Les baleines, ces géants majestueux des océans, nous intriguent par leur taille imposante et leur mode de vie mystérieux. Au cœur de leur existence réside un aspect fondamental et pourtant souvent méconnu : leur alimentation. Comment ces créatures colossales parviennent-elles à se nourrir dans les vastes étendues marines ? L’étude de leur régime alimentaire révèle des mécanismes ingénieux et des stratégies adaptatives remarquables.
Anatomie et stratégies alimentaires
Au cœur de la stratégie alimentaire des baleines se trouvent leurs fanons, des structures cruciales composées de kératine qui agissent comme un filtre. Elles possèdent des sillons ventraux qui parcourent leur gorge, facilitant l’évacuation de l’eau après la filtration de la nourriture.
Outre ces aspects anatomiques, les stratégies de prise alimentaire varient selon les espèces. Les baleines « fouisseuses », comme la baleine grise, adoptent une stratégie différente en nageant sur le flanc le long du fond marin, leur permettant de racler la vase et d’aspirer les proies qui s’y cachent.
Le régime alimentaire des baleines
En ce qui concerne leur régime alimentaire, les baleines sont des carnivores avec des préférences spécifiques. En outre, les baleines consomment une variété d’autres organismes marins tels que les copépodes, le phytoplancton et divers petits poissons. Le krill, de petits crustacés présents dans toutes les eaux froides du globe, représente l’élément de base de leur alimentation. Outre le krill, les baleines se nourrissent également de copépodes, d’autres crustacés, de phytoplancton, et de divers petits poissons tels que le capelan, le hareng, le lançon ou la morue. Leur régime peut varier en fonction de la disponibilité de la nourriture dans leur habitat.
L’alimentation des baleines révèle également leurs préférences alimentaires et leur rôle essentiel dans l’écosystème marin. Ainsi, l’étude de l’alimentation des baleines nous offre un aperçu fascinant de la vie marine et de la complexité des écosystèmes océaniques.
Consommation et impact écologique
La taille mais aussi l’espèce de la baleine déterminent en grande mesure sa consommation et son impact écologique. Prenons l’exemple de la baleine bleue, le plus grand mammifère de la planète, qui peut consommer jusqu’à 16 tonnes de krill par jour. Sa taille gigantesque nécessite une immense quantité de nourriture pour soutenir son métabolisme et sa croissance. D’un autre côté, les baleines à bosse, plus petites en taille, ingèrent de grandes quantités de petits poissons et de krill, pouvant aller jusqu’à 1,5 tonne par jour pendant leurs périodes d’alimentation intense.
Par exemple, la baleine à bosse pratique l’alimentation par engloutissement, une technique qui lui permet de capturer de grandes quantités de krill et de poissons en une seule fois, influençant ainsi directement les populations de ces espèces. De même, le cachalot, se nourrissant principalement de calamars, affecte la distribution de ces céphalopodes dans les océans.
Le krill : un élément essentiel
Le krill, dont nous parlions un peu plus haut dans notre article, est un groupe de petits crustacés appartenant à l’ordre des Euphausiacea, essentiellement présents dans les eaux océaniques froides à travers le monde. Les krills se regroupent souvent en bancs massifs et effectuent des migrations verticales journalières, remontant près de la surface la nuit pour se nourrir de phytoplancton et redescendant dans les profondeurs pendant la journée pour éviter les prédateurs.
L'alimentation de la baleine à bosse en détail
Comme nous l’avons évoqué, la baleine à bosse est un animal dont l’alimentation est très diversifiée. Voici dans le détail ses proies favorites :
- Krill
- Capelan
- Lançon
- Menhaden de l’Atlantique
- Hareng
- Maquereau
Le krill : la base de l'alimentation de la baleine à bosse
Le krill représente à lui seul la moitié de la nourriture de baleine à bosse. S’il est essentiel pour la jubarte, pour certaines espèces, dont le plus grand animal de la planète, la baleine bleue, il constitue même la seule proie.
Le krill est une sorte de petite crevette rose, plutôt maigrichonne. Il n’est pas un poisson, ni même un vertébré, mais un petit crustacé rosâtre et translucide, mesurant entre un et deux centimètres pour la plupart des espèces, avec quelques exceptions pouvant atteindre jusqu’à quinze centimètres. Les différentes baleines ciblent des krills de tailles différentes. Les rorquals communs préfèrent les plus gros, les baleines à bosse les plus petits et les petits rorquals choisissent la taille intermédiaire.
