L'histoire de Chantilly et de Berck-sur-Mer est intimement liée à la famille Rothschild, notamment à travers les actions et l'héritage de la Baronne Laura-Thérèse de Rothschild. Cet article explore cette relation, en mettant en lumière les contributions significatives de la famille Rothschild à ces deux villes.
La Baronne Laura-Thérèse de Rothschild et son Impact Local
Mort en 1881, le Baron ne voit pas la fin des travaux (1882). La Baronne poursuit seule la construction du château ainsi que celle de la Ferme Normande, prévue à l’origine pour son fils, qu’elle destinait à des études en agronomie. La Baronne s’investit beaucoup dans la vie locale : création d’écoles, de bibliothèques et d’hôpitaux à Gouvieux et à Berck-sur-Mer. Aujourd’hui, une rue porte toujours son nom à Gouvieux.
Implication Durant les Guerres Mondiales
Près de 90 ans après sa publication, l'ouvrage de la baronne Laura-Thérèse de Rothschild « Souvenirs de la Grande Guerre (1914-1918) - Chantilly, Gouvieux, Berck » vient d'être réédité. Quand le conflit mondial se déclare, elle est paisiblement installée dans son château de Fontaines à Chantilly. Elle met à disposition de l'autorité militaire deux hôpitaux qu'elle dirige, dont celui de Gouvieux qui ne désemplit pas. La baronne officie au chevet des blessés. Elle raconte le fonctionnement de la structure et les différents épisodes de la guerre au plan local.« Souvenirs de la Grande Guerre (1914-1918) - Chantilly, Gouvieux, Berck », éditions Lorisse Le livre d'histoire, 232 pages.
Pendant la Première Guerre Mondiale, elle s’investit elle-même dans les soins donnés aux blessés. Durant la Seconde Guerre Mondiale, les Rothschild s’exilent en Suisse, à Lausanne. Elle meurt en 1931.
L'engagement de la Baronne pendant la Première Guerre Mondiale
Laura-Thérèse de Rothschild était paisiblement installée dans son château de Fontaines, à Chantilly, lorsque la guerre fut déclarée. Tous ses domestiques français furent mobilisés. Il ne restait plus au château que quatre domestiques anglais un peu âgés, employés aux écuries. En prévision des grandes batailles qui semblaient éminentes, elle mit à la disposition de l'autorité militaire deux hôpitaux qu'elle dirigeait. Le premier avait été créé en 1891 à Gouvieux, l'autre était situé à Berck-sur-Mer. L'établissement de Gouvieux devint « l'hôpital auxiliaire n 33 ». Cinq religieuses s'occupèrent de ses vingt-et-un lits pendant toute la durée de la guerre.
Non seulement, la baronne de Rothschild visitait chaque jour les patients et se rendait fréquemment à la gare pour récupérer les colis qui leur étaient destinés, mais elle prit des dispositions pour que chacun puisse recevoir la visite des personnes chères. Parents, femmes et enfants étaient ainsi logés dans le village de Gouvieux. L'installation du Grand Quartier Général à Chantilly, après la bataille de la Marne, bouleversa considérablement la vie de la cité, notamment, la suppression de l'usage du téléphone pour les habitants.
L'hôpital de Berck-sur-Mer pouvait accueillir quarante-cinq enfants à la veille de la Grande Guerre. Devenu « l'hôpital bénévole n 22 bis », il dut prendre en charge une soixantaine de blessés qui commencèrent à affluer dès le mois d'octobre 1914. L'organisation des services exigea beaucoup d'activités et d'initiatives. Tout était à créer, à commencer par les moyens de transport de la gare à l'hôpital. Des voitures de toutes sortes furent réquisitionnées, y compris celles qui d'ordinaire promenaient les malades sur la plage. Ces moyens n'étaient pas toujours adaptés et un convoi de blessés fut renversé par un soir de violente tempête. Entre octobre 1914 et mars 1919, 1 076 militaires blessés furent hospitalisés et soignés. Pendant trente ans, la baronne de Rothschild avait pu compter sur le dévouement absolu d'une infirmière prénommée Lina.
L'occupation allemande et ses conséquences
Le domaine des Fontaines est alors occupé par les Allemands, qui en font une base d’observation pour la Luftwaffe. Ils y construisent un bunker, toujours présent aujourd’hui, situé derrière le quai logistique dans le parc et dissimulé sous une épaisse végétation. L’état-major allemand, chargé de la défense aérienne du territoire français et du sud de la Belgique, utilisait ce site pour surveiller le ciel, évaluer et identifier les menaces d’incursion, et déterminer la réplique la mieux adaptée grâce à un matériel de haute-technologie. Le château et ses dépendances étaient transformés en bureaux, tandis que les officiers étaient logés à Chantilly et Gouvieux. Le bunker est aujourd’hui condamné car jugé dangereux : l’intérieur est humide et délabré.
Berck-sur-Mer : Du Port de Pêche à la Station Balnéaire
Au Moyen-Age, le village de Berck-sur-Mer s’affirme déjà comme un port de pêche et de commerce. La ville faisait partie des « Enclaves d’Artois », c’est-à-dire l’ensemble des villes et villages du comté d’Artois. Elle restera Française jusqu’au Traité de Cambrai de 1529 avec lequel François Ier cédera le Comté d’Artois aux espagnols. Berck-sur-Mer fera partie du diocèse d’Amiens jusqu'au 15 janvier 1790, durant la création des départements et pour cause, la frontière sud du Pas-de-Calais a été tracée sur l’Authie.
Vivant principalement de la pêche depuis toujours, Berck-sur-Mer était un port d’échouage réputé. Le XIXe siècle verra également l’émergence d’une nouvelle réputation pour Berck-sur-Mer. Tout commence par l’initiative de Marie-Anne Braillard, dit « Marie-Anne-Toute-Seule », qui a eu l’idée de faire prendre des bains de mer aux enfants malades de l’Assistance Publique (scrofuleux et tuberculeux entre autre). Leur état de santé s’améliorera significativement et les bénéfices de l’iode, en grande concentration dans l’air de Berck-sur-Mer, seront reconnus par les médecins.
Berck-sur-Mer et les Guerres Mondiales
Berck-sur-Mer ne sera pas épargnée par les combats de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale. La Seconde en particulier meurtrira la ville. Occupée par les Allemands, elle sera le théâtre de nombreux bombardements Américains et Britanniques pour la Libération, occasionnant la destruction complète du Front de Mer. Témoins de ces combats : les blockhaus visibles au Terminus et dans la Baie d’Authie, vestiges du Mur de l’Atlantique Allemand destiné à protéger les côtes Nord d’un débarquement Allié.
Le Domaine des Fontaines Après les Rothschild
En 1946, Henri de Rothschild vend le site aux Jésuites. Ces derniers y créent un scolasticat, une maison où vit une large communauté de religieux en cours de formation spirituelle ou intellectuelle. Avant la construction du scolasticat, des sœurs de la Sainte-Croix de Jérusalem occupèrent une aile du Château pour éviter que les lieux ne soient réquisitionnés. Le scolasticat fonctionna pendant près de 20 ans, et le château s’entoura alors de bâtiments imposants : à gauche (dos au forum), les hébergements, et à droite, la bibliothèque.
En 1970, avec la baisse des vocations, le scolasticat est transféré à Paris, et les Jésuites transforment le site en Centre Culturel et Spirituel. Le lieu accueille alors de nombreux jeunes pendant les vacances et ouvre au public. En 1998, ne pouvant plus entretenir le site, la Compagnie de Jésus met le domaine en vente. La bibliothèque, contenant plus de 500 000 ouvrages précieux, est transférée à la bibliothèque de Lyon. Il s’agissait de la 2ᵉ bibliothèque privée d’Europe, après celle du Vatican.
Parmi les trésors figurait un cahier de 10 feuillets d’une des bibles imprimées par Gutenberg entre 1452 et 1454. Le groupe Capgemini rachète le domaine après avoir respecté un cahier des charges strict sur la préservation du patrimoine.
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