C'est une anecdote qui fait beaucoup parler en Angleterre. Elle choque et amuse, mais elle est surtout embarrassante pour l'ancien Premier ministre britannique David Cameron.
L'origine du scandale
Elle a été racontée par un député britannique, étudiant à l'université d'Oxford en même temps que le leader conservateur. C'est au cours d'une sorte de bizutage, une cérémonie d'initiation d'un club de l'université d'Oxford que l'acte aurait eu lieu, sur fond d'alcool, de débauche et de blagues potaches. La tête du cochon mort étant posée sur les genoux d'un autre étudiant.
Le parlementaire anonyme assure avoir vu une photo de la scène. "Avec ma co-auteure Isabel Oakeshott, nous avons d'abord cru que c'était une blague, affirme Michael Ashcroft, un ancien Lord. Ce fut donc une surprise d'entendre ce député répéter ces allégations, quelques semaines plus tard."
L'acte aurait fait partie d'une cérémonie d'initiation d'un club de l'université d'Oxford, la Piers Gaveston Society. Selon la même source, la tête du cochon mort était posée sur les genoux d'un condisciple de David Cameron. Le parlementaire anonyme assure avoir vu une photo de la scène, mais le propriétaire du cliché a refusé de répondre aux journalistes.
Réactions et conséquences
Cette anecdote, que David Cameron n'a pas commentée, a été très reprise et tournée en dérision sur les réseaux sociaux. Selon Francetvinfo, "l'anecdote est d'autant plus savoureuse qu'elle rappelle une scène culte de la série britannique Black Mirror. Dans le premier épisode, un Premier ministre britannique est contraint de faire l'amour à un cochon pour obtenir la libération d'une princesse enlevée."
La presse britannique fait la tête de lard. La planète peut se réchauffer, la guerre faire rage ou les réfugiés affluer par milliers, depuis quarante-huit heures, rien ne peut la distraire de son «pig-gate». En publiant les bonnes pages d'une biographie non autorisée du Premier ministre, David Cameron, Call me Dave, il a allumé les braises sous le méchoui.
Mais, à côté de ses études, David Cameron aurait aussi été très assidu auprès d’un certain nombre de clubs et autres sociétés, où beuveries, coucheries et usage de substances illégales semblent avoir constitué les activités essentielles. L’appartenance de David Cameron au célèbre Bullingdon Club est déjà bien documentée. Il y a côtoyé le maire de Londres, Boris Johnson, et son chancelier de l’Echiquier, George Osborne. La particularité de ce club est de n’être ouvert qu’à des hommes, membres de la haute société, qui s’avinent en smoking. Tellement plus chic.
Mais, pour la première fois, Call me Dave révèle que David Cameron a également rejoint la Piers Gaveston Society, bien moins connue, et dont les turpitudes sont associées à d'étranges rituels d'initiation, entachés de connotation sexuelle. Et c'est là que le malheureux cochon intervient. Le futur Premier ministre aurait intimement, mais brièvement, fréquenté la gueule d'un pauvre porc trépassé. L'anecdote n'a pas été vérifiée.
Les auteurs affirment la tenir d'une seule source, très bien informée. Et soulignent qu'il ne s'agit que de quelques lignes dans un livre de plusieurs centaines de pages. Downing Street a indiqué n'avoir pas l'intention de «s'abaisser à répondre à ces allégations». Mais le mal est fait : les spéculations sur la véracité ou pas de l'incident ne cessent pas.
Lord Ashcroft affirme ne pas avoir écrit ce livre par vengeance. Ce qui est, bien entendu, faux. Il a au cours des années fait don de 8 millions de livres (11 millions d’euros) au parti conservateur et a participé à l’ascension de David Cameron. Il espérait être récompensé par un poste élevé au gouvernement. Mieux, il affirme que David Cameron le lui avait promis.
Sauf qu’il n’a rien eu. Effrayé par ses déboires avec le fisc - Lord Ashcroft avait un statut de «non-dom» qui lui permettait de ne pas payer d’impôts sur ses revenus à l’étranger -, Cameron ne l’a pas appelé dans son équipe. La vengeance est un plat - de cochon - qui se mange froid.
