La galette de Pâques, appelée également galette pacaude, a une tradition ancestrale dans la région bressuiraise. Les sources historiques sur son origine divergent. Un mythe raconte que des sœurs de Bressuire l’ont inventée avant la Révolution française pour se purifier des fêtes de Noël en se servant des fruits séchés stockés dans leur grenier, qui étaient des pruneaux (*). D’autres sources évoquent une tradition voisine de la brioche pacaude ou Alize de la Vendée, toute proche.
Une tradition familiale et villageoise
Toujours est-il que bon nombre de familles bocaines perpétuent la galette de Pâques, avec sa propre recette, plus ou moins fidèle à la tradition ancestrale. C’est le cas de Jacques et Claudette, fringant couple de retraités bressuirais qui, chaque année, ne rate jamais l’occasion d’en confectionner une, voire plusieurs. Suivant rigoureusement la recette de feu sa belle-maman, Suzanne, qui était native de Faye-l’Abbesse, Claudette prépare la pâte la veille du vendredi Saint.
« Ma mère se réunissait avec deux amies à elle, Gabrielle et Germaine. La quantité de galettes préparées pouvait varier selon les familles », se souvient Jacques, petit dernier d’une fratrie de six enfants, installée à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai, aujourd’hui commune déléguée de Bressuire.
Le jeune Jacques accompagnait les trois femmes en poussant la brouette sur laquelle les galettes fraîches étaient entreposées sur des planches en bois. « Le boulanger du village, à l’époque, mettait gracieusement son four à disposition des habitants de la commune. Pour distinguer les galettes entre chaque famille, il fallait faire un petit dessin distinctif sur la pâte. Je me souviens que ma mère mettait souvent un haricot blanc dessus », affirme le sexagénaire.
Cuites dès le vendredi soir, les galettes n’étaient pas consommées immédiatement mais seulement à partir du week-end suivant. « Nous avions interdiction d’y toucher tant que le Carême ne prenait pas fin, le samedi soir en général, lorsque les cloches sonnaient. »
Un moment de partage et de convivialité
Dès lors, la dégustation pouvait commencer. Ou plutôt « les » dégustations. « Chaque famille recevait à tour de rôle ses voisins, ses amis et ses proches pour partager sa galette. Certains en refaisaient d’autres et cela pouvait durer même après le lundi de Pâques », se remémore Jacques.
Aujourd’hui, le couple bressuirais prépare une, voire deux galettes de Pâques, qu’ils partagent avec leurs voisins. Leurs deux enfants, qui ont quitté le domicile familial il y a quelques années, perpétuent toujours la tradition pour le plus grand plaisir des petits-enfants mais aussi de leurs belles-familles.
(*) Dans certains coins du Bocage, comme à Chiché, les pruneaux sont remplacés par des pommes.
La recette de la galette selon Suzanne
Obtenir la recette personnelle de la galette de Pâques auprès d’une famille bocaine n’est jamais chose aisée. Jacques et Claudette ont néanmoins accepté de (presque) dévoiler la leur. La pâte est constituée de 500 g de farine, 250 g de sucre, 250 g de beurre, quatre œufs et une cuillère à soupe d’eau. Les pruneaux (500 g) ont cuit dans l’eau jusqu’à ébullition. On peut y ajouter un peu d’eau-de-vie ou un zeste d’orange. Une fois les pruneaux étalés, on saupoudre un sachet de sucre vanillé. On referme bien la pâte en appuyant sur les bords. Un peu de jaune d’œuf pour dorer le dessus. C’est à ce moment-là qu’on peut s’amuser à former à l’aide d’une fourchette ou autre ustensile, un dessin sur la galette pour la distinguer des autres.
À Repéroux, un village à proximité d'Airvault, en pays thouarsais, les traditions perdurent. Depuis plus de 60 ans, dans le secteur, il est en effet de coutume d'allumer son four à pain à Pâques. Autrefois à cette période, toutes les familles réalisaient des galettes aux pruneaux : la cuisson s'effectuait dans les fours des villages et la semaine suivant Pâques, les familles offraient une galette à leur entourage.
Véronique et Frank Marie, propriétaires dans la commune, possèdent un four, il s'agirait d'ailleurs du plus grand du village, "le four familial" datant de 1860. Depuis plus de 30 ans, le couple perpétue ainsi la tradition. L'occasion pour eux de revoir les copains, d'accueillir la famille et de conserver une habitude transmise de génération en génération.
Les ingrédients de la galette aux pruneaux de Véronique :
- 1 kg de farine
- 1,5 kg de pruneaux
- 300 g de sucre
- 5 oeufs
- 500 g de beurre bien mou
- 2 sachets de levure
- Sel
- Un verre d'eau si besoin
Il est essentiel, pour Véronique et Frank Marie, que cette tradition soit un moment convivial et d'échanges : d'ailleurs nombreux sont ceux qui se joignent à eux pour faire chauffer des pizzas, du pain ou tout autre plat.
Alain, l’ancien postier très actif dans le milieu associatif explique que : « On préchauffe le four le mardi, mercredi et le jeudi, puis on cuit le vendredi et le samedi. Il faut une heure pour chauffer le four, une heure pour le laisser se reposer. Peut alors commencer la procession… des voisins et des amis. »
A Pâques, les habitants discutent et partagent un moment convivial. On se retrouve avec des jeunes, des anciens, l’ancien maire de Bressuire qui habite notre rue. C’est vraiment sympa. Ajoutons à la recette, de la gentillesse, du dévouement et cet esprit convivial.
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