Sainte Hildegarde de Bingen, née en Allemagne en 1098, est une figure emblématique du Moyen Âge et une pionnière de la naturopathie. Ses écrits, redécouverts à partir du XXe siècle, offrent une approche holistique de l'alimentation et de la santé, mettant l'accent sur l'équilibre entre le corps et l'esprit.
La prévention par l'alimentation
Tout en indiquant de nombreux remèdes, sainte Hildegarde mettait à la première place la prévention par l’alimentation, dans la digne tradition d’Hippocrate. L’alimentation de la joie nourrit vraiment, assainit le foie et les intestins, élimine « la bile noire », donne un sang pur et un esprit joyeux.
Les piliers de l'alimentation hildegardienne
L’alimentation proposée par Hildegarde de Bingen est équilibrée. Elle repose sur des aliments de qualité. Légumes du jardin, grand épeautre non hybridé, fruits bio sont des sources d’énergie bienfaisantes pour notre corps et notre esprit. Dans la juste mesure, l’alimentation hildegardienne offre tout ce dont l’homme a besoin.
En effet, loin du désastre produit par l’alimentation moderne et ultra transformée, l’alimentation d’Hildegarde est antioxydante, anti-acide, anti-addictive et anti-dépressive. Tout d’abord, cette alimentation est une antidote aux problématiques de civilisations, forgées dans nos assiettes et déclenchées par tous nos excès. Il s’agit des problématiques cardiovasculaires, respiratoires chroniques, trouble de la glycémie ou encore psychiatriques et neurodégénératives… Ces problématiques non transmissibles sont la première cause de mortalité dans le monde.
Par ailleurs, par son manque de qualité, l’alimentation moderne bourrée de colorants, d’additifs, favorise dans notre corps l’inflammation chronique. A l’inverse, dans une assiette hildegardienne, il y aura des aliments sains, hypo inflammatoires. Le lait de vache et le blé moderne, gros pourvoyeurs d’inflammation seront exclus de notre assiette. De même, les poisons d’Hildegarde : fraise, pêche, prune, poireaux, porc. Nous privilégions des produits sains, cuisinés sainement.
Par son déséquilibre et sa surabondance, l’alimentation moderne augmente l’acidité de l’organisme car elle ne respecte pas l’équilibre acido-basique. Cet équilibre repose sur une assiette composée de 70% d’aliments basiques et 30% d’aliments acides. Ainsi l’alimentation moderne repose sur un rapport acido-basique inversé, tandis que l’alimentation hildegardienne, basée sur le grand épeautre non hybridé et les légumes respecte cet équilibre acido- basique. L’effet d’une inversion acide-base se traduit par un terrain acidifié propice aux problématiques de santé et à la déminéralisation.
L'épeautre : la céréale reine
Reine des céréales d’après Hildegarde de Bingen, « l’épeautre est un excellent grain, de nature chaude, gros et plein de force, et plus doux que tous les autres grains : il donne bonne chair et bon sang ainsi qu’un esprit joyeux ». Apparu au Xe siècle avant Jésus-Christ, puis abandonné au profit du blé pour des raisons de rendement, l’épeautre fut redécouvert il y a une trentaine d’années.
N’ayant pas connu de « pression sélective », son gluten serait de très bonne qualité, n’attaquant pas la barrière intestinale. Mais les spécialistes recommandent le grand épeautre non hybridé de producteurs certifiés (non croisé avec le blé). Très digeste, riche en minéraux, en oligo-éléments, en vitamines et en prébiotiques, l’épeautre serait, en outre, un précieux anti-inflammatoire et un antidépresseur naturel, tout en stimulant les défenses immunitaires.
Le grand épeautre non hybridé est une bonne source de protéines (16 % contre 12 % pour le blé) et contient les 8 acides aminés essentiels, dont le tryptophane, précurseur de la sérotonine, surnommée « hormone du bonheur ». Hildegarde précise dans son livre Physica : « L’épeautre donne un esprit joyeux et met de l’allégresse dans l’esprit de l’homme ».
