Le Groupement Porc Bio et son Cahier des Charges : Un Engagement pour une Agriculture Durable

Bio Direct regroupe des éleveurs et éleveuses de porcs bio répartis dans toute la France. Le respect du bien-être animal, le respect de l’environnement, et le respect des éleveurs sont les piliers de leur engagement. Le marché du porc Bio est estimé à 69 millions d’euros et a connu une augmentation de 4% entre 2014 et 2015.

L'Engagement de Bio Direct

« Rejoindre Bio Equitable en France est un moyen de maintenir et de faire perdurer une agriculture bio, paysanne et locale. C’est également une façon de redonner le pouvoir aux agriculteurs. »

Le témoignage d'un éleveur : Riwal

Riwal, 32 ans, élève des cochons. Il a repris la ferme de ses parents qui étaient éleveurs en conventionnel, sur paille. Son projet était de s’installer en bio, suite à un an et demi de démarches administratives il a enchainé avec un an et demi de travaux, cela lui a donc pris 3 ans pour démarrer son activité. Plus que la bio c’est le cahier des charges Bio Direct qui lui a donné envie de transformer la ferme familiale.

Avant de s’installer il a travaillé presque 4 ans dans une ferme porcine en plein air de Bio Direct et 1 an dans un atelier de naissage en bio. Il a également travaillé auprès d’éleveurs en conventionnel. Il est naisseur engraisseur c’est-à-dire qu'il s'occupe des cochons de leur naissance à leur croissance. Il a un cheptel de 60 truies, et une cinquantaine d’hectares qui lui permettent de produire la moitié des aliments qu'il donne à ses cochons.

L'organisation de la ferme

Sur sa ferme il fabrique lui-même leurs aliments, avec ses propres céréales ou avec des céréales qu'il récupère auprès de paysans voisins. Il a un salarié à mi-temps qu'il partage avec un collègue éleveur, il en est très content, il est super ! Ces dernières semaines c’était la récolte des céréales. Comme il stocke les céréales sur sa ferme la difficulté pour lui c’est de récolter une céréale de qualité, c’est-à-dire plutôt sèche et avec peu de mauvaises herbes.

Il récolte et stocke aussi la paille, et elle doit être bien sèche pour ne pas moisir et être inutilisable pour la santé et le confort des cochons. Cette année c’était très compliqué car il n’a fait beau qu’en fin d’été, du coup on a eu une montée massive de mauvaises herbes et le risque c’est une mauvaise qualité de récolte. Ce qui l'anime dans la bio c’est maintenir en propre son autonomie alimentaire : être le moins dépendant possible de céréales hors de sa commune.

Il aspire également à trouver un peu plus de temps pour davantage s'investir dans la filière Bio Direct, bien qu'il soit déjà au bureau du groupement. D’ici l’année prochaine il va aussi allonger sa rotation de cultures en faisant un échange de terre avec un légumier bio. Ses cochons vivent sur la paille, ils peuvent fouir, travailler le sol. C’est très important car un cochon ne transpire pas, la seule manière pour lui de réguler sa température quand il fait chaud c’est de faire des bauges où il peut se baigner, ce qui est impossible sur caillebotis.

Cela leur permet d’exprimer leurs instincts naturels. Le cahier des charges bio européen autorise 50% de la vie de l’animal sur caillebotis, chez Bio Direct c’est 0 caillebotis. Le cochon peut laisser libre cours à ses envies : il peut aller à l’intérieur ou à l’extérieur selon la température extérieure, cela respecte son mode de vie. Toutes les 6 semaines il a des mises-bas, au bout de 6 semaines les porcelets sont envoyés au sevrage.

Pourquoi rejoindre le groupement Bio Direct ?

Ce qui est primordial pour lui c’est la cohérence avec le sol et le territoire : exporter des lisiers à l’autre bout du département il n'estime pas cela cohérent… Fermes 100% bio, limitation de la taille des fermes, autonomie alimentaire à minimum 50%, 0 caillebotis : tout ça c’est dans le cahier des charges Bio Direct mais pas dans le label bio européen. Pour lui la bio respecte l’environnement quand elle est mesurée dans sa taille et inscrite au sein de son territoire.

Le fait de devoir être autonome sur l’alimentation des animaux ça pousse aussi le paysan à avoir sa fabrique d’aliments donc à valoriser les céréales du secteur. Ça limite le coût de l’essence, ça permet des échanges entre paysans, c’est bon pour la vie sociale, et ça permet aussi une synergie entre nos activités. Ses résultats techniques et économiques sont au-delà de ses espérances. Le prix du cochon fixé au sein de Bio Direct lui a permis d’obtenir un meilleur prix que son étude prévisionnelle.

