La chanson "Les Petits Pains au Chocolat" de Joe Dassin, composée avec Pierre Delanoë en 1969, a définitivement ancré l'expression "pain au chocolat" dans la culture populaire. Cette chanson assez particulière dans le répertoire de Joe Dassin, permet de réécouter cette chanson d'une autre oreille.
Interprétations de la chanson
La chanson, je peux l’interpréter suivant l'humeur du jour. J'en conclue que chacun peut se faire sa propre interprétation, il n'y a pas une seule et indéniable vérité. L'analyse du texte est assez proche de la réalité. L'esprit de la chanson est d'ambiance remarquable, qu'à mon avis on n'a pas à interpréter en détails.
L'histoire racontée dans la chanson est très touchante, avec la sensibilité des familles simples et le secret de famille. Les non-dits et les mini-mystères de la chanson d'origine font qu'on en parle encore. Les gimmicks de la sciure et de la sœur du curé fonctionnent bien.
Certains pensent à l'avortement, voyant dans les paroles une hypothèse que le narrateur et Marie-Jeanne balançaient un ftus du pont. D'autres rejettent d’emblée la proposition du cercueil ou de la sciure. En tout cas, elle fait beaucoup parler cette chanson!
Chocolatine ou pain au chocolat?
Le pain au chocolat est une viennoiserie composée de pâte levée feuilletée, généralement rectangulaire, et fourrée avec du chocolat. Sans que l’on sache vraiment pourquoi, cette petite douceur de nos boulangeries a créé dans notre pays une véritable scission, une fracture irréparable. D’un côté, une majorité de la population appelle ça « pain au chocolat » de l’autre, un bastion d’irréductibles sudistes l’appelle la « chocolatine« , ainsi que quelques québécois.
La deuxième appellation est utilisée au Québec et en France, dans un quart sud-ouest qui s’étire de la Rochelle à Montpellier, à l’exception des Pyrénées-Orientales où l’on dit pain au chocolat rien que pour ne pas utiliser le mot des voisins occitans. Dans le reste du pays, largement majoritaire, on achète des pains au chocolat. On sait que c’est un problème qui divise les français. Peut-être plus encore que le clivage gauche-droite, plus que le conflit Iphone-Android, et plus encore que la guerre Coca-Pepsi.
La polémique bat son plein depuis des années, mais quelle est la bonne appellation ? Les historiens et les pâtissiers tranchent plutôt pour chocolatine, les linguistes estiment eux que les mots croissants et chocolat convenaient mal à la langue occitane et que les habitants du sud-ouest l’ont adapté à une sonorité familière de terminaison ("ina" prononcé "ino").
Origine du nom Chocolatine
L’hypothèse la plus probable de l’origine du nom « chocolatine » viendrait justement de cet autrichien. L’entendant vendre des « Schokoladencroissant » avec son accent autrichien, les français auraient progressivement transformé le mot en « Chocolatine » (Schokoladen - Chocolatine, vous voyez ?). Historiquement, l’inventeur ou plutôt l’importateur serait un boulanger-pâtissier autrichien nommé Auguste Zhang qui, installé à Paris dans les années 1830 aurait introduit le "Schokoladencroissant".
Il est donc probable que le premier terme pour désigner une viennoiserie fourrée au chocolat ait été « Chocolatine », à cause de cette déformation linguistique. Et c’est d’ailleurs plutôt logique puisque la particularité de cette viennoiserie est surtout d’être au chocolat (elle a d’ailleurs vite perdu sa forme de croissant). Les pays anglophones utilisent d’ailleurs "chocolate croissant" même s’il n’a pas la forme du croissant Les Français auraient déformé l’appellation en chocolatine.
Pourquoi "Pain au chocolat"?
D’après Nicolas Berger, auteur d’une encyclopédie du chocolat (Chocolat, mots et gestes) publié aux éditions Alain Ducasse, le mot pain au chocolat désignait à l’origine un morceau de pain dans lequel on fourrait un bout de chocolat pour le goûter des écoliers. Quand au terme « pain au chocolat » il serait plus récent. Lorsque les viennoiseries ont été reprises et réinterprétée par les pâtissiers français au début du XXème siècle, en utilisant notamment de la pâte levée feuilletée, certains auraient repris ce terme.
Dans la pâtisserie française traditionnelle, on appelle « petit pain » ou « pain » toutes les pâtes fourrées. Ce qu’on appelle « pain » en pâtisserie est en général fabriqué avec de la pâte à pain au lait, ou au mieux de pâte à brioche : c’est le cas du pain au lait ou du pain viennois par exemple. Or le pain au chocolat utilise une pâte levée feuilletée, plus proche de celle qu’on retrouve dans les croissants, les vol-au-vent ou les galettes des rois. Donc, le mot pain n’est pas adapté.
Mais le problème, c’est que sur le plan linguistique, le mot pain au chocolat n’a pas de logique. Il introduit d’ailleurs une confusion pour beaucoup d’étrangers. Quand on traduit « pain au chocolat » dans ces langues, ça évoque plus un cake ou un pain qu’une viennoiserie. On est les seuls dans le monde à utiliser ce non-sens : parler d’un pain pour un truc qui n’a rien à voir avec du pain.
L'influence de Joe Dassin et Jules Ferry
La faute à Joe Dassin. En interprétant en 1969, les "petits pains au chocolat" composé avec Pierre Delanoë un an plus tôt, Joe Dassin a définitivement ancré pain au chocolat dans la culture populaire. Pourquoi ne pas avoir adopté » la chocolatine ? La faute à Jules Ferry. Le père de l’Éducation nationale a donné des directives pour imposer un Français unique sur tout le territoire, donc il n’était pas question d’établir une appellation créée par une langue régionale.
Appellations à travers le monde
Puisque les viennoiseries s’exportent partout dans le monde, on peut aussi trancher en voyant comment les étrangers en parlent. On sait qu’au Canada, via le Québec, on dit plutôt chocolatine. Dans les pays germanophone, on emploie plus volontiers le terme « Schokoladencroissant ». Dans les pays anglophones, notamment les USA, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, on dit « chocolate croissant », notamment dans les grandes enseignes comme Starbucks. En Espagne un équivalent local est vendu sous le nom « Napoletanas », et au Mexique et en Amérique Latine, quand on en trouve, on parle de chocolatine. Sinon, un peu partout on trouve le terme « pain au chocolat » directement en français sans le traduire.
Prix du pain au chocolat
Cela dit, pain au chocolat ou chocolatine, le prix reste le même à Bordeaux qu’à Strasbourg : 0,94 centime en moyenne dans les boulangeries selon le relevé de décembre 2013, le dernier disponible.
Terme | Régions/Pays |
---|---|
Pain au chocolat | Majorité de la France, Belgique (connu), Écoles de pâtisserie |
Chocolatine | Sud-Ouest de la France (Bordeaux, Toulouse), Québec, Mexique, Amérique Latine |
Couque au chocolat | Belgique (plus volontiers) |
Schokoladencroissant | Pays germanophones |
Chocolate croissant | Pays anglophones (USA, Australie, Nouvelle-Zélande) |
Napoletanas | Espagne |