Aliments riches en vitamine K et antivitamines K (AVK) : ce qu'il faut savoir

Un anti-vitamine K est un médicament anti-coagulant, c’est-à-dire un médicament qui ralentit la coagulation. Il agit en s’opposant à l’action de la vitamine K qui favorise la coagulation sanguine. Les antivitamines K (AVK) ont pour nom de spécialité Sintrom®, Minisintrom®, Coumadine® ou Previscan® et font partie de la famille des anticoagulants oraux. Ces médicaments sont prescrits afin de prévenir la formation d’un caillot de sang coagulé à l’intérieur du cœur ou des vaisseaux sanguins, ainsi que dans le cadre de la prise en charge de la phlébite, de l’embolie pulmonaire et de certains troubles du rythme cardiaque.

Le rôle de la vitamine K et son interaction avec les AVK

La vitamine K contrôle la production par le foie de différentes protéines qui contribuent à la coagulation sanguine. La vitamine K, en plus de jouer un rôle essentiel dans la coagulation sanguine, est importante pour la minéralisation des os et la prévention du risque cardiovasculaire. La plupart des agences sanitaires recommandent un apport de 1 µg par kilo de poids corporel et par jour ; l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fixé une valeur nutritionnelle de référence moyenne pour un adulte de 75 µg par jour. Il est donc hors de question d’éliminer tout apport alimentaire de cette précieuse vitamine.

Certains aliments contiennent de la vitamine K en grande quantité et peuvent donc modifier votre INR en s’opposant à l’action des AVK. En théorie, ces aliments peuvent diminuer l’effet de l’anti-vitamine K. Non, cependant, il faut savoir que certains aliments sont riches en vitamine K : brocolis, laitue, épinards, choux, choux-fleurs, choux de Bruxelles.

Gestion de l'alimentation sous AVK

Il existe de nombreux tableaux accessibles sur internet vous précisant les aliments les plus riches en vitamine K, c’est-à-dire ceux dont vous devrez contrôler la consommation, ainsi que ceux moins riches en vitamine K que vous pourrez donc consommer sans restriction. Cela signifie que le médecin ajuste la dose selon votre alimentation habituelle. Lorsque le médecin prescrit une certaine posologie, il détermine celle-ci sur la valeur de l’INR, voit ensuite comment le patient réagit au traitement, puis ajuste la dose en conséquence, jusqu’à stabiliser l’INR au niveau souhaité.

Il ne faut donc pas éliminer du jour au lendemain tous les aliments riches en vitamine K, surtout si vous en consommez régulièrement, ni au contraire en manger d’un coup de grandes quantités, au risque de déstabiliser l’INR. Le plus important est de garder une alimentation stable dans le temps. Tous ces aliments peuvent être consommés lorsqu’on est sous traitement par AVK. Néanmoins, afin d’éviter un déséquilibre du traitement, il est recommandé de les consommer de manière régulière et sans excès : une portion d’aliment riche en vitamine K par jour. Une consommation massive et occasionnelle pourrait modifier l’efficacité du traitement !

INR : Suivi essentiel sous AVK

L’INR ‘International Normalized Ratio) est un examen de laboratoire réalisé à partir d’un prélècvement de sang. L’INR permet d’évaluer l’activité du traitement anti-vitamin K. Il mesure le temps de coagulation d’un patient et le compare à celui d’un sujet qui ne reçoit pas de traitement anti-vitamine K. Chez un sujet non traité, l’INR est égal à 1. Chez un patient nécessitant un traitement par anti-vitamine K, l’INR est adapté à chaque cas particulier.

Pour évaluer l’efficacité des AVK sur la fluidité du sang et en adapter la posologie, les médecins demandent une mesure du taux sanguin de prothrombine exprimé en INR (International Normalised Ratio), mode d’expression normalisé équivalent pour tous les laboratoires. La détermination de l’INR repose donc sur des prises de sang régulières durant tout le traitement, ce qui constitue une réelle contrainte pour les patients.

En début de traitement, l’INR doit être mesuré fréquemment pour permettre de trouver la dose d’antivitamine K qui convient jusqu’à ce que l’INR « cible » soit obtenu, et ce à plusieurs reprises. Une fois que la dose appropriée est déterminée, la fréquence du contrôle de l’INR peut diminuer progressivement, mais il devra être effectué au moins une fois par mois. Remplissez votre carnet de traitement à chaque prise de sang (résultat de l’INR, dose quotidienne effectivement prise depuis le précédent INR).

Certaines circonstances particulières peuvent provoquer un déséquilibre du traitement, en augmentant ou au contraire en diminuant sont effet anticoagulant.

