L'Utilisation du Lisier de Porc Bouchon en Agriculture

Le lisier de porc est un effluent d'élevage qui, bien géré, peut être une ressource précieuse pour l'agriculture. Cet article explore les différentes facettes de son utilisation, de sa composition à son impact environnemental, en passant par les solutions innovantes pour en optimiser la valorisation.

Composition et Valeur Fertilisante du Lisier de Porc

Le lisier de porc est constitué principalement d'eau (plus de 90 %), mais il contient également des éléments minéraux fertilisants essentiels tels que l'azote, le phosphore et la potasse. De plus, il renferme de la matière organique, composée de nourriture non digérée, ainsi que des métaux lourds comme le cuivre et le zinc, dont l'accumulation dans les sols est suivie de près.

Pour établir un plan de fumure organique intégrant l’épandage des produits organiques résiduaires (PRO), il est indispensable de connaître leurs valeurs fertilisantes. Des valeurs moyennes de composition des principaux types de PRO ont été mises à jour en 2019.

Pour chaque élément fertilisant, le Keq exprime l’efficacité de l’engrais organique par rapport à un engrais minéral de référence tel que l’ammonitrate, le superphosphate ou le chlorure de potassium. Il est d’autant plus élevé que le PRO contient de l’azote minéral et de l’azote organique rapidement minéralisable.

Connaître précisément la valeur fertilisante des effluents permet de mieux piloter les cultures. Pour cela, le recours à l’analyse est essentiel. En matière d’effluent d’élevage, il peut y avoir de gros écarts entre les normes Corpen et la réalité analytique.

De plus en plus d’agriculteurs aujourd’hui utilisent une partie de leur lisier de porcs sur céréales.

Prélèvement d'Échantillons pour Analyse

Le laboratoire Capinov dispose d’appareils de mesure permettant de connaître précisément la composition des effluents. Par contre, il faut apporter une attention particulière au prélèvement pour obtenir un échantillon homogène et représentatif.

  • Pour les produits solides, il est conseillé de prélever à différents endroits et différentes profondeurs dans le tas (à l’aide d’une tarrière métallique par exemple).
  • Un minimum de 10 prélèvements sont à recueillir et à mélanger dans un récipient propre.
  • L’échantillon final sera constitué de 1 à 2 litres en fonction des analyses demandées.

S’il s’agit de produits liquides, il est important de bien brasser le produit, de façon à le rendre le plus homogène possible avant de prélever. Ensuite, il faut utiliser une sonde ou un seau propre, afin de prélever au moins 10 échantillonnages, à différents endroits et différentes profondeurs de la fosse.

Si le prélèvement est réalisé lors d’un chantier d’épandage, prélevez lors des différents remplissages successifs de la tonne à lisier. Comme pour les produits solides, le récipient utilisé doit être propre pour recueillir les différents prélèvements et mélanger l’ensemble uniformément afin de constituer un échantillon final de 0,80 à 0,90 litre.

Dès le prélèvement, les échantillons doivent être acheminés vers le laboratoire, si possible en colis isotherme. En effet si l’échantillon est conservé à une température trop élevée, cela favorise une évolution du produit (dégagement gazeux), et une partie de l’azote pourrait s’échapper lors de l’ouverture du flacon.

Impact Environnemental et Solutions

Lorsque ces éléments sont en excédent dans les sols, ils rejoignent les rivières et provoquent des pollutions importantes. La pollution des rivières et de la mer par l’azote et les nitrates rend l’eau inconsommable et assure le développement d’algues vertes (on parle joliment d’eutrophisation).

Le méthane est un puissant gaz à effet de serre (GES) et, dans la chaîne d'approvisionnement de la viande de porc, il représente environ 25 % des émissions de GES. Dans les élevages de porcs, le stockage du lisier est responsable de 85 % des émissions de méthane, de sorte que la gestion du fumier est le principal objectif de réduction des émissions de ce gaz.

Acidification du Lisier

L'acidification du lisier par l'acide sulfurique modifie les équilibres chimiques et inhibe les méthanogènes. En outre, un groupe spécialisé de bactéries peut utiliser le sulfate contenu dans l'acide sulfurique, en entrant directement en concurrence avec les méthanogènes et en produisant du sulfure d'hydrogène, ce qui renforce encore l'inhibition des méthanogènes.

L'acidification du lisier avec de l'acide sulfurique concentré (96 %) a été développée il y a environ 25 ans au Danemark comme méthode pour empêcher la perte d'ammoniac dans le lisier. Par la suite, il a été constaté que ce traitement réduisait aussi efficacement les émissions de méthane et que, en fait, plusieurs autres composés contenant du soufre présentaient également un certain degré d'inhibition.

