Chaque année, le 2 février, on célèbre la Chandeleur. La Chandeleur et ses crêpes sont une tradition, tout comme l’Épiphanie et ses galettes le 6 janvier.
Origine religieuse de la Chandeleur
Lors de la Chandeleur, l’Église célèbre la Présentation de Jésus au Temple, à Jérusalem, quarante jours après Noël. Il y a un peu plus de 2 000 ans, la tradition juive voulait que les parents présentent aux prêtres les nouveau-nés quarante jours après leur naissance.
Pourquoi « Chandeleur » ?
Au Moyen-Âge, le mot Chandeleur évoque les chandelles que l’on allumait symboliquement ce jour-là, Jésus ayant été reconnu comme Lumière du monde par le prophète Siméon, à l’arrivée au Temple de Joseph et Marie. Selon la Bible, après avoir demandé à prendre l’enfant dans ses bras, le vieillard s’est exclamé :
« Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël, ton peuple. »
C’est ainsi que cette fête de la présentation a ensuite pris l’appellation populaire de Chandeleur qui vient de l’expression latine « festa candelarum » qui signifie « fête des chandelles ».
Il y a quelques décennies, on préparait encore dans les églises des brassées de cierges que le prêtre bénissait et distribuait aux paroissiens pour organiser, le 2 février, des processions de lumières. En effet, en l’honneur des morts, les Romains veillaient Pluton et les dieux à l’aide de torches. Autre croyance, celle des Celtes qui vénèrent la lumière et la roue solaire. Autrefois, dans les églises, des torches étaient bénies. Les fidèles les rapportaient chez eux et les exposaient à leur fenêtre le 2 février.
C'est en 472 que la fête de la Présentation de Jésus au Temple a été associée aux « chandelles » (d’où le nom de Chandeleur) par le pape Gélase Ier qui organisa le 2 février des processions aux flambeaux, reprenant des rites païens au compte de l’Église.
La tradition des crêpes
Après ces processions, les familles revenaient à la maison, porteuses de lumières, et poursuivaient la soirée par une veillée autour d’un grand plat de crêpes. Cette gourmandise dorée qui rappelle par sa forme ronde le disque solaire, donc la lumière, évoque le retour prochain du printemps après l’hiver sombre et froid. C’est également une sorte de rappel des offrandes traditionnelles, qui se pratiquaient à l’époque de Jésus, lors de la présentation des enfants au Temple.
La forme ronde et la couleur dorée des crêpes représentaient le disque solaire et le retour à la lumière. Le retour du printemps également.
Des rites porte-bonheur
La tradition veut que l’on fasse sauter la première crêpe d’une main (la droite) avec une pièce dans l’autre (la gauche), pour s’assurer d’une bonne fortune pour l’année à venir. Attention, il faut qu’elle retombe bien à plat dans la poêle ! Dans certaines régions, comme le Sud-Ouest, on sacrifiait même la première crêpe en la lançant en haut du buffet de la cuisine ou d’une armoire. L’y laisser disait-on, c’était du bonheur garanti pour toute la famille.
Une vieille comptine occitane explique d’ailleurs comment s’y prendre :
« Il ne faut ni voisin, ni voisine, Ni aucun chat dans la cuisine, Il faut fermer les trous au loup-garou, La porte et même la lucarne. Et pour avoir de l’argent toute l’année, Du bon vin et du bon pain blanc, Vous mettrez une piécette dans la pâte dorée, que vous lancerez sur l’armoire à linge. »
Si les paysans omettaient de préparer des crêpes, le blé serait mauvais l’année suivante. Pour s’assurer de bonnes récoltes et des finances prospères, les paysans faisaient sauter la première crêpe de la main droite en tenant un Louis d’or dans la main gauche, en veillant à ce que la crêpe retombe dans la poêle. La première crêpe était déposée en haut d’une armoire jusqu’aux récoltes.
Variations et Gourmandises
Pour le plus grand bonheur des gourmands, la Chandeleur rime avec crêpes… mais aussi beignets ou même de navettes de Marseille. En effet, la forme de ces jolis gâteaux secs allongés évoque la barque qui amena Lazare sur les rives phocéennes. Ces navettes sont préparées nature ou aromatisées à la fleur d’oranger ou au citron.
Au Mexique, la Chandeleur est un jour férié et les « tamalès », des papillotes à base de farine de maïs, en version sucrée ou salée, sont immanquablement inscrites au menu.
Ces dernières années, les lumières des fêtes foraines de la Chandeleur ont remplacé celles des torches et les festivals de crêpes fleurissent un peu partout en France.
Quelques idées de recettes
Crêpe Suzette
Imaginée par Auguste Escoffier, la crêpe Suzette est baptisée ainsi pour célébrer l’émoi d’un roi d’Angleterre, Edouard VII, pour une charmante Suzette venue dîner en sa compagnie au Café de Paris à Monaco. Commencez par préparer la pâte à crêpes en mélangeant le beurre avec la farine tamisée, le sel, l'œuf, le jaune d’œuf, le sucre et enfin le lait. Laissez reposer la pâte une heure au frais. Faites cuire 16 crêpes avec un petit dé de beurre à chaque fois.
Dans une grande poêle, faites caraméliser le sucre, ajoutez le jus des deux oranges, un tiers du zeste râpé et les graines de cardamome. Laissez mijoter quelques instants avant d’ajouter le sucre glace et le Grand-Marnier. Faites réduire un peu avant de déposer les crêpes pliées en quatre. Retournez les crêpes pour bien les imbiber de jus d’oranges réduit.
Galettes bretonnes au blé noir (sarrasin)
La meilleure façon de cuire les fameuses galettes bretonnes au blé noir (sarrasin) est d’utiliser la crêpière spécifique appelée billig et la rozell (une sorte de petit râteau) pour bien étaler la pâte qui ne cuit que sur une seule face (contrairement aux crêpes qu’il faut faire sauter pour les cuire des deux côtés). Mélangez la farine avec une tasse d’eau, ajoutez le sel et l’œuf. Fouettez énergiquement pour obtenir une pâte liquide mais onctueuse. Laissez reposer la pâte toute la journée au frais avant de faire cuire les galettes avec la billig ou dans une poêle antiadhésive avec un peu de beurre ou d’huile d’arachide. Vous pouvez aussi acheter vos galettes chez le crêpier ou en grandes surfaces.
Galette de sarrasin à la purée de butternut
Faites cuire la chair de butternut (coupée en petits cubes) jusqu’à ce qu’elle soit bien souple. Dans une poêle, avec l’huile d’olive, faites suer l’ail et l’oignon hachés finement. Incorporez la viande puis la chair de butternut écrasée en purée, à la fourchette. Assaisonnez cette pâte avec du sel, du poivre, du cumin et de piment d’Espelette.
Dans une grande poêle, faites réchauffer la galette de sarrasin avec un peu de beurre. Étalez une généreuse cuillerée à soupe de purée de butternut, en fine couche, sur toute la surface. Parsemez de cébette, entière ou ciselée, de petites feuilles de trévise et d’estragon. Roulez et dégustez aussitôt.
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