La véritable crêpe dentelle compte parmi les emblèmes culinaires du paysage breton. Gavottes, c’est plus de 100 ans de croustillante existence. Traditionnellement dégustée comme telle lors de moments de partage et de convivialité, de nombreux pâtissiers s’en inspirent. Certains l’utilisent pour rendre encore plus craquant leurs créations, d’autres pour réaliser leur fameux praliné.
Les plus grandes histoires commencent souvent par quelques ratés. Ce fut le cas de la crêpe dentelle. En 1886, Marie-Catherine Cornic, son inventrice, commet la délicieuse erreur de laisser une crêpe trop longtemps sur son « billig ». Plutôt que de la jeter, elle choisit de la plier en huit en l’enroulant sur elle- même. Elle donne ainsi naissance au célèbre biscuit. Ce dernier fit fureur chez les bretons, puis partit à la conquête du monde.
La Naissance de la Crêpe Dentelle
Marie-Catherine Cornic était crêpière à Quimper dans le Finistère. C'est dans cette rue bien pittoresque, vers l’actuel n° 7, qu’une certaine Katell Cornic crée un biscuit à partir d’une pâte à crêpes ! La légende raconte que, obnubilée par un beau marin qui passait par là, elle laissa sa crêpe trop longtemps sur le feu. Sur une bilig inclinée dans la cheminée, Katell Cornic, originaire de Kerfeunteun, veut créer une gourmandise, un biscuit que l’on pourrait fourrer de crème. En 1886, naît la crêpe dentelle.
Elle décida de la rouler délicatement sur elle-même et d'en faire un petit biscuit. Cette pâte extrêmement fine enroulée sur elle-même au couteau séduit les Quimpérois mais pas seulement ! On est en 1893, la crêpe dentelle était née. À la clientèle bourgeoise de la cité vient se rajouter celle d’un hôtel de Beg Meil.
L'Expansion de Loc Maria
En 1920, la première biscuiterie Loc Maria ouvre à Quimper. En 1920, ce geste unique et précis qui caractérise la crêpe dentelle fut reproduit à plus grande échelle par les « Crêperies de Loc Maria », à Quimper, dans le Finistère. La croustillante gourmandise ravit les palais, s’emporte facilement, les gens en raffolent. Mécanisée à partir des années 1960, Gavottes ne produit plus 100 crêpes par heure, mais 1 500 ! Les biscuits s’exportent.
A cette époque, les pâtissières fabriquent 100 crêpes dentelles par heure. Katell Cornic a l’idée de les mettre en boîte avec des cotons hydrophiles. L'usine invente alors un système industriel unique au monde qui reproduit exactement le geste manuel de roulage de la crêpe et s'installe à Taden dans les Côtes-d'Armor dans les années 60. Les crêpes dentelle partent à la conquête de nouveaux marchés et vont jusqu’à la Reine d’Angleterre. Forte de son succès, la biscuiterie déménage de Quimper, à Dinan, en 1962.
L'Ascension de Gavottes
Aujourd'hui ce sont près de 4000 tonnes de gavottes qui sortent tous les ans de l'usine bretonne dont 25% à l'exportation. Jérôme Tacquard, 36 ans, est le directeur général de l'entreprise. C'est son père Christian Tacquard, un alsacien, qui a racheté l'usine en 1993. Jérôme, le fils et Aurélie la petite sœur y ont grandi: «Quand mon père l'a racheté, on logeait dans l'usine pendant les vacances scolaires. J'ai commencé à y travailler en y faisant le ménage, puis l'interprète, et puis, de plus en plus de choses », explique Jérôme Tacquard.
Aujourd'hui la petite crêpe dentelle nature se décline au chocolat, au caramel mais aussi en version salée pour l'apéritif et même en pâte à tartiner. Les différentes gammes et le packaging s'adaptent et changent au gré des époques et des différents marchés. Portées par une histoire et des valeurs communes, ces deux biscuiteries emblématiques du patrimoine culinaire breton font partie de l’entreprise familialeLoc Maria Biscuits. Le geste du pliage en huit de la pâte, secret de la croustillance, s’est transmis et s’est industrialisé au fil des ans.