Malgré une filière porcine en bio qui se tend, la filière Bio Direct a maintenu le prix aux éleveurs et il peut dire qu'il vit bien de son travail. La dynamique est donc forte en faveur des conversions Bio. Dans la filière Porc Bio, on constate un déficit de production lié à la fois aux spécificités de la conversion Bio et à la méconnaissance de la dynamique du marché Bio.

Autres acteurs de la filière

Pierre-Yves Govin, installé sur la ferme de ses parents en 2000, débute sa production Bio avec 70 truies et 200 porcs engraissés par an. Même s’il apprécie de travailler également en filière longue (ERCA Bio/ Bio Direct) pour l’accompagnement et le conseil, Pierre-Yves Govin privilégie la vente en circuit court (magasin à la ferme, magasin de producteurs Brin d’Herbe et via le site leclicdeschamps.com).

La maîtrise de la commercialisation est à ses yeux importante : “la vente directe, c’est plus compliqué, c’est vrai, mais au final c’est une sécurité incontestable et cela donne du sens”. Elle permet une relation de confiance avec le consommateur. Un projet de partenariat avec Nicolas Lefebvre (Cochon des Prés) est en vue pour la partie transformation.

Yannick Blanchard est éleveur de porcs biologiques et membre de l‘association d’éleveurs Porcs Bio Atlantique. La conversion de son exploitation en Bio date de 2009. Porcs Bio Atlantique regroupe 20 producteurs. Porcs Bio Atlantique propose aux éleveurs, qui s’engagent pour 8 ans, un prix de reprise garanti.

Un partenariat a été engagé avec Système U via “Les Porcs Bio de France”. La filière porc Bio de la CAVAC affiche une volonté de créer une logique filière forte et de proximité entre la coopérative, l’association des éleveurs, la transformation (Bioporc) et les partenaires (abattoirs et outil de production d’aliment dédié à la production porcine biologique, avec le souci permanent de corrélation entre le prix du vif et le prix de l’aliment).

Du point de vue de Pierre-Yves Govin, “quand on débute directement en Bio, c’est moins compliqué, dans la tête notamment, on ne se réfère pas aux repères technico-économiques d’un élevage conventionnel”. De l’avis de tous, la conversion d’un élevage conventionnel peut être rendue difficile par la difficulté d’adaptation des bâtiments aux exigences réglementaires de la production biologique. Ceci peut en effet freiner le passage en Bio.

Pierre-Yves Govin note que pour lui, la principale difficulté de l’élevage porcin Bio reste la production des céréales. Nicolas Lefebvre, gérant de la charcuterie artisanale “Cochon des Prés”, débute son activité de charcuterie en 2011, avec l’objectif professionnel de trouver du sens au produit. Son schéma de développement vise les magasins spécialisés (près des ¾ des débouchés actuellement) et la restauration collective.

Actuellement 2,5 ETP travaillent pour l’activité de transformation de porc biologique et 8 à 10 carcasses sont transformées par semaine. Cochon des Prés s’approvisionne en porcs venant du Grand Ouest auprès du groupement Bio Direct, dont les éleveurs sont engagés dans le cahier des charges Viande Bio de France. Les volumes à transformer manquent de façon récurrente, chaque semaine.

André Lagrange débute, avec son épouse, son activité de charcuterie Bio avec l’entreprise Kervern en 1984. Kervern propose actuellement une soixantaine de produits, distribués en magasins spécialisés et sur les marchés, en marque propre. L’approvisionnement se fait auprès de Erca Bio, Unébio et BVB.

Par ailleurs la demande du consommateur français porte davantage sur les arrières, ce qui crée un autre déséquilibre, les carcasses étant achetées entières. André Lagrange observe une nette évolution du type de consommateurs qui, de plus en plus, souhaitent également des produits transformés comparables aux produits issus de l’agriculture conventionnelle (hâchés, etc…). Bien qu’en croissance au niveau national (+9% entre 2015 et 2016), le nombre d’animaux ne parvient pas à satisfaire la demande du marché.

Il progresse, mais de façon moins rapide que celui des autres produits Bio par manque de matière première. Le marché de la viande porcine est un marché porteur. Les témoignages de la conférence organisée montrent une confiance des acteurs de la filière dans l’avenir.

Comparaison des exigences : Bio Direct vs. Label Bio Européen
Critère Bio Direct Label Bio Européen
Fermes 100% bio Non spécifié
Taille des fermes Limitée Non spécifié
Autonomie alimentaire Minimum 50% Non spécifié
Caillebotis 0% Autorisé jusqu'à 50%

TAG: #Porc

En savoir plus sur le sujet: