Au travail, il n’est pas rare de voir ses collègues - ou soi-même - être affublé.e.s de surnoms. Souvent réservés aux femmes, ils se déclinent à l’infini : ma belle, poulette, cocotte, mistinguett, pipette, la jeune… Ces surnoms sont parfois si prégnants qu’ils peuvent remplacer les véritables prénoms des concerné.e.s. En réalité, les surnoms au travail sont toxiques, ce sont des micro-agressions.
L'Étude du CSEP sur les Surnoms Sexistes
En 2013, le Conseil Supérieur de l’Égalité Professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP) commandait une étude à propos des surnoms sexistes à l’institut de sondage LH2. Dans ce cadre LH2 a combiné les résultats de deux enquêtes réalisées auprès d’un échantillon de plus de 15 000 hommes et femmes.
« Les surnoms comme ‘ma petite’, ‘ma belle’, ‘l’Asiat’, ‘le black’, ‘les petites bouffonnes’… Non, ce n’est pas affectueux. Ce n’est pas mignon. Dans son post, elle insiste sur le fait que ces surnoms issus d’un héritage paternaliste dévaluent la crédibilité professionnelle des visé.e.s. De fait, les femmes et les travailleur.se.s issu.e.s des minorités sont les plus concerné.e.s.
« Personne n’a envie d’être l’Asiatique de service ou le Noir de l’équipe. C’est paternaliste et infantilisant. On appelle les hommes blancs par leur prénom, pourquoi pas les femmes et les personnes minorisées ?
La Légitimation des Surnoms Toxiques
Ces surnoms toxiques ont longtemps - et sont toujours - été légitimés au travail sous couvert d’être des signes d’affection. Bien sûr, il arrive que les affinités entre collègues mènent parfois à ces fins. Or dans ce cas, la personne concernée accorde l’usage d’un sobriquet. Il arrive même que ce soit elle qui préfère cette dénomination.
La psychologue du travail explique très clairement que « tout est une question de ton et d’intentions« qui donnent au sobriquet sa connotation. Dans son post, Dang-Minh Tran s’empare de la toxicité de ces petites agressions trop souvent justifiées par une intention affectueuse. Cette excuse de l’affectif ne tient pas, tout simplement parce qu’elle n’a pas lieu d’être dans le cadre du travail.
Les surnoms sont même un moyen de déshumaniser une personne. En effet, dès lors qu’ils remplacent un prénom, ils retirent un pan de l’identité des concerné.e.s et les décrédibilisent. « En disant ‘ma petite’, on donne une certaine place à la personne.
Dans le cadre décrit, il faut prendre compte du fait que les surnoms ne sont qu’un symptôme de ce qu’il se passe réellement. On comprend facilement qu’une personne affublée de ces surnoms n’est pas respectée, pas valorisée.
Le Cadre Légal et les Recours Possibles
L’article L. 1152-1 du Code du travail définit le harcèlement moral comme « un ensemble d’agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptibles de porter atteinte aux droits des salariés et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».
Cet article se voit complété de la Loi sur l’Égalité entre hommes et femmes. Elle veut protéger les travailleur.se.s des discriminations fondées sur le sexe sur leur lieu de travail. En faisant mention du « sexe » et non pas du « genre« , elle est discriminatoire. À cause de cette irrégularité, des arrêts injustes ont été rendus. « La Loi sur l’Égalité omet ainsi l’évidence même du féminisme : le sexisme n’est pas la haine à l’encontre des femmes, mais la haine profonde du féminin.
Réagir Face aux Surnoms Toxiques
Généralement, les personnes visées par des surnoms toxiques au travail n’osent pas lever la voix. Elles craignent d’être stigmatisées, traitées de rabat-joie et d’instaurer une mauvaise ambiance. Il arrive que leurs collègues ne voient pas cela d’un mauvais œil.
Or, la psychologue Mélissa Pangny est très claire : il faut réagir vite et affirmer que ce surnom ne nous convient pas. Malgré tout, si la situation perdure, la psychologue conseille de faire remonter cela au service des ressources humaines. Elle insiste sur ce fait « parce que dans certains cas, ces surnoms peuvent être un premier red flag en entreprise« .
La loi exige de l’employeur.se qu’iel vous protège. Iel peut décider de sanctions contre le.a harceleur.se (mutation, mise à pied, licenciement).
Alors, il est temps d’en finir avec les surnoms au travail, ils ne sont pas affectifs, mais toxiques. Ce sont généralement des armes de décrédibilisation et de stigmatisation des minorités.
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