Gaspillage Alimentaire en France : Chiffres Clés et Enjeux

Le gaspillage alimentaire est un enjeu majeur en France, tant d'un point de vue économique qu'environnemental et social. En France, chaque année près de 20% de la nourriture produite finit à la poubelle.

Qu'est-ce que le gaspillage alimentaire ?

Le gaspillage alimentaire est défini comme le fait qu'une nourriture destinée à la consommation humaine est à un moment de la chaine alimentaire perdue, jetée ou dégradée. Selon l’Ademe, le “gaspillage alimentaire est défini comme étant toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée”.

La France a défini dans la loi AGEC (2020) le gaspillage alimentaire comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée ou dégradée ».

Chiffres Clés du Gaspillage Alimentaire en France

Depuis 2022, le gaspillage alimentaire fait l’objet d’un suivi annuel pour l’ensemble des pays de l’Union européenne. Ces chiffres sont disponibles sur la plateforme EUROSTAT. En France, chaque année près de 20% de la nourriture produite finit à la poubelle. En d’autres termes, c’est aussi chaque année 10 millions de tonnes de nourriture gâchée, soit 16 milliards d’euros et 15 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’activité nationale.

En France, en 2022, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits ; parmi eux, 4 millions de tonnes étaient encore comestibles : produits abîmés, restes de repas, etc. Chaque année, un Français jette 58 kilos de déchets alimentaires, dont 24 kilos de nourritures encore comestible.

La valeur moyenne du gaspillage alimentaire s'élève à 100€ par habitant par an. L'Agence de l'environnement et de la maitrise de l'énergie (ADEME) chiffre en France à 30 kg par personne et par an le gaspillage alimentaire, soit l’équivalent d’un repas par semaine. Un gâchis estimé à 8 764 000 tonnes par la Commission européenne qui mesure chaque année l'évolution de ces déchets produits en majorité par les ménages.

Selon le ministère de l’agriculture, en 2020, le gaspillage alimentaire s’élevait à plus de 8,7 millions de tonnes.

En 2022, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les ménages contribuent de manière conséquente aux déchets alimentaires en France : ils génèrent à eux seuls 42% des déchets alimentaires totaux. Les industries agro-alimentaires produisent quant à elles 25% des déchets alimentaires totaux. Les secteurs de la production primaire et de la restauration ont généré respectivement 12% de déchets alimentaires.

Répartition du gaspillage alimentaire par secteur

Selon l’étude du ministère de l’agriculture parue en 2022, les ménages seraient à l’origine de près de la moitié (46%) des déchets alimentaires. Viennent ensuite les industries agroalimentaires (20%), la production primaire (14%), la restauration (13%) et enfin la distribution (7%).

Il concerne plusieurs secteurs en France, mais certains sont plus touchés que d'autres :

  • Les ménages sont les premiers responsables de la perte alimentaire, représentant environ 44% des formes de gaspillage alimentaire.
  • Les restaurants et la restauration collective représentent une part importante de près de 39% des pertes alimentaires.
  • Les commerces de détail tels que les supermarchés, les boulangeries, les épiceries, représentent quant à eux 14% du gaspillage alimentaire total en France.
  • Environ 3% de la production agricole et alimentaire est perdue lors de la production et de la transformation des aliments.

Il est donc important de considérer ces différentes formes de pertes alimentaires afin de concevoir des stratégies efficaces pour réduire le gaspillage de nourriture dans le pays.

