Les Galettes de Pont-Aven est un film très marqué par son époque, les années soixante-dix. Sorti en 1975, il est devenu au fil du temps un film culte, en partie grâce aux dialogues savoureux portés par un Jean-Pierre Marielle au sommet de son art.
Synopsis et Contexte
Henri Serin (Jean-Pierre Marielle) est représentant de commerce en parapluies. Il parcourt la Bretagne à longueur d’année et en profite pour faire quelques escapades amoureuses. Henri Serin habite Saumur avec femme et enfants. Il est représentant en parapluies, roule en R16 comme tout VRP des années 70 qui se respecte, et écume la Bretagne de long en large pour faire la promotion des pébroques de la maison Godineau. Il est aussi peintre à ses heures et cette passion va le pousser à changer de vie…
Dans la série « on arrête tout et on recommence », Joël Séria livre sa version de L’An 01, une version moins politisée, plus polissonne. Car le film se situe dans la mouvance des années 70, époque où tant de personnes ont choisi de changer de vie pour se consacrer à leurs passions. Le plateau du Larzac et les moutons pour certains, mais pour Henri ce sera la peinture et...
Un Film Provocateur et Subversif
Le film a beaucoup choqué en son temps, y compris dans les milieux les plus favorables à l’évolution des mœurs. Séria, décomplexé et inspiré, trouve en Marielle l’interprète idéal. Il dégomme au passage l’hypocrisie des bien-pensants, religieux en tête, dans un joyeux jeu de massacre dont personne ne sort vraiment indemne. Certaines scènes et tirades ont fait rougir les esprits bien-pensants. Mais déclamées par Jean-Pierre Marielle, elles possédaient charme et truculence.
Les galettes de Pont-Aven est un film très marqué par son époque, les années soixante-dix. Dans la série « on arrête tout et on recommence », Joël Séria livre sa version de L’An 01, une version moins politisée, plus polissonne.
L'Érotisme et la Féminité
Le film a perdu aujourd’hui sa capacité à choquer les esprits (même s’il se démarque nettement du bon goût…) et donc son petit côté subversif. Son héro est fasciné par les formes féminines, plus particulièrement les jeunes popotins, et exprime son admiration par une bordée de jurons un poil triviale. Cette ode à la jouissance n’est toutefois pas si joyeuse, surtout quand l’amour s’en mêle.
Jean-Pierre Marielle, fasciné par les formes féminines de Jeanne Goupil, dans Les galettes de Pont-Aven de Joël Séria. Jeanne Goupil était alors la compagne de Joël Séria. Elle est aussi l’auteure des peintures montrées dans le film sous le nom Jeanne Krier. Elle est toujours peintre aujourd’hui sous le nom de Jeanne K.
Ici, les «putain de bordel de merde» d’Henri Serin, s’extasiant devant la splendeur des fesses de la ravissante Jeanne Goupil, prennent des allures gauguinesques. Parce que, et c’est là tout le sel de l’histoire, notre vendeur de pébroques chatoyants ne trouve son inspiration qu’en tombant fou d’amour.
Un Portrait Doux-Amer d'une Époque
Il paraît assez inégal, avec de bonnes trouvailles sur les personnages mais une fâcheuse tendance à tourner en rond. Sur sa route, Marielle croise une galerie de personnages gratinés, notamment un Bernard Fresson abject de vulgarité en jouisseur machiste et brutal, qui fait passer Marielle pour un doux féministe. Le désir, le plaisir et la volonté des femmes ne comptent pas vraiment, si ce n’est comme un moyen pour l’homme de toucher à une forme de plénitude.
Le film d’une époque aussi, celle, encore, du mâle triomphant. Henri fait parfois de belles rencontres, qui égaient son quotidien. Notre ami Serin est peintre amateur. Il a fait le portrait d'une cliente et le lui porte un soir, dans son magasin. La femme, interprétée par Andréa Ferréol, une fidèle des films de Séria, admire son talent. La verve de l'auteur et celle de Marielle s'expriment alors sans retenue, depuis la description qu'Henri fait de sa femme frigide et de ses enfants jusqu'à sa comparaison entre ladite épouse et la commerçante.
