L'Évolution de la Mode Vestimentaire Française : Entre les Lignes de Chantilly

La mode vestimentaire française a connu des transformations significatives du règne de Louis XIV à l'Empire, reflétant les changements sociaux, politiques et culturels de chaque époque. Cet article explore les tendances marquantes de cette période, en mettant en lumière les pièces emblématiques et les influences qui ont façonné le style français.

Le Règne de Louis XIV et l'Habit à la Française

La garde-robe masculine conserve du règne de Louis XIV, le justaucorps, la veste et la culotte qui prennent le nom d'habit à la française sous le règne de Louis XV. Durant la Régence, le justaucorps se modifie quelque peu par l’élargissement de ses basques par des plis multiples lui donnant une forme juponnée. Les manches ont de grands parements ouverts, arrondis ou droits. D’abord employées pour les vestes, les soieries façonnées à grand rapports de dessin sont progressivement remplacés par des décors brodés.

La Robe Volante et la Régence de Philippe d'Orléans

L’étiquette devenant moins stricte sous la Régence de Philippe d’Orléans, le choix des élégantes se porte pour leur quotidien sur la robe volante ou battante qui apparaît en ce début de XVIIIe siècle. Objet de scandale, en raison de son inspiration issue des tenues d’intérieurs portées dans l’intimité comme la robe de chambre, la robe volante connaît un véritable succès. Portée sur un panier circulaire, cette robe n’est qu’à demi fermée sur le devant laissant voir le corps à baleine. Elle se caractérise par des soieries à grands rapports de dessins, des manches dites en raquette et surtout par des plis dans le dos partant de l’encolure connus aujourd’hui sous le nom de « plis à la Watteau ».

La Robe à la Française et l'Évolution du Goût

La robe volante disparaît faisant place à la robe à la française. Composée d’un manteau ouvert sur une pièce d’estomac et une jupe assortie, la robe à la française conserve de la mode précédente les « plis à la Watteau » dans le dos ainsi que le panier qui prend une forme ovale. Contrairement à la robe volante, le corsage durant cette période est ajusté sur le devant et sur les côtés. L’ornementation, rapportée tout autour de l’ouverture du manteau et sur la partie visible de la jupe, est faite de bouillonnés variés et de falbalas.

Pour l’homme, l’habit à la française, composé de l’habit, du gilet et de la culotte, perd de son ampleur vers le milieu du XVIIIe siècle. Les pans de devant de l’habit, prennent une coupe oblique vers 1760 et les parements des manches diminuent et se ferment. Le gilet qui se substitue à la veste, se porte plus court que l’habit.

La Mode sous Louis XVI et l'Influence Anglaise

La robe à la française qui subsiste tout au long du règne de Louis XVI, prend progressivement la place du grand habit lors des cérémonies officielles et devient alors une tenue d’apparat. La mode féminine a tendance en ce dernier quart du XVIIIe siècle à se simplifier. D’une part les femmes cèdent à l’anglomanie en adoptant la robe-redingote et la robe à l’anglaise apparue à la fin des années 1770. Cette dernière se caractérise par un corsage ajusté dans le dos et baleiné aux coutures. Les formes se diversifient très rapidement et l’on voit apparaître la robe à la polonaise, à la circassienne, à la turque, à la levantine… toutes influencées par un exotisme plus ou moins lointain.

Mais l’une des modes les plus scandaleuses est initiée par la reine elle-même. A la recherche de confort et de simplicité, Marie-Antoinette adopte à partir de 1778 une robe chemise de coton blanc qui évoque les pièces de lingerie et se fait représenter dans cette tenue en 1783 par madame Vigée-Lebrun. Le tableau est alors vivement critiqué lors du salon de la même année. Cette fin de siècle voit aussi le développement des marchandes de mode dont l’un des personnages emblématique reste Rose Bertin qui fournissait certaines personnalités de la cour dont Marie-Antoinette. Les femmes complétaient leurs toilettes de coiffures plus extraordinaires les unes que les autres, comme les coiffures à la Belle Poule ou les Poufs au sentiment.

L’habit à la française, sous Louis XVI, garde sa structure traditionnelle mais prend un caractère plus cérémoniel dans le troisième quart du XVIIIe siècle. Il est alors plus ajusté et les pans de devant glissent vers l’arrière préfigurant l’habit dégagé. Le col est droit et commence à devenir de plus en plus haut.

La Révolution Française et la Simplification de la Mode

La Révolution française eut pour principale conséquence de supprimer les codes vestimentaires de l’Ancien Régime. Le concept de cour ayant disparu, les habits de cérémonie n’ont plus lieu d’être. Les femmes rejettent alors les paniers et le corps à baleines et cèdent totalement à l’anglomanie avec les robes-redingotes et les robes à l’anglaise. L’allure devient alors négligée alors que chaque élément de la garde-robe se voit baptisé d’une dénomination à caractère politique, comme le bonnet à la Bastille.

Le seul moyen qu’ont les femmes fortunées pour se distinguer demeure le renouvellement rapide de la mode. Très vite, le modèle antique s’impose en politique comme en mode avec le port d’une robe-tunique blanche, en cotonnade, à manches courtes et à taille haute, portée avec un spencer ou de longues écharpes. Le groupe marginal des Merveilleuses arbore des toilettes extravagantes caractérisées par des robes tuniques beaucoup plus transparentes. Les femmes sont chaussées de petits souliers sans talons.

L’habillement masculin, fixé depuis le début du siècle, ne se modifie plus que dans ses détails. On porte indifféremment l’habit étroit, l’habit dégagé, mais aussi, le frac (sorte de justaucorps léger). Le gilet coupé droit est souvent brodé et présente des décors à motifs végétaux ou figurés en relation avec l’actualité. La redingote, longue et étroite, est omniprésente. Les hommes portent des habits de couleurs vives, laissant souvent deviner leurs opinions politiques.