Au-delà de ce pig-gate, l’impact de ce livre n’est pas anodin pour le Premier ministre. Ces révélations, et celles à venir, réitèrent ce qui lui a souvent été reproché : d’appartenir à une élite, riche, connectée, exclusive, enfermée sur elle-même et dans ses réseaux, détachée de la réalité, des gens «normaux».
L'auteur accuse en effet David Cameron de s'être drogué quand il était à l'université et d'avoir participé à des soirées aux "rituels bizarres et aux excès sexuels". Et notamment d'avoir "placé une partie privée de son anatomie dans la gueule d'un cochon mort". Mais de façon assez étrange, cette affaire entre en résonance avec l'intrigue développée dans la série Black Mirror.
Dans la fiction en effet, un épisode met en scène le Premier ministre britannique contraint d'avoir une relation sexuelle avec un cochon sous la pression d'un terroriste qui détient la princesse de Galles, rapportent nos confrères du Huffington Post anglais. Il n'en fallait pas moins pour que le créateur de la série, Charlie Brooker, réagisse à ce scandale qui ébranle l'Angleterre.
"Mince ! Ce dernier a ensuite partagé un visuel promotionnel de la série, on ne peut plus explicite, sur lequel on peut lire sur une photo de cochon : "un Premier ministre devrait être prêt à faire n'importe quoi pour son pays". Des internautes se sont donc empressé de lui demander si son scénario avait été inspiré par une éventuelle rumeur dont il aurait entendu parler au moment de l'écriture.
Rumeur qui viendrait donc étayer les "révélations" faites par Lord Ashcroft dans son livre. Réponse de l'intéressé: "Non, je n'avais jamais entendu quoi que ce soit à propos de Cameron et d'un cochon quand j'ai imaginé cette histoire. C'est un peu dérangeant".
Digression: L'orgasme du cochon
Pourquoi envions-nous l'orgasme des cochons? Vivre comme un cochon ne fait rêver personne. Dans la nature, leur journée se résume en une quête interminable de nourriture, en une succession de bains et de roulades. En élevage, n'en parlons pas: les porcs d'engraissement ne vivent pas plus de six mois, l'âge auquel ils sont abattus.
Pourtant, une caractéristique de ce mammifère n'est peut-être pas à mettre de côté et pourrait, si elle était appliquée aux êtres humains, faire bien des heureux. Cette spécificité, c'est son orgasme, réputé pour être particulièrement long. Certains sites avancent même un chiffre: l'orgasme du cochon durerait trente minutes. Bien plus que n'importe quel animal et, surtout, bien plus que l'être humain.
Une étude, publiée en 2012 dans le Journal of Animal Science Advances, nous éclaire à ce sujet. Les scientifiques de l'Université fédérale de Fronteira Sul et de Lavras, au Brésil, se sont intéressés à l'influence du temps d'éjaculation des verrats, les porcs mâles employés comme reproducteurs, sur, entre autres, la qualité de leur sperme.
Les résultats sont surprenants: la durée de l'éjaculation chez les porcs mâles était de 6,3 minutes en moyenne, avec un minimum de 2 minutes et un maximum de... 31 minutes. «Cet orgasme est lié à une très longue copulation, qui est assez lente, mais qui peut expédier jusqu'à 6 milliards de spermatozoïdes», explique au micro de la Radio télévision suisse Thierry Lodé, professeur en écologie évolutive et spécialiste de la sexualité des animaux.
Chez l'homme, la durée de l'orgasme, qui s'accompagne d'une éjaculation, varie entre 10 et 30 secondes, bien loin des 6,3 minutes de moyenne du verrat, et à des kilomètres des 31 minutes maximum observées. La femme rivalise à peine plus avec cet orgasme incroyablement long. Chez elle, ce spasme de plaisir qui envahit le corps durerait en moyenne entre 13 et 51 secondes.
Il semblerait pourtant, selon Thierry Lodé, que la truie ne soit pas insensible au sexe en forme de tire-bouchon de son partenaire. Ni à son endurance. Une question demeure: la longue éjaculation du verrat est elle comparable au plaisir que prennent les êtres humains au moment de l'orgasme?
Toujours au micro de la RTS, Thierry Lodé rappelle cependant que l'orgasme tel que nous le connaissons, défini ici par des contractions involontaires, existe bien chez de multiples animaux, comme les macaques, les rats et les furets.
