Après les fêtes, le retour à la vie quotidienne s’accompagne souvent d’un fort sentiment de culpabilité au simple souvenir des repas copieux où les douceurs chocolatées étaient à l’honneur ! Et si le chocolat pouvait avoir un effet bénéfique sur la santé ?
Nombreux et copieux, les repas se sont en effet enchaînés et souvent clôturés par des douceurs chocolatées en tous genres. Ballotins, bûches, orangettes, macarons, le chocolat s’est décliné sous toutes les formes pour le plus grand plaisir des petits et des grands ! Mais face aux kilos supplémentaires sur la balance, il est légitime de s’inquiéter de l’impact de la consommation de chocolat sur l’organisme.
Dans les faits, le cacao constitue une source bien connue de composés appelés polyphénols, parmi lesquels les flavanols antioxydants, associés à une pression artérielle réduite. Plusieurs études menées par le passé ont en effet déjà suggéré un impact significatif de la consommation de cacao sur la pression artérielle systolique.
Une vaste analyse de près de 80 années de recherches scientifiques confirme les effets bénéfiques de certains aliments du quotidien sur la tension artérielle. Un carré de chocolat noir après le repas, une tasse de thé en milieu d’après-midi… Des plaisirs anodins ? Peut-être pas tant que cela.
Les bienfaits des flavanols
À l’origine de cet effet bénéfique, des antioxydants naturels appelés flavan-3-ols. Présents dans de nombreux végétaux, ces composés sont reconnus pour leur action anti-inflammatoire et leur rôle protecteur sur les cellules.
L’étude, qui a compilé les données de 145 essais cliniques menés auprès de plus de 5 000 adultes, révèle que la consommation régulière de flavanols entraîne une baisse moyenne de la pression systolique de 3 mmHg, et de la pression diastolique de 2 mmHg. Si ces aliments ne remplacent en rien un traitement médical, leurs effets sont comparables, dans certains cas, à ceux d’une réduction de consommation de sel ou d’une activité physique modérée.
Le cacao figure en tête des produits les plus efficaces, à condition d’être consommé sous forme de chocolat noir à fort pourcentage ou de poudre non sucrée. À titre d’exemple, une tasse de thé noir peut fournir jusqu’à 269 mg de flavanols, tandis que deux carrés de chocolat noir en apportent environ 30 mg. Autre bonne nouvelle : ces apports alimentaires ne présentent que très peu d’effets indésirables.
Pour les chercheurs, la stratégie est claire : encourager une alimentation riche en fruits, légumes et produits peu transformés, au détriment des produits industriels. Et d’après des chercheurs britanniques, les situations stressantes poussent parfois les personnes à se tourner vers la consommation d’aliments gras. Le cacao contient des flavanols, qui détendent la couche de cellules endothéliales des vaisseaux sanguins, ce qui améliore leur fonction et contribue à lutter contre l’hypertension artérielle, une réaction courante liée au stress.
Étude de l'Université de Birmingham
Des chercheurs de l'Université de Birmingham (Royaume-Uni) ont travaillé sur ce sujet pour une nouvelle étude dont les résultats ont été publiés dans le journal Food & Function.
Catarina Rendeiro, professeure adjointe en sciences de la nutrition et auteure principale de l'étude, a expliqué : « Nous savons que lorsque les gens sont stressés, ils ont tendance à se tourner vers les aliments riches en graisses. Dans cette étude, nous voulions voir si l’ajout d’un aliment riche en flavanols au repas gras atténuerait l’impact négatif du stress sur le corps. »
Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont recruté 23 jeunes hommes et femmes en bonne santé. Chaque personne a pris un repas riche en graisses accompagné d'une boisson au cacao, riche ou faible en flavanols, une heure et demie avant de se soumettre à un test de calcul mental créé spécialement pour créer du stress. Les chercheurs ont mesuré les réponses cardiovasculaires et vasculaires, au début de l'essai, puis 30 et 90 minutes après la tâche stressante.
