La réglisse, qu'elle soit sous forme de bâton ou de petits bonbons en sachets, était déjà très appréciée par les Grecs et les Romains dans l'Antiquité. Sa saveur a traversé les siècles en séduisant de nombreuses cultures. La réglisse a cessé d’être un remède pour devenir une confiserie.
Les origines et les vertus de la réglisse
Selon certaines recherches, la réglisse était consommée sous forme liquide (probablement des infusions de racine de réglisse) par les pharaons il y a environ 3000 ans. Ils y trouvaient une saveur douce et des propriétés bénéfiques. Comme la réglisse pousse sur le pourtour méditerranéen, on l’a très tôt associée à d’autres produits locaux, notamment le miel.
Jusque là, on reste proche de la pharmacie. La réglisse, c’est bon contre l’asthme, la toux, les ulcères. À l’origine, les apothicaires utilisaient beaucoup cette plante pour des tisanes, ou des pâtes de réglisse pour leurs vertus thérapeutiques. Elle calme la toux et les douleurs d’estomac. De plus, elle aurait aussi une action sur la soif.
La naissance du bonbon à la réglisse
Ce n'est que 30 ans plus tard après la première guerre mondiale que les premiers bonbons à la réglisse mou firent leurs apparitions. Leurs composition est simple : des extraits de réglisse, du sucre, de la mélasse, de la cire d'abeille pour un effet luisant, de la gélatine ou de l'amidon alimentaire pour la texture.
La Réglisse continue d'évoluer suivant les cultures. En Europe centrale, nous avons l'habitude de la manger sucrée, mais les pays nordiques et la Hollande la préfèrent salée. Ils utilisent du chlorure d'ammonium allant jusqu'à 8% (réglisse très salée). Il faut savoir que la Hollande à la plus grande consommation en quantité par habitant de bonbons à la réglisse du monde entier.
L'épopée de la marque ZAN
Le ZAN est un nom propre qui désigne de la confiserie à l’extrait de réglisse. Ce mot vient de l’entreprise française « ZAN » qui fut fondée à la fin du 19ème siècle. La marque ZAN fut déposée en 1884 dont l’activité principale était la fabrication de confiserie et notamment de réglisse. Tout commença dans l’usine de Uzès, dans le sud de la France.
À la fin du XIXème siècle, Paul Aubrespy est le directeur d’une fabrique de réglisse fondée par son beau-père Henri Lafont en 1862 à Uzès dans le Gard. La légende veut qu'un jour, Aubrespy aurait entendu un enfant demander à sa mère une confiserie à la réglisse, en zozotant : « Z’en veux, Maman, donne-moi-z’en ! ». Le directeur dépose alors la marque Zan, en 1884. Certaines publicités Zan déclineront à leur tour la petite phrase d’enfant : « Donne moi ZAN » ou d'autres jeux de mots comme « Goutez Zan ».
Au tournant du XXe siècle, le produit phare est le « bâton à sucer » entièrement composé d'extrait de réglisse et dont l'extrémité, aplatie, était marqué « Zan suc pur » : ce produit a totalement disparu. Une petite boîte de couleur rouge, en carton ou métallisée, contenant de petits bâtonnets noirs appelés « pastille », fut également commercialisée à cette époque.
Rapidement cette usine, sous la direction de Paul Aubrespy, gendre d'Henri Abauzit, s'impose sous la marque Zan qui est déposée en 1888. Les billes et les bâtons noirs fabriqués à partir d'un mélange de suc de réglisse et de gomme arabique constituent les premières fabrications, qui seront complétées par plusieurs produits (petits pains, perles, pastilles) en réglisse dure, noire bien entendu.
La marque Zan, née parce que son créateur Paul Aubrespy, aurait pastiché un enfant demandant à sa maman ''Z'en veut! Z'en veut'' est rapidement passée dans le langage commun. En, 1907, un poète de la famille, pastichant Lamartine, écrivit lors d'une naissance, un quatrain: « Pour qu'il n'ait point de caprices, Et soit bien obéissant, Faites infuser du Zan, Dans le lait de sa nourrice. » En 1913, dans un film comique dont il était le héros, René Poyen jouait un personnage dénommé Bout de Zan. Le célèbre champion du monde hippique Pierre Durand avait appelé son cheval noir 'Bout de Zan.
En 1975, le Trésor de la langue française édité par le CNRS retenait l'expression Bout de Zan et en 1982, le Grand Larousse Universel en quinze volumes, citait Bout de Zan pour désigner une personne (surtout une femme) assez petite.
Un tel succès est à attribuer, dès le début à Paul Aubrespy qui régna sur l'entreprise jusqu'en 1928 et dont les successeurs issus de la même famille, s'inscrivent dans une judicieuse politique de marketing privilégiant la publicité. Les objets qui vantent les mérites du Zan sont multiples affiches, plaques métalliques, présentoirs, petites images , buvards, cartes postales... et même des chansons.
Évolution et rachat de la marque
La société prend le nom collectif de Teissonnière-Kreitmann en 1912, puis fut refondée sous la forme SARL Réglisse Zan en 1927. En 1970, les sociétés Ricqlès, célèbre pour son alcool de menthe et Zan fusionnent et sont enrichies de Car puis de Florent. En 1970, les sociétés Ricqlès et Zan fusionnent sous le nom de « Société Ricqlès-Zan » à laquelle vient s’ajouter Florent en 1975.
ZAN fut racheté par Ricqlès en 1970 puis par la célèbre marque de bonbon Haribo en 1987. En 1986, Haribo prend le prend le contrôle l'entreprise qui avait périclité et assure un redressement spectaculaire.
La plupart des produits Zan sont aujourd’hui fabriqués par Haribo : cette multinationale laisse son usine d'Uzès développer sa propre gamme et l'on assiste à un retour de commercialisation de ces produits, visant probablement le marché des nostalgiques. Il en existe aromatisé à l'anis (emballage rouge) ou à la menthe (emballage vert).
Peu après, en 1991, l'office municipal de la culture d'Uzès organise une exposition sur le bonbon La réglisse dans le Gard, mémoires d'un bout de Zan qui attire plus de 10 000 visiteurs et qui provoque un engouement certain pour les sucreries et pour ce patrimoine industriel particulier. Ce succès incite la ville à lancer un projet de construction d'un musée du Bonbon, auquel adhère Hans Rigel, créateur en Allemagne de l'entreprise Haribo qui décide de le pendre à son compte. C'est ainsi qu'est né en 1997, tout à côté de l'entreprise de Pont des Charrettes, un petit musée du Bonbon, qui, étant donné une rapide et forte augmentation de sa fréquentation (plus de 300 000 visiteurs par an actuellement) a été sérieusement repensé et agrandi.
Autres marques de réglisse
Une autre Réglisserie connu ouvre en 1866 nommé CAR, elle produira les futurs CAR-EN-SAC. La société CARENOU, a crée en 1836 dans le sud de la France (Moussac) la première usine Française de fabrication de Réglisse. La société CARENOU produisait principalement du réglisse très concentré communément appelé "ZAN". En 1962, la marque CARENOU est rachetée par Ricqlès (producteur de ZAN et alcool de menthe). Après quelques années, en 1970 les deux marques fusionnent.
Dans la litérature, nous n'avons pas trouvé l'origine du nom "Car en Sac". Il semblerait que l'idée soit venu à l’entreprise CARENOU & CIE tout simplement en mettant des Cars dans un sac.
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