Le Personnage d'Henri Serin
C’est en quelque sorte un homme qui voit que sa vie est une impasse, et qui se raccroche à ses idéaux de jeunesse. Le cul, quoi. Dans le rôle, Jean-Pierre Marielle est exceptionnel. Un vrai festival Marielle, réjouissant et ingénu d’une certaine manière.
VIDÉOS - Les comédies grinçantes rentrent parfois dans les anthologies de cinéma. Les Galettes de Pont-Aven, comme Les Valseuses ou Les Tontons Flingueurs, appartient de plein droit à cette pléiade. Dans Les Galettes de Pont-Aven, il devient un vendeur de parapluies, rabelaisien, admirateur de Gauguin et génialement obsédé par la beauté des femmes.
Il est marié avec une femme qu’il n’aime plus - s’il l’a jamais aimée. Père de deux enfants qu’il trouve bêtes. Il a consenti aux sacrifices d’une vie bien rangée et il ne s’y retrouve clairement plus. Henri a été bien sage. C’est fini. Le travail permet de se rassurer. Oh monsieur Henri! Lâche moi! Oh! (…) Tu peux la piner si tu veux. (…) Ah le cul! Comme tout artiste, Henri va devoir vivre dans le doute permanent. Ce qui nécessite d’extérioriser son mal-être pour le transformer en quelque chose d’autre. Adieu veaux, vaches, cochons. Il peut découvrir la liberté en s’affranchissant de ses bulletins de paie. Dire n’importe quoi.
La Bretagne et ses Personnages Pittoresques
La spécificité de Joël Séria est sa façon unique de décrire les personnages pittoresques, et parfois un peu louches, qu'on peut rencontrer dans les bourgades de province. Jean-Pierre Marielle se retrouve en tête de la distribution. On découvre ici un Marielle extraordinaire, un monstre sacré à la hauteur des plus grands du cinéma français.
Un jour, Henri prend en charge un auto-stoppeur, qui s'avère être un personnage extraordinaire. L'excellent Claude Piéplu interprète, avec sa voix inimitable, un colporteur qui parcours le pays de pèlerinage en pèlerinage pour vanter les bienfaits du Seigneur, ce qui fait bien rire le mécréant Serin. Le pèlerin l'invite à passer la nuit chez lui.
Confirmant l'excellence de la distribution, Bernard Fresson compose un Emile de haute volée. Emile est en quelque sorte le double inversé de Henri Serin. Les deux personnages sont des soixante-huitards, mais dans un style diamétralement opposé. Henri va tout quitter pour se consacrer à la peinture, et en particulier à la peinture des postérieurs féminins, dont il est un admirateur passionné.
Anecdotes et Héritage
Le cinéaste et l’acteur ont rêvé plusieurs fois de donner une suite aux aventures érotico-philosophiques d’Henri Serin, une première fois en 2005 au cinéma puis en 2015 au théâtre. Un titre avait même été suggéré Pleine Lune sur Pont-Aven. Cette belle idée fera long feu malgré l’intervention du copain de toujours, Jean-Paul Belmondo. Marielle était réticent car il ne voulait écorner son personnage.
Qu’est-ce qui fait que près d’un demi-siècle après sa sortie sur les écrans, ces délicieuses crêpes sucrées ou salées n’aient rien perdu de leur saveur. La Cinémathèque française ne s’y est pas trompée en consacrant au réalisateur des Galettes, en 2018, une rafraîchissante rétrospective. Le cinéaste a en effet immortalisé quatre fois le plus truculent des comédiens.
Jeanne Goupil a confié avoir été très impressionné par la talent de Jean-Pierre Marielle. Lors d'une scène où elle posait pour Henri Serin, tout en prenant la pose, elle le regardait jouer et pensait : « Il est bon... Joël Séria avait recruté Dolorès Mac Donough, l'interprète d'Angela, au Québec. Avant le tournage, il a demandé à Jeanne Goupil de la regarder nue, afin de lui confirmer que le postérieur de la belle était aussi parfait qu'il le pensait, condition importante pour la crédibilité du film.
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