PĂąques est lĂ , apportant avec elle son lot de lapins et d'Ćufs en chocolat. Mais l'allergie au chocolat est-elle un mythe ou une rĂ©alitĂ© ?
Allergie Alimentaire vs. Intolérance Alimentaire
Il est important de distinguer l'allergie alimentaire de l'intolĂ©rance alimentaire. On dĂ©signe sous le nom de rĂ©action adverse aux aliments lâensemble des rĂ©actions aux aliments ou aux additifs alimentaires dont le mĂ©canisme est soit une intolĂ©rance (cas le plus frĂ©quent), soit une vĂ©ritable allergie. Lâallergie alimentaire constitue une prĂ©occupation importante en allergologie du fait de lâaugmentation de son incidence cette derniĂšre dĂ©cennie et des nombreuses controverses nĂ©es de la confusion entre une allergie vraie et une intolĂ©rance alimentaire.
On distingue deux entitĂ©s bien distinctes : lâallergie alimentaire dĂ©finie comme lâensemble des manifestations cliniques digestives et extra-digestives aigues ou chroniques liĂ©es Ă une rĂ©ponse immuno-allergique contre des allergĂšnes alimentaires et lâintolĂ©rance alimentaire (pseudo-allergie ou fausse allergie alimentaire) qui correspond aux symptĂŽmes prenant lâapparence dâune rĂ©action allergique et consĂ©cutifs Ă lâingestion dâun aliment, indĂ©pendamment de la mise en jeu dâune rĂ©action immunologique vraie et en relation le plus souvent avec un mĂ©canisme non spĂ©cifique dâallure histaminique.
Ă la diffĂ©rence de lâintolĂ©rance, la rĂ©action allergique fait suite Ă une sensibilisation prĂ©alable par lâallergĂšne et ne peut donc survenir quâau second contact avec celui-ci. Elle est plus frĂ©quente en cas de terrain atopique dĂ©fini comme lâaptitude du systĂšme immunitaire Ă produire des quantitĂ©s excessives dâimmunoglobulines dâisotype E (IgE) en rĂ©ponse Ă des stimulations allergĂ©niques. Lâatopie se manifeste le plus souvent par une rhinite, une conjonctivite voire un asthme.
Parmi les rĂ©actions aux aliments, seule lâallergie vraie implique un mĂ©canisme immunologique caractĂ©risĂ© par une rupture de la tolĂ©rance orale avec une rĂ©ponse excessive de lâimmunitĂ© cellulaire et humorale Ă un antigĂšne donnĂ©. La pseudo-allergie ou intolĂ©rance alimentaire a quant Ă elle une origine qui peut ĂȘtre pharmacologique, toxique ou mĂ©tabolique. Lâallergie alimentaire rĂ©sulte dâune absence, dâun retard ou dâune rupture de la tolĂ©rance orale qui correspond Ă un phĂ©nomĂšne physiologique de non-rĂ©ponse immunitaire vis-Ă -vis dâun antigĂšne administrĂ© par voie orale alors que ces antigĂšnes peuvent entraĂźner une rĂ©action immunitaire sâils sont introduits par une autre voie.
Manifestations de l'allergie au chocolat
Elle se manifeste par des plaques rouges, une urticaire parfois sur tout le corps qui démange horriblement, les plaques se déplaçant des oreilles au buste en passant par la face externes des cuisses et le dessus des pieds.
La rĂ©action au chocolat, que ce soit Ă PĂąques ou Ă un autre moment de lâannĂ©e (mais câest souvent durant les fĂȘtes quâon pĂȘche par excĂšs) est due Ă une sensibilitĂ© Ă lâhistamine ou la tyramine.
Lâhistamine câest cette petite molĂ©cule prĂ©sente dans les cellules (des mastocytes et les vĂŽtres sont peut-ĂȘtre trĂšs chatouilleux) qui sont sous la peau et dans les muqueuses. Quand on consomme du chocolat, on absorbe un aliment libĂ©rateur -dâhistamine. Les molĂ©cules contenues dans le chocolat vont ouvrir les mastocytes de force : pan ! La tyramine est un autre agent qui chatouille les mastocytes. Il y a 500 ”g de tyramine dans 1 gramme de chocolat !
Elle rĂ©vĂšle que vous ĂȘtes sensible Ă pas mal dâautres aliments qui, cumulĂ©s, dĂ©clenchent une rĂ©action allergique.
Histamine et Intolérance à l'Histamine
L'histamine est une substance messagĂšre, qui transmet et diffuse l'information entre les cellules et est importante pour notre systĂšme immunitaire, entre autres choses. En tant que messager, la substance histamine assume toute une sĂ©rie de tĂąches : Elle transmet les stimuli d'un nerf Ă l'autre, dilate les vaisseaux sanguins et assure que les muscles se contractent et se dĂ©tendent. S'il y a trop d'histamine dans l'organisme, son rĂŽle risque d'ĂȘtre compromis.
Dans le cas dâune intolĂ©rance Ă l'histamine, Ă©galement appelĂ©e incompatibilitĂ© Ă l'histamine (histaminose), l'interaction entre cette derniĂšre et deux enzymes est probablement perturbĂ©e. L'organisme est donc incapable de dĂ©grader l'histamine assez efficacement, y compris celle prĂ©sente dans certains aliments.
La DAO est l'enzyme qui est principalement responsable de la dégradation de l'histamine que vous ingérez via votre alimentation. L'intolérance n'est pas une allergie. Cependant, il est souvent difficile de faire la distinction entre les deux conditions précisément parce que les symptÎmes surviennent aprÚs la consommation de nourriture dans les deux cas et sont pratiquement identiques.
Il se peut bien sûr que vous souffriez bien d'une allergie alimentaire et / ou d'une intolérance à l'histamine - cependant, différents aliments sont généralement responsables pour les réactions respectives.
Causes de l'intolérance à l'histamine
Actuellement, seules des hypothÚses existent concernant les causes d'une intolérance à l'histamine. Les maladies chroniques du tractus gastro-intestinal peuvent vraisemblablement contribuer au développement d'une intolérance à l'histamine. Les personnes atteintes du syndrome du cÎlon irritable, de gastrite, de la maladie de Crohn ou d'ulcÚres gastro-intestinaux sont souvent touchées.
D'autres causes possibles de l'intolérance à l'histamine acquise sont les médicaments et l'alcool. Les deux peuvent inhiber l'activité de la diamine oxydase. Si vous prenez l'un de ces médicaments réguliÚrement et présentez des symptÎmes d'intolérance à l'histamine, consultez votre médecin.
Les vitamines B6 et C travaillent toutes deux en collaboration avec la diamine oxydase pour décomposer l'histamine dans le corps. En cas de carence de vitamines, ici C et B6, le taux d'histamine augmente en conséquence.
SymptÎmes d'une Intolérance à l'Histamine
Les symptÎmes de l'intolérance à l'histamine sont semblables à ceux d'une allergie. Les plaintes surviennent aprÚs avoir consommé des aliments à forte teneur en histamine, généralement immédiatement ou jusqu'à deux heures plus tard. Comme l'histamine peut s'attacher à certaines cellules du corps entier et déclencher des réactions inflammatoires, l'intolérance à l'histamine est souvent ressentie dans de nombreuses parties du corps.
Les symptĂŽmes d'une intolĂ©rance Ă l'histamine ne se manifestent pas de la mĂȘme façon pour tout le monde. Chez certaines personnes, ils peuvent apparaĂźtre plus tĂŽt, chez d'autres, la rĂ©action est plus forte et la majoritĂ© d'entre elles ne dĂ©veloppent qu'une partie des symptĂŽmes possibles. De plus, chaque personne a un niveau de tolĂ©rance individuel diffĂ©rent.
L'histamine peut causer des maux de tĂȘte indĂ©pendamment du fait que la personne souffre de migraines ou non. On n'a pas encore dĂ©terminĂ© de façon concluante comment une migraine se dĂ©veloppe, mais elle est probablement liĂ©e Ă des substances messagĂšres qui dĂ©clenchent des rĂ©actions inflammatoires. L'histamine pourrait Ă©galement jouer un rĂŽle en dilatant les vaisseaux sanguins, ce qui dĂ©clenche des douleurs migraineuses.
Les scientifiques ont observĂ© que les femmes enceintes sont moins susceptibles de souffrir d'une intolĂ©rance Ă l'histamine. Les migraines et les maux de tĂȘte en particulier sont moins frĂ©quents ou n'apparaissent pas du tout pendant la grossesse. Cela pourrait ĂȘtre dĂ» au fait que les fluctuations hormonales pendant la grossesse assure un taux de DAO important dans le corps.
Pendant la menstruation, les symptĂŽmes de l'intolĂ©rance Ă l'histamine peuvent aussi ĂȘtre plus graves. D'autre part, les femmes ayant une intolĂ©rance Ă l'histamine souffrent souvent de symptĂŽmes menstruels plus prononcĂ©s, en particulier de crampes douloureuses dans l'abdomen. Ceci est probablement dĂ» Ă l'interaction entre l'histamine et les hormones sexuelles fĂ©minines. S'il y a beaucoup d'histamine dans l'organisme, la production de l'ĆstrogĂšne est favorisĂ©e et celle du progestĂ©rone est inhibĂ©e.
L'intolérance à l'histamine est considérée comme un déclencheur possible d'une poussée de dermatite atopique. Des études ont montré que les patients atteints de dermatite atopique manquent souvent de diamine oxydase et ont trop d'histamine dans le sang. Un régime pauvre en histamine peut probablement améliorer l'apparence de la peau et diminuer de la fréquence des éruptions.
Traitement contre une intolérance à l'histamine
La mesure la plus importante à adopter est d'éviter les aliments à forte teneur en histamine, comme le vin rouge, les tomates, les saucissons salées et le fromage affiné. L'histamine se trouve principalement dans les aliments qui sont fermentés ou dans lesquels les processus de fermentation jouent un rÎle, par exemple dans les aliments qui ont mûri pendant une longue période.
Par exemple, le poisson fraĂźchement pĂȘchĂ© contient trĂšs peu d'histamine, alors que le poisson fortement transformĂ© et en conserve en contient beaucoup. Les boissons alcoolisĂ©es ont tendance Ă favoriser la production de l'histamine.
Malheureusement, vous ne pouvez pas retirer l'histamine des aliments pendant la cuisson, que vous les congeliez, les cuisez, les faites frire ou les mettez au micro-ondes.
Il n'y a pas que les aliments qui contiennent eux-mĂȘmes beaucoup d'histamine, mais aussi les aliments qui augmentent la quantitĂ© d'histamine produite par l'organisme.
Un cĂŽlon en bonne santĂ© peut contribuer Ă amĂ©liorer la production de diamine oxydase. Si votre muqueuse intestinale est enflammĂ©e ou si les cellules de l'Ă©pithĂ©lium intestinal sont endommagĂ©es, cette enzyme ne peut plus ĂȘtre suffisamment produite. Une mauvaise colonie de bactĂ©ries dans l'intestin peut Ă©galement ĂȘtre un problĂšme.
Une thérapie du cÎlon peut remédier à cette situation et favoriser à nouveau le développement des enzymes. Une reconstruction de la colonisation naturelle avec des micro-organismes, au moins une fois par an, est l'un des principaux procédés pour cette thérapie.
L'intolĂ©rance Ă l'histamine ne peut ĂȘtre guĂ©rie par des mĂ©dicaments. Cependant, les mĂ©dicaments antihistaminiques peuvent vous aider Ă soulager les symptĂŽmes Ă court terme. Et mĂȘme avec des mĂ©dicaments, vous devriez continuer Ă Ă©viter le vin rouge, le fromage affinĂ©, etc. Les antihistaminiques empĂȘchent les cellules du systĂšme immunitaire de libĂ©rer de l'histamine. Ils sont Ă©galement l'ingrĂ©dient actif des mĂ©dicaments antiallergiques.
Le soulagement de l'intolĂ©rance Ă l'histamine dĂ©pend des symptĂŽmes qui vous dĂ©rangent. Si l'intolĂ©rance cause la diarrhĂ©e, les antihistaminiques peuvent souvent aider. Ils sont moins efficaces pour les maux de tĂȘte. En gĂ©nĂ©ral, les mĂ©decins prescrivent des antihistaminiques dans tous les cas pour traiter certains symptĂŽmes.
Il est souvent difficile d'Ă©viter complĂštement les aliments contenant de l'histamine, en particulier lors des fĂȘtes et dans les restaurants. De nombreuses personnes concernĂ©es comptent sur le produit DAOSiN du fabriquant pharmaceutique STADA pour de tels cas. Ce complĂ©ment alimentaire contient de la DAO extraite d'animaux. Il est destinĂ© Ă aider vos intestins Ă dĂ©grader l'histamine.
Diagnostic de l'intolérance à l'histamine
Comme il n'est pas encore clair ce qui se passe exactement dans l'organisme en cas d'intolérance à l'histamine, il n'existe pas de méthode normalisée pour mesurer cette intolérance.
- Bilan de provocation : Votre médecin vous administrera une certaine quantité d'histamine, habituellement sous forme de comprimé. Vous recevrez, un autre jour, un comprimé sans histamine cette fois-ci.
- Diagnostic en laboratoire : Dans la pratique et dans les études scientifiques, la mesure de la diamine oxydase est de plus en plus utilisée. La mesure de la méthylhistamine dans l'urine, en revanche, est fortement critiquée.
Les symptĂŽmes indiquant une intolĂ©rance Ă l'histamine peuvent Ă©galement ĂȘtre liĂ©s Ă d'autres problĂšmes de santĂ©. Surtout si vous souffrez rĂ©guliĂšrement d'inconfort gastro-intestinal, vous devriez consulter un mĂ©decin au sujet d'Ă©ventuelles maladies inflammatoires intestinales telles que la gastrite et la maladie de Crohn.
Allergie aprĂšs l'effort
Quand vous pratiquez un effort soutenu, vous gĂ©nĂ©rez une vasodilatation gĂ©nĂ©rale, et pas seulement dans les muscles; cela va accĂ©lĂ©rer la pĂ©nĂ©tration de certaines molĂ©cules Ă travers la muqueuses digestive (attention, c'est indĂ©pendant de la digestion, qui elle, est gĂȘnĂ©e par l'exercice intensif, la circulation sanguine Ă©tant dĂ©rivĂ©e prĂ©fĂ©rentiellement vers les muscles en action). Cette pĂ©nĂ©tration massive peut ĂȘtre celle d'allergĂšnes, qui ne vous poseraient pas de problĂšmes en cas d'apport limitĂ© ou Ă©talĂ© dans le temps, mais aussi celle de facteurs stimulant de maniĂšre indirecte la sĂ©crĂ©tion d'histamine (certains aliments sont particuliĂšrement histamino-libĂ©rateurs), voire l'apport direct d'histamine.
Le bilan allergologique permettra de savoir si ce n'est qu'un concours de circonstances, ou une vraie allergie dĂ©butante, car nombre d'aliments peuvent ĂȘtre selon les cas de vrais allergĂšnes, ou histaminolibĂ©rateurs, ou seulement riches en histamine.
Les aliments histamino-libérateurs :
Contrairement Ă l'allergie vraie, possible avec une infime quantitĂ©, lĂ , les rĂ©actions vont ĂȘtre favorisĂ©es par l'importance des apports.
- Fruits : fraise, ananas, banane, papaye et autres fruits exotiques
- Légumineuses : pois, soja, lentilles, fÚves, arachides
- Autres végétaux : tomate, chou, cannelle
- Poissons et crustacés divers, coquillages frais
- Les oeufs
- Alcool, café, chocolat
- Le porc (n'est pas dans toutes les listes..)
Les aliments riches en tyramine :
- certains fromages à pùte pressée ou fermentée particuliÚrement.
- E 102 ou tartrazine, colorant jaune
Les aliments riches en histamine et/ou en tyramine :
- on retrouve encore le chocolat, le vin blanc, certains fromages Roquefort, gruyÚre (qui n'a jamais eu de démangeaisons sur les lÚvres en abusant du gruyÚre?), brie; le porc.
- Les poissons marinés comme le hareng ou en conserve comme le thon, sardines, les oeufs de poisson , crustacés.
- Levure de biÚre, boissons dérivées fermentées
- Les gibiers faisandés, les charcuteries, saucisses
En pratique, il était de toute façon déconseillé de pratiquer un sport intensif dans la période digestive, car il y a un phénomÚne de « vol » relatif de la vascularisation au détriment des viscÚres pour favoriser les muscles. Vous avez maintenant une deuxiÚme raison d'éviter cela, pour ne pas avoir la mauvaise surprise d'un malaise ou d'un urticaire géant en plein footing.
Prévalence de l'allergie alimentaire
La frĂ©quence des rĂ©actions indĂ©sirables aux aliments, Ă©valuĂ©es de façon grossiĂšre grĂące Ă des questionnaires et mĂ©langeant Ă la fois les phĂ©nomĂšnes dâintolĂ©rance et dâallergie vraie est estimĂ©e entre 15 et 33 %. La prĂ©valence de lâallergie alimentaire mĂ©diĂ©e par les immunoglobulines E est estimĂ©e entre 6-8 % chez lâenfant de moins de 2 ans et Ă 1,5 % chez lâadulte aux Etats-Unis et entre 1,4 et 3,8 % tous Ăąges confondus en Europe.
En France, nous disposons des donnĂ©es du Cercle dâInvestigations Cliniques et Biologiques en Allergologie Alimentaire (CICBAA) qui a menĂ© il y a quelques annĂ©es une grande Ă©tude Ă©pidĂ©miologique chez prĂšs de 33 000 sujets. La prĂ©valence en France de lâallergie alimentaire est estimĂ©e entre 2,1 et 3,8 %.
Le caractĂšre hĂ©rĂ©ditaire de lâallergie comme celui de lâatopie est bien Ă©tabli avec lâidentification dâun certain nombre de gĂšnes contrĂŽlant la rĂ©ponse Ă IgE. Ainsi, le risque de dĂ©velopper une allergie alimentaire atteint 5 Ă 15 % lorsquâaucun des parents, ni aucun membre de la fratrie nâa dâallergie tandis que ce risque peut atteindre 20-40 % ou 40-60% lorsquâun ou les deux parents respectivement ont des antĂ©cĂ©dents dâatopie.
Manifestations cliniques de l'allergie alimentaire IgE dépendante
Lâallergie alimentaire IgE dĂ©pendante se manifeste par un tableau clinique variĂ© associant des symptĂŽmes majeurs, mineurs ou inhabituels. Une des caractĂ©ristiques clĂ©s est leur survenue dans la majoritĂ© des cas de quelques minutes jusquâĂ 4 heures aprĂšs lâexposition Ă un allergĂšne. Plus rarement, le dĂ©lai dâapparition des manifestations est retardĂ© de plusieurs heures rendant plus difficiles lâidentification de lâallergĂšne en cause.
Lâexpression clinique de lâallergie alimentaire est variable en fonction de lâĂąge. Ainsi, tandis que les manifestations cutanĂ©es (urticaire aigue, dermatite atopique) ou digestives (coliques du nourrisson) prĂ©dominent au cours de lâallergie aux protĂ©ines du lait, les manifestations cutanĂ©o-muqueuses, digestives et broncho-pulmonaires prĂ©dominent Ă lâĂąge adulte. De mĂȘme certaines allergies alimentaires comme celles aux protĂ©ines du lait de vache disparaissent dans la majoritĂ© des cas aprĂšs 18 mois tandis que dâautres vont persister toute la vie (arachide, noix).
Les manifestations systĂ©miques sous forme de choc anaphylactique sont les formes cliniques les plus graves et se caractĂ©risent par la rapiditĂ© de survenue des symptĂŽmes, leur vitesse de progression et lâatteinte simultanĂ©e de plusieurs organes : prurit suivi dâune urticaire gĂ©nĂ©ralisĂ©e, angio-ĆdĂšme, difficultĂ©s respiratoires (avec spasme laryngĂ© et/ou asthme), douleurs abdominales, vomissements, hypotension artĂ©rielle, troubles de conscience voire choc puis coma.
En France, on estime Ă 250 le nombre de cas annuel de chocs anaphylactiques sĂ©vĂšres liĂ©s Ă une allergie alimentaire. Ces rĂ©actions sĂ©vĂšres sont imprĂ©visibles et peuvent parfois dĂ©buter par une rĂ©action locale (prurit localisĂ© des extrĂ©mitĂ©s, syndrome oral, troubles digestifs) qui se gĂ©nĂ©ralise secondairement mais peut aussi dĂ©buter dâemblĂ©e par un collapsus.
Les manifestations cutanĂ©es et muqueuses sous forme dâurticaire aiguĂ« ou chronique, localisĂ©es ou diffuses associĂ©es ou non Ă un angio-ĆdĂšme sont les plus frĂ©quemment observĂ©es au cours dâune allergie alimentaire (prĂ©sentes dans â 70 % des cas).
Les manifestations respiratoires sont de gravitĂ© variable allant de la simple crise dâasthme au bronchospasme sĂ©vĂšre rĂ©fractaire aux traitements classiques. Celles-ci peuvent ĂȘtre dĂ©clenchĂ©es par la simple inhalation de protĂ©ines alimentaires (vapeur de cuisson de poissons ou crustacĂ©s). De mĂȘme certains patients allergiques aux plumes dâoiseau peuvent prĂ©senter des accidents respiratoires Ă lâingestion dâĆuf rĂ©alisant le classique syndrome « Ćuf-oiseau ».
Dans certains cas, lâallergie alimentaire sâexprime sur la sphĂšre oro-pharyngĂ©e sous forme dâune aphtose buccale, une rhino-conjonctivite voire un ĆdĂšme laryngĂ© de Quincke dans les cas les plus sĂ©vĂšres. Le syndrome oral dit « de Lessof » se manifeste par un prurit des lĂšvres et de la bouche, un ĆdĂšme ou une urticaire labiales et une sensation de picotement vĂ©lo-palatin, voire une striction pharyngĂ©e. Ces manifestations typiques surviennent trĂšs souvent lors de rĂ©actions allergiques croisĂ©es entre des pneumallergĂšnes (pollens du bouleau par exemple) et des fruits ou des lĂ©gumes.
Les manifestations gastro-intestinales sont aussi frĂ©quentes dans lâallergie alimentaire (â 50 % des cas) le plus souvent associĂ©es Ă dâautres symptĂŽmes notamment respiratoires ou cutanĂ©o-muqueux. Dans deux tiers des cas, les symptĂŽmes digestifs de lâallergie se manifestent par des douleurs abdominales et dans un tiers des cas par de la diarrhĂ©e. La sĂ©mĂ©iologie digestive de lâallergie alimentaire nâest pas spĂ©cifique et ressemble souvent Ă celle des troubles fonctionnels digestifs.
Diagnostic de l'allergie alimentaire
Le diagnostic dâallergie alimentaire est difficile et nĂ©cessite une dĂ©marche diagnostique rigoureuse visant Ă rassembler un faisceau dâĂ©lĂ©ments cliniques et biologiques Ă©vocateurs grĂące Ă un interrogatoire minutieux et la mise en Ă©vidence dâune sensibilisation Ă un ou plusieurs allergĂšnes alimentaires en rapport avec une histoire clinique compatible. Ces Ă©lĂ©ments conduiront alors Ă la rĂ©alisation dâun test de provocation orale.
La positivitĂ© dâun test de provocation orale Ă un trophallergĂšne chez un patient atopique ayant une sensibilisation Ă cet allergĂšne et dont lâhistoire clinique est Ă©vocatrice conduit alors Ă une quasi-certitude diagnostique.
LâĂ©tape clinique avec lâinterrogatoire est fondamentale. Elle permet de rechercher une atopie et des antĂ©cĂ©dents allergiques personnels et familiaux afin dâidentifier les patients Ă risques. Lâhistoire clinique et notamment la nature des symptĂŽmes, leur dĂ©lai de survenue par rapport aux repas, leur frĂ©quence, leur reproductibilitĂ© vis-Ă -vis dâun aliment, le contexte associĂ© (prise concomitante de mĂ©dicaments ou dâalcool, exercice physique).
Une bonne connaissance des allergies croisĂ©es qui correspondent aux manifestations allergiques dus Ă des allergĂšnes diffĂ©rents sans pour autant quâil y ait eu, au prĂ©alable un premier contact sensibilisant avec chacun de ces allergĂšnes (par exemple dans les allergies alimentaires Ă la viande de porc et aux poils de chat ou aux plumes dâoiseau et Ă lâĆuf) est utile si lâallergĂšne nâapparaĂźt pas dâemblĂ©e.
De plus, la tenue dâun journal alimentaire ou enquĂȘte catĂ©gorielle prĂ©cisant les aliments consommĂ©s et la nature et lâintensitĂ© des rĂ©actions allergiques associĂ©es sur une pĂ©riode de 1 Ă 2 semaines de rĂ©gime normal peut sâavĂ©rer une aide prĂ©cieuse pour identifier lâaliment responsable. Il permet de classer les aliments ingĂ©rĂ©s, leur caractĂ©ristique, la frĂ©quence de consommation et peut aussi orienter vers une intolĂ©rance (consommation excessive dâaliments riches en histamine ou histamino-libĂ©rateurs).
Tous les aliments sont potentiellement allergĂ©niques, mais certains ont un potentiel sensibilisant accru comme la cacahuĂšte, le lait, lâĆuf, le poisson, les noix ou les crustacĂ©s. Le risque de dĂ©velopper une allergie alimentaire dĂ©pend Ă©videmment des habitudes alimentaires.
Ainsi tandis quâau Japon, lâallergie au riz est frĂ©quente, aux Etats-Unis, ce sont les allergies Ă lâĆuf et Ă la cacahuĂšte qui prĂ©dominent alors quâen ThaĂŻlande, le poisson et ...
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