Le krill est un animal pélagique, c’est-à-dire vivant en haute mer, appartenant au même super-ordre que les crevettes - Eucarida - mais d’une famille différente : Euphausiacea. Il en existe plus de 80 espèces, vivant dans tous les océans du monde.
En Antarctique, l’une des plus importantes espèces en nombre est Euphausia superba, le krill antarctique. Il vit environ 5 ans, mais peut atteindre jusqu’à 10 ans. Il forme de vastes bancs qui migrent verticalement dans la colonne d’eau en suivant leur nourriture.
Pour se nourrir, le krill ratisse l’eau avec ses 5 paires de pattes plumeuses et attrape de petites algues, comme les diatomées et les dinoflagellés. Ces plantes océaniques unicellulaires suivent le soleil, s’élevant pour réaliser la photosynthèse pendant la journée et s’enfonçant plus profondément la nuit. Le krill les engloutit et, avec son ventre plein et son corps transparent, il apparaît vert lorsqu’il est rempli d’algues.
De nombreux autres animaux marins suivent les algues et le krill. Il s’agit non seulement des baleines à bosse et autres grandes baleines, mais aussi d’espèces comme les albatros, les pingouins, les calmars, les phoques, ainsi que de nombreux poissons.
Le capelan : un mets de choix
Le capelan n’est pas un poisson très connu, mais pour les baleines à bosse, il constitue un mets de choix. Il s’agit d’un petit poisson fin et argenté, mesurant entre 20 et 25 centimètres. Cette espèce arctique forme de grands bancs dans les eaux nordiques des océans Pacifique et Atlantique.
Il a un joli dos vert, des flancs argentés et des nageoires en éventail. Le capelan vit environ 5 ans, il mène une existence pélagique et se nourrit de plancton.
Le lançon : une source de nourriture essentielle
Le lançon est un petit poisson argenté, maigre, sans vessie natatoire et doté d’une forte constitution. Son corps élancé ressemble à celui d’une anguille. On le trouve dans les zones côtières des mers du nord.
Le lançon que mange la baleine constitue une source de nourriture essentielle pour plus de cent autres espèces. Plus de 40 espèces d’oiseaux et douze mammifères marins dépendent grandement de ces poissons.
Le menhaden de l’Atlantique
Le menhaden de l’Atlantique (Brevoortia tyrannus) est un poisson osseux et gras. Il porte aussi le nom d’alose tyran et appartient à la famille du hareng, les Clupeidae.
Le menhaden de l’Atlantique s’étend de la Nouvelle-Écosse à la Floride. Il atteint une longueur de près de 40 centimètres et peut vivre entre 10 à 12 ans. Il se reproduit dans les zones côtières et les estuaires, comme la baie de Chesapeake. Les petits partent en mer à l’âge adulte.
Le menhaden de l’Atlantique est particulièrement grégaire. Il forme de vastes bancs, comptant jusqu’à 200 000 poissons et pouvant atteindre plusieurs kilomètres de long. Pour les baleines, il constitue une source de nourriture essentielle, en particulier dans le milieu de l’Atlantique et le golfe du Maine.
Le hareng : une proie importante
Le hareng est une des principales proies des baleines à bosse dans l’Atlantique Nord et le Pacifique. Il existe trois espèces dans la famille des clupéidés, mais la plus abondante est le hareng de l’Atlantique, Clupea harengus.
Le hareng est un poisson argenté, pouvant atteindre 45 centimètres de long, avec une mâchoire inférieure saillante. Il déteste les bulles et a l’habitude de se mettre en boule dans de grands bancs. Ces caractéristiques ont été exploitées avec succès par les rorquals à bosse qui ont développé une technique de chasse unique : le filet à bulles.
Tableau récapitulatif des proies favorites de la baleine à bosse
Proie | Description |
---|---|
Krill | Petits crustacés rosâtres, base de l'alimentation |
Capelan | Petit poisson argenté, formant de grands bancs |
Lançon | Petit poisson argenté, sans vessie natatoire |
Menhaden de l’Atlantique | Poisson osseux et gras, formant de vastes bancs |
Hareng | Poisson argenté, formant des bancs compacts |
Maquereau | Poisson prédateur et proie, aux excellentes vertus alimentaires |
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