L'allergie alimentaire constitue une préoccupation importante en allergologie du fait de l’augmentation de son incidence cette dernière décennie et des nombreuses controverses nées de la confusion entre une allergie vraie et une intolérance alimentaire. On désigne sous le nom de réaction adverse aux aliments l’ensemble des réactions aux aliments ou aux additifs alimentaires dont le mécanisme est soit une intolérance (cas le plus fréquent), soit une véritable allergie. Parmi les réactions aux aliments, seule l’allergie vraie implique un mécanisme immunologique caractérisé par une rupture de la tolérance orale avec une réponse excessive de l’immunité cellulaire et humorale à un antigène donné.
1. Comprendre le syndrome de l'alpha-gal
Le syndrome de l’alpha-gal (SAG) est une maladie allergique complexe se manifestant par la production d’anticorps IgE spécifiques dirigés contre le galactose-alpha-1,3-galactose (alpha-Gal), un oligosaccharide présent dans les cellules et les tissus de la plupart des mammifères. Le syndrome de l’alpha-gal apparait suite à une piqûre de tique. Comme le précise le site d’information spécialisé dans la santé Manuel MSD, il s’agit d’une « forme rare et récente d’allergie à la viande rouge », et plus particulièrement à l’alpha-gal, qui est une protéine présente dans toutes les viandes rouges, comme le bœuf, le porc et l’agneau.
Certains aspects du syndrome alpha-Gal le distinguent des autres allergies alimentaires : les symptômes liés aux anticorps IgE sont dirigés contre une portion de glucides, le temps de latence inhabituel entre la consommation de l’aliment et l’apparition des symptômes et le fait que la sensibilisation primaire à l’alpha-Gal résulte de piqûres de tiques.
Mécanismes d’apparition
Le galactose-alpha-1,3-galactose (alpha-Gal) est un sucre connu depuis plus de vingt ans pour sa capacité à constituer un obstacle à la xénotransplantation, empêchant ainsi la greffe d’organes de porc chez l’homme. La réaction de rejet d’organes se déclenche en raison de la production d’anticorps dirigés contre l’alpha-Gal, largement exprimé sur les glycoprotéines et les glycolipides dans les cellules des mammifères, à l’exception de l’homme et du singe.
Il y a environ dix ans, des preuves sont apparues quant à l’implication de l’alpha-Gal dans des formes inhabituelles d’allergie alimentaire, où les patients développaient des anticorps IgE. Ces individus présentaient des réactions allergiques retardées après la consommation de viandes de mammifères, telles que le bœuf, le porc ou l’agneau, ainsi que des réactions allergiques immédiates après l’administration intraveineuse de médicaments contenant de l’alpha-Gal, tels que l’anticorps monoclonal anticancéreux cetuximab. L’apparition retardée des symptômes survenant environ 3 à 6 heures après la consommation de viande rouge était particulièrement importante par rapport aux réactions d’hypersensibilité IgE-médiées aux aliments, qui se manifestent généralement de manière rapide, avec l’apparition des symptômes en quelques minutes (habituellement dans les 2 heures suivant la consommation de l’aliment incriminé).
2. Causes du syndrome de l'alpha-gal
Les piqûres de certaines tiques, et plus particulièrement de la tique Ixodes ricinus, peuvent induire le système immunitaire en erreur et lui faire développer des anticorps luttant contre l’alpha-gal, une molécule de sucre présente dans la viande rouge. Cette espèce de tique est « présente en France sur la quasi-totalité du territoire », comme l’indique l’Institut national de la recherche agronomique sur son site. Par la suite, les anticorps contre l’alpha-gal vont provoquer une réaction allergique lorsque la personne concernée va consommer de la viande rouge. Son système immunitaire va en effet réagir de manière excessive et libérer des substances chimiques, comme de l’histamine. Cela va provoquer une dilatation des vaisseaux sanguins, une augmentation de la perméabilité vasculaire ou encore une contraction des muscles.
