Dans un monde où l'élevage est devenu une industrie, une prise de conscience émerge : serait-il possible de consommer (beaucoup moins) de la viande en étant certain que l'animal ait été bien traité?
Un étiquetage garantissant le mode d'élevage, de transport et d'abattage respectant le bien-être animal est la solution pour en finir avec ce scandale moral des mauvaises conditions de vie animales.
L'importance de l'étiquetage de la viande bovine
Depuis de nombreuses années, la viande bovine (bœuf et veau) non transformée est soumise à une règlementation stricte en matière d’étiquetage dans les points de vente et en établissement de restauration.
C’est sans doute en France que le niveau d’information du consommateur sur le produit va le plus loin.
Les indications figurant sur l’étiquette des viandes bovines commercialisées en Grandes et Moyennes Surfaces, ou affichées en Boucheries Artisanales, sont en effet de deux ordres : mentions obligatoires et mentions volontaires.
Mentions obligatoires de la viande bovine
Les premières informations rendues obligatoires pour les viandes bovines (bœuf et veau), mais également ovines et chevalines, sont assez familières puisque leur application remonte au début des années 90.
Il s’agit des mentions imposées par le code de la consommation : nom du morceau, son poids, son prix au kg et son prix net, sa date d’emballage et sa date limite de consommation.
Depuis le 1er septembre 2000, conformément à une règlementation européenne, des mentions supplémentaires figurent sur l’étiquette des viandes bovines (bœuf et veau).
Il s’agit des trois indications suivantes :
- Numéro de lot : un lot de morceaux piécés (ex : un lot d’entrecôtes) est nécessairement composé de viande provenant de plusieurs carcasses bovines, numérotées elles aussi, et travaillées le même jour.
- Lieu d’abattage et numéro d’agrément de l’abattoir : cette information permet de savoir dans quel pays l’animal a été abattu et d’identifier l’abattoir concerné.
- Lieu de découpe et numéro d’agrément de l’établissement de découpe : cette mention précise dans quel pays et dans quelle entreprise la carcasse de l’animal a été découpée et transformée.
A ces trois mentions rendues obligatoires depuis le 1er septembre 2000, s’ajoute depuis le 1er janvier 2002, conformément à la réglementation européenne, l’indication de l’origine de la viande, c’est-à -dire non seulement le lieu d’abattage, mais aussi le lieu de naissance et le lieu d’élevage des bovins dont est issue la viande :
- Si une seule origine est mentionnée, l’animal est né mais a aussi été élevé et abattu dans un même pays : la France, par exemple, ou un autre pays.
- Si ces trois étapes n’ont pas eu lieu dans un même pays : l’étiquette précise le pays de naissance, le pays d’élevage et le pays d’abattage.
De plus, l’étiquette indique toujours le numéro d’agrément de l’abattoir, ainsi que le pays et le numéro d’agrément de l’établissement de découpe de la carcasse.
Pour le veau et le jeune bovin, il s’agit exactement du même type d’information, avec en complément et de façon obligatoire, les mentions suivantes :
- La catégorie de l’animal (« veau ou viande de veau »/« jeune bovin ou viande de jeune bovin »),
- Pour la viande de veau, la mention : « Age à l’abattage : moins de 8 mois »,
- Pour la viande de jeune bovin, la mention : « Age à l’abattage : de 8 mois à moins de 12 mois ».
Mentions volontaires pour la viande bovine (bœuf et veau)
A la demande des associations de consommateurs réunies au sein du Conseil National de la Consommation, les professionnels de la filière viande ont pris l’initiative, en 1997, d’un accord interprofessionnel sur l’étiquetage de la viande bovine française.
Rendu obligatoire par les Pouvoirs Publics dans un premier temps, cet accord imposait l’indication des mentions d’origine, de catégorie et de type racial de l’animal, soit sur l’étiquetage individuel des produits préemballés, soit par affichage sur le rayon pour les morceaux vendus à la découpe.
Depuis la mise en place de la règlementation européenne sur l’étiquetage de la viande bovine en septembre 2000, ces trois mentions n’étaient plus obligatoires mais relevaient d’une démarche d’information volontaire des professionnels de la filière viande, formalisée par un accord interprofessionnel.
Aujourd’hui, suite à la nouvelle règlementation européenne sur l’étiquetage de la viande bovine, en application depuis le 1er janvier 2002, l’indication de l’origine de l’animal est désormais obligatoire pour tous les pays de l’Union Européenne.
Ayant anticipé, avant 2002, les règles d’étiquetage européen, les professionnels français de la filière viande ont souhaité maintenir leur démarche volontaire d’information sur la catégorie et le type de l’animal.
Outre ces éléments, le consommateur peut ainsi voir figurer sur l’étiquetage de la viande bovine, en complément des mentions réglementaires obligatoires, les indications facultatives suivantes :
- Catégorie de l’animal ;
- Type de l’animal ;
- Race de l’animal ;
- Mode d’élevage des animaux ;
- L’origine locale des animaux (provenance régionale, départementale etc…).
On distingue cinq catégories différentes : jeune bovin, bœuf, génisse, vache ou taureau.
Il existe principalement deux types de bovins : les races à viande et les races laitières.
De plus, des mentions facultatives dont l’utilisation est régie par des cahiers des charges spécifiques peuvent également être apposées sur les viandes bovines.
Agri-Éthique : Un label de commerce équitable français
Agri-Éthique met en exergue l’idée reçue selon laquelle le commerce équitable ne concernerait que les producteurs du Sud et les riches consommateurs du Nord.
Ce label affirme justement s’être établi en France depuis dix ans, où il se positionne comme le premier label de commerce équitable français.
Mais comment fonctionne cette labellisation ?
Au départ, le commerce équitable est surtout pensé comme un moyen d’équilibrer les relations entre producteurs des pays du Sud et consommateurs des pays du Nord.
Ainsi, le producteur est sûr de percevoir une juste rémunération et le consommateur a la garantie que ce dernier travaille dans des conditions sociales et environnementales respectueuses.
Les produits issus du commerce équitable sont signalés par des labels qui garantissent le respect d’un cahier des charges bien précis, fidèle aux valeurs du projet.
Aujourd’hui, Agri-Éthique c’est 43 marques labellisées, 48 filières certifiées et 597 références de produits du quotidien, allant du pain aux légumes secs en passant par la viande et les produits laitiers.
Agri-Éthique s’est construit avec les valeurs du milieu coopératif - partage et solidarité, étant lui-même une filiale indépendante de Cavac, un groupe coopératif agricole.
Le label répond à un cahier des charges qui s’organise autour d’un volet économique, un volet environnemental et sociétal, et enfin un volet sensibilisation.
Chaque année, tous les partenaires du label sont contrôlés par CERTIPAQ (un certificateur indépendant) pour s’assurer de la conformité des produits aux piliers du commerce équitable.
Le volet économique se décline sous forme de contrat sur trois ans minimum, établissant un volume et un prix fixe entre tous les acteurs de la filière (agriculteurs, organisations de producteurs, transformateurs, commerçants), s’affranchissant ainsi de la volatilité des prix sur le marché.
Le prix est déterminé à partir du coût de production de la matière première, en prenant en compte d’autres variables comme la qualité ou encore le contexte économique.
Une cotisation est ensuite ajoutée au prix de la matière première, et dépend de la fragilité de la filière.
Le label met aussi en place un fonds collectif pour développer les projets des agriculteurs, notamment sur les questions environnementales, sociales et de bien-être animal.
Cette manière de commercer est peut-être celle qui représente la meilleure garantie pour les agriculteurs, et donc l’un des moyens de rendre plus stable ce métier en grandes difficultés qui regroupe par ailleurs des situations économiques très hétérogènes, à l’heure où les départs à la retraite sont nombreux et les successeurs aux abonnés absents.
C’est aussi un commerce plus juste pour le consommateur qui accède à un produit plus transparent et de meilleure qualité.
En revanche, pour ce dernier, le frein du prix peut constituer une réticence à l’achat.
Le commerce équitable est aussi parfois jugé trop opaque sur son fonctionnement et ses finalités.
Si la question du prix semble difficilement solvable - correspondant plutôt au “juste de prix” de la matière première - celle de l’opacité du label pourrait être davantage éclaircie, démocratisant ainsi tout le processus.
C’est d’ailleurs ce que le label Agri-Éthique tente d’impulser à travers son volet transmission des valeurs, qui œuvre pour une communication plus claire et transparente des produits labellisés, et donc plus lisible.