Résultat : pour le groupe ayant consommé une boisson riche en flavanols, les chercheurs ont constaté une fonction vasculaire nettement meilleure. Selon la professeure Rendeiro, le choix d'aliments ou de boissons riches en flavanols pourrait offrir une solution efficace pour compenser les effets vasculaires du stress : « Cette recherche montre que boire ou manger un aliment riche en flavanols peut être utilisé pour atténuer une partie de l’impact de mauvais choix alimentaires sur le système vasculaire. Cela peut nous aider à prendre des décisions plus éclairées sur ce que nous mangeons et buvons pendant les périodes stressantes. »
Le co-auteur Jet Veldhuijzen van Zanten, professeur de psychologie biologique à l'Université de Birmingham, a ajouté que tous les changements que nous pouvons apporter pour nous protéger de certains symptômes du stress sont positifs. « Pour ceux qui ont tendance à se tourner vers une friandise lorsqu'ils sont stressés ou qui mangent sur le pouce parce qu'ils travaillent dans des emplois à haute pression ou manquent de temps, l'intégration de certains de ces petits changements pourrait faire une réelle différence. »
La richesse du chocolat en polyphénols
Le chocolat est l’un des aliments les plus riches en polyphénols (Manach et al., 2004). La richesse du chocolat en polyphénols dépend principalement de la quantité de cacao entrant dans sa composition, importante dans le cas du chocolat noir et nulle dans le cas du chocolat blanc. Elle dépend également des procédés utilisés pour la préparation des fèves de cacao qui préservent plus ou moins leur contenu en polyphénols. Une tablette de chocolat noir de 80 g contient ainsi environ 1 300 mg (Gu et al., 2006).
Ces polyphénols sont à l’origine de son amertume, en partie masquée par l’ajout de sucre. Ils sont aussi à l’origine d’un certain nombre d’effets santé que l’on attribue au chocolat ou au cacao. En effet, les polyphénols ont des propriétés antioxydantes et pourraient ainsi limiter le stress oxydant qui participe au vieillissement et au développement de différentes pathologies (Scalbert et al., 2005). Les données expérimentales obtenues chez l’animal ou chez l’homme suggèrent plus particulièrement un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires (Manach et al., 2005).
Études épidémiologiques et interventions
Deux études épidémiologiques publiées récemment ont montré une association inverse de la consommation de cacao ou chocolat avec la prévalence d’hypertension ou le risque cardiovasculaire. Différentes essais d’intervention chez des volontaires sains ou des patients présentant des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, consommant du chocolat noir ou du chocolat blanc (dépourvu de polyphénols) ou des boissons à base de cacao plus ou moins riches en polyphénols ont permis de mettre en évidence différents effets biologiques des polyphénols du cacao qui pourraient être à l’origine de la réduction du risque de maladies cardiovasculaires :
- diminution de la tension artérielle (Taubert et al., 2003)
- amélioration de la fonction endothéliale (Engler et al., 2004 ; Heiss et al., 2003 ; Schroeter et al., 2006)
- inhibition de l’oxydation des lipoprotéines de faible densité (Baba et al., 2007)
- amélioration de marqueurs du stress oxydant (Wiswedel et al., 2004) ou de l’inflammation (Sies et al., 2005).
Consommation modérée et santé
Le chocolat est aussi un aliment riche en lipides et sucre. Une consommation excessive de chocolate (« chocoholism ») contribue significativement à l’apport énergétique et pourrait avoir des effets moins favorables au maintien de la santé. La consommation moyenne de chocolat a été estimée à 10-15 g/jour aux USA (Vinson et al., 2006). Ce niveau de consommation contribue de manière modeste à cet apport énergétique (50-75 kcal/jour). A fortiori, un des acides gras majeur du chocolat est l’acide stéarique, connu pour ses propriétés neutres vis-à-vis du risque cardiovasculaire (Kris-Etherton et al., 2005). Au total, une consommation modérée de chocolat pourrait avoir un effet favorable au maintien de la santé de par sa forte teneur en polyphenols. Le chocolat est cependant un aliment complexe.
Par ailleurs, l’étude indique que pour augmenter la consommation de flavanols, la poudre de cacao peu transformée est une excellente option. Saviez-vous que les Kunas, une population indigène des îles au large du Panama, ont une pression artérielle très basse ? Connaissez-vous leur secret ? Ils consomment chaque jour d’énormes quantités de cacao. Mais il suffit qu’un Kuna émigre dans une autre ville où l’on ne consomme pas du cacao pour ne plus bénéficier de sa protection.
Les incas s’étaient rendus compte, il y a de cela très longtemps, des bienfaits préventifs du chocolat sur la santé cardiovasculaire. Par exemple, en 2011, une étude scientifique a été menée auprès de 39.000 Suédoises. Les résultats sont étonnants : le taux de survenue d’infarctus cérébral était de 7,8 pour 1000 chez les Suédoises qui consommaient moins de 8,9 grammes de chocolat par semaine.
