La journée mondiale de lutte contre le gaspillage alimentaire était organisée en début de semaine. L’occasion de rappeler l’étendue de ce phénomène.
L'ampleur du gaspillage alimentaire
Chaque année, à l’échelle de la planète, nous jetons 1,3 milliard de tonnes de nourriture encore consommable. Le gaspillage de denrées alimentaires est énorme et ce, tout au long de la chaîne alimentaire, du champ à l’assiette. Avec une population mondiale en augmentation rapide, les problèmes liés à notre sécurité alimentaire atteignent un point critique.
Aux États-Unis, environ 31 % de tous les aliments produits pour la consommation humaine sont gaspillés. Cela représente approximativement, 133 milliards de kilos de nourriture par an. Au-delà des pertes en valeur monétaire, les effets de la perte alimentaire s’étendent bien au-delà. Les émissions mondiales de carbone provenant des aliments qui sont directement mis à la décharge (non consommés) représentent environ 7 % de l’empreinte totale de gaz à effet de serre (GES) dans le monde.
Dans le monde, ce sont 41 tonnes de nourriture qui sont jetées chaque seconde. Elle estime qu’un tiers de la part comestible des aliments destinés à la consommation humaine est perdu ou gaspillé dans le monde. Cela représente 41 tonnes de nourriture jetées par seconde. Parmi notre population mondiale actuelle de 7,6 milliards d’habitants, 820 millions de personnes ont faim, déclare un rapport 2019 de Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Pour mettre ces chiffres dans leur contexte, aux États-Unis, 38 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année, soit le poids de plus de 104 Empire State Building. Au Japon, 19 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année, et jusqu’à neuf millions de tonnes est éliminée avant sa date d’expiration. La réduction totale des pertes et gaspillages permettrait de nourrir environ 2 milliards de personnes selon l’International Food Policy Research Institute (IFPRI).
Comparaison du gaspillage alimentaire dans le monde
Voici le palmarès des pays qui gaspillent le plus de nourriture dans le monde en valeur absolue et par habitant :
| Pays | Total en millions de tonnes d’aliments gaspillés | kg par habitant |
|---|---|---|
| Chine | 91,65 | 64 |
| Inde | 68,76 | 50 |
| États-Unis | 19,36 | 59 |
| Japon | 8,16 | 64 |
| Allemagne | 6,26 | 75 |
| France | 5,52 | 85 |
| Royaume-Uni | 5,20 | 77 |
| Russie | 4,87 | 33 |
| Espagne | 3,61 | 77 |
| Australie | 2,56 | 102 |
Ces chiffres sont issus du « Rapport 2021 sur l'indice du gaspillage alimentaire » édité par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et le WRAP, une ONG basée au Royaume-Uni. Ils confirment que le gaspillage alimentaire est un problème mondial, mais se fait surtout en amont de la filière agroalimentaire dans les pays en développement. Inversement, le gaspillage de nourriture dans les pays industrialisés intervient surtout en bout de chaîne alimentaire. L’accès à une plus grande quantité de nourriture favorise alors la surconsommation d’aliments.
Causes du gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire n’est pas qu’une question de gâchis, c’est aussi un fardeau environnemental. S'il était un pays, il serait le troisième plus grand émetteur de gaz à effet de serre, révélait une étude de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, en 2013. Aux États-Unis, où 40 % de la production finit à la poubelle, le gaspillage alimentaire contribue à 2,6 % des émissions de gaz à effet de serre du pays, soit autant que 37 millions de voitures roulant toute l’année, selon un récent rapport du National Resource Defense Council (NRDC). Un tiers de cette nourriture jetée suffirait pourtant à alimenter les 42 millions d’Américains qui ne mangent pas à leur faim chaque jour.
Selon le rapport de la FAO, la production alimentaire à la source et son transport ultérieur sur le marché posent tous deux un problème majeur. Actuellement, environ 70 % des producteurs mondiaux de denrées alimentaires sont de petits exploitants ayant peu d’accès aux technologies et aux méthodes permettant de produire un maximum de cultures.
Le gaspillage alimentaire dans les pays industrialisés s’explique donc aussi par une tendance à vouloir manger en trop grande quantité. La surconsommation alimentaire désigne le fait de jeter des produits alimentaires sans les avoir consommés, mais aussi de manger de la nourriture en trop grande quantité. Ainsi, dans de nombreux pays industrialisés, le niveau de consommation alimentaire des ménages se situe bien au-dessus de leurs besoins réels. Ce déséquilibre est l’une des causes du gaspillage alimentaire et intervient donc tout au bout de la chaîne d’approvisionnement, après les étapes de production agricole, de transport, de stockage, de transformation et de distribution.
De nombreuses variables affectent le système de production, mais cela est dû à la façon dont les relations économiques se construisent entre certains pays. De plus, l’impact environnemental du gaspillage alimentaire s’accompagne d’une dégradation des ressources, notamment par un aménagement inutile de la terre. À cela, il faut aussi ajouter de multiples consommations d’eau, de carburant, d’engrais et de pesticides, sans oublier toute l’énergie nécessaire du cycle de production.