Le syndrome de l'alpha-gal n’est pas systématiquement développé après la morsure d’une tique. Les raisons pour lesquelles certains patients sont touchés, et d’autres non, ne sont pas encore complètement comprises.
Ainsi, la caractéristique la plus significative de l’allergie à l’alpha-Gal est la sensibilisation à l’hydrate de carbone qui survient à la suite de piqûres de tiques répétées, alors que les symptômes réels sont déclenchés par une exposition ultérieure à la molécule allergène par la consommation de viande de mammifère.
3. SymptĂ´mes du syndrome de l'alpha-gal
Le syndrome de l’alpha-gal cause une allergie dont les symptômes surviennent entre trois et six heures après l’ingestion de viande rouge. Les symptômes peuvent varier d’une personne à une autre, on retrouve généralement les signes suivants :
- un prurit, c’est-à -dire de fortes démangeaisons ;
- une éruption cutanée, avec la peau qui devient rouge ;
- des gonflements, notamment au niveau du visage, des lèvres, de la gorge ou encore de la langue ;
- des difficultés respiratoires, avec un essoufflement ou une respiration sifflante ;
- des nausées, voire des vomissements ;
- de fortes douleurs abdominales.
Les symptômes les plus fréquemment observés après la consommation de viande rouge incluent des manifestations cutanées telles que prurit, érythème, urticaire et angiœdème. Les réactions comprennent souvent une anaphylaxie sévère nécessitant une intervention d’urgence et une hospitalisation.
Dans les cas les plus graves, un choc anaphylactique peut avoir lieu, avec d’importantes difficultés respiratoires, une perte de connaissance, et même un coma. Comme le précise l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur son site, l’anaphylaxie représente la forme la plus spectaculaire et dangereuse de l’allergie : l’issue peut être fatale.
4. Comment réagir en cas de réaction allergique
Lors d’une réaction allergique liée au syndrome de l’alpha-gal, il est important de réagir rapidement. Pour les patients diagnostiqués, il est conseillé d’avoir un auto-injecteur d’épinéphrine sur soi pour l’utiliser en cas de crise. Il faut par ailleurs contacter les services d’urgence ou se rendre dans le centre médical le plus proche dès que possible. Lors de l’arrivée à l’hôpital, il faut informer le médecin à propos de cette allergie. Parmi les soins proposés, un traitement antihistaminique pour les démangeaisons ou une crème à base de corticoïdes peuvent être prescrits par la suite.
5. Quand consulter un médecin ?
Si les symptômes du syndrome de l’alpha-gal apparaissent quelques heures après l’ingestion de viande rouge ou de produits contenant de la viande rouge, il est important de consulter très rapidement un professionnel de santé. Le médecin pourra alors prescrire une prise de sang pour mesurer le taux d’immunoglobulines E, qui est un signe d’allergie. Si l’allergie à la viande rouge est avérée, un suivi régulier par un allergologue est alors fortement conseillé.
Le diagnostic du SAG peut s’avérer complexe en raison de la fiabilité limitée des tests cutanés. Les patients allergiques à l’alpha-Gal ne présentent généralement que de petites réactions papuleuses, avec des poussées de 2 à 4 mm de diamètre, lors des prick tests réalisés avec des extraits de viande de bœuf, de porc ou d’agneau du commerce. Ces réactions faibles peuvent être interprétées comme négatives, entraînant ainsi des recommandations erronées.
La détection d’IgE spécifiques à l’alpha-Gal demeure la méthode la plus fiable pour diagnostiquer le SAG. Cependant, étant donné que les individus allergiques à l’alpha-Gal sont souvent non atopiques et présentent des taux d’IgE totales faibles, il a été suggéré de comparer les taux spécifiques d’IgE anti-alpha-Gal aux taux d’IgE totaux. Des taux d’IgE anti-alpha-Gal > 2 % des taux d’IgE totaux sont compatibles avec un diagnostic positif pour le SAG.