«On peut tout à fait concevoir que le rapport en lui-même n'ait pas forcément pour but de conduire à la jouissance. Mais pour que l'acte sexuel se maintienne au cours de l'évolution, il a bien fallu que quelque chose vienne s'ajouter: le plaisir, fait-il remarquer.
Il suffit de regarder d'autres espèces pour vite comprendre que, chez les animaux, le sexe n'est pas qu'une simple affaire de reproduction.
"Balance ton porc" et la libération de la parole des femmes
Conséquence du scandale Weinstein aux Etats-Unis, la parole des femmes se libère aussi en France. Le mot-dièse "balance ton porc" en est un symbole, en écho à #MyHarveyWeinstein. Le scandale Harvey Weinstein avait pris il y a quelques jours une dimension française avec les accusations de Léa Seydoux, Judith Godrèche, Emma de Caunes et Florence Darel, s'ajoutant à la longue liste des victimes américaines. Les quatre actrices ont dit avoir été harcelées ou agressées par le célèbre producteur hollywoodien. Mais ce mouvement de libération de la parole féminine dépasse largement le seul monde du cinéma.
Journaliste spécialisée dans les médias, Sandra Muller a initié le hastag "balancetonporc" vendredi soir. Elle même raconte les propos d'un rédacteur en chef, dont elle révèle l'identité : "Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit".
Un très grand nombre de journalistes s'expriment, comme Giulia Foïs, de Radio France : "Un red chef, grande radio, petit couloir, m'attrapant par la gorge, "un jour je vais te baiser que tu le veuilles ou non". C'était il y a 20 ans. Giulia Foïs en avait déjà parlé à l'époque et cela n'avait eu aucune conséquence.
L'important pour la journaliste, comme pour l'association Osez le féminisme, est de montrer l'ampleur du phénomène, que le harcèlement sexuel touche toutes les femmes, quelque soit leur âge, quelque soit leur milieu professionnel.
En France, une femme sur cinq est officiellement victime de harcèlement sexuel au travail*, soit près de trois millions. La secrétaire d'Etat Marlène Schiappa annonce ce lundi un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles à horizon 2018. Elle devrait pénaliser notamment le harcèlement de rue et rallonger le délai de "prescription des crimes sexuels" (actuellement fixé à 20 ans).
"La nouveauté depuis l'affaire DSK est que les femmes décident d'exister dans l'espace public" : "Cette accumulation de débats publics montre incontestablement que quelque chose change, que les femmes ont décidé d'exister dans l'espace public."
Ce qui me paraît le plus important c'est que les femmes osent prendre la parole. Se taire ne convient plus sur un thème extrêmement difficile. Ce qui compte est que les femmes ont décidé collectivement de s'exprimer, de dénoncer et peut-être de se battre.
Entre les propos aimables et le harcèlement, la frontière est quelque fois très ténue. Mais elle rappelle que la deuxième étape, celle de "la fin de l'impunité", est encore loin d'être acquise. Car la peur des représailles est encore présente.
Il y a un travail qui doit être fait dans les entreprises, qui doit être fait avec des associations, qui doit être fait par le gouvernement pour permettre de faire en sorte que cette affaire et cet élan médiatique débouchent sur quelque chose de constructif et mette fin enfin à l'impunité.
Céline Piques, de l'association Osez le féminisme, évoque une "deuxième étape, pour laquelle on se bat nous, les féministes, c'est le volet judiciaire et policier" : Il faut rappeler qu'aujourd'hui, neuf femmes sur dix ne portent pas plainte. C'est un drame. Quand elles portent plainte, elles ont des difficultés à voir la justice prononcer une condamnation envers les violeurs.
Près de 94 % des femmes qui ont dénoncé leur patron ou leur employeur pour des faits de harcèlement ont perdu leur travail. Les conséquences aujourd'hui sont payées par les victimes et peu par les coupables.
*Enquête sur le harcèlement sexuel au travail IFOP de mars 2014 réalisée pour le compte du Défenseur des droits
Tableau comparatif des orgasmes
Espèce | Durée moyenne de l'orgasme | Durée maximale observée |
---|---|---|
Homme | 10-30 secondes | N/A |
Femme | 13-51 secondes | N/A |
Verrat (cochon mâle) | 6,3 minutes | 31 minutes |
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