Loc Maria, qui emploie 384 personnes, est aujourd'hui propriétaire de la marque Traou-Mad, spécialiste des galettes de Pont-Aven et des palets bretons : «Notre objectif est de devenir le leader mondial du biscuit haut de gamme breton», souligne Jérôme Tacquard. En 2015, fort du succès de Gavottes® en France et à l’international, le Groupe investit près de 25 millions d’euros dans un site de production moderne et écoresponsable à Lanvallay, dans les Côtes d’Armor. Loc Maria Biscuits fabrique près d’un milliard de Crêpes Dentelle chaque année dont 33 % sont exportées dans 50 pays à travers le monde.
Conquête du Marché Américain et Innovation
L'entreprise se prépare d'ailleurs à deux grands changements. La petite crêpe dentelle née à Quimper s'en va conquérir le marché américain. Elle ouvre un bureau à Philadelphie aux Etats-Unis: «Nous souhaitons consacrer 50% de notre production à l'international». «L’ouverture d’un bureau à l’étranger est une première pour l’entreprise. Nous avons pris toutes les dispositions pour créer les conditions de notre réussite afin de développer l’activité commerciale en Amérique du Nord».
L'usine déménage également dans près de 15 000 m2 à Lanvallay à la fin de l'année. «Elle est fabriquée dans notre biscuiterie à Dinan, en Bretagne. Le siège historique, pour le moment basé à Saint-Grégoire, déménage lui aussi dans le «vaisseau spatial» dinannais dès la mi-octobre. Dotée d’une belle histoire, la marque Gavottes a tous les ingrédients pour plaire aux consommateurs américains.
En effet, vendue depuis 15 ans au sein d’une des plus grandes chaînes américaines, elle s’offre beaucoup en cadeau au moment des fêtes de fin d’année. Avec notre marque Gavottes, nous avons l’ambition de représenter un échantillon de la gastronomie française. Être français est indéniablement un atout, le patrimoine gastronomique de notre pays étant reconnu dans le monde entier», précise le jeune dirigeant.
Aujourd’hui, les Crêpes Dentelle Gavottes® font craquer de plus en plus de gourmets, séduits par la légèreté du biscuit, son croustillant, sa jolie couleur dorée et le bon goût de beurre qui le caractérise. Pour célébrer le centenaire de la biscuiterie Gavottes®, un coffret vintage revisité, inspiré d’un coffret historique, va être réédité pour le plus grand bonheur des amoureux de Crêpes Dentelle.
La Crêpe Dentelle et la Culture Bretonne
À quoi pensez-vous lorsque l'on vous parle de culture bretonne ? À la danse et au costume, probablement, à cette langue si particulière qui s’exprime notamment sur les panneaux de localisation, au beurre et aux crêpes aussi... C'est bien sûr tout cela la Bretagne, et ce ne sont pas (que) des clichés... La véritable crêpe dentelle compte parmi les emblèmes culinaires du paysage breton.
Le beurre breton ? Indispensable, et salé bien sûr ! Les crêpes ? Pareil ! Mais la culture bretonne, ce qui forge son identité si forte, ce sont d’autres choses. Quand à la gastronomie, c'est une autre histoire, celle d'une région pauvre qui, pendant longtemps, n'a pas eu de traditions culinaires aussi prestigieuses que dans d'autres régions. Ce temps est révolu.
Aujourd'hui, la Bretagne compte un grand nombre de tables étoilées et ses produits de la mer - huîtres, langoustines, palourdes, lieu jaune, dorades... -, ainsi que ses cultures légumières font des envieux chez les chef(fe)s du monde entier... Région au caractère fort et unique, la Bretagne a su puiser dans ses traditions pour devenir une destination et un lieu de vie appréciés dans le monde entier.
| Événement | Date | Lieu | Détails |
|---|---|---|---|
| Invention de la crêpe dentelle | 1886 | Quimper | Marie-Catherine Cornic laisse accidentellement une crêpe trop longtemps sur le feu et la roule pour créer un nouveau biscuit. |
| Ouverture de la première biscuiterie Loc Maria | 1920 | Quimper | Début de la production à plus grande échelle de la crêpe dentelle. |
| Déménagement de la biscuiterie à Dinan | 1962 | Dinan | Expansion de la production et mécanisation du processus. |
| Rachat de l'usine par Christian Tacquard | 1993 | - | Nouvelle direction et développement de l'entreprise. |
| Investissement dans un nouveau site de production | 2015 | Lanvallay | Modernisation et augmentation de la capacité de production. |
| Ouverture d'un bureau aux États-Unis | - | Philadelphie | Expansion sur le marché international. |
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