Avec la chute de la monarchie en 1792 et l’avènement de la République, le vêtement intéresse les autorités pour sa portée idéologique. Le costume de sans-culotte caractérisé par le pantalon se diffuse, bien que le vêtement classique reste encore porté par les hommes importants, comme le fera Robespierre. Les élégants du Directoire, les Incroyables, comparses des Merveilleuses, affichent des tenues proches de la caricature. Le gilet, court et carré, est porté avec un habit uni. Le cou disparaît totalement sous une épaisse cravate tandis que les coiffures sont dites en « oreilles de chien ».

Le Consulat, l'Empire et le Retour de l'Étiquette

Alors que le Consulat voit un net assagissement de la mode à l’antique, la naissance de l’Empire fait renaître l’étiquette et le costume de cour sous une forme nouvelle, celle de la robe-tunique. Ces robes, longues à taille haute, sont dotées d’une petite traîne qu’elles perdent en 1806. Le décolleté devient alors carré et les étoffes employées ne sont plus exclusivement des tissus légers.

En effet, sous l’Empire, Napoléon Ier entreprend de ranimer l’industrie lyonnaise en imposant à la cour les soieries et les velours qui prennent le pas, dès 1808, sur les linons et les mousselines. Les manches des robes, d’abord très courtes à petits ballons, puis arrêtées au coude et boutonnées, peuvent être aussi longues et froncées à la mameluck. Le corset apparaît en 1804, d’abord sous la forme d’une petite brassière en toile, puis plus allongé avec le corset à la Ninon.

Le costume masculin évolue peu et renonce aux extravagances du Directoire en perdant son aspect négligé. Quelques fantaisies se glissent néanmoins sur les gilets, dans le choix des coupes et des matières. On trouve aussi vers 1804, la mode des gilets superposés, jusqu’à quatre fois. L’habit dégagé est le plus porté. Il s’arrête au niveau de la taille, croise au niveau de la poitrine et se termine à l’arrière en deux longs pans. Le pantalon est soit collant, soit très large, mais toujours rentré dans les bottes, tandis qu’on commence à utiliser des bretelles pour le maintenir en place.

La Restauration et le Retour du Goût Baroque

A partir de 1815, on entre dans une période de transition où peu à peu les formes droites des robes prennent de l’ampleur et la taille s’abaisse. A partir de 1821-1822, les transformations des toilettes sont influencées par le retour du goût baroque et l’intérêt pour le néo-gothique. La mode pré-romantique se traduit par un costume féminin dont la taille redescend peu à peu vers sa place naturelle. Les jupes s’évasent et raccourcissent, le dos du corsage s’élargit progressivement, le décolleté s’agrandit, accentuant l’effet d’épaules tombantes, les manches prennent du volume et sont agrémentées de crevés et bouillonnés imitant ainsi les parures de la Renaissance.

Les années 1820 voient la garde-robe masculine conserver du premier Empire le gilet, la cravate entourant le cou ainsi que l’habit à la française. L’habit dégagé est à la mode, tout comme la redingote dont la jupe, sous la taille un peu rehaussée, prend la même silhouette conique que celle des femmes. Le pantalon, tantôt collant, tantôt large, est d’une couleur différente, généralement plus claire, que le reste de la tenue.

Vers 1825, la taille, à l’instar des femmes, retrouve sa place naturelle alors que les hanches s’arrondissent, tout comme le buste, grâce au port d’un corset.

L'Évolution des Années 1830 et 1840

La taille étranglée des robes est encadrée entre des manches très larges et resserrées aux poignets, tandis que la jupe s’évase en cloche pour laisser voir les chevilles. Pendant la journée, le cou se voile de colifichets, guimpes, canezous, écharpes, qui connaissent un immense succès.

A partir de 1835, la jupe s’allonge alors que les manches voient leur ampleur descendre autour du coude pour finalement s’ajuster aux poignets. Les garnitures sont peu nombreuses en dehors des colifichets, toujours portés en abondance. Le Moyen Âge sert dorénavant de référence bien que vers 1840, ce soit le XVIIIe siècle qui suscite l’admiration. Ainsi, le corsage s’allonge et dessine une pointe sur le devant de la jupe, alors que les manches redeviennent tantôt étroites, tantôt bouillonnées. Le châle cachemire connaît une nouvelle vogue en 1840 au point qu’il remplace parfois les manteaux.

Les lignes de la silhouette masculine s’épurent et les vêtements s’ajustent. Les pantalons sont étroits et bien tendus, la cravate est moins haute et le col de la chemise est rabattu par dessus. Une recherche de fantaisie perdure dans la couleur ou le décor des gilets.

Le Second Empire et la Crinoline

Le goût pour le XVIIIe siècle caractérise la majeure partie du Second Empire. Son expression la plus singulière demeure la crinoline de 1845 à 1868, qui serait une interprétation des paniers. Cette dernière doit son nom à l’étoffe tramée de crin dans laquelle elle est réalisée avant qu’en 1856, Auguste Person ne l’arme de cerceaux métalliques reliés les uns aux autres par des cordons dans la crinoline-cage. Généralement ronde, la crinoline atteint son diamètre maximum vers 1858 avant de projeter sa masse vers l’arrière à partir de 1861. Dès 1867, combattue par Worth, elle redevient un modeste tronc de cône dit crinoline empire.

Quant aux robes, elles sont dites, à partir de 1845, à transformation, c’est-à-dire qu’elles sont constituées d’au moins deux corsages que l’on peut changer selon les ...

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