Considéré comme l'une des drogues les plus dangereuses, le crack entraîne des conséquences physiques, psychologiques et sociales dévastatrices. De quoi est composé le crack ? Quelle est sa dangerosité, et comment s’en sortir si l’on est dépendant ? Les réponses dans cet article.
Qu'est-ce que le crack ?
Composé en grande partie de cocaïne, le crack (également connu sous le nom de “free-base”), est une drogue dure très dangereuse. Le crack est un dérivé de la cocaïne, appelé aussi cocaïne base ou freebase. Il est créé à partir de la dissolution de la cocaïne dans un liquide (souvent de l’eau) et en ajoutant d’autres produits tels que de l’ammoniac ou bicarbonate de soude. Le crack est un mélange de cocaïne, de bicarbonate de soude et/ou d’ammoniaque, qui se présente sous la forme de petits cailloux. En chauffant ce mélange de produits, sont obtenus des cailloux (autre nom du crack), qui sont la forme la plus courante de cette drogue. Ce stupéfiant est le plus souvent inhalé à l’aide d’une pipe à crack.
Légalité du crack
Le crack est catégorisé dans la famille des stupéfiants, par conséquent son usage, trafic ou incitation à l’usage sont strictement interdits par la loi. Les peines encourues vont de 1 an d’incarcération (pour les usagers de crack) à 30 ans de réclusion criminelle (pour les trafiquants). Le crack peut être dépisté après sa dernière utilisation jusqu’à 24 heures dans le sang, et jusqu’à 2 semaines dans les urines.
Effets et dangers du crack
Le crack, qu’il soit inhalé, fumé ou (plus rarement) injecté ou sniffé, va quasi immédiatement pénétrer dans la circulation sanguine et durer entre cinq et dix minutes. Les effets sont plus intenses et plus brefs que ceux de la cocaïne et l’état dépressif qui lui succède est encore plus marqué.
Effets recherchés par les usagers
Comme pour tous les produits psychoactifs les effets sont variables selon les individus, le contexte et la qualité du produit. De manière générale, ils provoquent une phase d'exaltation qui se traduit par une grande énergie et une stimulation des performances physiques et intellectuelles.
- hausse de la tension artérielle.
Effets indésirables
Les effets positifs recherchés par les personnes dépendantes au crack sont très rapidement suivis d’effets indésirables : dépression, fatigue, anxiété, agitation, insomnie, irritabilité, toux, troubles respiratoires, etc. des problèmes érectiles. Comme pour toutes les drogues, après la montée et l’apparition des effets positifs recherchés, les usagers expérimentent un état de “descente”, caractérisé par l’apparition d’effets négatifs, généralement l’exact inverse de ceux initialement recherchés. Tandis que les effets positifs disparaissent rapidement (en 10 minutes), les effets indésirables, quant à eux, peuvent durer plusieurs jours. L’effet de descente est très fort et rapide concernant le crack, ce qui entraîne une répétition rapide des prises, de manière parfois compulsive.
Dangers associés à la consommation de crack
Hautement concentré en cocaïne de par sa préparation, le crack est un produit extrêmement dangereux et addictogène. Les dangers varient fortement d’un individu à l’autre, selon la concentration de cocaïne, la durée de la consommation, l’état physique et mental de l’usager de crack, etc. La présence d’ammoniac dans le crack peut causer de fortes irritations et problèmes respiratoires : crises d’asthme, maladies pulmonaires sévères... Le crack entraîne des risques très importants : infarctus du myocarde, cardiomyopathie... Les usagers de crack peuvent être victimes de troubles neurologiques : AVC, convulsions, hémorragie... Ces dangers sont exacerbés en cas de co-consommation de crack avec d’autres substances telles que l’alcool, les opiacés ou encore des antidépresseurs.
