Alimentation des brebis en gestation : Besoins nutritionnels et gestion

L’alimentation des brebis en fin de gestation est une étape cruciale pour assurer la santé des mères et le bon développement des agneaux. Durant les six semaines précédant la mise-bas, les besoins nutritionnels de la brebis augmentent considérablement. Un affouragement adapté permet de répondre à ces exigences croissantes tout en évitant les risques de toxémie de gestation ou de complications lors de la mise bas.

Besoins nutritionnels accrus en fin de gestation

Les besoins nutritionnels augmentent considérablement durant cette phase, car le développement des fœtus impose un surcroît d’énergie et de nutriments. Il est impératif de garantir un affouragement adéquat pour assurer la santé des mères, prévenir les complications telles que la toxémie de gestation et favoriser un bon développement des agneaux.

Après environ 100 jours de gestation, les besoins énergétiques des brebis augmentent de façon significative. Ceci est principalement dû au développement rapide des fœtus. Un apport énergétique adéquat est alors fondamental pour soutenir cette croissance et éviter que la brebis n’utilise excessivement ses réserves corporelles.

En fin de gestation, le besoin énergétique d’une brebis peut augmenter de 50%, ce qui implique qu’il est crucial de fournir une ration équilibrée et riche en énergie. L’augmentation des besoins énergétiques est l’un des facteurs clés à considérer.

Outre l’énergie, les brebis en fin de gestation ont des besoins accrus en nutriments tels que les protéines et les lipides. Une supplémentation lipidique peut s’avérer bénéfique pour éviter des difficultés lors de l’agnelage, tout en permettant de maintenir une bonne condition corporelle. Les protéines sont également essentielles pour le développement musculaire et le système immunitaire des agneaux.

Gestion de l'alimentation pendant la gestation

La gestion de l’alimentation des brebis en fin de gestation doit être soigneusement planifiée. Les rations doivent être adaptées pour répondre à l’augmentation des besoins sans causer de stress digestif. Une substitution brutale des rations peut être préjudiciable, d’où l’importance d’introduire les changements progressivement pour permettre aux brebis de s’ajuster sans stress.

En fin de gestation, la capacité d’ingestion des brebis est limitée en raison du volume et du développement des fœtus. Les éleveurs doivent donc proposer des aliments riches en énergie et en nutriments qui soient peu encombrants. Cela requiert souvent un affouragement plus sophistiqué qui favorise la biodisponibilité des nutriments.

Il est important d’éviter les changements brutaux de ration, car cela pourrait perturber le métabolisme de l’animal. La mise en place de stratégies de gestion du stress alimentaire est devenue incontournable.

Les brebis gravides présentant une NEC inférieure à 3 nécessitent une ration plus riche, comprenant du foin de qualité et une quantité appropriée de céréales. Notation de l'état corporel (NEC) : Évaluer et ajuster l'alimentation .

Les brebis taries ou en milieu de gestation se satisfont de foin de qualité moyenne, à condition toutefois qu’elles soient en bon état corporel (notes de 3 ou plus sur une échelle de 0 à 5).

Importance du fourrage et des compléments

La qualité du fourrage est également un facteur déterminant pour l’alimentation des brebis en fin de gestation. En période de pénurie de fourrage, il est crucial de bien gérer les ressources disponibles pour garantir un apport suffisant de nutriments.

Pour répondre aux besoins nutritionnels spécifiques en fin de gestation, il est souvent recommandé d’inclure des éléments tels que des concentrés énergétiques et des compléments lipidiques. L’élaboration d’une ration personnalisée, tenant compte des besoins individuels de chaque brebis, est un aspect primordial à cette étape.

En élevage ovin, la gestion des ressources fourragères est d’une importance primordiale. Pendant la période de pénurie de fourrage, il est crucial de s’assurer que les brebis aient accès à une alimentation de qualité qui comble leurs besoins nutritionnels. Le pâturage cellulaire, par exemple, peut optimiser l’utilisation des prairies tout en garantissant un apport énergétique adéquat.

Surveillance et gestion proactive

Avoir une surveillance attentive des brebis gravides vers la fin de la gestation est essentiel. Cela implique de garder les brebis à proximité de l’éleveur afin de réagir rapidement en cas de complication.

Un suivi régulier des brebis en fin de gestation est indispensable. Il est conseillé de garder ces animaux à proximité de l’éleveur pour permettre une surveillance continue. Cela inclut la vérification de leur état corporel et de tous signes de complications éventuelles.

Solutions alternatives et économies de fourrage

Plusieurs alternatives sont envisageables pour économiser le stock de fourrage disponible : Rationner le foin et l’enrubannage afin de limiter le gaspillage sans pour autant pénaliser les performances des animaux.

  • Les besoins d’une brebis sont couverts avec 1 à 1,5 kg brut de foin pour une brebis vide et gestante et entre 1,5 et 2 kg pour une femelle qui allaite.
  • Opter pour des rations à base de paille pour les agneaux et les agnelles de renouvellement. Pour les brebis à l’entretien, l’apport de 300 à 500 g de céréales suffit avec une ration « paille » dans la mesure où elles sont en bon état.
  • Distribuer des rations mixtes, avec par exemple du foin le matin et de la paille le soir pour les brebis en fin de gestation et en lactation. Les quantités de concentré est alors à majorer pour équilibrer la ration
  • Acheter des aliments riches en fibres qui autorisent une économie de 40 à 50 % de fourrage grossier. Sur ce sujet, consultez votre distributeur d’aliments pour en déterminer l’intérêt économique par rapport aux autres solutions.

Impacts d'une alimentation adéquate

L’alimentation en fin de gestation a donc un impact direct sur le nombre d’agneaux produits. La facilité d’agnelage et les aides à la tétée ont des conséquences importantes sur le travail de l’éleveur.

En effet l’alimentation des brebis pendant les six semaines avant la mise bas a des conséquences directes sur la vigueur des agneaux à la naissance, entraînant des répercussions sur le travail à l’agnelage et le revenu des éleveurs.

Selon les résultats d’une étude réalisée au Ciirpo, un déficit alimentaire énergétique et azoté de 20 % (soit entre 200 et 300 g d’aliment en concentré en moins par jour) au cours des six dernières semaines de gestation a des conséquences importantes dès l’agnelage. Le poids des agneaux et leur vigueur sont directement impactés.

Les agneaux lourds à la naissance donnent les plus belles carcassesLes brebis nourries conformément à leurs besoins agnèlent plus facilement (14 % de brebis en plus qui agnèlent sans aide, 9 % de brebis en moins avec un agnelage difficile).

Leurs agneaux sont plus lourds de 690 g à la naissance, et les aides majeures à la tétée, c’est-à-dire plus d’une fois pour le même agneau, sont diminuées de 19 %.

Tableau indicatif des quantités de foin nécessaires (en brut pour 100 animaux)

Catégorie d'animaux Quantités de foin nécessaires
Brebis en fin de gestation (pour les 4 dernières semaines) 3 tonnes
Brebis en lactation (pour 80 jours) 16 tonnes
Brebis vides, en lutte et milieu de gestation (pour un mois) 4,5 tonnes
Agnelles de renouvellement (pour un mois) 2,5 tonnes
Agneaux du sevrage à l’abattage 2 tonnes

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