Le consumérisme a conduit à une abondance de nourriture et à un sentiment général d’excès. La question de savoir s’il faut manger moins ou de manière plus responsable fait encore débat. Pourtant, les solutions proposées au problème du gaspillage alimentaire sont aussi variées que les causes.
Conséquences du gaspillage alimentaire
En premier lieu, le gaspillage alimentaire a d’importantes conséquences environnementales. L’alimentation est à l’origine de 27% des émissions françaises de gaz à effet de serre responsables des changements climatiques. Les ressources en eau sont également sollicitées inutilement. L’agriculture consomme 70% de l’eau au niveau mondial. Le gaspillage a un coût économique important ! Lorsque l’on jette de la nourriture, on gaspille de l’argent : les ménages perdent de l’argent, et l’Etat aussi, puisqu’il doit gérer ces déchets. Le phénomène pose aussi question d’un point de vue social. En effet, 850 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde.
La surconsommation alimentaire constitue un problème économique, sociétal, environnemental et sanitaire. En plus d’accentuer les inégalités en termes de sécurité alimentaire, le fait de surconsommer ou de jeter des aliments participe aux émissions de gaz à effet de serre et au gaspillage des ressources naturelles. De même, la surconsommation favorise l’apparition de nouvelles maladies en raison d’une alimentation inadaptée à nos besoins physiologiques.
L’empreinte écologique se calcule à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, avec un gaspillage d’eau et d’énergie durant la production agricole, mais aussi lors du transport, de la transformation et de la gestion des déchets alimentaires. On constate ainsi que :
- 28% des surfaces agricoles mondiales et 250 km³ d’eau sont utilisés chaque année pour produire des aliments que personne ne consomme ;
- la production de nourriture « inutile » émet 240 milliards de tonnes de CO2 par an ;
- 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des déchets alimentaires.
La surconsommation alimentaire peut donc être associée :
- au surpoids et à l’obésité ;
- au diabète de type 2 ;
- aux maladies cardiovasculaires ;
- à l’hypercholestérolémie ;
- à l’ostéoporose ;
- au stress et à des troubles du sommeil ;
- à certains cancers.
Solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire
Le pays s’est fixé comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de moitié d’ici à 2030. Neuf États ont par ailleurs instauré une taxe pour inciter à donner la nourriture plutôt qu’à la jeter et cinq autres ont exigé qu’elle soit recyclée. Le Consumer Goods Forum, qui regroupe plus de 400 détaillants et fabricants, a de son côté pris les mêmes objectifs que le gouvernement.
L’une des clés de la réduction des pertes alimentaires consiste donc à développer des techniques innovantes pour aider ceux qui se trouvent en amont de la chaîne d’approvisionnement à mieux préserver leurs produits jusqu’à ce qu’ils atteignent le marché.
Afin de mettre en place un cercle vertueux, il est nécessaire de viser des stratégies pour produire et consommer de manière durable. Certains soutiennent que la solution est une réduction des aliments commercialisés en masse, axés sur les produits de base. D’autres suggèrent que les consommateurs devraient être informés de la façon dont leurs actions peuvent générer des déchets.
Pour réduire le gaspillage alimentaire à la source, le transformateur peut travailler pour alléger les critères de calibrage des produits qu’il impose et qui lui sont imposés. Parallèlement, un nombre croissant d’entrepreneurs ont développé des moyens comme des sites internet et des applications mobiles dans le but de contribuer également à la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Il est de plus en plus nécessaire de délivrer des gestes et techniques anti-gaspillage pour améliorer notre consommation. La journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, instaurée par l’Assemblée générale des Nations unies est célébrée pour la première fois le 29 septembre 2020.
La loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire (dite Loi Garot) dresse un cadre légal contre le gaspillage et permettra notamment de répondre à l’objectif fixé par le pacte national de 2013, sur la réduction de moitié du gaspillage alimentaire d’ici 2025. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, adoptée en février 2020, vise à renforcer les mesures existantes pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
L’initiative mondiale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, SAVE FOOD, a été initiée en 2011 par la FAO et la société Messe Düsseldorf GmbH. L’initiative vise à encourager le dialogue entre les industriels, les chercheurs, les politiques et la société civile sur le sujet des pertes et gaspillages alimentaires.
Le PAM s’implique dans la réduction des pertes que rencontrent les petits agriculteurs avant et pendant la phase de récolte du fait des ravageurs, des mauvaises conditions climatiques ou des mauvaises conditions de conservation des récoltes.
Solutions individuelles et actions quotidiennes
Nous, citoyens et consommateurs, sommes à l’origine d’un tiers du gaspillage alimentaire : à la maison, à la cantine et au restaurant, nous gaspillons chaque jour énormément.
Voici quelques recommandations :
- Mieux s’organiser à la maison
- Savoir différencier les dates de péremption
- Soutenir les circuits courts (vente directe à la ferme, AMAP, magasins de producteurs…)
- Collez sur votre frigo un feutre permanent: dès que vous entamez une bouteille de lait, un pot de crème fraîche ou un bocal, notez la date du jour !
- Déposez une pomme coupée en deux à côté de votre pain dans une hûche ou une boîte hermétique.
- Manger moins et mieux
- Faire des menus pour la semaine et une liste de courses
- Acheter en vrac
- Ranger les produits par date de péremption
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