L’épeautre stimule les défenses immunitaires, le renforcement des membranes, la formation des cellules et protège contre certaines substances cancérigènes. Cette céréale est en outre très nutritive et d’un bon soutien à l’effort. L’épeautre peut se consommer sous différentes formes : bouillie, pain, riz, nouilles, biscuits…Vous pouvez remplacer dans votre cuisine le blé par l’épeautre.
Autres aliments recommandés
Le meilleur des légumes pour Hildegarde est le fenouil. De son nom latin Feniculum Vulgare, il est aussi appelé aneth doux, anis doux, fenouil commun, fenouil des vignes. Très peu calorique, il contient 90% d’eau, des vitamines et des minéraux. Il est particulièrement riche en potassium, zinc, vitamine B9, vitamine C et anti-oxydants, et contient du magnésium et calcium en quantités intéressantes. Hildegarde le recommande sous toutes ses formes, cru et cuit.
Par ailleurs, la châtaigne est un autre aliment phare d’Hildegarde. Ce fruit est riche en potassium, magnésium, calcium et contient l’acide GABA qui permet de réduire l’anxiété (aussi présent dans le grand épeautre non hybridé). Elle indique d’ailleurs une ou deux châtaignes avant et après chaque repas pour favoriser la santé cérébrale. Elle préconise diverses préparations de châtaignes, chacune ayant des bienfaits spécifiques. Grillée, elle favoriserait la rate ; crue, le cœur ; et en farine avec du miel, le foie.
Enfin, l’amande est aussi un aliment incontournable de l’approche d’Hildegarde de Bingen. Elle contient une bonne quantité de magnésium, mais aussi de phosphore, calcium, fer, potassium, iode et vitamines B1, B2, B3, B5, B6, B9. Selon Hildegarde, les amandes sont bonnes pour le foie et le système nerveux. En effet, la présence de magnésium participe à la lutte contre le stress.
Aliments à éviter selon Hildegarde
Hildegarde nous met en garde contre la consommation de cinq aliments. elle les qualifie de « poisons ». Les effets nuisibles du poireau selon Hildegarde pourraient s’expliquer par le taux élevé en acide oxalique. Selon elle, mieux vaut s’abstenir de manger des prunes quelle qu’en soit la variété, y compris les pruneaux.
Par ailleurs, les pèches sont, selon Hildegarde, difficile à digérer, et par ce fait nuisent au bon fonctionnement de l’organisme. De plus, au sujet des fraises, elle écrit : « Ces fruits provoquent des glaires pour celui qui en mange, et n’ont aucune vertu, ni pour le malade, ni pour le bien-portant ». Scientifiquement, on sait aujourd’hui qu’il y a beaucoup d’allergènes dans la fraise.
Enfin, le porc est une viande qu’elle ne recommande qu’en cas de faiblesse, d’amaigrissement ou d’épuisement. Autrement, elle nous avertit : « C’est un animal impur […], sa nature chaude s’ajoute à celle, chaude également, de l’homme et provoque en lui des troubles dans ses mœurs et ses actions ». La science a démontré que les systèmes hormonaux des humains et des porcs présentent de nombreuses similitudes, ce qui permet au porc d’être utilisé comme modèle en recherche biomédicale pour étudier le système hormonal humain.
Conseils pratiques et recettes
Tout d’abord, au petit déjeuner, Hildegarde recommande son fameux Habermus. Il s’agit d’une bouillie traditionnelle allemande, qui s’apparente à un porridge. C’est un petit déjeuner nourrissant que chacun peut adapter selon ses goûts et ses envies. Il est composé d’une base de flocons de grand épeautre non hybridé cuits dans un liquide chaud (eau ou lait végétal), accompagnés de fruits secs (amandes), de plantes/d’épices (galanga, pyrèthre, cannelle, psyllium) et de miel.
A chaque repas, le plat doit comporter une base de grand épeautre non hybridé, accompagnée de légumes et de viande ou poisson. Pour varier les plaisirs, le grand épeautre non hybridé est aujourd’hui décliné sous de nombreuses formes : pâtes, riz, semoule, grains, etc.
