Le pain est un aliment fondamental dans la culture culinaire française. Pourtant, dans l'Hexagone, le pain représente 13% des aliments jetés dans les foyers, soit près de 4 kg par an et par personne.
En 2022, le gaspillage de pain en France est estimé à près de 1,7 million de tonnes par an, selon une étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).
Si le pain fait partie du quotidien de millions de français, il est aussi largement gaspillé : sur les 10 millions de tonnes de nourriture jetées chaque année, le pain représente 13% des pertes selon une étude publiée par l'Ademe en 2016.
En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gâchées chaque année, représentant 16 milliards d’euros de perte. En France, on estime que 20% de la nourriture est jetée et que le poids annuel du gaspillage alimentaire s’élève à 10 millions de tonnes par an.
Cela représente un tas d’aliments équivalant à 1000 fois le poids de la Tour Eiffel. 33% du gaspillage alimentaire a lieu lors de la consommation, dont 14% pour la restauration collective et commerciale.
Causes du Gaspillage Alimentaire
Depuis le champ jusqu’à nos assiettes, le gaspillage alimentaire a lieu à tous les stades de la chaîne de production alimentaire.
- A l’étape de production, les aliments sont triés et sélectionnés en fonction de leur aspect, de leur calibre ou de leur couleur.
- Les pommes de terre sont ainsi l’aliment le plus gaspillé pendant l’étape de transformation. Elles sont la base de beaucoup de plats préparés, où une partie importante du produit est jetée, au moment de l’épluchage puis de la taille.
- Il est rare que la phase de transport épargne la totalité des aliments présents dans une cargaison. Beaucoup sont abîmés dans les camions, les trains ou les bateaux, puis jetés à l’arrivée sur leur lieu de distribution. Le blé tendre arrive en tête des aliments les plus gaspillés au moment de la distribution.
- A la fin d’un repas, il nous est tous arrivé de jeter du pain rassis que l’on a pas eu le temps de consommer. A cette étape, les pertes alimentaires les plus importantes ont lieu sur les produits laitiers.
- Au restaurant, nous ne décidons pas de la quantité de nourriture dans nos assiettes. Or, ces portions non ajustées sont la cause principale de gaspillage alimentaire dans la consommation hors foyer.
Un tiers des Français (33%) jettent du pain au moins une fois par mois. C'est le premier produit alimentaire gaspillé, à égalité avec les fruits (33%) et devant les légumes (31%).
Cela met en lumière plusieurs problématiques, dont celle de la conservation du pain : dans un pays où la baguette demeure le pain le plus consommé -la baguette de Tradition est le pain préféré des Français, à hauteur de 41% d'opinions favorables, source "Le pain et les Français : 5 ans après", cabinet QualiQuanti, 2021-, les produits offrent une faible durée de conservation... ce qui a permis d'entretenir l'acte d'achat quotidien en boulangerie, mais pose aujourd'hui de nouvelles problématiques en terme de gaspillage alimentaire.
Impact Environnemental et Économique
La production et la consommation alimentaires ont un poids conséquent sur l’environnement. Le secteur agricole représente 21% des émissions de gaz à effet de serre en France.
Ce chiffre grimpe même à 36% si l’on prend en compte l’ensemble des activités agricoles et alimentaires (ex: la fabrication des emballages ou le transport de marchandises). A cet égard, le gaspillage alimentaire représente à lui seul 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’activité nationale.
Jeter une baguette de pain revient à gaspiller 150L d'eau (liés principalement à la culture du blé), un chiffre considérable dans un contexte où la ressource hydrique est sous tension, et le sera sans doute encore plus à l'avenir.
D’un point de vue économique, le gaspillage de pain représente une perte financière significative pour les ménages français ainsi que pour l’industrie de la boulangerie. En effet, le coût du pain jeté s’élève à des millions d’euros chaque année.
Sur le plan environnemental, le gaspillage de pain a un impact considérable sur les ressources naturelles utilisées pour sa production. La fabrication du pain nécessite des quantités importantes d’eau, de céréales et d’énergie.
Solutions et Initiatives Anti-Gaspillage
Les boulangers peuvent donc jouer un rôle essentiel dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en adoptant des pratiques responsables. Pour commencer, ils peuvent planifier leurs achats de matières premières de manière plus efficace pour éviter les surplus.
Ensuite, ils peuvent réutiliser les invendus en les transformant en croûtons, en chapelure ou en pudding. Enfin, ils peuvent sensibiliser leurs clients à la lutte contre le gaspillage alimentaire en leur proposant des produits à prix réduits en fin de journée.