Concernant le prix, le label assure garantir la protection du pouvoir d’achat des consommateurs en proposant des prix déconnectés qui les protègent, eux aussi, des aléas du marché.
Le droit à une consommation de viande éthique et responsable
Selon un sondage réalisé par OpinionWay de février 2013 pour l'association L 214, 90% des français sont opposés à l'élevage intensif.
Un seul problème : nous ne disposons d'aucune information relative au mode d'élevage, de transport et d'abatage des produits d'origine animale.
Il est grand temps de mettre en place un étiquetage de ces produits, garantissant des modes d'élevage, de transport et d'abattage respectant le bien-être animal.
Il est indéniable que ce label répondra à une réelle demande de la part des consommateurs (le succès de l'étiquetage des oeufs de poule élevés en plein air suffit à le démontrer).
Outre l'éthique, ce label permettra au consommateur de choisir des produits plus sains.
Car la condition animale est directement liée à la qualité des produits que nous consommons.
Il a en effet été prouvé qu'il existe des liens entre le bien-être animal et qualité des produits d'origine animale.
Ces derniers, lorsqu'ils sont obtenus dans le respect le bien-être animal, contiennent souvent des niveaux plus élevés de nutriments essentiels et moins de matières grasses que ceux issus d'élevages industriels.
Dans un contexte de scandales alimentaires à répétition, les consommateurs demandent d'avantage de transparence sur l'origine des produits.
C'est dans cette logique qu'un label " bien-être animal " permettra de garantir un processus de production des aliments respectueux du bien-être animal, mais aussi une traçabilité quant à l'origine des produits issus des élevages.
Consommation responsable et régimes alimentaires
La consommation responsable est au cœur des politiques d’avenir.
La nécessité de consommer mieux s’instille dans les consciences.
Les modes alimentaires changent pour 62 %* des français en raison du changement climatique.
Pourtant, seuls 2,2 % se déclarent appartenir à un des régimes sans viande (végan*, végétarien**, ou pescetarien***).
Et 24 % se considèrent flexitariens****.
Pour commencer, UFC-que-choisir a reconnu l’impact positif de ces certifications sur la santé humaine, la qualité des sols, les ressources en eau, la biodiversité, ou le bien-être animal.
Avec ces labels, impossible de recourir aux OGM, pesticides et engrais chimiques de synthèse.
Des conditions strictes d’élevage sont également imposées aux agriculteurs afin de garantir le bien-être des animaux.
Les produits répondant à ce label entrent donc dans une pratique alimentaire saine et éthique.
Parfait pour la préservation et le respect de l’environnement.
Le label Bio Equitable ajoute la dimension éthique et sociale.
En effet, il garantit des prix basés sur les coûts de production des agriculteurs et non sur les fluctuations du marché ou de la bourse.
Le ministère de l’Economie a donné une définition du Commerce Equitable : « Il repose sur une organisation des échanges visant à équilibrer le rapport producteur / consommateur entre les pays développés et les pays en développement.
Comme la définition l’indique, ce label garantit la rémunération stable et décente des travailleurs.
De plus, il protège les producteurs dans leurs conditions de travail (non-discrimination, liberté de création de syndicats, interdiction du travail des enfants).
Les producteurs sont regroupés en coopératives pour être plus forts face au marché.
Ils investissent leur prime de développement dans des projets collectifs qui correspondent à leur réalité.
Egalement, les OGM et produits chimiques dangereux sont bannis.
Dans le même esprit, il existe des entreprises indépendantes d’utilité sociale comme Ethiquable.
Elles rejoignent les idées du label Fairtrade.
Ici, les salariés sont les seuls actionnaires de l’entreprise qui soutient l’agriculture paysanne bio et le commerce équitable.
80 coopératives font partie de ce réseau soit près de 50 000 producteurs dans 27 pays.
Chacune porte un projet de développement et d’autonomisation.
Labels et logos : s'y retrouver
Quand il s’agit d’acheter des aliments bons pour la santé ou la planète, éthiques, locaux ou protégeant les animaux, le consommateur est prêt à y mettre le prix.
Un marché lucratif, qui attire inévitablement des acteurs prompts à vanter les mérites, réels ou imaginaires, de leurs produits.
On voit ainsi fleurir pléthore de logos, sigles, labels, concepts et slogans.
Attention Ă ne pas vous laisser abuser !
