Fabrice Caro, également connu sous le pseudonyme de Fabcaro, est un artiste de bande dessinée et scénariste renommé. Cependant, depuis ses débuts, il a également mené une carrière de romancier. L'humour dans les deux volets de son œuvre est si omniprésent qu'il correspond sans aucun doute à un objectif spécifique. En effet, on peut affirmer sans risque que le rire est au cœur de sa poétique.
Le but de cette analyse est de cartographier les dispositifs et les procédures humoristiques à l'œuvre dans les romans de Fabrice Caro : le comique de caractère, la satire sociale, les références culturelles contrastées, les situations incongrues, l'humour noir, l'humour sexuel, scatologique ou urologique, le running gag, les calembours, les parodies, les exagérations et la mauvaise foi.
Le parcours de Fabrice Caro
Né en 1973 à Montpellier, Fabcaro a publié des planches comiques dès les années 2000 dans des fanzines et des magazines plus ou moins confidentiels. En 2023, après une reconnaissance institutionnelle dans le champ marquée par une exposition à Angoulême, Fabcaro réalise un rêve de gosse en scénarisant un épisode d’Astérix intitulé L’iris blanc.
Fabcaro est donc passé du statut d’auteur underground publiant chez de petits éditeurs sis dans sa ville natale à celui d’auteur (très) grand public, voire de star française de l’humour. Même s’il reste fidèle à ses anciens collaborateurs et, pour une part de sa production, aux éditeurs qui lui ont fait confiance à ses débuts, cette mutation n’est pas sans conséquence car elle lui interdit désormais le genre autobiographique, en raison de son thème de prédilection : l’échec.
Les romans de Fabrice Caro
Un nouveau départ dans sa carrière littéraire a donc lieu avec Le discours, qui inaugure, en 2018, une nouvelle collection chez Gallimard : Sygne. Trois autres romans paraissent par la suite dans la même collection : Broadway en 2020, Samouraï en 2022 et Journal d’un scénario en 2023.
Par ailleurs, l’humour fait assurément partie des caractéristiques communes à ces cinq romans, comme y insiste souvent leur quatrième de couverture. Il arrive que l’on rie franchement en les lisant, même s’il ne faut pas les réduire à cette seule caractéristique : ils expriment également une grande sensibilité aux difficultés engendrées par les rapports humains, notamment les rapports amoureux et familiaux.
Outre leur humour, ces cinq romans présentent de nombreux points communs formels et thématiques, ce qui va nous permettre de les envisager ensemble, en passant sans cesse de l’un à l’autre. Ils reposent tous, d’abord, sur la même technique narrative : ils obéissent au principe de la focalisation interne fixe sur un narrateur autodiégétique, c’est-à-dire que le narrateur en “je” est le personnage principal et que nous découvrons l’histoire à travers son seul point de vue et en même temps que lui.
Ensuite, ces romans fonctionnent selon le principe de l’écriture par fragments telle qu’elle s’est développée dans le roman français depuis la fin des années 1980, c’est-à-dire qu’ils sont composés de chapitres brefs, que sépare souvent une petite ellipse temporelle, ou qui repartent à nouveau frais, nous plongeant in medias res dans une nouvelle saynète ou bien dans une réflexion du narrateur parfois sans lien avec la pensée qui l’occupait à la fin du chapitre précédent.
La structure fragmentée permet à Fabrice Caro de tresser habilement plusieurs fils narratifs, un chapitre se consacrant à l’un et le suivant à l’autre. De ce point de vue, Figurec et Le Journal d’un scénario font figure d’exception en se terminant tous deux de façon dramatique.
Comme ces résumés l’indiquent, les romans de Caro présentent tous un fond réaliste. Par ailleurs, dans tous les cas, il s’agit de récits ancrés dans un monde ultracontemporain.
Mais le point commun le plus évident entre les cinq romans de Caro est thématique : il réside dans la personnalité du narrateur. Il s’agit en effet à chaque fois du même caractère : un homme adulte, angoissé, timide, mal à l’aise.
Procédés et dispositifs humoristiques
L'humour dans les romans de Fabrice Caro se manifeste à travers une variété de procédés et de dispositifs, notamment :
- Le comique de caractère : Les narrateurs sont souvent des personnages maladroits et angoissés, ce qui crée des situations comiques.
- La satire sociale : Caro critique les travers de la société contemporaine, notamment les relations amoureuses et familiales.
- Les références culturelles contrastées : Les romans font souvent référence à des œuvres culturelles variées, ce qui crée un effet de décalage humoristique.
- Les situations incongrues : Les personnages se retrouvent souvent dans des situations absurdes et inattendues.
- L'humour noir : Caro n'hésite pas à aborder des sujets graves avec un ton humoristique.
- L'humour sexuel, scatologique ou urologique : Ces types d'humour sont présents, mais utilisés avec parcimonie.
- Le running gag : Certains éléments comiques reviennent régulièrement tout au long des romans.
- Les calembours : Caro utilise les jeux de mots pour créer des effets comiques.
- Les parodies : Les romans contiennent des parodies de différents genres littéraires et cinématographiques.
- Les exagérations : Les situations et les personnages sont souvent exagérés pour créer un effet comique.
En conclusion, les romans de Fabrice Caro offrent une exploration riche et variée de l'humour, combinant différents procédés et dispositifs pour créer un effet comique unique.
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