Je suis le pain de vie : Signification et portée spirituelle

Dans l'Évangile de Jean, Jésus se présente comme "le pain de vie". Cette affirmation, riche en symbolisme, est au cœur de la foi chrétienne et offre une perspective profonde sur la relation entre Dieu et l'humanité.

Le contexte biblique

Le texte de Jean est limpide et direct, utilisant un langage simple pour délivrer son message. Cet épisode fait suite à celui de la multiplication des pains, un récit de miracle que Jean préfère qualifier de "signe". Ce signe révèle l'identité de Jésus, montrant qu'il est plus qu'un prophète et qu'il est le Fils de Dieu.

La manne : Un pain venu du ciel

Dans l'Exode, Dieu dit à Moïse : « Voici que, du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour sa ration quotidienne, et ainsi je vais le mettre à l’épreuve : je verrai s’il marchera, ou non, selon ma loi. » (Ex 16, 4). La manne, ce pain descendu du ciel, est un mot dérivé de l’hébreu « mân hou » qui signifie « qu’est-ce que c’est ? ».

La manne invite à considérer que "Dieu est toujours neuf pour chacun" et que "ce n’est pas un savoir qui nous serait transmis et donné et auquel il n’y a qu’à adhérer et accepter, c’est plus un questionnement".

Le pain : Un symbole récurrent

Le pain est un personnage récurrent de la Bible. Jésus ne le néglige pas. Il y a un joli mot, très courant, qui désigne ceux qui n’oublient pas de partager le pain entre eux : les co-pains, qui sont les compagnons de pain !

Le pain est un aliment de base essentiel et traditionnel dans de nombreux pays du monde. Né dans le bassin méditerranéen, le pain est intimement lié à l’invention de l’agriculture et de la meule à grains. La fabrication du pain nécessite beaucoup d’étapes et un haut niveau de technicité.

De manière générale, le pain évoque la vie, la fraternité, la paix et la spiritualité. Traditionnellement, le pain est l’aliment de base fabriqué pour tout le village : il est attaché à la communauté humaine. Le pain se donne et se partage avant d’être consommé.

Le pain se partage, nous rappelant que nous partageons tous la même condition et le même avenir. Nous avons appris à reconnaître, dans le pain, le véhicule essentiel de la pitié, à cause du pain que l’on distribue aux heures de misère. La saveur du pain partagé n’a point d’égale.

Pain de subsistance vs. Pain de vie

Le pain de subsistance nourrit le corps, mais il est périssable, limité et peut venir à manquer. Le pain de vie, en revanche, est éternel, inépuisable et se partage. Il nourrit l'esprit, l'âme et le cœur.

Ainsi, on le voit, le pain de subsistance n’est pas le pain de vie. Le pain de subsistance est périssable, le pain de vie est éternel. L’un s’épuise, on se le dispute, l’autre est inépuisable et on le partage. L’un nourrit le corps, l’autre nourrit l’esprit, l’âme, le cœur. Le pain de vie est donné. Il est gratuit.

Le tableau suivant résume les différences entre le pain de subsistance et le pain de vie :

Caractéristique Pain de subsistance Pain de vie
Nature Matériel Spirituel
Durée Périssable Éternel
Disponibilité Limitée Inépuisable
Action Nourrit le corps Nourrit l'esprit, l'âme, le cœur
Distribution Peut être disputé Se partage
Coût Acquis Donné gratuitement

Jésus : Le pain de vie incarné

« Je suis le pain de vie » dit Jésus. Il est le pain qui relie les hommes et qui nourrit leur faim de vie et de liberté. C’est Jésus lui-même, ce pain qui relie les hommes et qui nourrit leur faim de vie et de liberté.

Jésus est « le pain de la vie » dans le sens où il « donne la vie au monde ». Il est le pain qui nous est donné, le seul qui puisse rassasier notre faim d’amour insatiable ici-bas. « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »

L'Eucharistie : Le pain de vie offert

Le Seigneur a prononcé ces paroles lors de la multiplication des pains au 1er siècle. Il le redit sans paroles aujourd’hui en se faisant Eucharistie, en œuvrant par ce miracle - auquel j’espère nous ne nous habituons pas - de transformer le pain en son corps, de s’abaisser au point de s’anéantir pour se faire notre serviteur caché dans l’hostie consacrée.

A travers l’Eucharistie, le pain symbolise le corps de Jésus qui se donne en partage. Chez les chrétiens, l’Eucharistie est un rituel central ; c’est un sacrement qui consiste à commémorer la Cène, dernier repas du Christ au cours duquel ce dernier assimile le pain à son corps qu’il offre à tous en sacrifice.

Implications spirituelles

Croire en Jésus, envoyé par le Père pour nous révéler le visage de miséricorde de Dieu, c’est-à-dire l’amour qu’il a pour nous. Ma réponse n’est donc pas de gagner l’amour de Dieu, de réussir à me faire aimer de lui, mais de répondre à l’amour qu’il a pour moi. Lorsque je me sens aimé par quelqu’un que j’aime, mes paroles, mes actions, mes décisions seront une réponse à cet amour.

Dieu lui-même vient jusqu’à moi pour se donner à moi, pour que je puisse le recevoir et être uni à lui, pour que je puisse vivre de la vraie vie (éternelle !). C’est ce à quoi nous invite saint Paul : « Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée.

Quand nous sommes nourris de ce pain, aucune autre faim n’a plus de raison d’exister. En effet, que signifie aimer ? Et Jésus a illustré de manière superbe cette façon d’aimer en se faisant pain pour nous. ‘Faisons-nous un’, nous aussi, jusqu’à nous laisser ‘manger’.

Nous retrouvons le pain au deuxième degré de la progression maçonnique : le Compagnon est littéralement « celui avec qui l’on partage le pain ». Le Compagnon a fait un pas de côté, un pas vers l’autre : il sait partager son pain, c’est-à-dire s’offrir lui-même aux autres et au monde.

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