Le gaspillage alimentaire est une vraie plaie, et il faut rapidement trouver des solutions pour le diminuer. On en entend de plus en plus parler : le gaspillage alimentaire. Mais où en est-on et quels sont les chiffres ? Il faut savoir que le gaspillage alimentaire représente un tiers de la production mondiale ! En d’autres mots, plus de 30% de la nourriture produite termine à la poubelle plutôt que dans nos assiettes. On parle de 41,2 tonnes de nourriture jetées chaque seconde dans le monde, cela représente 1,3 milliards de tonnes d’aliments à l’année !
En Amérique Latine, ce sont 127 millions de tonnes de nourriture jetée chaque année, ce qui pourrait nourrir la population d’un pays comme le Pérou (32,17 millions d’habitants). Mais pourquoi les chiffres sont-ils si élevés ? Rien que le fait de penser que le tiers des aliments produits dans le monde finit à la poubelle me rend malade ! Pas vous ?
Dans l’Union Européenne, le gaspillage alimentaire est dû à 53% aux ménages ; en Amérique Latine, c’est 28%. En France, il représente environ 30 kg par personne et par an (au niveau du consommateur final), dont 7 kg d’aliments qui ne sont même pas sortis de leur emballage. En Espagne, la moyenne est à 35 kg par an et par personne. Cela est en partie dû aux dates limites de consommation présentes sur les aliments, qui sont souvent mal comprises par les consommateurs et mal définies par les industriels.
Les causes du gaspillage alimentaire se situent tout au long de la chaîne de valeurs. En effet, les lois du marché poussent à la surproduction afin de diminuer les coûts, quitte à devoir jeter ensuite une partie de cette production. D’autre part, les consommateurs sont de plus en plus exigeants quant à la forme, couleur, texture et gabarit des aliments qu’ils ingurgitent. Les aliments qui ne rentrent pas dans les cases sont donc jetés.
Le gaspillage se situe à différents endroits de la chaîne de valeur selon les pays. En effet, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), pour les pays en développement, une grande partie des pertes (40%) se trouve au niveau de l’après récolte et de la transformation. Lorsque les pertes ont lieu dans les premières étapes de la chaîne de valeur, on comprend qu’il s’agit principalement de contraintes techniques, de stockage ou de gestion des récoltes. Dans ce cas, cela représente une perte pour les petits producteurs, et une augmentation du prix pour les consommateurs à revenu limité. On peut renforcer la chaîne d’approvisionnement grâce à des investissements dans du matériel (transport, infrastructures…) pour limiter ces pertes.
En revanche, lorsque presque la moitié des pertes se situe entre la distribution et le consommateur, on peut faire beaucoup à notre niveau ! Mais qu’est-ce-que cela signifie ? Une (trop) grande quantité de nourriture est jetée car elle ne répond pas aux normes esthétiques attendues par les consommateurs. En fait, c’est le rejet des aliments moches, biscornus ou trop petits. C’est là que l’on entre en jeu !
Heureusement, les consciences commencent à s’éveiller, et des mesures voient le jour. C’est notamment le cas de la loi anti-gaspillage alimentaire en France, qui interdit les grossistes avec un chiffre d’affaire annuel supérieur à 50 millions d’euros de détruire les invendus et les oblige au don alimentaire.
Solutions pour réduire le gaspillage alimentaire
Heureusement, de nombreuses solutions pour réduire le gaspillage alimentaire voient le jour un peu partout. Je suis une fervente utilisatrice de l’application Too Good To Go. C’est une app qui permet de localiser les commerces dans le secteur qui composent des paniers surprise avec les invendus du jours, proches de la date de péremption. Qu’est-ce-qu’on gagne ? Des paniers d’aliments à des prix défiants toute concurrence et autant de nourriture qui ne finit pas à la poubelle ! Jusqu’à présent, c’est plus de 20 millions de paniers surprise qui ont été sauvés par cette communauté de « Waste Warriors ».
Et concrètement, ca donne quoi ? Des initiatives de nouveaux circuits de distribution et circuits courts voient le jour. C’est notamment le cas en France, avec les épiceries Nous antigaspi, dont le concept est vraiment génial: ces épiceries vendent les aliments qui sont hors gabarit, avec des dates de consommation courtes, un emballage abîmé ou encore des stocks qui sont arrivés trop tard en supermarché et qui auraient donc dû être jetés.
