L'alimentation du Porc Charcutier : Optimisation de la Croissance et de la Qualité

L'alimentation joue un rôle crucial dans l'élevage porcin, influençant directement la croissance, la santé et la qualité de la viande. Cet article explore les meilleures pratiques en matière d'alimentation des porcs charcutiers, en mettant l'accent sur l'optimisation de l'ingéré, la qualité des aliments et l'adaptation aux besoins spécifiques des animaux.

Bases de l'alimentation porcine

Le porc est un animal omnivore, capable de valoriser une grande variété d'aliments. Cependant, pour une croissance efficace, il est essentiel de répondre à ses besoins nutritionnels sans excès, en évitant une production excessive de graisse et un gaspillage de protéines.

Une trop grande quantité d’énergie dans l’aliment favorise la production de graisse qui se fixe en superficie du muscle sans apporter de réelles valeurs gustatives à la viande et surtout difficilement exploitable lors de la découpe et transformation de la viande.

Les porcs valorisent tout type de protéines en les transformant en celles dont il a besoin pour faire du muscle. Cependant, certains acides-aminés qui composent les protéines ne peuvent pas être produits par le porc, il est donc essentiel de les apporter dans l’aliment en quantité suffisante au risque que toutes les protéines en surplus ne terminent dans ses déjections.

Mise en pratique

Pour respecter au mieux les deux points abordés précédemment le porc doit être alimenté en respectant ses besoins.

Aujourd’hui la plupart des aliments du commerce respecte ces besoins et sont composés des bonnes quantités de protéines et d’énergie, distribuées en respectant des quantités précises en fonction de l’âge de l’animal. Cela permet de limiter le coût tout en optimisant la croissance des porcs.

Il est tout de même possible d’alimenter ces porcs avec des produit locaux comme des tubercules (manioc, patate douce), et des fruits (Banane, Jacquier, …). Mais attention a l’équilibre de la ration. Ces produits sont souvent riches en énergie mais beaucoup moins en protéines, de plus ils contiennent souvent peu d’acides aminés essentiels. Il est donc nécessaire de complémenter les porcs avec un aliment riche en protéines. Pour cela des courbes de rationnement ont été réalisées et ont été distribuées aux éleveurs.

Ces courbes s’accompagnent de conseils individuels pour adapter au mieux l’alimentation à l’élevage et ainsi gagner en productivité tout en maitrisant les coûts alimentaires.

Conseils Importants

  • Aliment sous la mère: Pendant la phase « Aliment sous la mère », il est important de distribuer un peu d’aliments aux porcelets tous les jours pour qu’il s’habitue à manger autre chose que du lait. Cela facilitera le sevrage.
  • Aliment premier âge: L’aliment premier âge est certes coûteux, mais répond parfaitement au besoin des porcelets, 1 kg d’aliment premier âge consommé par les porcelets donnera 1 kg de poids vifs. Aucun autre aliment ne permet un tel indice de consommation, il est donc important de ne pas commencer l’aliment deuxième âge trop tôt.
  • Transition alimentaire: Entre chaque changement d’aliment, une transition alimentaire doit être effectué pour éviter une diminution de la consommation de l’aliment et surtout les diarrhées.

Courbe d'Alimentation et Optimisation de l'Ingéré

La courbe d'alimentation est un élément clé pour maximiser la croissance des porcs charcutiers. Elle doit être adaptée à l'âge, au poids et au potentiel génétique des animaux.

En pratique, la courbe de l’EARL Koat Penhoat démarre à 45 grammes par kilo de poids vif avec un ajustement d’une semaine, puis une progression de 32 grammes par jour jusqu’à un plafond de 2,8 kilos. « L’objectif est de s’approcher d’une alimentation à volonté durant cette phase de croissance. »

En fin d’engraissement, le technicien préconise une courbe en cloche, avec une baisse de la ration quotidienne de 100 grammes si l’éleveur veut optimiser le TMP.

La surveillance des auges est un point clé de l’optimisation de l’ingéré.

À l’EARL Koat Penhoat, l’aliment est distribué à la soupe trois fois par jour. « Le passage à deux repas par jour est à l’étude. L’objectif est d’améliorer l’homogénéité des cases en fin d’engraissement », précise Anne Le Manach.

L'approche individualisée d'Eureden

« Nous sommes partis du principe que chaque élevage est un cas particulier », explique Thierry Solignac, responsable nutrition monogastriques d’Eureden. « À partir de sept critères collectés auprès de l’éleveur, nous définissons le profil de croissance potentiel de ses animaux, afin de lui proposer le programme alimentaire spécifique. »

Ces critères caractérisent les conditions d’élevage (densité dans les cases), le potentiel génétique des animaux (type génétique mâle), leur statut sanitaire (sensibilité digestive en début d’engraissement), et les apports nutritionnels (aliment à base de maïs vs aliments complets).

À partir d’une analyse des résultats de 60 bandes de porcs charcutiers collectés en élevage (moitié sec et moitié soupe), les nutritionnistes ont défini quatre profils de croissance basés sur deux axes : la précocité et la persistance.

« Les porcs d’un élevage ayant un profil précoce optimisent très bien un plan d’alimentation poussé en début d’engraissement », détaille Bleuenn Lahuec, responsable nutrition Eureden dans le Finistère. « En revanche, les profils tardifs nécessiteront d’être rationnés en début d’engraissement, avec un aliment pas trop concentré. Leur croissance pourra être libérée en seconde partie d’engraissement. »

Cette notion de précocité est complétée par la persistance, qui définit la capacité des animaux à prolonger dans le temps leurs performances de croissance.

Ces données sont regroupées dans une application appelée Profiléo créé par le service nutrition d’Eureden. Elles permettent au final de proposer un programme alimentaire choisi dans la gamme d’aliment Eureden, accompagné d’un plan d’alimentation type.

L'Importance de l'Eau

Le porc doit avoir de l’eau en libre accès en permanence.

Exemple d'application : L'EARL Koat Penhoat

Pour en arriver à ces résultats, les éleveurs se sont appuyés sur les conseils du technicien de Topigs. « Le point essentiel à travailler concerne la courbe d’alimentation. Elle doit augmenter le plus rapidement possible. »

Premiers départs à 140 jours. Les éleveurs procèdent au premier tri à l’âge de 138 jours, pour un départ à 140 jours d’âge pour un poids moyen des têtes de lots de 95 kg.

Le Selfifeeder GFI d'Asserva

Depuis le début de 2021, il teste le « Selfifeeder GFI » de la société Asserva dans deux cases de 40 porcs charcutiers chacune. Il s’agit d’un Dac qui distribue l’alimentation en fonction d’une courbe d’alimentation de chaque animal. L’appareil pèse le cochon à chaque fois qu’il y rentre.

« L’automate me permet de distribuer une alimentation individualisée et de précision », souligne Frédéric, dont la première motivation est de « maîtriser encore mieux son indice de consommation (IC) et obtenir un gain économique ».

Les porcelets sont bouclés avec une puce RFID trois semaines après le sevrage pour être reconnus par le système. La mise à l’engraissement a lieu à 70 jours d’âge. Lors des cinq ou six premiers jours, ils sont nourris à volonté.

Il faut une dizaine de pesées pour fixer le poids d’un animal. « Je suis passé du granulé à de l’aliment en miettes car l’ingestion est plus rapide (42 ou 43 g par minute en granulés contre 85 à 88 g/min en miettes). »

Résultats et Bénéfices

Avec plus de trois ans de recul et neuf bandes étudiées, les résultats techniques sont très satisfaisants. La moyenne des indices de consommation est de 2,22 sur 7 bandes (1) avec des GMQ autour de 950 g. « Sur le meilleur lot, on a fait un IC de 2,17 avec un GMQ de 1 010 g », précise-t-il.

Le dispositif permet un marquage automatique des animaux selon le poids déterminé. « C’est un gain de temps. Même si on a l’œil, il n’y a rien de plus précis que la pesée. Dans la dernière bande, on a réussi à sortir 98 % d’animaux dans la gamme et 95 % dans le cœur de gamme. Au bout du compte, ça fait des centimes supplémentaires. »

Dans sa coopérative, les porcs qui sont dans le cœur de gamme bénéficient de 0,02 €/kg de plus-value (soit 2 € par porc). C’est loin d’être négligeable dans un élevage comme celui-ci qui commercialise 10 000 porcs par an et même s’ils n’entrent pas tous dans le cœur de gamme.

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