La Capitainerie de Chantilly : Un Voyage à Travers l'Histoire et le Patrimoine

Vous venez visiter le château de Chantilly ? Profitez-en pour découvrir les trésors cachés de la ville ! Chantilly ne se résume pas à son château prestigieux : la ville regorge de monuments historiques, de curiosités architecturales et de lieux chargés d’histoire.

À 25 minutes de Paris, dans l’Oise, le domaine de Chantilly est un monument incontournable du patrimoine français, classé monument historique et protégé depuis 1988. Le château de Chantilly tel qu’on le connaît aujourd’hui a été élaboré et reconstruit au 19ème siècle sur le « Petit Château » initialement dressé au Moyen-Âge.

Il a vu passer de nombreux propriétaires parmi les plus grandes dynasties princières comme les Bourbon et est finalement légué à l'institut de France en 1897 par le duc d'Aumale. La version actuelle est à l’initiative du prince héritier Henri d’Orléans, fils du dernier roi français Louis-Philippe.

Fervent collectionneur de tableaux et d’objets d’art, il a tenu à ce que le lieu rende hommage à son passé et soit le temple des plus précieux chefs-d’œuvre de l’histoire de France. Le magnifique parc de plusieurs hectares qui entoure le grand château est signé André le Nôtre, date du 17ème siècle, et s’étale sur les abords de l’affluent de la Nonette.

Si vous visitez le domaine de Chantilly, flâner dans le splendide jardin à la française sera une véritable expérience. Symétrie, miroirs d’eau, fontaines, statues, ce n’est pas pour rien qu’il était le jardin préféré de Le Nôtre ! Vous pourrez ensuite découvrir le musée Condé et sa galerie d’art qui rassemble l'une des plus grandes collections d’œuvres anciennes, après le musée du Louvre.

Aussi, lorsque vous aurez apprécié tous les trésors cachés du domaine, vous pourrez prendre le temps de vous restaurer sous les voûtes de La Capitainerie. Le restaurant correspond aux anciennes cuisines de Vatel, l’intendant du Château qui organisait des dîners fastueux.

Les Origines du Château et l'Œuvre d'Anne de Montmorency

À l'origine, il s'agit d'un vaste domaine seigneurial, reçu du roi par les Bouteiller, qui font ériger une forteresse sur le massif rocheux émergeant des marais de la Nonette, un affluent de l'Oise. Car, situé à proximité de Paris et sur la grande route de Picardie, le site est stratégique.

Lors de l'insurrection paysanne ou Jacquerie de 1358, le château est mis à sac puis vendu, en 1386, à Pierre d'Orgemont, ancien chancelier de Charles V. C'est lui qui rebâtit la forteresse médiévale dont les sept tours cernées de douves sont encore visibles aujourd'hui.

Dépourvu d'héritier, celui-ci lègue le domaine à son neveu, Guillaume de Montmorency, en 1484. Mais c'est avec Anne de Montmorency (1492-1567), connétable de France, véritable prince de la Renaissance que le destin du château bascule.

Non content de faire rénover le "Château vieux" par l'architecte Pierre Chambiges, il demande à Jean Bullant, qui a déjà travaillé pour lui au château d'Écouen, de construire le Petit château ou Capitainerie, dans le style inspiré de l'art italien et de l'Antiquité, qui se diffuse alors en France.

On doit également au connétable les jardins et la terrasse où se dresse sa statue équestre, réalisée par Paul Dubois (1886). L'œuvre du connétable est complétée par son fils, Henri, à l'origine d'une maison d'agrément dans les bois, où Henri IV se plaisait à séjourner.

L'Époque du Grand Condé et les Jardins de Le Nôtre

En 1643 il est rendu à la famille et connaît une nouvelle phase de grandeur sous l'égide de Louis II de Bourbon (1621-1686), dit le Grand Condé, qui y élit résidence après son retrait de la Cour, consécutif à sa participation à la Fronde.

De cette époque datent les jardins élaborés par Le Nôtre, certes pourvus d'un grand canal mais qui se démarquent de ceux de Versailles par l'ordre dispersé de ses parterres, non tributaires d'un axe unique. Le Nôtre conçoit également le Grand degré, réalisé par Daniel Gittard, c'est-à-dire l'escalier majestueux à trois rampes qui relie la terrasse aux jardins.

À la fin de sa vie, le Grand Condé charge Jules Hardouin Mansart, architecte de Versailles, d'aménager ses appartements dans le Petit Château qui accueille une galerie célébrant ses faits d'armes. Toutefois, c'est Henri Jules de Bourbon qui mène à bien le projet plus ambitieux, également concocté par Mansart, de modernisation du Grand Château, dans le premier tiers du XVIIIe siècle, où sont aussi construites les fameuses écuries, sous l'égide de Louis VI Henri, ministre de Louis XV.

