L'affaire n'a pas fait de bruit en France, bien que les consommateurs de l'hexagone soient concernés. Le 7 février 2013, les Français apprennent que des lasagnes Findus estampillées « pur Bœuf », vendues dans les supermarchés, contiennent de la viande de cheval. Le lendemain, l’entreprise Comigel, sous traitante de Findus, retire tous ses produits. C’est le début du « Chevalgate ».
Un scandale venu d'Angleterre. L'Agence britannique de sécurité alimentaire (FSA) a annoncé jeudi avoir découvert jusqu'à 100% de viande de cheval dans des lasagnes censées être au bœuf , distribuées par Findus et fabriquées par la société française Comigel, basée à Metz. En soirée, la chaîne de supermarchés Aldi a annoncé que deux autres plats préparés distribués au Royaume-Uni par Comigel, des lasagnes et des spaghettis bolognaise, de la marque Today's Special contenaient entre 30% et 100% de viande de cheval.
L'antenne britannique de Findus a commencé cette semaine à rappeler les lots concernés, après avoir été avertie par l'un de ses fournisseurs, le français Comigel. La viande contenue dans ces plats était d'origine roumaine, a indiqué l'entreprise française Comigel, qui distribue ses articles dans 16 pays. Dans un premier temps, elle avait été présentée comme étant d'origine française, par les autorités sanitaires du Luxembourg, où ces plats ont été préparés. Cette source a précisé que la viande avait été frauduleusement étiquetée "viande bovine". Les lasagnes en question étaient vendues par la société luxembourgeoise Tavola, filiale de Comigel.
Chronologie d'un Scandale Alimentaire International
L'affaire éclate en trois temps. Mi-janvier, les autorités sanitaires britanniques découvrent que des steaks hachés certifiés pur b½uf produits en Irlande contiennent de la viande de cheval. Dix jours plus tard, on apprend que des carcasses britanniques de chevaux, contaminées par un médicament interdit, ont été vendues en France en 2012. Pas de lien direct entre ces deux événements, mais ces scandales jettent un doute sur la fiabilité du système européen de traçabilité de la viande.
Alerté par un sous-traitant, le géant suédois Findus conduit des tests sur ses produits et annonce ainsi début février avoir trouvé de la viande équine dans ses lasagnes, d'abord au Royaume-Uni puis en France. Ce n'est pas Findus qui a produit les lasagnes incriminées, mais un sous-traitant français basé à Metz, Comigel. C'est cette entreprise française de transformation de viande qui a fourni à Tavola les pains de viande frauduleux. D'après le ministre délégué à la consommation Benoît Hamon, la société aurait changé l'étiquetage de la viande de cheval roumaine en «Viande b½uf origine UE». Son patron, Barthélémy Aguerre, nie toute fraude.
Selon l'agence française anti-fraudes (la DGCCRF), ce sont 750 tonnes de viande faussement étiquetées b½uf qui sont sorties de l'usine de Spanghero située dans le sud-ouest de la France. Quelque 550 tonnes ont été livrées à Tavola qui a cuisiné 4,5 millions de plats avec cette viande. Les éventuels destinataires des 200 tonnes restantes n'ont pas été identifiés. Ce scandale a mis au jour la complexité du circuit commercial suivi par la viande en Europe. Cette société faisait ses achats via une boîte postale belge et stockait sa viande dans un entrepôt frigorifique situé à Breda, aux Pays-Bas.
Son directeur, un Néerlandais nommé Jan Fasen, a été condamné début 2012 pour avoir frauduleusement fait passer de la viande de cheval pour du b½uf via une autre société. Au moins six pays affirment avoir trouvé du cheval dans des lasagnes surgelées: la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suisse, la Suède et la Norvège. Les Pays-Bas, la Belgique et plus récemment la Russie annoncent quant à eux avoir retiré par précaution les produits suspects du commerce mais ne pas avoir de confirmation.
Réactions et Mesures Prises
Suite au scandale des lasagnes Findus, Benoît Hamon, alors ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation, demande l’obligation d’étiquetage de l’origine de la viande sur les plats préparés. L'Union européenne a de son côté décidé de lancer une campagne de tests ADN sur les produits étiquetés «b½uf» dans tous les Etats membres pour contrôler la présence éventuelle de viande de cheval.