L'acide sulfurique concentré étant dangereux, des solutions techniques sont nécessaires pour garantir la santé et la sécurité du personnel et des animaux. Il existe déjà une technologie commerciale entièrement automatisée pour l'acidification du lisier dans les exploitations porcines, mais les coûts d'investissement sont élevés.

Aujourd'hui, dans de nombreux élevages danois, l'acidification est effectuée dans des réservoirs de stockage extérieurs peu avant l'épandage dans les champs. Dans ce cas, l'objectif est de réduire les pertes d'ammoniac lors de l'épandage.

L'acidification à faible dose visant à réduire les émissions de méthane dans les installations de stockage devrait être effectuée à la fin du printemps. Actuellement, elle est réalisée en ajoutant de l'acide sulfurique (96 %) lors d'un mélange intense.

Les résultats de la première année de l'étude ont confirmé qu'il était possible d'inhiber efficacement la production de méthane. Cependant, dans les cuves à lisier de porc, qui sont toutes alimentées par le bas, des poches de lisier ont souvent été observées près de l'entrée avec des taux de production de méthane élevés, même lorsque le lisier était initialement acidifié.

Le rapport coût-efficacité peut encore être amélioré en déplaçant plus fréquemment le lisier des élevages vers des réservoirs de stockage extérieurs, ce qui permettrait à l'acidification d'affecter une plus grande proportion des émissions totales de méthane provenant de la gestion du lisier.

Fertival et la Valorisation des Coproduits de la Filière Porcine

Située à Lamballe, Cooperl est une coopérative agricole et agroalimentaire porcine regroupant près de 7700 salariés et 2950 adhérents. Fertival est une filiale de la branche Cooperl Environnement qui valorise les coproduits de la filière de porc en fabriquant des fertilisants naturels.

Créée en 1993, Fertival est la marque de fertilisants naturels formulés grâce à la matière organique produite dans les élevages des adhérents Cooperl. Présente en France et à l’international, la gamme Fertival répond aux besoins spécifiques des marchés de la viticulture, de l’arboriculture, du maraîchage, des grandes cultures, des cultures tropicales et des espaces verts.

Les matières organiques utilisées dans la formulation des fertilisants naturels correspondent aux déjections naturelles issues des porcs de nos adhérents Cooperl.

L'Innovation au Service de la Valorisation du Lisier

Inauguré par Cooperl en 2019, le méthaniseur Bio Energie de Lamballe est alimenté par la matière organique TRAC des adhérents Cooperl, l’eau et les sédiments du prétraitement des eaux usées de notre industrie de la viande.

Le Trac est une nouvelle technologie d’élevage créée par Cooperl Equipement. Ce système de récupération de la matière organique permet une séparation de phase (solide/liquide) directement sous les caillebotis des cochons. Le pouvoir méthanogène de la matière est ainsi 5 fois supérieur à un lisier traditionnel.

Le méthaniseur Emeraude Bio Energie génère plusieurs ressources durables :- Biogaz : production de méthane injecté directement dans le réseau GRDF de Lamballe qui couvre 75 % de la consommation de l’agglomération.

Granulés d’Engrais Organique (Pellets ou Bouchons)

Les épandeurs d’engrais voient de nouvelles formulations de fertilisant arriver avec les granulés organiques. Ces pellets, utilisés depuis plusieurs années dans les vignes, sont fabriqués à partir d’effluents d’élevage déshydratés.

« Une tonne de granulés équivaut à 9 tonnes de lisier de porc ou 3 tonnes de compost à 35 % de matière sèche. Ce conditionnement, disponible en vrac ou en big bag, se révèle intéressant en termes de logistique », précise Christian Renaudin, agriculteur et cogérant, avec son épouse Karine, de la société Renaugrain spécialisée dans la commercialisation de pellets d’engrais organiques.

Contrairement aux effluents d’élevage, ils s’appliquent tout au long de l’année. Ils exigent cependant un peu de pluie pour leur dilution, lorsqu’ils ne sont pas enfouis par un passage d’outil de travail du sol.

Les pellets organiques ont une forme de bouchon mesurant de 3,75 à 6 mm de diamètre et jusqu’à 15 mm de long, selon les fournisseurs.

Les granulés d’engrais organique, appelés aussi pellets ou bouchons, sont conditionnés en big bag ou en vrac. Leur stockage revêt une grande importance, car ces produits ne doivent pas prendre l’humidité. Il s’effectue obligatoirement à l’intérieur pour éviter tout risque de prise en masse ou de développement de moisissure. L’exposition au soleil est aussi déconseillée, afin d’écarter toute montée en température susceptible de déclencher une fermentation.

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