Enfin, on constate une grande précarité chez les “crackers”, ces usagers de crack qui, sous l’effet de la forte dépendance au produit, se retrouvent dans une grande détresse sociale et financière. À Paris, en Île-de-France, la “colline du crack” a été le lieu de rendez-vous des personnes usagers et trafiquants de crack pendant des années. Son récent démantèlement n’a pourtant pas réussi à offrir des solutions de prise en charge pour les usagers, selon les associations du champ de l'addictologie.
Crack : comment s’en sortir ?
Vous pensez être dépendant au crack et vous voulez vous soigner ? Toute personne peut bénéficier d’une aide pour entamer un sevrage de crack. Cette drogue entraîne un syndrome de sevrage fort sur l’organisme, comme un sentiment de très grande fatigue et un état de dépression et de désespoir. Ces sentiments vont inciter l’usager de crack à en reprendre, c’est pourquoi il est compliqué d’entamer un sevrage seul. La dépendance au crack est une des plus fortes ressenties, plus que celle vis-à-vis de la cocaïne, ce qui rend le sevrage particulièrement difficile.
La désintoxication sous surveillance médicale, et en centre spécialisé en addictologie, augmente donc les chances de réussite. En plus d’un accompagnement par une équipe pluridisciplinaire dans un cadre non jugeant, cette solution permet de bénéficier de médicaments pour diminuer les symptômes de sevrage et les effets secondaires de la drogue (insomnie, angoisse, etc.). Le traitement de la dépendance au crack peut également passer par des thérapies non médicamenteuses grâce à l’intervention de psychologues. La combinaison de ces thérapies avec un accompagnement pharmacologique augmente les chances de succès.
L'ARS Île-de-France est mobilisée dans la lutte contre la consommation de crack en Île-de-France et ses conséquences sur la santé, en partenariat avec la Préfecture d’Île-de-France, la Préfecture de Police, la Ville de Paris, et les opérateurs sanitaires et médico-sociaux. L'ensemble de la stratégie de lutte contre la consommation de crack en Île-de-France est inscrit dans le projet régional de santé 3 2023-2028. (pages 62 et 143 ou dans la rubrique "téléchargement").
Les dispositifs d’accompagnement médico-sociaux
- Les maraudes médico-sociales
- Les espaces de repos de jour : Porte de la Chapelle (Aurore/Gaïa) et CSAPA Sleep In (Groupe SOS Solidarités)
- L’hébergement accompagné
- L’hébergement accompagné renforcé
La mise en œuvre de la politique de l’Agence en matière de réduction des risques et de soins envers les usagers de drogues dont de crack, s’appuie principalement sur :
- Des structures médico-sociales autorisées et financées par l’ARS, destinées à amorcer un parcours pour les consommateurs :
- Les CAARUD (interventions en maraudes ou accueil inconditionnel sur site fixe, conseils et matériel de réduction des risques, orientations pour l’accès aux droits et aux soins)
- Les CSAPA (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie, pouvant initier et délivrer un traitement adapté)
- Les usagers injecteurs peuvent avoir accès à la Halte Soins Addictions (HSA) pour superviser la consommation, réduire les risques et les dommages (VIH, VHC, abcès, infections, surdoses), et être orientés dans un parcours de soins
- L’offre hospitalière en addictologie :
- Les ELSA (équipe de liaison et de soins en addictologie)
- Les consultations des dispositifs dédiés de Fernand Widal et du GHU PPN
- Des parcours dédiés pour les usagers de crack dans les services d’hospitalisation pour sevrage à Fernand Widal, au centre médical Marmottan, Paul Brousse, Bichat et Albert-Chenevier
- Mise en place depuis juin 2023 d'un dispositif d'observation et d'orientation (D2O) porté par le GHU PPN sur le site Saint-Anne pour des usagers de crack présentant des situations cliniques complexes (comorbidités addictologique, somatique et psychiatrique).
La mise en place, fin 2022, d’un dispositif d’orientation et d’accueil des consommateurs de crack en structures de soins addictologiques résidentiels entre régions. Ce nouveau dispositif permet de proposer aux consommateurs pris en charge dans l’un des dispositifs franciliens de de bénéficier d’une orientation dans une autre région pour continuer sa prise en charge sanitaire et médico-sociale tout en s’éloignant des lieux de consommation.