Dans l’approche d’Hildegarde, il faut éviter les crudités et entrées froides car le système digestif a besoin d’être chaud pour fonctionner. Hildegarde de Bingen recommande de boire un peu d’eau pendant le repas (un verre), car ce que l’on mange ne doit pas rester « au sec » dans l’estomac au risque de perturber la digestion. Tout comme les aliments, l’eau doit être à température ambiante, voire chaude sous forme de tisane.
La médecine de sainte Hildegarde de Bingen est à l’origine du regain de popularité dont cette sainte bénéficie depuis la fin du XXème siècle. En effet, elle ne conseille pas les mêmes aliments aux gens ayant des tempéraments différents, colériques, flegmatiques, etc., elle prend également en considération la corpulence et l’état de santé.
Bénédictine elle-même, sainte Hildegarde ne cesse de prôner la modération, et cela est valable également d’un point de vue alimentaire. Sainte Hildegarde de donne pas de conseills précis sur l’alimentation générale dans une journée, concernant par exemple la combinaison de céréales et de légumes. Cependant de nombreux remèdes combinant des plantes aux effets variés, sont basés sur des galettes, bouillons, et du pain.
Les aliments adaptés à la saison sont une évidence pour sainte Hildegarde. Dans son ouvrage LES CAUSES ET LES REMEDES , sainte Hildegarde ajoute une série de commentaires sur la boisson, précisant par exemple de ne pas boire lorsqu’on est encore ensommeillé, de ne pas dormir directement après un repas mais plutôt de faire une promenade digestive, ou encore de boire avec une grande modération pendant les repas. On constate également la fréquente mention du vin ou de la cervoise, et la méfiance face à l’eau.
Elle déconseille fortement le poireau, les oignons crus, les fraises et les prunes, de même que la viande de porc. Elle adapte également les aliments à différentes saisons et préparations. Cependant, sainte Hildegarde est sensible aux goûts et penchants humains, et elle a conscience qu’il eut être difficile de se priver de certains aliments. Elle préconise donc très souvent un mode de préparation particulier pour les aliments normalement nocifs mais dont on ne veut pas se passer. Cette macération est l’une des méthodes qu’elle utilise le plus pour rendre comestible des aliments.
Cependant, la véritable recette de joie et de sérénité tient aux dispositions mentales. L’union du corps et de l’âme, et des maladies et de l’âme est très importante pour sainte Hildegarde. Il est certain que si l’on suit les indications de la sainte, notamment concernant les plantes utiles pour l’intestin comme l’épeautre une fois de plus, ou une préparation de poires cuites avec des épices, on souffrira moins de troubles quotidiens ou chroniques.
Sainte Hildegarde de Bingen nous rappelle par ses écrits que l’homme est une unité de vie. Ses dimensions physique, affective, psychique et spirituelle sont connectées et ne font qu’un. L’équilibre entre ces aspects est essentiel pour une santé optimale. Traiter son alimentation ou apaiser son corps n’est pas seulement une démarche physique mais sert la personne dans son ensemble jusque dans son cœur. Une alimentation équilibrée et saine dispose à la joie, à la paix, à la sérénité et à la vertu, favorisant une bonne digestion et une énergie positive.
Il serait impossible de faire le tour de l’ensemble des principes d’Hildegarde de Bingen en un seul article. Voici cependant quelques éléments importants issus des écrits de la sainte.
- Jeûner régulièrement afin de se régénérer tout entier. Il s’agit ici d’une cure revitalisante qui peut s’étendre de quelques jours à 3 semaines.
- Respecter son propre équilibre et s’alimenter selon ses besoins personnels - pas d’alimentation standardisée. Ce qui est bon pour moi ne le sera pas pour le voisin.
Tableau récapitulatif des aliments selon Hildegarde
Aliments recommandés | Aliments à éviter |
---|---|
Grand épeautre non hybridé | Poireaux |
Fenouil | Prunes |
Châtaignes | Pêches |
Amandes | Fraises |
Porc (sauf en cas de faiblesse) |
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