Tableau récapitulatif des labels et leurs garanties
Label | Organisme certificateur | Garanties |
---|---|---|
Agriculture Biologique (Label européen) | Institutions publiques ou organismes privés | Produits contenant 100% d’ingrédients issus d’un mode de production biologique; Interdiction d'engrais et pesticides de synthèse |
Nature et Progrès (Mention française) | Système Participatif de Garantie (SPG) | Activité humaine et produits respectueux de l’environnement; Produits respectueux des cycles naturels |
Demeter (Certification internationale) | Demeter France ou organismes de contrĂ´le bio | Respect des pratiques biodynamiques par les exploitations; Production selon les rythmes cosmiques |
Bio Cohérence (Label français) | Organisme certificateur indépendant accrédité | Fermes de production 100% dédiées au bio; Origine des ingrédients 100% française sauf si inexistants en France |
Haute Valeur Environnementale (Label français) | Organismes indépendants agréés par le Ministère de l’Agriculture | Respect et maintien de la biodiversité; Stratégie phytosanitaire saine |
Label Rouge (Label français) | Organismes certificateurs indépendants et impartiaux | Maintien dans le temps d’une qualité gustative supérieure |
Appellation d’Origine Contrôlée (Label français) | Organismes compétents accrédités par le COFRAC et agréés par l’INAO | Toutes les étapes de la création d’un produit ont toutes lieu sur le même territoire; Savoir-faire spécifique |
Bleu-Blanc-Cœur (Label français) | Bleu-Blanc-Cœur puis organisme tiers indépendant | Nourriture du bétail avec des graines et plantes riches en Oméga 3; Respect de l’environnement |
Viandes de France (Label français) | Organisations professionnelles puis contrôle annuel par un organisme tiers | Viande issue d’animaux nés, élevés, abattus et découpés en France; Respect de l’environnement |
L'animal dans notre assiette : vers un nouveau statut juridique
Imaginons que dans un avenir proche l'animal ne soit plus considéré comme un bien meuble, mais bénéficie d'un statut intermédiaire : il est indéniable qu'il sera toujours un produit de consommation, dans une société carnivore où plus de 65 milliards d'animaux élevés chaque année dans le monde servent à notre alimentation.
Aujourd'hui se pose la question : comment concilier une vision respectueuse de la condition animale avec notre consommation ?
Car si les industriels de l'agro-alimentaire sont les champions de la communication et nous vendent leurs produits dans un enrobage de bonheur pastoral, la réalité est bien plus crue et brutale.
L'élevage est devenu une industrie où le rendement est roi et la souffrance animale un détail.
Cette souffrance, les animaux en font les frais tout au long de leur vie, sans aucun répit: de la maltraitance post-natale (sélection génétique, mutilations, séparation mère/petits prématurée etc.), aux conditions de vie odieuses (atmosphère confinée, liberté de mouvement des animaux entravée, caillebotis situés aux sols blessant lentement mais sûrement les pensionnaires...) ; en passant par des transports tout aussi catastrophiques, pour une fin de vie sanguinolente dans des abattoirs où les animaux, terrorisés, sont tués à la chaîne après un étourdissement rarement efficace.
Les facteurs influençant le bien-être animal
Des facteurs pouvant impacter le bien-être d’un animal au cours de chacune des étapes de sa vie ont été identifiés par les experts : les caractéristiques génétiques, les techniques d’élevage, les pratiques et la formation de l’éleveur, l’hébergement, l’alimentation, les démarches mises en oeuvre pour assurer la bonne santé des animaux, la limitation du recours à des pratiques douloureuses, la reproduction, le transport et l’abattage.
Pour chacun, le groupe de travail a proposé un protocole d’évaluation reposant sur des critères scientifiques, associés à des indicateurs mesurables, ainsi que des voies d’amélioration du bien-être des animaux.
« Le travail qui a été effectué s’adresse en premier lieu aux scientifiques et aux parties prenantes françaises et européennes qui projettent de construire un référentiel d’étiquetage du bien-être des animaux, précise Florence Etoré, cheffe de l’unité en charge de l’évaluation des risques liés au bien-être et à la santé des animaux.
Ce référentiel devra également être accessible et transparent, afin de permettre aux consommateurs d’être informés sur les indicateurs pris en compte pour évaluer le bien-être des animaux et obtenir un score global.
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