Chers fidèles, en tant que rédacteur pour le blog « église roanne », je me penche aujourd’hui sur une question qui suscite souvent la curiosité : pourquoi les chrétiens mangent du porc. La consommation de porc chez les chrétiens s’explique par des raisons théologiques, historiques et culturelles. Au final, la consommation de porc chez les chrétiens s’inscrit dans une longue histoire théologique et culturelle. Elle reflète notre compréhension de la Nouvelle Alliance et de l’enseignement du Christ sur la pureté spirituelle.
Raisons Théologiques de la Consommation de Porc
L’une des raisons principales pour lesquelles nous, chrétiens, consommons du porc réside dans les enseignements de Jésus-Christ lui-même. En effet, Jésus nous invite à nous concentrer sur la pureté du cœur plutôt que sur des interdits alimentaires. Notre Seigneur a apporté une vision révolutionnaire de la pureté spirituelle, bouleversant les conceptions anciennes. Le christianisme met l’accent sur la pureté du cœur plutôt que sur les interdits alimentaires. Cette approche nous invite à une spiritualité plus intérieure, où nos actes et nos intentions priment sur des règles extérieures.
Cette parole profonde a été interprétée comme une levée des restrictions alimentaires de l’Ancien Testament. Le Nouveau Testament, en particulier les écrits de Saint Paul, affirme que nous, chrétiens, ne sommes plus sous la Loi mosaïque et ses prescriptions cérémonielles. Il est crucial de comprendre que l’interdiction du porc dans l’Ancien Testament faisait partie des lois cérémonielles, distinctes des lois morales comme les Dix Commandements.
Mais en Jésus-Christ, l’alliance s’étend à tous les hommes, et les règles et signes qui marquaient cette distinction entre juifs et non-juifs deviennent caduques. Jésus déclare que ce qui rend l’homme impur, c’est ce qui sort de son coeur ! (Marc 7,14-23). Dans l'Ancien Testament, l'interdiction de manger du porc (Lévitique 11.7 ; Deutéronome 14.8), fait partie de la Loi mosaïque.
Histoire de la Consommation du Porc dans le Christianisme
L’histoire de la consommation du porc dans le christianisme est passionnante. Elle reflète l’évolution de notre compréhension théologique et de nos pratiques religieuses au fil des siècles.
L’interdiction du porc remonte à l’Ancien Testament, notamment dans les livres du Lévitique et du Deutéronome. Cette prescription, antérieure à l’islam et au judaïsme rabbinique, avait probablement des raisons sanitaires ou visait à distinguer le peuple élu des autres nations. Des fouilles archéologiques ont montré une différence notable de consommation de porc entre Israélites et Philistins vers 1200 av. J.-C. Il est intéressant de constater que l’élevage et la consommation de porc remontent à environ 9000 ans et étaient largement répandus dans l’Antiquité.
Il est fondamental de noter que le porc avait une mauvaise réputation dans l’Égypte ancienne, associé à des mythes négatifs. Cette perception a pu influencer les interdits alimentaires dans la région.
Chronologie de la Consommation de Porc :
- 9000 av. J.-C.: Début de l'élevage et de la consommation de porc.
- 1200 av. J.-C.: Différence de consommation de porc entre Israélites et Philistins.
- Ier siècle ap. J.-C.: Enseignements de Jésus-Christ sur la pureté spirituelle.
- IVe siècle ap. J.-C.: Développement des pratiques et traditions alimentaires spécifiques dans certaines branches du christianisme.
Le Refus de Tout Interdit Alimentaire Absolu
Malgré toutes ces références négatives, la consommation du porc n'a jamais été interdite par l'Église, car elle repose sur une doctrine et des pratiques caractérisées par le refus de tout interdit alimentaire absolu. La consommation du porc est même devenue, au fil du temps, une dimension importante de l’identité chrétienne par opposition aux autres religions.
À l’époque moderne, lorsque les chrétiens d’origine juive ou musulmane furent soupçonnés d'être restés secrètement fidèles à leur religion antérieure, l’Inquisition fit même de l'interdit concernant la consommation du porc un critère pour repérer les déviances.
Variations dans les Branches du Christianisme
En tant que spécialiste de la religion catholique, je me dois de souligner que la consommation de porc n’est pas uniforme dans toutes les branches du christianisme. Certaines branches du christianisme, notamment parmi les églises orthodoxes, peuvent toutefois avoir des pratiques et des traditions alimentaires spécifiques.