Un autre exemple ? En 2013, les chercheurs Walters MR, Williamson C., Lunn K., Munteanu A. ont mis en évidence l’impact positif du chocolat sur nos vaisseaux sanguins. Pendant que leurs patients, allongés, consommaient du chocolat, ces chercheurs ont mesuré le fonctionnement de la principale artère qui alimente leur cerveau. Ils ont remarqué que le chocolat améliore la circulation sanguine de cette artère.
Les flavonoïdes et l'athérosclérose
Les flavonoïdes du chocolat noir ou de la poudre de cacao peuvent diminuer le risque d’athérosclérose. Or l’athérosclérose est un facteur de risque des maladies cardiovasculaires. Ils empêchent l’oxydation du mauvais cholestérol et le diminuent. Les flavonoïdes du chocolat ont un effet antiplaquettaire similaire à celui de l’aspirine. Cette étude a été menée récemment par le scientifique Dr Dirk Taubert et ses collègues ; et ses résultats ont été publiés dans la revue "American Medical Association".
Étude du Dr Dirk Taubert
Dr Dirk Taubert et son équipe ont sélectionné 44 volontaires âgés de 56 ans à 73 ans souffrant d’hypertension ou de pré-tension. Ils les ont divisés en deux groupes. Au premier, ils ont fait consommer pendant 18 semaines 2 carrés de chocolat noir, soit à peine 30 calories. Les résultats ? Le chocolat blanc n’a eu aucun effet sur la tension artérielle des participants. Par contre, le chocolat noir, même consommé en petites quantités chaque jour, a dilaté et assoupli les vaisseaux sanguins.
C’est une nouvelle des plus excellentes ! Car il est facile d’incorporer quelques carrés de chocolat à son régime alimentaire quotidien, n’est-ce pas ?! Ce faisant, on aurait réussi à faire de cet aliment-plaisir un "médicament" bon pour notre système cardiovasculaire. Mais pas seulement ! Mais pour les fous amoureux du chocolat (j’en suis un) noir, blanc ou au lait, sachez que les scientifiques vous autorisent à aller jusqu’à 100 grammes par jour, le plus important étant de les absorber en guise de repas. Autrement dit, à chaque fois que vous consommerez une telle quantité, n’allez plus à table. Si vous êtes un vrai fan du chocolat, c’est vraiment ce qu’il vous faut faire ! Ne vous en privez pas.
Toutefois, sachez que le chocolat blanc ne contient aucun cacao, donc aucun flavonoïde. L’hypertension artérielle est un facteur de risque important de maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral, etc.). De nombreuses études ont cherché à démontrer l’intérêt du cacao en cas d’hypertension artérielle. Les auteurs ont ainsi constaté une diminution de la pression artérielle chez les consommateurs de chocolat noir et de cacao. Bien que relativement modeste, cette diminution, si elle était maintenue, permettrait tout de même de réduire de 20% le risque de maladies cardiovasculaires sur cinq ans.
Néanmoins, cette étude, qui s’ajoute à beaucoup d’autres allant dans le même sens, ne suffit pas encore à établir de véritables recommandations.
D'après le site de l’Assurance maladie, l'hypertension artérielle serait la maladie chronique la plus fréquente dans le monde. Ainsi, ils ont trouvé que : "la consommation de chocolat noir prédite par la génétique peut contribuer à réduire le risque d'hypertension artérielle de manière significative. Enfin, les chercheurs tiennent à préciser que "la qualité de ces essais est réduite par les biais introduits par les différences dans les dosages de chocolat noir, le manque de placebos appropriés, les courtes périodes de suivi et la petite taille des échantillons".
Tableau récapitulatif des effets des flavanols du cacao
Effet | Mécanisme | Référence |
---|---|---|
Diminution de la tension artérielle | Non spécifié | Taubert et al., 2003 |
Amélioration de la fonction endothéliale | Non spécifié | Engler et al., 2004 ; Heiss et al., 2003 ; Schroeter et al., 2006 |
Inhibition de l’oxydation des lipoprotéines de faible densité | Non spécifié | Baba et al., 2007 |
Amélioration de marqueurs du stress oxydant | Non spécifié | Wiswedel et al., 2004 |
Amélioration de l'inflammation | Non spécifié | Sies et al., 2005 |
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