ainsi les traces de la mémoire des célébrités descendues dans l’hôtel depuis son ouverture.

Aujourd’hui, l’hôtel reçoit tous les journalistes et les équipes de télévision, venus à l’occasion d’évènements sportifs nationaux ou internationaux. Il accueille aussi une nombreuse clientèle familiale, amoureuse des magnifiques paysages des Alpes, à l’occasion de vacances sportives ainsi qu’une clientèle d’affaires venue en séminaire, hors saison. »

Le Best Western Grand hôtel de Paris poursuit son histoire et notamment au cinéma. En effet, très régulièrement l’hôtel reçoit des équipes de tournage.

Tableau Récapitulatif des Périodes Clés de l'Histoire de Villard-de-Lans

Période Événements Marquants
Préhistoire Présence humaine attestée dans le Vercors
Moyen Âge Émergence de seigneurs locaux et construction des premiers châteaux
XIXe siècle Désenclavement du Vercors grâce à la construction de routes
Début du XXe siècle Développement du climatisme et essor touristique
Seconde Guerre Mondiale Occupation et rôle important dans la Résistance
Après-guerre Essor des sports d'hiver et Jeux Olympiques de Grenoble

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