Marqueurs Identitaires et Consommation de Viande
Nous savons d’une part que le christianisme (comme les autres religions, mais souvent différemment d’elles) influence la manière dont les chrétiens s’alimentent, qu’il peut ainsi exercer un contrôle sur une activité fondamentale et obligatoire de l’être humain et s’assurer « une mainmise sur un aspect absolument essentiel - parce que vital - de l’existence humaine ». Nous savons d’autre part que les règles alimentaires représentent un marqueur identitaire simple et puissant, qu’elles forgent une identité alimentaire (« edible identity » d’après Jordan D. Rosenblum) permettant de distinguer entre un « nous » formé de celles et ceux qui respectent les règles et des « autres » dans lesquels sont rassemblés celles et ceux qui ne les respectent pas, et qu’il existe, comme l’a bien montré Jordan D. Rosenblum à propos du judaïsme rabbinique, deux niveaux de distinction entre ce « nous » et ces « autres » : un « nous » qui se distingue d’un « autre extérieur » (« external Other ») et un « nous » qui se distingue d’un « autre intérieur » (« internal Other »).
Dans le cas qui nous intéresse, nous postulerons que la consommation de viande a fonctionné et fonctionne encore comme un marqueur de l’identité chrétienne ad extra, en permettant aux chrétiens de se démarquer d’autres extérieurs construits au gré des rencontres avec d’autres religions ; qui a fonctionné et fonctionne encore comme un marqueur identitaire ad intra, en permettant à certains chrétiens de se démarquer d’autres intérieurs construits au gré des débats théologiques.
Le Christianisme Primitif et la Consommation de Viande
Les premiers siècles du christianisme sont marqués ad extra par une double différenciation du christianisme d’avec le judaïsme et d’avec le monde gréco-romain (que le Nouveau Testament appelle « païen »). Ad intra, ils sont marqués par deux débats successifs : au ier siècle, il convient de savoir s’il faut manger casher pour être chrétien ; dans les deux siècles suivants, il convient de savoir s’il faut être végétarien pour être chrétien.
Marquer l’identité chrétienne ad extra
Pour faire court, nous dirons qu’au ier siècle, on peut reconnaître les chrétiens au fait qu’ils mangent plus de viande que les juifs, mais moins que les « païens ».
Sont considérés comme chrétiens celles et ceux qui mangent plus de viande que les juifs
Les chrétiens peuvent manger des viandes que les juifs ne mangent pas. On en trouve une description motivée dans le livre des Actes des apôtres (rédigé probablement vers 80-90, il présente une reconstruction idéale de l’histoire des premières communautés chrétiennes). Le chapitre 10 met en scène le récit par Céphas-Pierre (l’un des douze disciples de Jésus) d’une vision où il reçoit l’ordre de manger les animaux proscrits par la cacherout.
Pierre est appelé à établir un nouveau rapport avec les « païens ». Il passe par la possibilité de manger avec eux et de manger comme eux. Et cela requiert d’abandonner la distinction juive entre des animaux impurs (ceux qu’un juif ne mange pas, comme le porc et le lièvre parmi les quadrupèdes, les oiseaux de proie et toutes les bestioles qui grouillent sur le sol) et des animaux purs (ceux qu’un juif peut manger). Désormais, sont chrétien-ne-s celles et ceux qui mangent plus de sortes de viande que les juifs.
Sont considérés comme chrétiens celles et ceux qui mangent moins de viande que les « païens »
Dans la première lettre qu’il écrit aux chrétiens de Corinthe (probablement vers 54-55), Paul leur recommande de s’abstenir de consommer la « viande des sacrifices », une expression qui renvoie directement aux pratiques sacrificielles de la religion gréco-romaine.
Fondamentalement, Paul considère que consommer une viande de sacrifice ne présente aucun danger. D’une part, la nourriture n’a aucune valeur théologique (« ce n’est pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu ») et d’autre part, du point de vue de Paul (souvenons-nous qu’il est issu du judaïsme et qu’à ce titre, il n’est pas « marqué par une fréquentation récente des idoles »), les dieux grecs sont de faux dieux (précisément des idoles pour une pensée formée par le judaïsme), c’est-à-dire qu’ils ne sont pas des dieux et que personne n’à rien à craindre d’eux. Pour Paul, sont chrétiens celles et ceux qui, s’abstenant de la viande de sacrifice, ne mangent pas certaines viandes que mangent les « païens ».
Diversité des Pratiques Alimentaires
Les musulmans suivent les lois alimentaires islamiques, connues sous le nom de Halal. Les musulmans doivent consommer des aliments halal. Certaines branches du christianisme, en particulier celles influencées par les lois alimentaires juives, peuvent décourager la consommation de porc. Certaines communautés ou groupes chrétiens peuvent choisir de suivre des pratiques alimentaires spécifiques pour des raisons culturelles, de santé ou autres. Bien que l’Hindouisme n’ait pas une interdiction stricte de la consommation de porc, de nombreux hindous choisissent de ne pas en manger. Les pratiques alimentaires varient selon les différentes traditions bouddhistes.
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