La Ruche qui dit oui est un réseau permettant de mettre en contact les consommateurs avec les producteurs de la région. Comment ca marche ? Il suffit de rejoindre une ruche (groupe de consommateurs près de chez vous),de passer commande en ligne des produits de la région (fruits, légumes, pain, produits laitiers, bière…), puis de récupérer la commande à la ruche le jour indiqué. Ce qui est génial, c’est que l’on sait qui est le producteur et on peut même le rencontrer quand on va chercher sa commande. 80% du tarif payé va directement au producteur, 10% à l’organisation La Ruche qui dit Oui, et 10% au chef de ruche, qui organise les collectes. Contrairement aux AMAP, il n’y a pas d’obligation de passer commande ni de payer d’abonnement.
Conseils pratiques pour réduire le gaspillage à la maison
- Congeler! Pour ma part, je congèle à peu près tout!
- Mieux conserver les aliments: saviez-vous que l’on peut conserver une laitue plusieurs semaines? Je coupe l’extrémité du pied et la mets dans un récipient d’eau au frigo.
- Organiser des « sessions de vidage de placards et de frigo« . Moi, je le fais tous les 2 à 3 mois.
- Donner une seconde vie aux fruits et légumes en fin de vie. Croquer dans une pomme raplapla, c’est pas le top. Mais en faire une compote, c’est une bonne idée. Pour les fruits, on peut en faire des compotes, jus et smoothies.
- Valoriser les restes. Il y a du pain qui durcit ? Il suffira d’en faire du pain perdu. Du pain dur ? On le mixe et on en fait de la chapelure pour dorer les gratins ou préparer des escalopes panées. Des blancs d’oeuf ?
- Ne pas hésiter à demander un doggy bag : il arrive souvent de ne pas finir son plat au restaurant. Plutôt que de jeter le surplus, pourquoi ne pas simplement emporter les restes ?
- Composter les déchets : il existe de plus en plus d’options pour les personnes qui n’ont pas la place d’avoir un composteur dans le jardin. Par exemple, on trouve des composteurs de quartier dans les villes. Peur des mauvaises odeurs avant d’aller jeter les restes au compost ? Pour ma part, comme je vis en Espagne, il fait très chaud une bonne partie de l’année.
On peut tous y mettre un peu du nôtre sans pour autant se transformer en hippie. En plus de jeter des aliments en parfait état de consommation, la quantité des gaz à effet de serre générée par ces pertes est monumentale: c’est 8% du total émis. Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième producteur de gaz a effet de serre dans le monde, après la Chine et les Etas-Unis!
Le gaspillage alimentaire et la pénurie d'eau en Espagne
Le gaspillage des fruits et légumes en Espagne représente environ 11 millions de m3 d'eau par jour, selon les estimations de la startup Bene Bono. Un chiffre obtenu en considérant que 7,9 millions de tonnes de fruits et légumes sont jetés chaque année dans le pays, soit 45 % de la production nationale.
Selon le dernier rapport du ministère de la transition écologique et du défi démographique, l'agriculture espagnole représente environ 60 % de la consommation d'eau du pays. Par conséquent, avec des facteurs tels que le manque d'infrastructures adéquates pour le stockage et la distribution de l'eau, l'utilisation inefficace ou le mauvais entretien des systèmes d'irrigation, ou encore le manque de sensibilisation à la consommation responsable, le gaspillage des légumes et des fruits est l'une des clés de l'économie des ressources en eau.
Il est donc essentiel de réduire le gaspillage alimentaire en Espagne et créer une culture de consommation responsable et durable, notamment en planifiant les achats alimentaires, en conservant correctement les aliments à la maison, en gérant correctement les déchets organiques et en promouvant des pratiques durables dans la production et la distribution des aliments.
De son côté, Bene Bono s'efforce de réduire l'impact environnemental des déchets alimentaires en s'attaquant directement à la source du problème : il aide les producteurs locaux à réduire leurs déchets en diminuant leur empreinte carbone et en économisant les litres d'eau dérivés de la production. Ainsi, en seulement un mois, la startup a économisé 7 500 m3 d'eau, en sauvant 15 tonnes de fruits et légumes biologiques produits en Espagne.
Initiatives Européennes et Espagnoles
La problématique du gaspillage alimentaire est un enjeu international crucial, et l'Europe n'est pas en reste. En 2016, une étude du projet FUSIONS révélait que l'Union européenne gaspillait 88 millions de tonnes de nourriture, soit environ 20% de sa production totale. Sur une base individuelle, cela équivaut à un gaspillage moyen de 173 kg par an. Cette étude mettait en lumière la contribution de chaque secteur - production, transformation, distribution et consommation - au gaspillage alimentaire. Les consommateurs étaient les plus grands contributeurs, représentant 53% des produits jetés, suivis par le secteur de la transformation avec 19%.
Plusieurs pays européens ont mis en place des mesures significatives pour combattre le gaspillage alimentaire:
- Des campagnes telles que "No tires la comida" (Ne jette pas la nourriture) ont été lancées, engendrant un débat multisectoriel sur le gaspillage alimentaire.
