Le Gaspillage Alimentaire : Définition, Enjeux et Lutte

Le gaspillage alimentaire est un problème majeur aux conséquences environnementales et économiques importantes. La France et l'Union Européenne ont pris des mesures pour lutter contre ce phénomène.

Définition du Gaspillage Alimentaire

Le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire de mai 2013 définit le gaspillage alimentaire comme étant « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée ou dégradée ». Cette pratique, signe d’une économie linéaire, constitue une perte de ressources directe et indirecte (matières premières, eau, énergie).

Lutte contre le Gaspillage Alimentaire en France

Afin de lutter contre ces pertes tout au long de la chaîne alimentaire, la France a adopté en 2013 un premier pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire et s’est fixé l’objectif de diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici à 2025. Ce premier pacte a été reconduit pour la période 2017-2020. La lutte contre le gaspillage alimentaire a également été inscrite comme l’une des quatre grandes priorités du nouveau programme national pour l’alimentation et comme l’un des 13 axes stratégiques du programme national de prévention des déchets 2014-2020.

Enfin, la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire fixe comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025 et dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale d’ici 2030. Elle crée également un label « anti-gaspillage alimentaire » visant à valoriser les initiatives vertueuses et à accompagner les objectifs définis.

Chiffres Clés du Gaspillage Alimentaire en France

Selon une étude de 2016, l’Ademe évalue à 10 millions de tonnes (Mt) l’ensemble des pertes et gaspillages alimentaires en France, soit 150 kg par habitant et par an. Cela correspond à 18 % du total des produits alimentaires. Une partie est valorisée en alimentation animale (moins de 2 Mt, soit moins de 20 % des pertes et gaspillages). La valeur théorique des pertes et gaspillages alimentaires, s’ils étaient valorisés en alimentation humaine, est estimée à 16 milliards d’euros.

Toutes les étapes de la chaîne alimentaire (production, transformation, distribution et consommation) sont concernées par les pertes et gaspillages. Les pertes en production représentent 32 % du total, la transformation 21 %, la distribution 13 % et enfin la consommation à domicile et en restauration collective et commerciale 33 %. Sur cette dernière étape, le gaspillage serait quatre fois plus important en restauration collective ou commerciale (restaurants et cantines) qu’au domicile (136 g contre 34 g par repas).

Répartition des pertes et gaspillages alimentaires en France (2016)

Étape de la chaîne alimentaire Pourcentage du total des pertes et gaspillages
Production 32%
Transformation 21%
Distribution 13%
Consommation 33%

Impacts du Gaspillage Alimentaire

Le gaspillage alimentaire a des impacts très importants sur l’environnement car il s’accompagne d’un gaspillage de ressources, en plus des pollutions liées à la production des aliments qui finissent à la poubelle sans passer par l’assiette. Pour sa production, cette nourriture nécessite des terres cultivées inutilement, auxquelles il faut ajouter une importante consommation d’eau, de carburant, d’engrais et de pesticides, sans oublier toute l’énergie nécessaire à son transport, sa transformation et sa distribution.

Lutte contre le Gaspillage Alimentaire au Niveau Européen

La lutte contre le gaspillage alimentaire est également un enjeu politique majeur au niveau européen, en particulier dans le cadre du plan d’action de la Commission européenne en faveur de l’économie circulaire, publié le 5 décembre 2015 et de la stratégie « De la ferme à la table » qui vise à établir des objectifs juridiquement contraignants pour réduire le gaspillage alimentaire dans l’ensemble de l’Union européenne d’ici 2023.

En 2016, une étude estimait les pertes alimentaires dans l’Union européenne en 2012 à 173 kg par habitant. L’origine de ces pertes était très différente de celle estimée par l’Ademe : moindre part de la production (10 % contre 32 %) et poids beaucoup plus élevé des pertes au niveau des ménages (53 % contre 19 % dans l’étude Ademe), du fait notamment de différences de champ et de méthodologie (non prise en compte des pertes à la récolte et des détournements de produits vers la consommation animale ; prise en compte des morceaux non consommables tels que les os, etc.).

Gaspillage Alimentaire à l'échelle mondiale

Une estimation du gaspillage, réalisée pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2011, évaluait à environ un tiers la part comestible des aliments destinés à la consommation humaine produits dans le monde qui était perdue ou gaspillée chaque année. Selon le rapport de la FAO publié en 2013, l’empreinte carbone annuelle du gaspillage alimentaire est estimée à 3,3 milliards d’équivalent CO2, soit 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

La FAO et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) mesurent les progrès dans la réalisation de la cible 12.3 des ODD à travers deux indices distincts : l’indice des pertes alimentaires (pertes après récolte et avant la vente au détail), piloté par la FAO et l’indice du gaspillage alimentaire (vente au détail et consommation), piloté par le PNUE. Les premières estimations établies par la FAO en 2019 pour les pertes alimentaires indiquent que 14 % environ des aliments produits dans le monde seraient perdus, du stade de la production à celui qui précède la vente au détail.

TAG:

En savoir plus sur le sujet: