Fabrication et composition de l'alimentation pour porcs

Le porc est un animal omnivore qui assimile aussi bien les aliments d’origine vĂ©gĂ©tale que ceux d’origine animale. Cependant, au sein des Ă©levages français, leur alimentation est Ă  base de produits vĂ©gĂ©taux. De plus, l’alimentation des porcs doit ĂȘtre techniquement performante, car elle constitue la part principale des coĂ»ts de production d’un Ă©levage. Certains Ă©leveurs ont fait le choix de fabriquer eux-mĂȘmes leurs aliments. C'est le cas de plus de 35% des Ă©leveurs, qui cultivent eux-mĂȘmes ou achĂštent directement les matiĂšres premiĂšres, principalement des cĂ©rĂ©ales et des graines olĂ©oprotĂ©agineuses.

Dans les Ă©levages français, l’alimentation des porcs n’est constituĂ©e que de produits vĂ©gĂ©taux sĂ©lectionnĂ©s pour leurs grandes qualitĂ©s nutritives. Les Ă©leveurs de porcs assurent Ă  leurs animaux une alimentation adaptĂ©e Ă  leurs besoins. L’alimentation des porcs rĂ©pond Ă  des exigences qualitatives et sanitaires strictes.

Besoins nutritionnels spécifiques

Un porcelet n’aura pas les mĂȘmes besoins qu’une truie par exemple. Le porc doit avoir de l’eau en libre accĂšs en permanence. Les conseils d’alimentation prĂ©sentĂ©s sont adaptĂ©s Ă  un systĂšme conventionnel et un logement des porcs sur caillebotis.

Alimentation du porcelet

A la naissance, le porcelet tĂšte le colostrum qui est un aliment trĂšs riche en anticorps et qui lui assurera les dĂ©fenses naturelles essentielles au bon dĂ©roulement du dĂ©but de sa vie. A la naissance, le porcelet tĂšte le colostrum, trĂšs riche en anticorps, vĂ©ritables dĂ©fenses naturelles essentielles au dĂ©but de sa vie. Jusqu’à son sevrage, le porcelet tĂštera 1 litre de lait maternel par jour. Le porcelet a besoin d’une alimentation riche en acides aminĂ©s pour assurer sa croissance. Pour cela, il est nourri essentiellement avec de la poudre de lait mĂ©langĂ©e avec du blĂ© et des cĂ©rĂ©ales en flocons. Au sevrage, un porcelet pĂšse dĂ©jĂ  8 kilos et consomme surtout de la poudre de lait mĂ©langĂ©e avec du blĂ© et des cĂ©rĂ©ales en flocons. Cette phase dure 5 Ă  6 semaines.

Des complĂ©ments peuvent ĂȘtre distribuĂ©s pour aider le porcelet durant ses premiĂšres semaines de vie. On retrouve par exemple le complĂ©ment FORCIX qui permet de rĂ©duire la dysbiose intestinale.

Alimentation de la truie

En gĂ©nĂ©ral, la ration alimentaire d'une truie en gestation doit ĂȘtre suffisante pour couvrir ses besoins Ă©nergĂ©tiques et protĂ©iques, tout en Ă©vitant l'excĂšs de poids. Une ration riche en fibres est Ă©galement importante pour favoriser la satiĂ©tĂ© et maintenir la santĂ© digestive de la truie. Pendant la lactation, la ration alimentaire doit ĂȘtre augmentĂ©e pour rĂ©pondre aux besoins accrus en Ă©nergie, en protĂ©ines, en minĂ©raux et en vitamines.

Alimentation pendant la phase d'engraissement

Pendant la phase d’engraissement, le porc absorbe tous les jours un kilo de nourriture. GrĂące Ă  une prĂ©paration essentiellement constituĂ©e de maĂŻs, de blĂ© et d’avoine, de pois et de soja, il grossit de 600 grammes par jour.

Les cĂ©rĂ©ales, comme le blĂ© ou le seigle, peuvent constituer jusqu’à 75 % de l’alimentation des porcs, ces derniers devant ĂȘtre engraissĂ©s pour la production de viande.

Production d'aliments Ă  la ferme

Le cahier des charges bio stipule qu’un Ă©levage doit produire au moins une partie de l'alimentation du cheptel sur la ferme (minimum 30 % en 2022). De plus, l'alimentation des porcs reprĂ©sente 75 Ă  80 % du coĂ»t de revient du porc. Ainsi, la rentabilitĂ© - et la sĂ©curisation en approvisionnement - d'un atelier porc bio passe notamment par sa capacitĂ© Ă  produire une partie de ses aliments sur la ferme. La maĂźtrise du poste culture, surtout dans un contexte de concurrence sur les approvisionnements, peut donc s'avĂ©rer stratĂ©gique voire cruciale.

L’éleveur de porc bio est aussi un cultivateur. Pour alimenter ses porcs, il peut produire une partie de son aliment sur la ferme, notamment les cĂ©rĂ©ales et les protĂ©agineux, conduits en pur ou en mĂ©lange.

Cultures et associations

La conduite de parcelles en grandes cultures bio, surtout si elles n'entrent pas en rotation avec des prairies, ne s'improvise pas. En agriculture biologique, la rotation culturale est un levier agronomique incontournable. Inscrite dans le cahier des charges AB, elle est indispensable au maintien de la fertilité des sols, à la maßtrise des plantes adventices et des maladies cryptogamiques.

La maĂźtrise de la flore adventice est un enjeu majeur en agriculture biologique. C’est pourquoi leur contrĂŽle nĂ©cessite une connaissance de leur fonctionnement afin d’identifier les techniques de lutte les plus pertinentes. Le mode de production biologique repose avant tout sur l’activitĂ© biologique du sol. Il exclut l’usage des engrais minĂ©raux de synthĂšse.

Associer des espĂšces vĂ©gĂ©tales au sein de la mĂȘme culture prĂ©sente de nombreux avantages dans les parcelles oĂč le recours aux intrants est limitĂ©. Les associations sont rustiques : la diversitĂ© de leur composition (2, 3, 4 espĂšces voire plus) permet une rĂ©sistance accrue Ă  l’alĂ©a climatique, et une rĂ©duction de la sensibilitĂ© aux maladies et aux ravageurs. Les associations d’espĂšces limitent le dĂ©veloppement de flores adventices par une couverture du sol dense. Enfin, les associations prĂ©sentent une grande souplesse d’utilisation en fourrage ou en grain.

Exemples d'apports et d'associations

  • Apport d’énergie: BlĂ© ; Orge ; Triticale ; Avoine, en pur et/ou en mĂ©langes MaĂŻs sec, humide ensilĂ© en silo couloir ou en boudin
  • Apport de protĂ©ines: Pois (fourrager et protĂ©agineux), fĂ©veroles, en pur et/ou en mĂ©langes, lupin

Certaines associations sont couramment utilisées :

  • Orge - Lupin
  • BlĂ© - FĂ©verole
  • Orge - Pois
  • Triticale - Pois

L’éleveur doit rĂ©guliĂšrement jongler entre : les besoins du cheptel, ses capacitĂ©s Ă  produire une partie de son aliment, la valeur des matiĂšres premiĂšres dont il dispose, les opportunitĂ©s qui se prĂ©sentent*, pour trouver le meilleur compromis Ă©quilibre alimentaire-Ă©quilibre Ă©conomique.

Pour garantir aux animaux un aliment de bonne qualitĂ© toute l’annĂ©e, il faut ĂȘtre rigoureux sur la propretĂ© de la rĂ©colte et les conditions de stockage des grains. Les cultures en mĂ©lange (ex : triticale - pois) sont intĂ©ressantes sur le plan agronomique. Pour ĂȘtre bien valorisĂ©s par les porcs, ces mĂ©langes doivent idĂ©alement ĂȘtre triĂ©s Ă  la rĂ©colte pour pouvoir stocker sĂ©parĂ©ment la cĂ©rĂ©ale et le protĂ©agineux.

Fabriquer son aliment Ă  la ferme ne s’improvise pas. Pour ĂȘtre sĂ»r de faire les bons choix, il est recommandĂ© d’échanger rĂ©guliĂšrement avec d’autres FAFeurs.

Constituants principaux de l'alimentation

Les trois constituants principaux Ă  considĂ©rer dans l’alimentation des porcs sont :

  1. La valeur Ă©nergĂ©tique des aliments. Elle peut s’exprimer en Ă©nergie digestible (ED), en Ă©nergie mĂ©tabolisable (EM) et en Ă©nergie nette (EN). L’énergie nette est l’expression qui correspond au mieux Ă  la valorisation rĂ©elle d’une matiĂšre premiĂšre ou d’un aliment par l’animal ; c’est donc ce critĂšre que l’on utilise en prioritĂ© pour construire le plan d’alimentation. EN s’exprime en mĂ©gajoules (MJ) ou en kilocalories (kcal) (1 MJ = 238,9 kcal).
  2. Les acides aminĂ©s. Ils sont les constituants des protĂ©ines. Certains sont dits essentiels, car le porc ne peut pas les synthĂ©tiser, et doivent ĂȘtre apportĂ©s par l’alimentation. La lysine est le premier acide aminĂ© limitant (dĂšs qu’il en manque, les autres ne sont pas assimilĂ©s). Ainsi, l’apport de chaque acide aminĂ© essentiel doit se faire en proportion par rapport Ă  la lysine digestible apportĂ©e. Pour chacun de ces aminĂ©s, c’est la part digestible par l’animal que l’on utilise pour dĂ©finir les besoins des animaux et caractĂ©riser une matiĂšre premiĂšre ou un aliment. Une carence en acides aminĂ©s dĂ©grade les performances de l’animal. Un apport en excĂšs est Ă  l’origine de rejets azotĂ©s et potentiellement de pollution environnementale.
  3. Le phosphore. Il est essentiel au fonctionnement Ă©nergĂ©tique de l’animal et Ă  son ossature. Un apport en excĂšs peut Ă©galement ĂȘtre Ă  l’origine de pollution environnementale.