Si 73% des boulangers-pâtissiers intégrés dans cette étude assurent avoir mis en place des solutions anti-gaspi, les réponses qu'ils y apportent sont très variées. Le don aux salariés reste majoritaire avec un taux de 47%, suivi par l’alimentation animale (41%).
Avant de générer du gaspillage, c'est tout un modèle qu'il est nécessaire de repenser. Cela passe notamment par une meilleure gestion de la production, avec des ventes suivies de façon précises et permettant de mettre en place des prédictions adaptées pour ajuster les volumes.
Egalement, les solutions digitales peuvent aider à ajuster les quantités : avec la précommande et le click & collect, les clients sont assurés de disposer de leurs gourmandises préférées, et l'artisan sait à l'avance quels sont les besoins.
Si la durée de vie d'une baguette demeurera toujours courte, travailler des pré-fermentations telles que le levain naturel contribue à préserver ses qualités organoleptiques sur une plus longue période.
L'expérience récente des confinements liés à la situation sanitaire avait remis en avant les atouts des "pains de garde" dans de nombreuses boulangeries, permettant de limiter les déplacements à une période où les contacts devaient être réduits au maximum.
Si l'évolution du gaspillage alimentaire se révèle encourageante, puisque le pain est moins jeté en 2023 qu'en 2022 (passant de 41% de Français en jetant une fois par mois à 33%), un effort de sensibilisation semble indispensable afin d'améliorer la compréhension du grand public vis à vis des implications de tels actes.
Autre enseignement de l'étude Smartway-OpinionWay, les Français sont sensibles à l'engagement déployé par les commerçants au service de la réduction du gaspillage : ils seraient 85% à vouloir privilégier les entreprises ayant déployé une politique anti-gaspillage.
La bonne équation consiste donc à adapter son achat de pain journalier à sa consommation prévisionnelle. Quand le pain a été acheté en trop grande quantité, il suffit de le congeler quand il est frais et à température ambiante pour le retrouver ultérieurement avec ses qualités nutritionnelles et son goût préservés.
Attention à ne pas recongeler un produit qui a déjà été surgelé. Nos grands-mères avaient déjà ce réflexe de ne pas jeter le pain, alors pourquoi pas nous ?
Avec du lait, du sucre, des œufs et une noix de beurre, un délicieux et inratable pain perdu s'invitera au dessert ou au goûter pour régaler petits et grands en toute simplicité !
Pour garnir la soupe ou la salade, le pain rassis, coupé en petits croûtons dès le durcissement et conservé dans une boîte en fer, sera idéal pour agrémenter vos repas à moindre coût.
Le succès sera garanti si vous les faites revenir à la poêle dans un peu d'huile avec un peu d'ail pour un goût plus relevé. Les Français ont encore à apprendre en termes de consommation raisonnable de pain.
En agissant sur la quantité achetée et les moyens de prolonger sa durée de vie, ils contribueront à réduire le volume de nourriture gaspillée. Pour que le pain invendu ne soit plus perdu, recyclez-le!
Chaque année, plus de 150 000 tonnes de pain sont jetées en France. Beaucoup de solutions existent pour éviter que le pain invendu ou non consommé des boulangeries et des restaurants ne parte à la poubelle en fin de journée.
Parmi les plus connues : le don aux associations qui aident les sans-abris ou les applications telles que Too Good to Go ou Phénix qui permettent aux professionnels de proposer leurs invendus à prix réduit.
Malheureusement, les associations d’aide alimentaire n’arrivent pas à distribuer tout le pain qui leur est donné. Rapidement immangeable, une partie doit être jetée. Une boulangerie peut revaloriser ainsi jusqu’à 2 tonnes de pain par an.
La loi Garot qui s’adresse aux industriels, oblige les grandes surfaces à donner les denrées alimentaires sur le point d’être jetées à des associations, et interdit de détruire les denrées consommables. Cette loi est cependant très critiquée par différents acteurs car, si elle peut paraître de bon sens au premier abord, elle contribue en réalité à la surproduction.
Par ailleurs, une étude menée par l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement met en avant l’importance pour les politiques publiques “antigaspi” de déconstruire les exigences sur l’aspect des fruits et légumes.
Les astuces anti-gaspillage sont nombreuses et vous permettront de réduire votre empreinte écologique tout en réalisant des économies.
- Préférez l’achat en vrac pour contrôler les quantités… et limiter les emballages. Souvenez-vous que les fruits et légumes un peu tordus sont tout aussi bons que les autres !
