Le gaspillage alimentaire représente un défi majeur à l'échelle mondiale, avec des impacts éthiques, sociaux, environnementaux et économiques considérables. En France, près de 20% de la nourriture produite finit à la poubelle chaque année. Face à ce constat alarmant, il est crucial d'adopter des pratiques qui permettent de réduire ce gaspillage et de valoriser au maximum les aliments.
L'ampleur du gaspillage alimentaire
Les pertes et gaspillages alimentaires se manifestent à différents niveaux de la chaîne alimentaire. Les pays en développement sont davantage touchés par les pertes alimentaires, tandis que les pays développés sont plus concernés par le gaspillage alimentaire. Les pertes alimentaires surviennent lors de la récolte, du stockage et du transport, tandis que le gaspillage alimentaire est lié aux décisions des commerçants, des restaurateurs et des consommateurs.
En France, un habitant jette en moyenne entre 20 et 30 kg d'aliments chaque année, dont 7 kg de produits alimentaires encore emballés. Les produits abîmés, les dates de péremption dépassées et les restes de repas non consommés sont les principales raisons pour lesquelles les consommateurs jettent de la nourriture. Côté commerçants, c'est souvent la gestion des stocks qui pose problème et entraîne du gaspillage.
Les pertes et gaspillages alimentaires ont des conséquences environnementales majeures. L'empreinte carbone de ces pertes est estimée à 3,3 gigatonnes d'équivalent CO2 par an. De plus, le volume total d'eau utilisé chaque année pour produire de la nourriture perdue ou gaspillée s'élève à 250 km3, soit environ 6% des prélèvements d'eau dans le monde. C'est également une consommation inutile de terres agricoles : 1,4 milliard d'hectares de terres, soit 30% des superficies agricoles du monde, servent annuellement à produire de la nourriture perdue ou gaspillée.
Sur le plan social, près de 10% de la population mondiale souffrait de faim en 2021. Jeter de la nourriture est d'autant plus inacceptable que des millions de personnes ont du mal à se nourrir à travers le monde. Selon l'International Food Policy Research Institute (IFPRI), la réduction totale des pertes et gaspillages permettrait de nourrir environ 2 milliards de personnes et ainsi assurer la sécurité alimentaire et limiter l'empreinte écologique des systèmes alimentaires.
Les conséquences économiques directes des pertes et du gaspillage alimentaire sont de l'ordre de 750 milliards de dollars par an dans le monde selon la FAO. A l'échelle de la France, la valeur des 10 millions de tonnes d'aliments perdus ou gaspillés annuellement est estimée par l'ADEME à 16 milliards d'euros. A l'échelle individuelle, l'ADEME estime que le coût du gaspillage de 29 kg de nourriture par personne et par an représente 108€, sans compter les coûts d'énergie pour faire les courses, conserver et préparer les produits, et traiter les produits jetés, ce qui amène la facture globale à 160 € par personne et par an.
Comment agir face au gaspillage alimentaire ?
Puisque le consommateur a une grande part à jouer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, voici quelques conseils pour vous aider :
- Acheter uniquement selon ses besoins : Cela évite les achats impulsifs et les produits qui finissent par se périmer.
- Faire l’inventaire et établir un menu : Avant de faire les courses, vérifiez ce que vous avez déjà et planifiez vos repas pour la semaine.
- Éviter de se laisser tenter par les promotions : Demandez-vous si vous allez réellement consommer le produit avant de l'acheter en grande quantité.
- Choisir les fruits et légumes "hors calibres" : Ils ont le même goût et contribuent à faire évoluer les standards.
- Comprendre les dates de péremption : La DLC (Date Limite de Consommation) indique un risque pour la santé, tandis que la DDM (Date de Durabilité Minimale) indique une perte de qualité mais pas de danger.
- Respecter la chaîne du froid et nettoyer les espaces de stockage : Cela aide à conserver les aliments plus longtemps.
- Organiser son frigo : Placez les produits à date courte à l'avant pour les consommer en priorité.
Transformer au lieu de jeter : Des exemples concrets
Tout le monde a déjà entendu la maxime de chimie qui avance que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », et bien pour ceux qui ne le savaient pas encore, apprenez que cela s’applique merveilleusement bien à la cuisine. Vous n’avez quand même pas eu le temps de les consommer ? Saviez-vous que les épluchures de légumes (de préférence bio), le jus de la conserve de pois chiches aussi appelé aquafaba ou encore les fanes de carottes peuvent complètement se consommer ? Rien ne se perd, tout se transforme !
- Fanes de légumes: Saviez-vous que vous pouvez utiliser les fanes de carottes, de radis ou encore de betteraves pour réaliser du pesto ou des quiches ou des tartes ?