Depuis, les contrôles se multiplient sur d'autres produits et laissent présager d'une multiplication de cas similaires. Au Royaume-Uni, sur 2501 produits testés, 29 contiennent au moins 1% de cheval a révélé l'agence de sécurité alimentaire. L'Autriche a elle annoncé vendredi avoir trouvé de la viande de cheval non-déclarée dans des tortellinis «au b½uf» d'un industriel allemand. La provenance de la viande frauduleuse identifiée dans ces deux produits n'a pas été communiquée.
En France, tous les produits contaminés vendus par Comigel ont en principe été retirés des rayons. De façon plus générale, la DGCCRF a assuré qu'elle renforcerait ses contrôles en 2013 sur tous les produits susceptibles de contenir de la viande de cheval. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll souhaite par ailleurs renforcer la traçabilité de la viande dans les produits transformés.
Comigel s’estime victime d’une fraude et met en cause la société Spanghero. Après avoir saisi près de 1500 factures, les enquêteurs de la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) confirme les « faits de tromperie », l’entreprise Spanghero ne pouvant ignorer que la viande utilisée était du cheval et non du bœuf.
Outre Findus, plusieurs marques - Auchan, Carrefour, Cora, Grand Jury, Nestlé, Monoprix, Panzani, Picard, Ikea... - sont incriminées. Dans le mois qui suit, la Commission européenne lance une série de tests ADN qu’elle cofinance à hauteur de 75 % : des plats préparés « pur bœuf » sont analysés dans toute l’Europe.
Une employée sur une chaîne de travail à l'usine Spanghero, le 23 juin 2011 à Castelnaudary. L'ExpressPrix trop bas pour du boeuf, pas de filière bovine dans le pays fournisseur... La répression des fraudes raconte son enquête.
Après une semaine d'investigations, l'enquête conclut, le 14 février, à la mise en cause de la société française Spanghero, qui revendait de la viande chevaline comme viande de boeuf. Accusée de "tromperie économique" par le gouvernement, elle est poursuivie. Son agrément sanitaire qui lui permet de traiter de la viande lui est retiré. Avant d'être partiellement rétabli quatre jours plus tard, sauf pour l'activité de négoce en viande en raison de soupçons de ré-étiquetage
Le 15 février, des vétérinaires poursuivent les investigations chez Spanghero, qui porte plainte pour tromperie. L'Europe met en place un plan de crise, qui prévoit 2.250 tests ADN de plats cuisinés. Les 18 et 19 février, Nestlé retire à son tour des plats de pâtes de la vente en Espagne et en Italie. La fraude gagne l'Asie, des lasagnes Findus sont retirées des étals à Hongkong . Le 21 février, l a France, l'Allemagne et le Royaume-Uni prônent l'étiquetage obligatoire. Les pays nordiques se rebiffent.
Le 22 février, Spanghero renonce au négoce de viande. Touchée à son tour par un nouveau scandale alimentaire, Ikea retire ses boulettes dans 14 pays. On effectue des prélèvements hors des filières Spanghero : la Russie, la Grèce, la Pologne, la Lettonie et le Portugal sont touchés. L'Europe annonce vouloir durcir les sanctions en cas de fraude sur la viande.
Le 27 février , Spanghero, accusée d'avoir sciemment revendu plusieurs centaines de tonnes de viande censée être du boeuf mais contenant du cheval, demande à bénéficier de la procédure de sauvegarde au Tribunal de Carcassonne.
Le 8 mars, Covi, fabricant de corned-beef, ajoute son nom à la liste des "victimes"du scandale de la viande de cheval. Le 19, nouveau rebondissement dans l'affaire de la viande de cheval : les services vétérinaires et de la répression des fraudes découvrent chez Spanghero , 57 tonnes de viande de mouton britannique séparée mécaniquement, Une méthode pourtant interdite depuis la crise de la vache folle, pour éviter que des éclats d'os ou de moelle infectés se retrouvent dans l'aliment.
Barthélémy Aguerre, p résident de Spanghero , démissionne le 20 mars du groupe Arcadie Sud-Ouest , qui, outre la branche viande du groupe basque Lur Berri, accueille plusieurs autres coopératives bovines de Dordogne, de Corrèze, etc.
Après les affaires du cheval, puis du mouton non conforme aux normes sanitaires, l’entreprise aurait perdu 70 % de sa clientèle. Une semaine après le limogeage de Jacques Poujol , qui assurait la direction opérationnelle de la firme de Castelnaudary, Serge Renaudin , ex-président du groupe coopératif picard Alliance Cobevial, est nommé le 28 mars à la direction de Spanghero. Désertée par ses clients, la filiale du groupe coopératif basque Lur Berri tente désormais d’éviter le pire.
Les tests pratiqués dans l’Union européenne à la suite du scandale de la viande de cheval ont permis d’en déceler plus de 13% dans les échantillons français : la France est le pays le plus touché d’Europe par le trafic. "Sud Ouest", 18 avril 2013
Le 19 avril 2013, Lur Berri décide de vendre la société, placée le même jour en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité, pendant trois mois, en attendant un repreneur. Le 5 juillet, le tribunal de commerce désigne comme repreneur l'ancien rugbyman Laurent Spanghero, seul en lice pour reprendre l'entreprise, qu'il avait créée en 1970. L'homme d'affaires prévoit de garder 90 des 240 salariés pendant au moins deux ans. La société est rebaptisée "La Lauragaise" . Moins d'un an plus tard, Laurent Spanghero déposera le bilan. Placée en redressement judiciaire, l'entreprise sera reprise en juillet 2014 par le groupe agroalimentaire CA Holding.
L'ancien dirigeant de Spanghero, Jacques Poujol, et l'ex-directeur du site, Patrice Monguillon sont mis en examen en septembre 2013 , notamment pour escroquerie en bande organisée . Deux négociants néerlandais , Johannes Fasen et Hendricus Windmeijer, déjà condamnés par le passé pour une fraude sur la viande, sont également mis en examen en 2014. A l'été 2016, le parquet demande le renvoi des quatre hommes devant la justice, dans un réquisitoire accablant de plus de 200 pages.
Il s'ouvrira le 21 janvier 2019. Jacques Poujol, Patrice Monguillon, Johannes Fasen et Hendricus Windmeijer sont soupçonnés de "tromperies" et "escroquerie en bande organisée". Tous les quatre, ils auraient vendu début 2013 plus de 500 tonnes de viande présentées comme du bœuf alors qu'il s'agissait de cheval.
Si l'affaire de la viande de cheval n’avait causé aucune conséquence sanitaire , elle avait mis en lumière l’opacité des circuits d’approvisionnement menés par des "traders" en viande dont les affaires passaient par Chypre, les Pays-Bas ou la Roumanie, dans un contexte de guerre des prix.
Les Conséquences du Scandale
Le scandale (de la viande de cheval vendue pour du bœuf) a généré quelques mesures, observe Foodwatch : la création d’un réseau européen pour une meilleure collaboration entre Etats membres, le Food Fraud Network, la loi Hamon qui a presque multiplié par dix les amendes en cas de tromperie [13] ou encore la mention obligatoire en France depuis 2017 de l’origine de la viande dans les plats préparés.
Pour autant, six ans après l’affaire de la viande de cheval, l’association estime qu’ « il est impératif d’aller beaucoup plus loin. » La récente opération Gazel en Espagne confirme que les failles dans les systèmes de contrôle européens sur la sécurité alimentaire n’ont pas été comblées.
Comment en est-on arrivés là ? Le 10 octobre 2013, un rapport du National audit office au Royaume Uni - l’équivalent de la Cour des comptes en France - estime que cette crise aurait pu être prévenue et mieux gérée si les services chargés des contrôles n’avaient pas vu leurs budgets réduits [6]. Aucun test sur la présence de viande de cheval dans l’alimentation n’a été réalisé en dix ans. En parallèle, le nombre d’experts dédiés à la sécurité sanitaire au Royaume Uni a diminué.
La situation est similaire en France. Dans un rapport de février 2014, la Cour des comptes étrille l’insuffisance des contrôles, les irrégularités dans les inspections, le manque de moyens, l’absence de sanctions. « Ces enquêtes très utiles pour mieux connaître les filières, les fraudes et anticiper les crises demeurent trop rares depuis 2009 (…) et leur utilité est minorée », note le rapport.
Malgré ces alertes, la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années, bien au contraire. « On a perdu 1000 équivalent temps plein en sécurité sanitaire de l’alimentation depuis 2010 », alerte en mars 2016 une inspectrice de la sécurité sanitaire des aliments. Il existe une programmation [des contrôles], mais nous avons de plus en plus de mal à la boucler du fait du manque d’effectifs. » Un constat partagé par Didier Herbert, du syndicat des vétérinaires contrôleurs en abattoir (Snuitam FSU) : « Nous sommes toujours en sous-effectifs, et le personnel dans les abattoirs est à flux tendu. Quand il y a un congé maternité ou un arrêt maladie, des agents non titulaires - des contractuels - sont mis sur la chaine sans formation.
« La DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) doit perdre 90 agents sur la période 2018-2019 » alerte Foodwatch, alors même que « le nombre des inspections sur la sécurité sanitaire des aliments est passé de 86 239 en 2012 à 54 000 en 2017, soit 37% de contrôles en moins ».
« Le scandale de 2013 a bien montré que la France faisait partie des pays qui ne disposaient pas de contrôles suffisants, analyse l’eurodéputé écologiste José Bové. Selon l’UFC que choisir, « la Commission européenne s’empressa alors de reprendre à son compte ces chiffres, jamais démontrés ni vérifiés » [7] « Il y a un bras de fer entre les éleveurs et les transformateurs, et la Commission se range plutôt du côté de ces derniers, appuie l’eurodéputé écologiste José Bové.
Un étiquetage sur l’origine des viandes dans les plats préparés a tout de même été mis en place en France depuis le 1er janvier 2017. Cette expérimentation prévoit, au moins jusqu’au 31 mars 2020 [8], que soient indiqués sur l’étiquette les lieux de naissance, d’élevage ou d’engraissement. Ainsi, les produits transformés avec 100 % de viande française ou 100 % de lait français sont étiquetés « Produit d’origine française ».
Cet étiquetage n’est toutefois obligatoire que lorsque la part de viande est égale ou supérieure à 8 % du poids d’un produit préparé [9] et des limites sont pointées par plusieurs organisations. Les pouvoirs publics ont réservé la possibilité d’indiquer une origine plus vague « Union Européenne » à des cas particuliers de forte variabilité des approvisionnements ou encore lorsque les pays de naissance d’élevage, de collecte ou d’abattage sont différents.
« Les fabricants se sont engouffrés dans cette brèche légale pour près d’un produit étiqueté sur deux », selon une enquête de Que Choisir publiée le 3 avril 2017. Face à ses stratégies de l’industrie agroalimentaire pour contourner la réglementation, l’eurodéputé José Bové réaffirme le besoin de traçabilité de la viande entrant dans les plats préparés.
Cette traçabilité est d’autant plus nécessaire que le scandale de 2013 a révélé la complexité des circuits. Partie de Roumanie, la viande de cheval a d’abord été stockée aux Pays-bas, puis réceptionnée à Castelnaudary (Aude) par l’entreprise française Spanghero. Cette dernière l’avait achetée à un trader chypriote, l’ayant lui même acquise auprès d’un autre trader néerlandais. La viande a ensuite été revendue à une usine luxembourgeoise du français Comigel fournissant, entre autres, Findus.
Après avoir réussi dès 2007 à identifier une cinquantaine d’établissements de courtage en viande, la BNEVP précisait : « Les courtiers sont difficiles à joindre car ils n’ont pas de locaux spécifiques et ne voient jamais les denrées. Les produits dans les ateliers de préparation des viandes proviennent de France et de toute l’Union européenne : d’Italie, d’Espagne, des Pays-Bas, d’Irlande et de Belgique. La BNEVP recommandait de recenser les courtiers et de soutenir au niveau européen un encadrement de leur activité, afin d’améliorer la traçabilité des produits alimentaires.
« Ce qui s’est passé au Brésil au mois de mars 2017 montre que le marché mondial de la viande est gangrené, confirme José Bové [10]. Des morceaux avariés étaient vendus et incorporés à du minerai de viande. Le système tenait grâce à la corruption de certains agents des fraudes. Oui, je pense que le mot mafia n’est pas trop fort. Il s’agit d’une mafia mondialisée. »
L’eurodéputé se refuse toutefois à des généralisations qu’il juge « dangereuses » : « De nombreux éleveurs et transformateurs font leur travail avec conscience. Mais en avril 2015, un communiqué de l’unité de coopération judiciaire de l’Union européenne (Eurojust), alerte sur l’introduction de « chevaux impropres à la consommation humaine » dans la chaine alimentaire. Ce mois-là, une vague d’interpellations simultanées a lieu dans sept pays de l’Union européenne [12].
Selon le rapport d’enquête vétérinaire consulté par un journaliste du Monde, « l’organisation de ce réseau est inquiétante pour la santé publique. « Le scandale (de la viande de cheval vendue pour du bœuf) a généré quelques mesures, observe Foodwatch : la création d’un réseau européen pour une meilleure collaboration entre Etats membres, le Food Fraud Network, la loi Hamon qui a presque multiplié par dix les amendes en cas de tromperie [13] ou encore la mention obligatoire en France depuis 2017 de l’origine de la viande dans les plats préparés. »
Jan Fasen, un trader néerlandais dont la société est au coeur du scandale de la viande de cheval vendue pour du boeuf, a été mis en examen et écroué en France.
Deux personnes ont été mises en examen à Marseille dans le scandale de trafic de viande de cheval impropre à la consommation.
Opération Gazel et Implications Européennes
En avril 2017, 65 personnes sont arrêtées en Espagne par la garde civile, dans le cadre de l’opération « Gazel », en coordination avec Europol et la participation des polices belge, italienne, portugaise, roumaine, suisse, britannique... et française. Ce réseau - accusé de maltraitances animales, de crimes contre la santé publique, de falsification, d’organisation criminelle et de blanchiment d’argent - aurait tiré de ces pratiques illégales quelque 20 millions d’euros de bénéfices. Des propriétaires d’abattoirs, des vétérinaires et des éleveurs sont dans le collimateur des enquêteurs.
Au cœur de ce réseau, un homme attire l’attention : le néerlandais Johannes Fasen (ou Jan Fasen). Ce dernier aurait mis en contact les producteurs espagnols avec des acheteurs européens [1]. Or, ce même Johannes Fasen, patron de la société Draap Trading (anagramme de Paard qui signifie « cheval » en néerlandais), basée à Chypre, fait partie des quatre personnes qui comparaissent en France, dans le cadre de l’affaire des lasagnes « pur bœuf » contenant... de la viande de cheval.
Trois autres personnes sont poursuivies : Hendricus Windmeijer, négociant néerlandais, ainsi que deux anciens responsables de la société Spanghero - l’ex directeur Jacques Poujol et Patrice Monguillon, un ex cadre de la société. Ils sont poursuivis principalement pour « tromperie » et « escroquerie en bande organisée », et encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement.
Pour Karine Jacquemart, directrice de l’association foodwatch France, ce procès doit être « un signal contre l’impunité et l’occasion de briser le cercle infernal qui permet aux scandales alimentaires de s’enchaîner avec un schéma quasi immuable : opacité pour les consommateurs, manque de traçabilité, sous-effectifs criants au sein des organes de contrôle ».
Nouvelles Révélations et Enjeux de Traçabilité
Récemment, des révélations en Irlande ont soulevé de nouvelles inquiétudes quant à la traçabilité de la viande de cheval. Un documentaire a mis en lumière des pratiques d'abattage douteuses et des réseaux criminels opérant à travers l'Europe. Ces révélations soulignent les insuffisances des réglementations actuelles et la nécessité de renforcer les contrôles pour garantir la sécurité alimentaire.
Le journaliste raconte que ses investigations l'ont mené à filmer de l'abattage à domicile en caméra cachée, ou à suivre des chevaux sans passeport terminer leur vie dans des abattoirs qui exportent leur viande sur le continent européen. Des révélations qui font froid dans le dos et qui nous ramènent dix ans en arrière, lorsque les consommateurs découvraient avec horreur que leurs lasagnes de bœuf Findus ou Picard avaient été réalisées avec de la viande de cheval.
«Il s’agit d’une fraude massive qui consiste à brouiller la traçabilité de la viande et à faire entrer dans notre chaîne alimentaire de la viande impropre à la consommation. La faiblesse du système actuel permet à des réseaux criminels d’opérer en Irlande, Espagne, Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en France», prévient l'organisation Foodwatch, qui a collaboré aux investigations.
Origine | Quantité (tonnes) |
---|---|
Irlande | 400 |
Total importé | 2 506 |
A ce stade, rien n'a encore permis de démontrer que des échanges entre races de viande ont eu lieu. Cependant, cette fraude indique que les réglementations mises en place au sein de l'Union européenne en 2015 et en 2021, pour améliorer la traçabilité de la chaîne alimentaire, sont insuffisantes.
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