Un vieil adage dit que 9 personnes sur 10 aiment le chocolat, la 10e ment sûrement (ou y est allergique). Ce n’est un secret pour personne, le chocolat fait partie intégrante de nos vies depuis plusieurs générations. Mais connaissez-vous l’histoire du chocolat ? D’où vient-il ? Comment était-il consommé ?
L'origine du mot chocolat
Commençons par le nom : chocolat. Savez-vous d’où vient ce mot ? Pour revenir à l’origine du chocolat, il semble important de revenir sur la signification du mot. Contrairement à ce que certains prétendent, le mot « chocolat » n’est pas issu du bruit du liquide contre la paroi de la chocolatière lorsqu’on mélange à l’aide d’un moussoir.
Le mot original, xocolatl, prononcé phonétiquement « ʃo.ko.lat͡ɬ » (cho-co-latel) désigne une boisson amère et astringente préparée à base de fèves du cacaoyer. “Xocolatl”, ou encore “chocolatl” provient du nahuatl, ancienne langue aztèque, et signifie “eau amère, eau acide”. L'origine du mot nahuatl xocolatl n’est pas connue avec certitude. Mais pour la première partie de xocolatl, deux hypothèses circulent : il s’agit peut-être de la racine xococ, « amer », ou peut-être de chicolli, le nom d’un ustensile en forme de crochet utilisé pour mélanger le cacao avec l’eau.
Dans le dictionnaire de la langue « nahuatl » (langue parlée par les Mayas), le mot pour la boisson à base de cacao est « cacahuatl », c’est-a-dire « cacao et eau ». C’est logique puisque la boisson était composée principalement de fèves de cacao broyées et d’eau. L’autre mot pour « chaud » était « chocol » ce qui fait référence à une autre façon de dire « eau chaude » était « chocol haa ».
Le chocolat à travers l'histoire
L’histoire du chocolat et ses origines remontent à des milliers d’années. En effet, au début de son histoire, le chocolat se boit et ne se croque pas ! C’est un breuvage sacré, qui apporte vitalité, vigueur et permet de lutter contre la fatigue.
Les premières traces de cacao sont retrouvées dans des poteries, dès 1500 avant Jésus-Christ. Les fouilles archéologiques et les témoignages ayant traversé l’histoire nous permettent d’affirmer que la civilisation maya cultivait également le cacao. La civilisation maya est une civilisation bien plus ancienne que la civilisation aztèque, et a connu son apogée au début de notre ère, avant de péricliter progressivement au 12e siècle.
Pour les tribus Mayas, le cacao était plus qu'une simple gourmandise. Les Dieux, selon des rituels bien précis, permettaient à certains de le consommer, le mélangeant à de l'eau et du piment. Le chocolat était ainsi dégusté sous forme d'un liquide froid, plutôt amer, agité rapidement pour créer une délicate mousse. À cette époque, il portait le nom évocateur de « Tchocoatl ».
Pendant ce temps, les Aztèques répandaient les fèves de cacao au gré de leurs voyages à travers différentes régions du Mexique. Ces petites pépites de plaisir étaient si précieuses qu'elles étaient utilisées comme monnaie d'échange ou offertes en cadeaux, témoignant de la valeur exceptionnelle accordée au cacao. Le chocolat était autrefois utilisé dans des rituels religieux, et les Aztèques en consommaient principalement en boisson, en broyant les fèves de cacao et en les mélangeant à de l’eau, des herbes ou encore des épices.
Nous l’avons vu, le xocolatl aztèque était lié à la déesse de la fertilité Xochiquetzal, car les Aztèques lui conféraient une action aphrodisiaque. Dans la mythologie grecque, les fèves de cacao purifiaient l’âme, et guidaient les défunts vers l’au-delà. De nos jours, nous aimons le chocolat, le savourons seul(e) après un repas ou entre proches lors d’un événement tel que Pâques ou encore la Saint-Valentin... Mais connaissons-nous vraiment son histoire ? D’où vient-il ? Comment est-il arrivé entre nos mains ?
L'arrivée du chocolat en Europe
De l'Amérique à l'Europe en traversant les océans, le voyage du cacao prend un tournant épique lorsque Hernán Cortés, le grand explorateur du 16e siècle, revient en 1528 d'une expédition en Amérique avec ce trésor exotique pour le roi Charles V en Espagne. À cette époque, le navigateur se voit offrir la boisson “xocolalt”, qu’il n’apprécia pas du tout. 26 ans plus tard, en 1528, c’est un autre navigateur Espagnol, Hernan Cortes, qui cette fois, décide de ramener des fèves de cacao au roi d’Espagne afin qu’il découvre la boisson Aztèque.
Il proclame alors avec éloquence : « Une tasse de cette précieuse boisson permet à un homme de marcher un jour entier sans manger ». Considéré comme une véritable potion magique, le chocolat devient l'apanage des moines qui, avec dévotion, le transforment en une délicieuse boisson chaude. Ils y ajoutent parfois du lait, du miel, du sucre ou de la vanille, créant ainsi des variations exquises pour adoucir son amertume.