- Peaux de fruits et légumes: D’abord n’oubliez pas que la peau des fruits et légumes est un trésor de fibres alimentaires, de vitamines et de minéraux, alors autant les manger quand c’est possible !
- Peaux d'agrumes: Les peaux d’agrumes peuvent être mises de côté au réfrigérateur (ou même au congélateur) afin d’en utiliser le zeste pour diverses recettes.
Les restes en cuisine
Mais pour cuisiner intelligemment, il est souvent intéressant de préparer trop de nourriture intentionnellement en prévision de plats pour les jours à venir. C’est particulièrement pratique pour les aliments demandant une longue cuisson comme les légumineuses. Ainsi en préparant une grande portion de pois chiches, on peut se faire une recette de couscous le midi, prévoir d’en incorporer dans le curry indien du soir et se faire un splendide houmous le surlendemain (pas tout le lendemain, ça permet de varier votre alimentation et surtout… ça vous sauve de l’overdose de pois chiches !). C’est une super astuce lorsqu’on a peu de temps à consacrer à la popote le lendemain.
Donc si vous avez eu les yeux plus gros que le ventre et qu’à la fin du repas il vous reste des légumineuses, des céréales et/ou des légumes, pas de panique ! Rien de plus facile que de former boulettes, galettes, tartinables et terrines, de confectionner cakes, tartes, flans, samosa, rouleaux de printemps et pancakes, ou d’assembler salades composées, mélanges au wok et potages avec ce qu’il reste dans les plats même s’ils sont en sauce ou bien épicés.
Les déchets organiques au compost
Toutefois, si après tous ces conseils, vous pensez trouver encore une utilité à votre poubelle, sachez que les ultimes résidus de cuisine que vous n’avez pas pu utiliser n’ont pas leur place dans un sac plastique direction la décharge, car ces précieux résidus sont plus utiles à nourrir le compost !
Initiatives et Législation
Pour répondre à ce problème la France a mis en place une « Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire ». Cette loi fixe comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % par rapport à son niveau de 2015. Le label national « anti-gaspillage alimentaire » sera attribué aux acteurs participant à la réduction du gaspillage.
Depuis le 1er juillet 2021, dans le cadre de la loi Agriculture et Alimentation, les restaurants et débits de boissons à consommer sur place sont tenus de fournir à leurs clients qui en font la demande des contenants réutilisables ou recyclables permettant d’emporter les aliments ou boissons non consommés sur place (pratique appelée « doggy bags »), à l’exception de ceux mis à disposition sous forme d’offre à volonté.
Le témoignage d'une experte: Chloé et le Zéro Déchet
Chloé est une spécialiste du zero waste et de la cuisine ! Je suis Chloé, j’ai 28 ans et je suis consultante en communication digitale. Cette aventure a démarré à mon retour de San Francisco où j’avais passé 15 jours à découvrir cette ville magnifique et ses environs. Je suis tombée sur un reportage de Béa Johnson et j’ai fini par lire son bouquin.
J’ai donc commencé à mettre en place des petits changements comme faire mes courses dans les rayons vrac avec des sachets en tissu, remplacer tous les articles à usage unique de la salle-de-bains par des alternatives durables. Au début mes proches m’ont pris pour une folle et ils se sont dit “ça y est Chloé a encore une nouvelle lubie”. Mais je ne m’y suis pas attachée, j’ai fait mon petit bonhomme de chemin tout en me disant qu’à force que mes proches me voient heureuse et épanouie, ils auraient envie de connaître mon secret. Aujourd’hui, ceux qui n’ont pas cru un seul instant que cette démarche était viable, sont devenus mes plus grands soutiens au quotidien et j’adore recevoir leurs messages me demandant conseils ou m’annonçant qu’ils ont mis telle ou telle chose en place ! Depuis que j’ai débuté, je n’ai plus jamais vu les déchets comme tels !
En cette période de fin d’année, Cécile m’a mise au défi de concocter une recette anti-gaspi pour les fêtes et végétale. J’ai donc réalisé un pain d’épices !
Quelques chiffres clés
| Element | Données |
|---|---|
| Gaspillage alimentaire annuel en France par habitant | 20-30 kg |
| Gaspillage alimentaire annuel en France (total) | 10 millions de tonnes |
| Valeur du gaspillage alimentaire annuel en France | 16 milliards d'euros |
| Coût du gaspillage alimentaire par personne et par an | 160€ |
| Empreinte carbone du gaspillage alimentaire mondial | 3,3 gigatonnes d'équivalent CO2 |
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