La Peste soit des mangeurs de viande: Une plongée au cœur des abattoirs

« C’est ici que l’aventure se mêle au vent de la mer » écrit l’auteur Pierre Mac Orlan.

Un policier est retrouvé assassiné dans un abattoir des Hauts-de-France, un post-it collé sur la poitrine : "Peuvent-ils souffrir ? ". Rapidement, un groupe de défenseurs des animaux est mis en cause.

Etienne Barzac, officier de l'IGPN, la police des polices, découvre que le passé de la victime est plus complexe que l'on ne croit. S'engage alors une curieuse enquête où l'on apprend comment des jeunes deviennent des militants absolus de la cause animale et ce qui se passe réellement dans ces abattoirs...

Avec ce polar original et engagé, Frédéric Paulin nous conduit au bord d'un abîme, celui de notre monde où se télescopent vies et enjeux économiques.

L'intrigue policière au service d'une réflexion profonde

Un policier est retrouvé égorgé dans un abattoir des Hauts-de-France. Un groupe de défenseurs des animaux est rapidement mis en cause. Etienne de Barzac, de l'IGPN, et le lieutenant Salima Belloumi enquêtent.

Le commandant Étienne Barzac est chargé de l'enquête sur le capitaine Luchaire, qui a été retrouvé égorgé dans un abattoir. Une rétrogradation en termes de carrière alliés à de nombreux voies de faits qui ont attiré l'attention de l'IGPN et notamment du commandant Étienne Barzac chargé de l'enquête sur le capitaine Luchaire. Les violences commises par le capitaine l'ont été contre des abattoirs et souvent accompagné par des militants de la cause animale. Quel jeu jouait vraiment le capitaine dans ces exactions et qui sont ses meurtriers ?

Un policier est retrouvé assassiné dans un abattoir de la région parisienne, un post-it collé sur la poitrine: "Peuvent-ils souffrir?" La victime faisait l'objet d'une enquête de l'IGPN pour des violences aussi le commandant Etienne Barzac de la police des polices est-il amené à enquêter sur cette affaire avec l'aide du lieutenant Salima Belloumi.

Le post-it retrouvé sur le cadavre "Peuvent-ils souffrir ?" et le passé du policier Luchaire laissent donc penser que le crime a été commis par des défenseurs et défenseuses des animaux.

Immersion dans le monde des abattoirs et de l'antispécisme

Il nous emmène, sous prétexte d'un polar très peu conventionnel , visiter les coulisses des chaînes d'abattage. Des abattoirs où l'on n'a que faire du bien-être animal si on veut garder son boulot. Un boulot où l'être humain est transformé en machine à tuer à répétition et où il vaut mieux arrêter de penser si on veut pouvoir suivre la cadence et ne pas tomber sous anti-dépresseurs.

A la suite des militants antispécistes le lecteur est amené à pénétrer dans les abattoirs où les cadences de travail entraînent une très grande maltraitance des animaux -c'est à vous dégoûter de manger de la viande- mais aussi des employés.

C'est un polar documenté, qui va aborder les effets de notre consommation (sur la planète et sur les animaux), mais aussi les conditions de travail des ouvriers d'abattoir. J'ai apprécié que ce sujet-là soit également évoqué, d'autant plus que Frédéric Paulin n'a parlé que de ce qui se passait dans la réalité (avec l'abattoir GAD, par exemple).

Un parcours qui va le faire côtoyer des activistes antispécistes déterminés menant des actions d'éclat contre des abattoirs bretons. Des personnages aux facettes multiples qui cachent leurs véritables motivations.

Réflexions éthiques et morales

En effet, au-delà d'un thriller-polar qui tiendra en haleine, nous avons de véritables réflexions qui sont amenées à travers La peste soit des mangeurs de viande. Il y a, bien sûr, de quoi réflechir sur sa propre consommation de produits animaux (je n'en mange pas, pour ma part), mais aussi sur notre perception de la justice. le meurtre du flic est atroce, vous en conviendrez. Mais l'assassinat de plusieurs millions d'animaux chaque jour, en France, ne l'est-il pas aussi ?

Comme souvent dans les romans de l'auteur breton, les textes sont engagés. Ce récit n'y fait pas exception. Il ne fait pas pour autant l'éloge du véganisme. L'enjeu économique n'est pas loin : produire toujours plus pour répondre aux enjeux d'un capitalisme sans limite.

Avec une histoire pareille, nous allons forcément nous questionner sur la moralité : est-ce bien de faire du mal quand c'est pour oeuvrer pour une cause juste ?

Multiplicité des points de vue et critique du capitalisme

Ce que j'ai trouvé génial, c'est que nous avons différents points de vue sur l'histoire, ce qui permet d'être omniprésent et de comprendre le déroulement des choses. Il y a des personnages qu'on apprécie, d'autres moins (je n'ai pas du tout aimé le militant Dam, je l'ai trouvé imbuvable).

Ce roman est engagé, militant même, et pointe du doigt les consommateur.trice.s : c'est à nous de faire changer les choses. Sans aller jusqu'à tuer des gens, nous pouvons faire évoluer les choses, nous le devons même. Parce que les animaux sont des êtres sentients, et qu'il n'y a aucune raison de les exploiter.

La critique du capitalisme décomplexé, intéressé par les seuls profits et prêt à tout pour les augmenter est virulente. La narration alterne les points de vue de différents personnages ce qui permet de varier les angles d'approche et de multiplier les sujets abordés car chacun de ces personnages est présenté dans le contexte de son histoire personnelle.

Et c'est toujours à coup de poings que les hommes tentent de faire correspondre la réalité à leur folie.

Un roman aux multiples facettes lui-aussi qui se lit d'une traite et qui ne vous empêchera pas de déguster une bonne côte de boeuf en connaissance de cause.

Un polar qui porte un titre pareil, j'étais obligée de le lire ! Un policier qui a été égorgé dans un abattoir, et tout semble porter vers un groupe radical pour les droits des animaux ? J'en suis ! Pierre Luchaire est donc la victime, et Etienne Barzac va enquêter pour comprendre ce qui lui est arrivé, accompagné de Salima Belloumi.

Autant vous prévenir tout de suite : ce roman ne fait pas dans la demi-mesure.

Côté polar, Frédéric Paulin n'est pas en reste en nous tissant le parcours chaotique d'un flic embarqué dans une affaire de coeur.

Je suis moins emballée cependant que par La nuit tombée sur nos âmes.

- On disait quoi ? fait-il. Ah ouais : l'homme mange des animaux depuis toujours alors forcément c'est bien. c'est ça ? Hé ben non, tu te plantes complètement : rien ne nous donne le droit de tuer ou de maltraiter un animal. Surtout pas pour le manger.

Comme les hommes, les animaux croient souvent qu’à plusieurs, on est plus forts. Bentham affirmait qu'il ne sert à rien d'avoir la certitude qu'un animal puisse raisonner, et même qu'il puisse parler, pour s'abstenir de le faire souffrir.

C'est une lecture que j'ai appréciée même si certains passages sont un peu durs à lire -l'abattage des animaux.

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