- En cas de doute sur la péremption d’un produit, référez-vous à la Date Limite de Consommation (“à consommer jusqu’au”) sur les emballages. Ne jetez pas les restes ! Gardez les fanes de poireaux, de carottes ou encore de radis pour les mijoter et les incorporer à d’autres plats, ou les queues de fraises pour faire des sirops délicieux.
- La conservation des aliments est une des clefs pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le produit qui génère le plus de gaspillage alimentaire est le pain ! Pensez à le transformer en croûtons, pain perdu ou chapelure lorsqu’il durcit.
- Pensez à la congélation, la salaison, la conservation dans l’huile (pour les olives, tomates séchées, aubergines ou champignons…).
Pour les personnes les plus privilégiées, la facilité avec laquelle on se procure les objets du quotidien a tendance à nous déconnecter de leur valeur. Certains vêtements ou aliments peuvent parfois sembler si accessibles qu’il est plus simple de les jeter et de les remplacer.
Lutte Contre le Gaspillage Alimentaire: Cadre Législatif
La lutte contre le gaspillage alimentaire est un enjeu majeur de notre société. Le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire de mai 2013 définit le gaspillage alimentaire comme étant « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée ou dégradée ».
Cette pratique, signe d’une économie linéaire, constitue une perte de ressources directe et indirecte (matières premières, eau, énergie). Afin de lutter contre ces pertes tout au long de la chaîne alimentaire, la France a adopté en 2013 un premier pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire et s’est fixé l’objectif de diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici à 2025.
Ce premier pacte a été reconduit pour la période 2017-2020. La lutte contre le gaspillage alimentaire a également été inscrite comme l’une des quatre grandes priorités du nouveau programme national pour l’alimentation et comme l’un des 13 axes stratégiques du programme national de prévention des déchets 2014-2020.
Enfin, la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire fixe comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025 et dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale d’ici 2030.
Elle crée également un label « anti-gaspillage alimentaire » visant à valoriser les initiatives vertueuses et à accompagner les objectifs définis.
Chiffres Clés et Statistiques
Selon une étude de 2016, l’Ademe évalue à 10 millions de tonnes (Mt) l’ensemble des pertes et gaspillages alimentaires en France, soit 150 kg par habitant et par an. Cela correspond à 18 % du total des produits alimentaires.
Une partie est valorisée en alimentation animale (moins de 2 Mt, soit moins de 20 % des pertes et gaspillages). La valeur théorique des pertes et gaspillages alimentaires, s’ils étaient valorisés en alimentation humaine, est estimée à 16 milliards d’euros.
Toutes les étapes de la chaîne alimentaire (production, transformation, distribution et consommation) sont concernées par les pertes et gaspillages. Les pertes en production représentent 32 % du total, la transformation 21 %, la distribution 13 % et enfin la consommation à domicile et en restauration collective et commerciale 33 %.
Sur cette dernière étape, le gaspillage serait quatre fois plus important en restauration collective ou commerciale (restaurants et cantines) qu’au domicile (136 g contre 34 g par repas).
La France s’est engagée à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025.
En 2016, une étude estimait les pertes alimentaires dans l’Union européenne en 2012 à 173 kg par habitant. Une estimation du gaspillage, réalisée pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2011, évaluait à environ un tiers la part comestible des aliments destinés à la consommation humaine produits dans le monde qui était perdue ou gaspillée chaque année.
Selon le rapport de la FAO publié en 2013, l’empreinte carbone annuelle du gaspillage alimentaire est estimée à 3,3 milliards d’équivalent CO2, soit 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Les premières estimations établies par la FAO en 2019 pour les pertes alimentaires indiquent que 14 % environ des aliments produits dans le monde seraient perdus, du stade de la production à celui qui précède la vente au détail.
En 2022, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les ménages contribuent de manière conséquente aux déchets alimentaires en France : ils génèrent à eux seuls 42% des déchets alimentaires totaux.
Les industries agro-alimentaires produisent quant à elles 25% des déchets alimentaires totaux. Les secteurs de la production primaire et de la restauration ont généré respectivement 12% de déchets alimentaires.
Face à cette réalité préoccupante, des efforts sont déployés pour réduire le gaspillage de pain en France. Des initiatives telles que la sensibilisation du public, la promotion de l’utilisation du pain revalorisé dans des recettes créatives, et la mise en place de programmes de redistribution alimentaire ont été lancées pour lutter contre ce phénomène.
TAG: #Pain