Les besoins en Ă©nergie et en acides aminĂ©s ne sont pas indĂ©pendants. Ils sont exprimĂ©s sous la forme d’un rapport entre lysine digestible et Ă©nergie nette (LYSdig/EN, en g/MJ). Ce rapport diminue avec l’augmentation du poids vif du porc, et ce d’autant plus rapidement pour les porcs qui ont tendance Ă  dĂ©poser beaucoup de gras en fin d’engraissement.

Méthodes de distribution de l'alimentation

Les porcs peuvent ĂȘtre alimentĂ©s via une distribution Ă  sec, dans des nourrisseurs ou des nourrisoupes, ou via une distribution en soupe. L’alimentation Ă  sec se fait principalement Ă  volontĂ©, ce qui favorise la consommation des porcs et leur GMQ, mais dĂ©grade l’IC et le TMP. NĂ©anmoins, ces derniĂšres annĂ©es, les systĂšmes d’alimentation Ă  sec se sont perfectionnĂ©s et peuvent permettre un rationnement et une alimentation multiphase Ă  la case. La distribution en soupe concerne la majoritĂ© des places d’engraissement en France car elle permet l’utilisation de produits humides en grande proportion, tels que le maĂŻs humide et des coproduits liquides, et une meilleure maĂźtrise du rationnement.

Un contrĂŽle rĂ©gulier de son systĂšme d’alimentation est essentiel pour s’assurer d’apporter la bonne quantitĂ© d’aliments nĂ©cessaire pour rĂ©pondre aux besoins des animaux et Ă©viter le gaspillage.

Abreuvement

L’abreuvement correspond Ă  93,6 % de la consommation d’eau d’un Ă©levage. Les consommations d’eau par jour sont :

  • De 1 Ă  4 litres par jour en post-sevrage
  • De 4 Ă  12 litres par jour en engraissement

Apporter de l’eau aux porcs de plus de deux semaines en permanence est une obligation rĂ©glementaire, quel que soit le mode d’alimentation.

Alimentation spécifique des porcelets

A la naissance, le systĂšme digestif du porcelet n’est pas assez dĂ©veloppĂ© pour digĂ©rer l’amidon et les protĂ©ines vĂ©gĂ©tales. Ce n’est qu’à partir de 3 Ă  4 semaines que la digestion des matiĂšres premiĂšres vĂ©gĂ©tales devient possible. Ainsi, pour familiariser le porcelet Ă  l’aliment solide et prĂ©parer son systĂšme digestif Ă  la transition alimentaire au sevrage, la consommation d’un aliment sous la mĂšre doit ĂȘtre encouragĂ©e. Entre 10 et 28 jours d’ñge, une portĂ©e reçoit de 3 Ă  4 kg d’aliment sous la mĂšre. Les porcelets ne consomment rĂ©ellement qu’un tiers de cet aliment, le reste constituant des refus ou du gaspillage.

En post-sevrage, l’alimentation se fait en principe Ă  volontĂ©. Pour dĂ©finir la quantitĂ© d’aliment 1er Ăąge Ă  distribuer aux porcelets, la rĂšgle des 12 peut ĂȘtre appliquĂ©e : poids du porcelet au sevrage + aliment 1er Ăąge Ă  recevoir = 12 kg. Cette rĂšgle peut devenir une rĂšgle des 13 ou des 14 en fonction du poids des porcelets et des caractĂ©ristiques nutritionnelles de l’aliment. L’application de cette rĂšgle suppose que les porcelets d’une mĂȘme case soient de poids homogĂšnes et que la transition 1er Ăąge-2Ăšme Ăąge puisse se faire Ă  la case.

Une alimentation Ă  volontĂ© va permettre aux porcs d’exprimer leur croissance maximale mais n’est pas la stratĂ©gie optimale pour maximiser sa marge sur coĂ»t alimentaire, notamment pour les Ă©levages produisant des porcs mĂąles castrĂ©s, pour lesquels un rationnement permet une amĂ©lioration de l’indice de consommation et du TMP.

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