6. Prévention du syndrome de l'alpha-gal
Pour éviter d’être touché par le syndrome de l’alpha-gal et de souffrir d’une allergie à la viande rouge, il est tout d’abord fortement conseillé de se protéger des piqûres de tiques. Ameli, le site de l’Assurance Maladie, donne les recommandations suivantes pour prévenir les morsures de tiques lors d’une balade dans la nature :
- Choisir des vĂŞtements et des chaussures qui couvrent tout le corps.
- Appliquer un répulsif cutané pour repousser les tiques.
- Rester sur des chemins et des sentiers débroussaillés.
- Ne pas s’asseoir à même le sol et utiliser un tissu de couleur clair.
Actuellement, aucun traitement spécifique n’est disponible pour prévenir les réactions allergiques causées par le syndrome de l’alpha-gal. Lorsqu’une personne a déjà développé cette allergie, il faut par conséquent éviter tous les aliments à risque. La viande rouge est donc à proscrire, tout comme les produits dérivés tels que les charcuteries, les bouillons ou encore les sauces à base de viande. Il est également recommandé de lire attentivement les étiquettes des produits alimentaires pour éviter une crise allergique.
Le principal conseil à donner aux patients atteints du SAG lors de leur premier diagnostic est de s’abstenir de consommer de la viande rouge.
7. Allergie à la viande : les allergènes et symptômes généraux
L’allergie à la viande est due à la présence de différentes protéines. De nombreuses protéines peuvent être impliquées. Parmi celles-ci, on peut citer la sérum-albumine pour les allergies au porc et au boeuf, la myoglobine présente dans la viande rouge, l’alpha-gal injectée par les tiques étoilées et responsable de réactions à la viande rouge.
Cliniquement, dans la plupart des cas, les réactions allergiques à la viande se manifestent par un gonflement des lèvres, des démangeaisons au niveau de la bouche, un œdème à la joue, de l’urticaire, une rhinite et éventuellement une conjonctivite.
Les symptômes de l’allergie à la viande peuvent inclure :
- Diarrhée et coliques
- Gaz
- Maux de ventre
- Nausées
- Vomissements
8. Traitements et gestion de l'allergie Ă la viande
Le meilleur moyen d’éviter les manifestations allergiques, il est important d’éviter la consommation de la viande ou de la famille de viande incriminée. Il est donc important de lire avec beaucoup de soin la composition des produits préparés dans le but de limiter au maximum les risques de réaction allergique. Le malade devra à tout prix éliminer toute trace de la viande incriminée dans les préparations.
Il est également essentiel de déterminer avec précision à quelle protéine le malade est réellement sensible. A ce jour il n’existe malheureusement pas de traitement curatif de l’allergie mais des études sont en cours pour le développement de traitements d’immunothérapie pour une désensibilisation à l’allergène. Le seul traitement actuel est l’évitement de toute exposition à l’allergène.
Il est recommandé aux patients allergiques et aux parents d’enfants allergiques de s’adresser à des professionnels de santé (diététicienne) pour obtenir de l’aide dans la gestion de leur régime alimentaire qui se doit d’être restrictif vis-à -vis de l’allergène en question. Des antihistaminiques sont prescrits pour soulager les symptômes en cas de crise.
Par ailleurs, il est fortement recommandé aux patients de toujours porter sur eux un auto-injecteur d’adrénaline. C’est un traitement d’urgence des réactions allergiques de type anaphylactique. Il faudrait également familiariser l’entourage à son utilisation.
Tableau récapitulatif des symptômes et des causes de l'allergie à la viande
| Aspect | Description |
|---|---|
| Causes principales | Piqûres de tiques (syndrome alpha-gal), protéines dans la viande |
| Symptômes courants | Prurit, éruptions cutanées, gonflements, difficultés respiratoires, nausées, douleurs abdominales |
| RĂ©action grave | Choc anaphylactique |
| Diagnostic | Tests sanguins (IgE spécifiques), tests cutanés |
| Traitement | Évitement de la viande, antihistaminiques, auto-injecteur d'épinéphrine |
| Prévention | Protection contre les piqûres de tiques, lecture attentive des étiquettes alimentaires |
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