Pour Charles Quint, roi d’Espagne à l’époque, il n’y a aucun doute : l’Espagne doit produire et commercialiser le cacao. À la cour espagnole, le chocolat devient un symbole de prestige et de raffinement. Son aura magique se diffuse dans toute l'Europe, suscitant un engouement sans précédent.
Lorsque les conquistadors espagnols rapportèrent du Mexique le xocolatl, son succès dans le vieux monde fut… médiocre. Il manquait quelque chose ! Les artisans espagnols eurent alors l’idée d’ajouter du sucre (en grosse quantité !) au cacao, ce qui permit d’obtenir du chocolat ! Le chocolat est alors consommé en tant que boisson.
Le chocolat en France
Nous sommes au XVIIème siècle, plus précisément en 1615, lorsque le chocolat arrive en France, dans la cour royale. Anne d’Autriche, fille du roi d’Espagne Philippe III, souhaite se marier avec Louis XIII… À une seule condition : que son chocolat ainsi que ceux qui le préparent soient présents lors de son mariage. Après le mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, c’est le roi Louis XIV et Marie-Anne d’Autriche qui révèlent leur amour pour le chocolat, en l’utilisant pour ses vertus énergétiques et aphrodisiaques.
C’est donc en 1659 qu’une boisson à base de chocolat est vendue pour la première fois en France, à Paris, et que des ateliers de fabrication se développent dans la ville. Dès lors, le chocolat devient un symbole de richesse et de pouvoir : la boisson chocolatée est produite pour servir la famille royale, les aristocrates, médecins et religieux. Le poste de “chocolatier du roi” devient très prisé, et les chocolatières, hautes tasses composées d’un trou qui servent à insérer un moussoir et fouetter le chocolat, deviennent indispensables pour les classes aristocratiques et bourgeoises.
L'industrialisation du chocolat
Alors que le chocolat liquide se révélait difficile à transporter et à partager, des esprits inventifs ont émergé, introduisant des machines ingénieuses pour faciliter la transformation des précieuses fèves. Plus d’un siècle plus tard, en 1778, les premières machines industrielles voient le jour : la machine hydraulique, le mélangeur de pâte à cacao ou encore la machine à broyer permettent d’augmenter de façon significative la quantité produite de chocolat, et de rendre le produit accessible à toutes les classes sociales.
Parmi ces visionnaires, Joseph Fry a laissé une marque indélébile en inventant la tablette de chocolat noir. L'évolution ne s'arrêta pas là. Des procédés innovants firent émerger des variétés de chocolat qui sont devenues des classiques intemporels. Le chocolat au lait, avec son onctuosité douce, et le chocolat blanc, délicieusement crémeux, firent leur apparition grâce à des processus ingénieux toujours en usage aujourd'hui.
En 1828, Coenraad Johannes Van Houten dépose un brevet pour le chocolat en poudre, et devient la première personne à séparer le cacao maigre du beurre de cacao. En 1879, Rodolph Lindt, chocolatier suisse, met en place une technique nommée le conchage, permettant de malaxer la pâte de cacao dans des cuves, afin de l’affiner et de l’homogénéiser. Cette méthode est encore utilisée de nos jours par tous les chocolatiers.
Plus pratique sous sa forme solide et réputé pour son bon goût, le chocolat entame une véritable épopée à la conquête de l’Europe, se démocratisant au fil des pages de l'Histoire. Les fèves de cacao, porteuses de cette délectable histoire, ne connaissent pas de frontières, propageant leur douce emprise sur de nouveaux horizons. Le début du 19e siècle marque un tournant majeur, lorsque le chocolat tel que nous le savourons aujourd'hui devient enfin accessible à tous. L'industrie du chocolat, catalyseur de cette révolution sucrée, s'efforce de rendre ce trésor gustatif accessible aux palais de toutes les classes sociales.
Les usines de chocolat se multiplient partout en Europe dès le XIXème siècle, et les premiers artisans chocolatiers voient le jour en Suisse, en Hollande, en France et en Angleterre. C’est à cette période que les premières marques de chocolat que nous connaissons voient le jour : Côte d’Or en Belgique, Nestlé, Lindt et Milka en Suisse, ou encore Poulain en France.
Le chocolat aujourd'hui
Outre ses bienfaits sur le cerveau et le cœur (en quantité raisonnable !), le chocolat est également devenu au fil du temps une preuve d’amour et de tendresse. C’est à la fin du XIVème siècle qu’un chocolatier anglais eut l'idée de vendre son chocolat dans des boîtes en forme de cœur. La tradition souhaitait que ces boîtes servent par la suite à échanger des mots doux à son amoureux ou amoureuse. De nos jours, le chocolat ouvre la porte à une multitude d’émotions : amour, réconfort, soutien, ou encore séduction.
Pour beaucoup d'entre nous, le chocolat fait partie intégrante de notre quotidien. En moyenne, chaque Français·e déguste environ 7,3 kilogrammes de chocolat par an ! C’est l’un des pays où la consommation de chocolat est la plus élevé.
Ainsi, la langue française contient d'autres mots ayant une origine nahuatl, qui ont la même histoire que chocolat.
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