Causes du Gaspillage Alimentaire

Les causes du gaspillage alimentaire en France sont multiples et peuvent varier selon les secteurs concernés. Voici les principales causes identifiées :

  • Surproduction : Les producteurs agricoles, les fabricants alimentaires et les distributeurs peuvent surproduire ou surcommander des quantités de nourriture supérieures à la demande réelle, ce qui entraîne des excédents et des résidus alimentaires.
  • Dates de péremption : Les dates de péremption et de consommation optimale sont souvent confondues par les consommateurs, qui jettent alors des aliments encore consommables. Les commerces de détail peuvent également retirer des produits parfaitement consommables des rayons par mesure de précaution ou par souci d'esthétique.
  • Mauvaise gestion des stocks : La mauvaise organisation des stocks peut entraîner des aliments perdus, notamment dans la restauration collective ou les commerces de détail.
  • Habitudes de consommation : Les habitudes de consommation des ménages peuvent contribuer au gaspillage alimentaire, en achetant plus que nécessaire ou en jetant des restes de nourriture.
  • Défauts de fabrication : Les défauts de fabrication, tels que les produits mal étiquetés, mal conditionnés ou mal cuisinés, peuvent conduire à des détritus de nourriture.
  • Problèmes logistiques : Les problèmes logistiques, tels que les retards de livraison ou les ruptures de stock, peuvent également entraîner des pertes alimentaires.
  • Contraintes réglementaires : Certaines réglementations en matière d'hygiène et de sécurité alimentaire peuvent également contribuer au gaspillage alimentaire, en imposant des normes strictes de qualité ou de conditionnement.

Conséquences du Gaspillage Alimentaire

Le gaspillage alimentaire a des répercussions non négligeables pour l'environnement et la société. Ce gaspillage alimentaire a des conséquences néfastes sur l'environnement en raison de ces quantités pharaoniques de déchets, mais aussi parce qu'il participe de manière non négligeable aux émissions de gaz à effet de serre. Gaspiller les aliments a aussi des effets sur le porte-monnaie des ménages bien sûr et, d'une manière générale, représente une aberration quand on sait que de très nombreuses personnes sont en situation de précarité et ne peuvent pas manger à leur faim.

Conséquences environnementales

Sur le plan environnemental, le gaspillage alimentaire est responsable de l'émission de gaz à effet de serre, notamment le méthane, qui contribue au réchauffement climatique. Selon l'ADEME, le gaspillage alimentaire représente environ 3% des rejets de gaz à effet de serre en France. De plus, le gaspillage alimentaire nécessite des ressources naturelles pour la production, le transport, la transformation et la distribution des aliments, qui sont gaspillées lorsque les aliments sont jetés. D'abord, au niveau environnemental, car le gaspillage alimentaire participe de manière importante (à hauteur de 3 % de l’ensemble des émissions nationales) aux émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Des émissions qui découlent des moyens engagés pour produire cette nourriture ensuite gâchée, mais aussi de sa transformation, de sa conservation, de son emballage, de son transport, etc.

Conséquences sociales

Sur le plan social, le gaspillage alimentaire a également des conséquences importantes. Alors que des millions de personnes en France vivent dans la précarité alimentaire, le gaspillage alimentaire apparaît comme un paradoxe. De plus, le gaspillage alimentaire est une source de gaspillage de l'argent public pour les collectivités locales qui financent la collecte et le traitement des débris alimentaires. Enfin, le gaspillage alimentaire apparait comme une aberration dans un monde où des millions de personnes ne mangent pas à leur faim.

Conséquences économiques

Le gaspillage alimentaire en France représente une perte économique considérable pour l'ensemble du système alimentaire. En effet, selon le dossier de l'ADEME, le gaspillage alimentaire représente une valeur économique de 16 milliards d'euros par an. Parmi les produits les plus gaspillés, on trouve notamment les produits laitiers. Cette perte économique est liée aux usagers qui jettent de la nourriture dans leur assiette, mais aussi aux pertes sur le champ et les terres agricoles.

Initiatives et Solutions pour Lutter Contre le Gaspillage Alimentaire

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire en France, plusieurs politiques publiques et réglementations ont été mises en place ces dernières années. En parallèle, des conseils et astuces sont également proposés pour inciter chaque personne à agir contre le gaspillage alimentaire, comme la planification des achats, la réutilisation des restes ou encore la gestion des dates de péremption.

Politiques publiques et réglementations

La loi Garot, adoptée en 2016, oblige les grandes surfaces à donner leurs invendus alimentaires à des associations caritatives. La loi EGAlim de 2018, quant à elle, impose aux acteurs de la grande distribution de mettre en place des mesures pour lutter contre les gaspillages alimentaires.

En 2020, la loi AGEC a été adoptée, qui vise à réduire de 50% le gaspillage alimentaire d'ici 2025. Cette loi prévoit notamment la mise en place d'un "pacte national" entre les acteurs du système alimentaire pour lutter contre les gaspillages alimentaires.

Dans la loi AGEC (2020), la France s’est engagée à réduire de moitié le gaspillage alimentaire par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale. Pour les secteurs de la restauration collective et de la distribution, ces objectifs sont fixés d’ici 2025 et pour l’ensemble des autres secteurs d’ici 2030.

Depuis la loi Garot (2016) qui s’étend à la restauration collective publique, plusieurs lois constituent l’arsenal législatif pour l’ensemble des acteurs. Une synthèse de ces obligations est disponible ici.

En 2020, la loi AGEC propose la mise en place d’un label anti-gaspillage alimentaire qui permet de valoriser tous les acteurs qui contribuent à l’atteinte des objectifs nationaux de réduction.

Actions des acteurs de la chaîne alimentaire

Les acteurs de la chaîne alimentaire, tels que les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les restaurateurs, ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Voici quelques exemples d'actions qu'ils peuvent mettre en place pour limiter le gaspillage alimentaire :

  • Les producteurs peuvent optimiser leurs méthodes de production pour éviter les déficits de récolte et les invendus. Ils peuvent également favoriser des circuits courts de distribution pour réduire les frais liées au transport.
  • Les transformateurs peuvent optimiser leurs processus de transformation pour éviter les résidus et valoriser les sous-produits. Ils peuvent également privilégier des méthodes de conservation adaptées pour prolonger la durée de vie des aliments.
  • Les distributeurs peuvent adopter des pratiques de gestion de stocks plus efficaces, afin de limiter les invendus liés à la date limite de consommation. Ils peuvent également mettre en place des dons alimentaires à des associations caritatives pour redistribuer les invendus encore consommables.
  • Les restaurateurs peuvent proposer des portions adaptées aux appétits des clients, afin d'éviter les restes non consommés. Ils peuvent également proposer des plats à emporter ou des doggy bags pour permettre aux consommateurs d'emporter les restes chez eux.

Solutions pour valoriser les déchets alimentaires

Cette valorisation est une solution importante pour lutter contre le gaspillage alimentaire et réduire l'impact environnemental des détritus :

  • Le compostage : il s'agit d'un processus de décomposition naturelle des déchets organiques qui permet de produire un compost riche en nutriments pour les sols. Le compostage peut être réalisé à domicile ou dans des installations spécialisées.
  • La méthanisation : il s'agit d'un processus de production de biogaz à partir de la fermentation des déchets organiques. Le biogaz peut ensuite être utilisé comme source d'énergie renouvelable.
  • La valorisation alimentaire : certains déchets alimentaires encore consommables peuvent être valorisés, par exemple en étant redistribués à des associations caritatives ou transformés en aliments pour animaux.
  • La production d'énergie verte : les déchets alimentaires peuvent également être utilisés pour produire de l'électricité et de la chaleur, grâce à des installations de cogénération.
  • La réutilisation : certains déchets alimentaires peuvent être réutilisés, par exemple en étant transformés en ingrédients pour l'industrie alimentaire ou pour la production de bioplastiques.

Ces différentes solutions permettent de valoriser les déchets alimentaires et de leur donner une seconde vie, contribuant ainsi à réduire l'impact environnemental des déchets tout en créant de nouvelles sources de valeur économique.

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