Consommation de cocaïne et de crack en France
En 2022, parmi les jeunes âgés de 17 ans, le niveau de l'expérimentation de la cocaïne est de 1,4 % (1,3 % chez les filles et 1,5 % chez les garçons). Dans la même population, l’expérimentation du crack est marginale avec 0,4 %.
En population adulte, la cocaïne, sous sa forme chlorhydrate, est le produit illicite le plus consommé en France après le cannabis, la part des 18-64 ans ayant expérimenté la cocaïne ayant fortement progressé sur la dernière période (de 5,6 % en 2017 à 9,4 % en 2023). L’usage actuel comme l’expérimentation concernent toujours deux à trois fois plus les hommes que les femmes.
L’usage au cours de l’année concerne en premier lieu les 18-25 ans (2,8 %) et les 26-34 ans (3,4 %), pour régresser ensuite et s’effacer au-delà de 55 ans. En 2021, on comptait un peu moins de 139 000 usagers dans le mois de chlorhydrate de cocaïne, et 48 000 usagers de cocaïne basée.
Conséquences de la consommation
La consommation de cocaïne et de crack, qu’elle soit ponctuelle ou chronique, peut avoir un impact sur la santé physique et psychique des usagers. Ces conséquences peuvent survenir quels que soient le mode d’administration, la quantité et la fréquence de l’usage. En termes d’effets, la cocaïne est souvent décrite comme un désinhibiteur qui induit des sensations de toute-puissance, d’hyperactivité. Les effets décrits sont aussi une augmentation des émotions ainsi qu’une excitation et un sentiment d’euphorie. Le dépassement de soi, le sentiment de jouissance font également partie des effets recherchés par les consommateurs.
Les complications somatiques les plus souvent rencontrées sont cardiaques ou neurologiques (accident vasculaire cérébral, convulsions, etc.). Les complications pulmonaires interviennent quant à elles quasi exclusivement chez les usagers de crack, du fait du mode de consommation (inhalation de vapeurs). Le sniff de cocaïne provoque des lésions de la cloison nasale, parfois rapidement en cas de consommation intensive, et peut aussi engendrer une anesthésie buccale. Enfin, les pratiques à risques liées à l’injection et au partage de matériel (pailles pour la cocaïne, pipes pour le crack) peuvent être à l’origine d’infections bactériennes (abcès cutanés locaux, septicémies) ou virales (VIH, VHB et surtout VHC).
Par ailleurs, dans les heures qui suivent la prise de cocaïne, peuvent apparaître des crises de paranoïa, d’angoisse, d’agressivité et de violence parfois associées à des hallucinations auditives, visuelles et sensorielles. La paranoïa induite par la cocaïne peut être accompagnée d’un syndrome de recherche compulsive du produit, plus particulièrement chez les usagers de crack. Sniffée, la cocaïne n'entraîne pas de dépendance physique mais génère une forte dépendance psychique.
Cadre légal
La cocaïne, qu'elle soit sniffée ou fumée, sous forme de poudre (chlorhydrate de cocaïne) ou basée (crack, free base), est un produit classé stupéfiant et son usage est interdit. En acheter, en consommer, en détenir, en donner, en revendre, en produire, en transporter ou conduire après en avoir consommé sont autant d'infractions à la loi, passibles de sanctions lourdes devant les tribunaux, quelle que soit la quantité de produit incriminée.
La loi prévoit un volet de répression du trafic et des profits issus du trafic qui a été renforcé, depuis la fin des années 1990, par une trentaine de lois.
Tableau : Évolution des saisies de cocaïne en France
Période | Saisies moyennes annuelles |
---|---|
Années 1990 | Plus de 1,8 tonne |
Années 2000 | 5,3 tonnes |
Années 2010 | Plus de 11 tonnes |
Depuis 2021 | Plus de 20 tonnes |
2023 | 23,2 tonnes |
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