L'Avare de Molière: Une Comédie Éclatante sur l'Obsession de l'Argent

« De l’argent ! Ah ! ils n’ont que ce mot à la bouche, de l’argent ! ». Cette réplique célèbre d’Harpagon, héros de la comédie, donne le ton.

Contexte et Thèmes Principaux

L’Avare prend pour sujet une réalité qui se fait toujours plus envahissante en 1668, au moment où est créée la pièce. La question du prêt à usure est sous les feux de l’actualité, le gouvernement est en quête de ressources, et les membres de la noblesse éprouvent dans leur quotidien les difficultés à obtenir cette indispensable manne qui leur permet de maintenir leur train de vie. Molière une fois de plus donne une comédie qui fait de l’humour à partir d’une des préoccupations de son public.

Pour ce faire, il place au centre de sa pièce un personnage d’avare, dont le goût pour les espèces sonnantes et trébuchantes se heurte aux habitudes dépensières de ses enfants. Harpagon, d’un côté, s’efforce par tous les moyens d’obtenir et d’accumuler cet argent qu’il aime tant, jusqu’à se compromettre en prêtant des sommes à des taux usuraires et, d’un autre côté, il s’ingénie à dépenser le moins possible, au détriment de son entourage et de son ménage.

Structure et Style de la Pièce

La pièce est construite selon les principes de la commedia dell’arte. Sur une trame lointainement inspirée d’une œuvre de l’Antiquité (en l’occurrence, l’Aulularia du comique latin Plaute) sont greffés plusieurs épisodes et développements, tirés principalement de la tradition italienne.

La souplesse et la variété de la dramaturgie trouvent un auxiliaire dans le recours à la prose. En effet, en rupture avec l’usage et contrairement à ses propres habitudes, Molière choisit de ne pas versifier sa comédie en cinq actes. L’Avare s’apparente, de ce point de vue, aux petites comédies conçues sur le modèle des Précieuses ridicules ou aux pièces comportant de la musique ou des machines, à l’exemple de Don Juan.

Mais, comme dans ce dernier cas, le texte est rédigé en sorte de créer des effets de rythme, analogues à ceux que produisent les vers irréguliers que Molière expérimente à la même époque dans Amphitryon. C’est une prose cadencée par l’alternance de séquences de diverses longueurs qui module ainsi les échanges entre jeunes amoureux, les tirades de l’avare, ou les altercations entre ce dernier et son entourage.

L'Expérience du Spectateur

L’Avare ne laisse aucun répit au spectateur, du dialogue amoureux virtuose qui constitue la scène d’ouverture aux rebondissements échevelés qui marquent le dénouement, en passant par les moments de suspense ou d’effroi, les coups de théâtre, les émotions diverses que provoquent avec une fréquence soutenue les conflits de valeurs autour de la libéralité, de l’honneur, de la justice, de la loyauté.

C'est bien ce qui fait la magie de la pièce et qui a assuré son succès continu auprès de publics d’époque et de culture différentes.

Le Rôle du Rire

Mais, bien évidemment, c’est le rire qui constitue le principal attrait de la pièce, un rire qui s’empare du public à tous moments, au cœur même des situations les plus tendues, au détriment parfois de la cohérence psychologique du personnage principal.

Harpagon, le héros de la comédie, interprété par Molière, est en effet pétri de contradictions. Le ladre porte-t-il sur lui, au mépris de toute vraisemblance, une bague d’un très grand prix ? Car, en dépit de ses apparences trompeuses de comédie de caractère, L’Avare ne vise pas à proposer la peinture d’un vice, mais à provoquer l’hilarité par tous les moyens : quiproquos, malentendus, coups et culbutes, clins d’œil aux réalités familières du public, jeux d’ironie ou d’exagération, parodie des modes vestimentaires et des habitudes alimentaires, grivoiseries.

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