Il fait également décorer ses appartements dans le style rococo et améliorer les jardins où son fils, Louis-Joseph, installe notamment un hameau semblable à celui de Trianon. Chantilly est alors au faîte de sa splendeur mais c'est sans compter sans la Révolution française.

La Révolution et la Renaissance du Château

En l'absence de son propriétaire, émigré, le château est vidé de son mobilier, converti en prison sous la Terreur, rasé en 1799 et le domaine vendu par lots. Il faut attendre le dernier tiers du XIXe siècle pour voir le château renaître à l'instigation de son héritier, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, dernier fils de Louis-Philippe.

Il demande à Honoré Daumet de rebâtir le château pour y loger sa collection de livres précieux et d'objets d'art. Veuf et sans enfants, il lègue en 1884 le château et son contenu à l'Institut de France afin d'en faire un musée, à la condition expresse que tout soit préservé, ce à quoi a fortement contribué l'inscription du site aux Monuments Historiques en 1988 et la création d'une fondation en 2005, par S. A.

L'Architecture du Petit Château sous Louis-Henri de Bourbon-Condé

Une réflexion récente porta sur l’étude du Grand Château de Chantilly sous le règne de Louis IV Henri de Bourbon-Condé (1692-1740) et livra une synthèse liminaire liée à l’histoire architecturale du domaine depuis 1672 jusqu’en 1789, date à partir de laquelle les princes de Condé émigrèrent, abandonnant leur fief aux mains des insurgés.

Pour mémoire, l’actuel Chantilly, en grande partie rebâti par la volonté édificatrice d’Henri d’Orléans (1822-1897), duc d’Aumale, entre 1875 et 1885, correspond peu à la situation du domaine à la fin de l’Ancien Régime. Le morcellement commença en 1793, soit par affectation à l’État, soit par vente à des particuliers.

Le Grand Château disparut, rasé jusqu’à ses fondations médiévales. Le Petit Château fut l’unique survivant à l’ire républicaine. Exceptée la galerie en bois de l’architecte Félix Duban (1797-1870) élevée en 1848 dans la cour de la Capitainerie, on retrouve l’ensemble architectural initial.

Depuis le XVIe siècle, le Petit Château comprenait un petit corps de logis à l’entrée, avec une suite de pièces le long de l’étang, et un autre corps de logis en retour sur le jardin de la volière, qui était desservi par un degré du côté de la cour et un escalier en vis formant un petit hors-œuvre sur le jardin.

Les modifications apportées par l’architecte Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) de 1683 à 1686 remanièrent radicalement ses façades. Un château avec une forme en aile longue, entre deux pavillons plus massifs placés transversalement, dont l’aile nord avait été élargie côté cour, avec une façade composée d’arcades, de pilastres et frontons à l’image de celle du jardin.

En remplacement de l’ancienne vis hors-œuvre, Mansart avait allongé la façade d’une travée et renforcé de nouveau la dernière travée à l’autre extrémité, laquelle avait déjà fait l’objet d’une reconstruction en 1600. Le corps des Offices subit lui aussi quelques transformations.

Côté pelouse, le maître remplaça les anciennes fenêtres par des baies plus larges et régularisa la composition en les plaçant systématiquement sous les lucarnes. Il remania la composition au rythme saccadé cher à l’architecte Jean Bullant et créa une façade classique divisée en travées régulières.

Côté cour, le doublement de l’aile nord effaça une porte, une croisée et une petite baie du corps des Offices. La façade par Bullant comprenait initialement cinq portes, six croisées et une petite baie aux deux extrémités. Après l’intervention de Mansart, elle admettait quatre portes aveugles et cinq croisées dont deux aveugles. Ces transformations étaient dues au réaménagement des espaces intérieurs à la même époque.

Les Appartements du Petit Château

Depuis Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686) dit le Grand Condé, les appartements du premier étage ou appartements hauts étaient réservés au prince. Leur distribution demeura inchangée sous le règne de son descendant Louis-Henri de Bourbon-Condé, aussi nommé duc de Bourbon ou M. le Duc.

Les pièces de l’appartement dans le pavillon s’éclairaient sur le petit Parterre et se commandaient les unes les autres selon le principe de l’enfilade qui prévalut dans la distribution française au XVIIe siècle. Dans le but d’introduire une symétrie alors très recherchée, le lit fut placé au fond de cette alcôve, face aux deux fenêtres et à la cheminée, au milieu du mur opposé à l’entrée.

Afin de se préserver du froid, les portes-fenêtres furent rejetées à l’extrémité de la chambre. De plus, installée derrière l’antichambre et la chambre, afin d’assurer un plus grand confort, cette enfilade se doublait d’une circulation privée.

Cependant, les modifications datant d’Henri-Jules de Bourbon-Condé (1643-1709) apparaissent dans l’inventaire après décès du duc de Bourbon en 1740. Les pièces se diversifièrent puisque le plan de Mariette (1727) montre qu’une petite chambre à coucher, « dans laquelle Monseigneur le Duc est decede », avait été aménagée.

Également lieu de représentation, cet appartement se poursuivait par un petit cabinet qui ouvrait sur la galerie et assurait ainsi une meilleure transition. L’appartement se terminait par une bibliothèque à usage exclusivement privé. Située à l’extrémité du Petit château, elle ne possédait d’ailleurs aucun passage vers le Grand Château, le petit escalier à vis qui lui donnait accès depuis la cour n’était qu’une circulation de service.

Le rez-de-chaussée, consacré depuis le Grand Condé à l’usage du prince et de ses proches, sur le modèle du premier étage de la cour de marbre en 1682 à Versailles, connut quelques aménagements dès 1685, auxquels se seraient référés le géographe Jean-Aymar Piganiol de la Force et l’historien de l’Art Antoine Joseph Dézallier d’Argenville dans leurs ouvrages parus en 1718 et en 1762.

Jusqu’à cette époque, la distribution suivait encore les indications qui avaient été données par Henri-Jules de Bourbon-Condé, alors duc d’Enghien, vers 1686, au moment des grands travaux par Mansart. Le mémoire de peinture du 8 décembre 1686 indique la fonction, les dimensions des pièces, et permet de les replacer sur le plan du rez-de-chaussée.

Selon Mme Christine Laroche, la pièce la plus facile à localiser était le vestibule central, diversement appelé selon les différents inventaires et archives, « salle du milieu », « vestibules », « salon des vues », ou « salon le long de la galerie ».

Fonction et Aménagement des Pièces

L’appartement du premier étage étant consacré à l’apparat, il importait d’avoir des pièces plus petites, avec plus de commodité. Quelques contingences liées à la construction sur l’eau, facteur d’humidité, amènent à penser que le rez-de-chaussée était sans doute un appartement d’été, et le premier étage un appartement d’hiver.

De même, chacune de ces deux séries de pièces possédait des fonctions distinctes. Par exemple, le salon d’angle sur le jardin pouvait servir de salon de jeux. Cet ameublement suggérerait que la fonction ludique s’organisait entre les salons qui, ouvrant tous les deux par deux arcades sur le petit parterre, et communiquant par une large ouverture, ne faisaient plus qu’un seul « grand salon en retour » unifié par un sol en marbre.

On note également que l’accumulation de petites pièces réparties entre divers cabinets restait conforme aux recommandations énoncées par l’architecte Charles-Etienne Briseux dans son Art de bâtir (1743). La part avait été faite entre les Appartements bas à usage privé et les Appartements hauts conçus en partie pour la vie publique.

Autres lieux d'intérêt à Chantilly

  • La Table du Roi: Ce vaste carrefour, en forme de soleil d’où rayonnent 12 routes droites a été crée lors de l’amenagements du domaine de Chantilly par André Le Nôtre (1613-1700). Il était le principal centre de rendez-vous de chasse à courre. La Table ronde en centre, en pierre d’un seul morceau, de 2m70 de diamètre est appellée aussi la Table du Roi.
  • L'Allée Cavalière: Percée en 1669-1670, face au château, cette allée cavalière longue de 4 km, sert aujourd’hui de piste d’entrainement pour les chevaux.
  • La Glacière "Mère Marie": Cette butte qu’on rémarque à peine à droite sur la route de la Table (D 924A) est une des glacières que l’on trouve encore dans la ville. On lui donne encore, le nom de « Mère Marie » en souvenir de la famille Mary, un ménage de forestiers, qui y habitait au XIX siècle.
  • L'Église Notre-Dame de l’Assomption: Église paroissiale, Notre-Dame de l’Assomption, prévue dès 1684 par le Grand Condé (1621-1686) pour les habitants de Chantilly qui dépendaient alors soit de la paroisse de Gouvieux, soit de celle de Saint-Léonard, a été réalisée par son fils Henri-Jules (1643-1709).
  • La Maison la plus Ancienne: Cette maison est assurément la plus ancienne maison de la ville. Construite en 1539, elle était affectée au services de chasses et des forêts du connétable Anne de Montmorency. En 1777, elle devint « Hôtel des Juridictions », et ensuite au début de la Révolution elle fut la première Mairie de la ville.
  • La Gare de Chantilly: Construite en 1858, par l’architecte Jules Léon Lejeune (1800 - 1877, architecte de la Compagnie des Chemins de fer du Nord) son architecture respecte le modèle imposé par la compagnie. La ligne directe Paris-Creil fut inaugurée le 10 mai 1859.
  • L'Hôtel du Grand Condé: Construit vers 1908, cet hôtel faisait partie de la chaîne des hôtels Ruhl. C’est depuis cet hôtel que le généralissime Joseph Joffre (1852-1931), commandant en chef des opérations militaires, dirige les grandes manœuvres de la défense française, notamment l’organisation de la bataille de Verdun.
  • Le Monument aux Morts: Le Monument aux morts, érigé en 1922 grâce à une souscription publique, en mémoire des Cantiliens morts pendant les guerres.

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