- La France a adopté une approche globale en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, avec des lois strictes interdisant aux grandes surfaces de jeter des denrées alimentaires consommables.
- L'Italie se distingue par son initiative "Sprecozero.net," un réseau national engagé dans la lutte contre les déchets.
Après la France ou l'Italie, le gouvernement espagnol a présenté mardi un projet de loi visant à en finir avec le gaspillage alimentaire et qui prévoit notamment des amendes contre les restaurants et supermarchés jetant de la nourriture. Ce texte, qui devra être approuvé par le Parlement, entend réduire les 1,36 million de tonnes d'aliments et de boissons jetées par les Espagnols chaque année, ce qui représente une perte de 250 euros par habitant, selon le gouvernement.
Les supermarchés et les restaurants devront établir des mécanismes pour donner leurs invendus alimentaires à des ONG ou à des banques alimentaires. S'ils ne sont plus aptes à la consommation, ils devront être transformés par l'industrie en jus ou en confitures par exemple. Les restaurants devront aussi fournir gratuitement à leurs clients des emballages pour emporter les restes, une pratique encore peu répandue en Espagne.
Ce projet de loi prévoit des amendes pour le non-respect de ces mesures, allant de 2.001 à 60.000 euros. Les consommateurs ne seront pas concernés par ces amendes mais feront l'objet de campagnes de sensibilisation.
Pénurie d'eau et gaspillage alimentaire en Espagne
Le deuxième billet de blog de cette série, rédigé par Carlos Alfonso Sánchez, Fernando Prieto del Campo et Raúl Estévez Estévez de l'Observatorio de la Sostenibilidad (Espagne), traite de l'aggravation du problème de la pénurie d'eau en Europe, et plus particulièrement en Espagne.
En 2019, environ 38 % de la population et 29 % du territoire de l'UE ont été touchés par la pénurie d'eau, les sécheresses coûtant entre 2 et 9 milliards d'euros par an. Les conflits liés à l'utilisation de l'eau ont provoqué d’importantes tensions dans plusieurs États membres, dont la France et l'Espagne.
Les modèles et les scénarios de changement climatique montrent que l'augmentation des températures devrait entraîner une augmentation de la fréquence, de l'intensité et de l'étendue des sécheresses. Les statistiques produites par l'Agence météorologique nationale (AEMET) montrent une augmentation stupéfiante depuis 2015 de la gravité des vagues de chaleur estivales en Espagne : l'année 2022 a connu un chiffre sans précédent de 41 jours de chaleur extrême entre juin et septembre (les précédents records étaient de 29 jours en 2015 et de 25 jours en 2017).
Après l'été 2023, les réservoirs espagnols étaient à 44 % de leur capacité, soit 10 points de pourcentage de moins qu'en 2021 et 20 points de moins qu'il y a 10 ans. Dans certains bassins, la situation est encore plus dramatique : le Guadiana est tombé à 28 % de sa capacité, le Guadalquivir à 27 % et le Guadalete-Barbate à 30 %, soit la moitié de la moyenne des dix dernières années.
Les usages agricoles représentent 78 % de la consommation totale en eau.
En novembre 2023, 9 millions de personnes en Espagne étaient soumises à des restrictions d'eau, tandis que les sécheresses sont devenues chroniques dans de grandes régions telles que l'Andalousie et la Catalogne. De plus, l'avenir semble incertain. Les modèles climatiques prévoient une diminution de l'approvisionnement en eau en Espagne pouvant aller jusqu'à 25 % dans les années à venir.
Les déchets alimentaires des ménages en Espagne sont quantifiés dans un rapport annuel qui conclut qu'en 2021, chaque Espagnol a jeté en moyenne 28,21 kilogrammes-litres de nourriture. Cela représente un total de 1 245 millions de kilogrammes-litres de nourriture gaspillée en 2021.
Les excédents agricoles représentent une part importante de la production agricole qui, en raison d'une mauvaise planification, ne peut entrer sur le marché ou est jetée. Cela signifie qu'une série de produits agricoles impliquant une consommation d'eau sont soit jetés en tant qu'excédents, soit transformés en d'autres produits dont la valeur ajoutée est beaucoup plus faible.
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire d'être plus ambitieux dans la réduction de l'irrigation, afin d'atteindre la durabilité de l'activité. ) : selon les données du SIOSE, la réduction devrait être de 20 % ; selon celles de l'ESYRCE, elle devrait atteindre 25 %.
Le changement climatique en Europe obligera la gestion de l'eau à devenir plus sobre et à s'adapter aux conditions météorologiques changeantes dans lesquelles nous sommes déjà plongés.
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