Les compléments alimentaires connaissent un essor important ces dernières années, se présentant sous diverses formes telles que gélules, poudres, liquides et même bonbons. En France, leur consommation est en augmentation, avec 22% des adultes en consommant en moyenne 4 mois par an, selon une étude de l'Inca (Anses) menée en 2014-2015.
Face à cet engouement, il est essentiel de comprendre ce que sont réellement les compléments alimentaires et comment les choisir judicieusement.
Définition des Compléments Alimentaires
Les compléments alimentaires sont définis comme « des denrées alimentaires dont le but est de compléter un régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique ».
Ils sont destinés à compléter l'alimentation quotidienne en fournissant des nutriments, vitamines, minéraux ou enzymes, lorsque celle-ci est défaillante. Ils ne doivent pas être considérés comme des substituts alimentaires, mais plutôt comme un ajout pour combler les lacunes nutritionnelles.
Les compléments alimentaires sont des denrées alimentaires régies par une réglementation européenne concernant leur fabrication et leur commercialisation.
Compléments Alimentaires vs Médicaments
Non, les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Même s’ils sont présentés sous forme de gélules, pastilles, comprimés, et autres formes de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité, ils ne constituent en aucun cas une alternative aux médicaments prescrits par un médecin et/ou délivrés par un pharmacien.
Réglementation Européenne et Française
Les compléments alimentaires sont réglementés par la Directive 2002/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 10 juin 2002, transposée en droit français par le Décret 2006-352.
La réglementation européenne, transposée dans le droit français, définit différents types d’allégations (nutritionnelle, de santé, de réduction du risque de maladies) dont certaines sont source de confusion avec le médicament.
Les substances chimiques utilisées comme sources de vitamines et de minéraux dans la fabrication des compléments alimentaires doivent être sans danger. Ces substances sont listées par l’arrêté du 9 mai 2006 relatif aux nutriments pouvant être employés dans la fabrication des compléments alimentaires issu du décret n°2006-352.
Les fibres, les acides aminés et les plantes incorporés doivent être autorisées par le ministre chargé de la consommation, après avis de l’Agence française de sécurité sanitaire pour l’alimentation, le travail et l’environnement (Anses). Un projet d’arrêté comportant une liste de plantes qui peuvent être incorporées dans les denrées alimentaires a été notifié à la Commission européenne en septembre 2012 et fait l’objet d’échanges actuellement entre la Commission européenne et les autorités françaises.
Allégations de Santé
En revanche, les étiquettes des compléments alimentaires peuvent comporter des allégations de santé. Une allégation de santé est définie comme tout message ou représentation « qui affirme, suggère ou implique l’existence d’une relation entre d’une part, une catégorie de denrées alimentaires, une denrée alimentaire ou l’un de ses composants, et d’autre part, la santé ».
L’allégation de santé est une mention utilisée sur l’étiquette selon laquelle la consommation d’un aliment donné ou d’un de ses nutriments- tels que, par exemple, vitamines et minéraux ou fibres peut avoir des bienfaits pour la santé.
Seules les allégations autorisées peuvent être mentionnées. C'est ce même Règlement (CE) n°1924/2006 du Parlement Européen et du Conseil du 20 décembre 2006 qui stipule que le contrôle des allégations doit désormais s'effectuer en amont de l'usage commercial des compléments alimentaires.
Ainsi, elles doivent avoir été évaluées scientifiquement par l'EFSA, l'entité nationale chargée d'établir le bien-fondé scientifique des allégations nutritionnelles et des allégations de santé. Elle doit donné un avis favorable et ensuite faire figurer cette nouvelle allégation sur la liste d'allégations autorisées par la Commission Européenne. Cette liste a été établie dans le Règlement (UE) n°432/2012 de la commission du 16 mai 2012 établissant une liste des allégations de santé autorisées portant sur les denrées alimentaires, autres que celles faisant référence à la réduction du risque de maladie ainsi qu’au développement et à la santé infantiles.
Ce règlement établit donc la liste de 222 allégations de santé validées et en donne leur conditions d'utilisation.
Exemples de Conditions d'Utilisation des Allégations
- EPA et DHA : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire qui est au moins une source d’EPA et de DHA au sens de l’allégation SOURCE D’ACIDE GRAS OMÉGA-3 définie dans l’annexe du règlement (CE) no 1924/2006.
- Bêta-glucanes : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire contenant au moins 1 g de bêta-glucanes provenant d’avoine, de son d’avoine, d’orge, de son d’orge, ou provenant de plusieurs de ces sources, par portion quantifiée.
- Charbon actif : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire contenant 1 g de charbon actif par portion quantifiée.
- Chitosane : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire qui garantit une consommation journalière de 3 g de chitosane.
- Créatine : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire qui garantit une consommation journalière de 3 g de créatine.
- Glucomannane (consommation journalière) : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire qui garantit une consommation journalière de 4 g de glucomannane.
- Glucomannane (par portion) : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire contenant 1 g de glucomannane par portion quantifiée.
- Mélatonine (0,5mg) : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire contenant au moins 0,5 mg de mélatonine par portion quantifiée.
- Mélatonine (1mg) : l’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire contenant 1 mg de mélatonine par portion quantifiée.
- Monacoline K : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire qui garantit une consommation journalière de 10 mg de monacoline K de levure de riz rouge.
- Noix : L’allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire qui garantit une consommation journalière de 30 g de noix.
- Huile d'olive : L’allégation ne peut être utilisée que pour de l’huile d’olive contenant au moins 5 mg d’hydroxytyrosol et ses dérivés (comme le complexe oleuropéine et le tyrosol) pour 20 g d’huile d’olive.
La Commission européenne tient également à votre disposition un Registre européen complet des allégations de santé et des allégations nutritionnelles. Il vous indique les allégations autorisées, celles en cours et celles qui ont été refusées.
Sécurité et Précautions d'Usage
Toute denrée alimentaire destinée aux consommateurs, y compris celles présentées comme des compléments alimentaires, doit répondre aux obligations de sécurité, de loyauté et d’information édictées par la réglementation en vigueur. Les produits mis sur le marché doivent être sans danger et porter un étiquetage adéquat et approprié afin de garantir un niveau élevé de protection des consommateurs.
Tout d’abord, les compléments alimentaires mis sur le marché ne sont pas soumis systématiquement à une évaluation scientifique préalable visant à garantir leur qualité. Par ailleurs, mal utilisés, ces compléments peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé des consommateurs et entraîner des effets toxiques en raison notamment de surdosage ou de surconsommation (dépassement des doses ou prises concomitantes de plusieurs compléments alimentaires).
En effet, même si deux compléments alimentaires ont des objectifs différents, ils peuvent avoir des ingrédients en commun, notamment des vitamines et des minéraux.
Dès lors que le consommateur suspecte des effets indésirables, il devra en informer tout professionnel de santé quel qu’il soit (son médecin traitant, un pharmacien d’officine…).
Des sites Internet basés hors de France peuvent proposer des compléments alimentaires contenant des substances interdites par la législation française. L’incorporation de substances médicamenteuses interdites ou suspendues est passible de sanctions pénales prévues (article L5312-2 du CSP).
Conseils Importants
Avant d’entamer une cure, demandez conseil à un professionnel de santé comme votre médecin, un nutritionniste ou un pharmacien. Comme ça, vous êtes sûr de prendre des compléments alimentaires qui n’interfèrent pas avec votre traitement médical.
Privilégiez des compléments alimentaires vendus en pharmacie ou auprès de laboratoires fabricants français. Évitez les achats sur les plateformes commerciales.
Respectez toujours la dose prescrite et veillez à ne pas faire des cures trop longues ou trop fréquentes.
Interactions et Surdosage
Le cumul de plusieurs compléments alimentaires peut mener à un risque de surdosage en certains actifs. Faites particulièrement attention à certains micronutriments, comme le cuivre et le sélénium, souvent utilisés dans les compléments alimentaires et qui peuvent se cumuler.
Ceci dit, de nombreux compléments alimentaires n’apportent pas les mêmes actifs et peuvent donc être pris en même temps, avec aussi parfois un effet complémentaire intéressant.
Il arrive que certains actifs utilisés dans les compléments alimentaires aient des précautions d’emploi en présence d’un traitement médicamenteux. C’est le cas par exemple du L-Tryptophane, également présent dans Synapsyl, en association avec certains antidépresseurs, somnifères ou anxiolytiques. Cet acide aminé qui sert à fabriquer de la sérotonine pourrait interagir avec ces médicaments. C’est pourquoi si vous suivez un traitement, nous vous recommandons de demander dans un premier temps l’avis d’un professionnel de santé (médecin ou pharmacien) avant de prendre certains compléments alimentaires.
Plantes et Compléments Alimentaires
L'utilisation des plantes dans des compléments alimentaire doit, d'une part, se conformer aux exigences du règlement CE 178/2002, qui établit les principes généraux et les exigences de la législation alimentaire dans l'UE, et, d'autres part, avoir été soumise à l'Agence européenne du médicament (EMA pour European Medicins Agency) instituée par le règlement (CEE) n° 2309/93 du Conseil du 22 juillet 1993.
C'est donc l'EMA qui est responsable de l'évaluation de la sécurité et de l'efficacité des préparations à base de plantes utilisées en tant que médicaments.
L'EFSA est également là pour veiller qu'il n'y ait pas de risques éventuels de contamination chimique ou microbiologique ou que les concentrations d'agents bioactifs ne dépassent pas une limite sûre. Dans les faits, elle fournit une approche scientifique à ceux chargés d’évaluer la sécurité des ingrédients végétaux, ainsi qu'aux fabricants de l'industrie alimentaire qui ont la responsabilité de garantir la sécurité des produits qu’ils placent sur le marché.
Ainsi a été mise en place une boîte à outils dans laquelle on retrouve un compendium des espèces végétales signalées pour contenir des substances susceptibles de présenter un problème pour la santé lorsqu'elles sont utilisées dans des aliments ou des compléments alimentaires.
Dispositifs Médicaux vs Compléments Alimentaires
Ils sont d'autant plus difficiles à distinguer des compléments alimentaires que certains incorporent aussi des substances végétales. La spécificité du dispositif médical réside dans son mode d'action physique (une action mécanique, une barrière physique...).
Pour être considéré comme dispositif médical, plutôt que comme complément alimentaire, le produit ne doit pas entraîner d’effet pharmacologique ou immunologique, ni de modification du métabolisme, de par la présence d'une substance végétale dans sa composition. Ils doivent disposer d’un marquage CE délivré par un organisme notifié qui évalue le dossier de demande de marquage CE avant la mise sur le marché et ce, conformément aux exigences de la directive encadrant le dispositif médical.
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