Interactions médicamenteuses et précautions

La règle, très simple, consiste à ne jamais utiliser de médicament qui n’ait été prescrit par un médecin. Les antivitamines K (AVK) interagissent avec de très nombreuses substances, en augmentant le risque d’hémorragie ou de thrombose. Certaines de ces substances sont contre-indiquées avec les AVK : l’aspirine à forte dose, les médicaments contenant contenant du miconazole (Daktarin gel buccal, Gyno-Daktarin, Loramyc). D’autres substances sont déconseillées : l’aspirine à faible dose ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène, diclofénac, etc.). De nombreuses autres substances nécessitent des précautions d’emploi avec les AVK et il est indispensable de ne JAMAIS prendre un médicament sans en parler à son médecin. Ces précautions s’appliquent également aux compléments alimentaires ou aux produits à base de plantes. Pour toutes ces raisons, l’automédication ne doit jamais être pratiquée lorsqu’on prend des antivitamines K.

De façon générale, il est préférable de toujours demander l’avis de votre médecin ou pharmacien avant de commencer ou d’arrêter de prendre un complément nutritionnel. Oméga-3 : Les oméga-3 (EPA et DHA) sont excellents pour votre santé cardiovasculaire et n’affectent pas votre traitement par AVK. 🍷 L’alcool peut quant à lui majorer l’effet des AVK. Il reste, comme toujours, à consommer avec modération (pas plus de 2 verres par jour).

Que faire en cas d'oubli ou de saignement ?

Que faire si on oublie de prendre son anti-vitamine K ? Il ne faut jamais prendre deux prises d’anti-vitamine K dans la même journée (risque d’hémorragie). La prise médicamenteuse « oubliée » peut être « rattrapée » dans un délai de 8 heures après l’heure habituelle d’administration. Si vous avez l’habitude de prendre votre traitement le soir vers 20 heures, en cas d’oubli, vous pouvez prendre votre traitement jusqu’au coucher. Si vous avez l’habitude de prendre votre traitement à 16 heures, en cas d’oubli vous pouvez prendre votre traitement jusqu’au coucher, sans dépasser minuit (16 h + 8 h = 24 h). Afin d’éviter tout oubli, il est recommandé d’utiliser un pilulier-semainier.

Si vous oubliez de prendre votre traitement anticoagulant oral (AVK), vous pouvez prendre la dose oubliée dans un délai de huit heures après l’heure habituelle de prise. Passé ce délai, mieux vaut sauter cette prise et de prendre la suivante à l’heure habituelle, le lendemain.

si des saignements apparaissent, même minimes : gencives, nez, yeux (œil rouge), sang dans les urines, règles anormalement abondantes, apparition de « bleus » (ecchymoses), selles noires ou couvertes de sang rouge, vomissements ou crachats sanglants, coupure ou blessure qui n’arrête pas de saigner, etc. Si vous présentez un saignement, contactez rapidement votre médecin ou allez aux urgences les plus proches.

AVK et grossesse/allaitement

La réévaluation récente de données concernant les AVK (fluindione, warfarine et acénocoumarol) montrent qu’ils peuvent, en cas de prise pendant la grossesse, nuire gravement au foetus et à l’enfant à naître : risque d’avortements spontanés, de morts intra-utérines, de malformations (notamment de la face, du squelette et du cerveau), de retard de croissance et d’hémorragies chez l’enfant à naître ou le nouveau-né. L’utilisation des AVK est contre-indiquée pendant la grossesse et l’allaitement. Il existe d’autres types de traitement anticoagulant que le médecin peut prescrire en cas de besoin.

En cas de prise d’un AVK pendant la grossesse, un diagnostic prénatal spécialisé (échographique voire IRM) adapté en fonction de la période d'exposition pendant la grossesse doit être instauré. L’allaitement est contre-indiqué pendant un traitement par fluindione.

Fluindione : Risques spécifiques

L’ANSM a alors mis en place une enquête de pharmacovigilance visant à caractériser et à évaluer l’incidence des effets indésirables non hémorragiques graves des antivitamines K confirmant que l’utilisation de la fluindione est plus fréquemment associée à la survenue d’atteintes immuno-allergiques rares mais souvent sévères. En particulier, des atteintes rénales à type de néphropathie tubulo-interstitielle isolée ou associée à des signes d’hypersensibilité ont été rapportées. Par ailleurs, cette enquête a permis d’identifier plusieurs cas d’atteintes cutanées immuno-allergiques de type DRESS), de pustulose exanthématique aiguë généralisée, de toxidermies sévères et de vascularites. Des cas de neutropénies sévères et d’hépatites possiblement immuno-allergiques ont également été identifiés.

Ces effets immuno-allergiques graves, observés chez les patients sous fluindione surviennent le plus souvent dans les 6 mois suivants l’initiation du traitement. En revanche, ils ont été rapportés moins fréquemment avec la warfarine et l’acénocoumarol. Par ailleurs il n’a pas été observé de réaction croisée entre la fluindione et les dérivés coumariniques. Un patient ayant présenté une réaction d’hypersensibilité à la fluindione peut donc, après arrêt définitif de Préviscan, être traité par un dérivé coumarinique.

En mai 2017, une lettre adressée aux professionnels de santé ainsi qu’un point d’information ont mis en garde sur ce risque rare mais grave d’effets indésirables immuno-allergiques avec les AVK, plus fréquemment rapporté avec la fluindione. Les professionnels de santé ont été invités à privilégier la prescription de coumariniques lors d’une initiation de traitement par AVK et à être particulièrement attentifs au risque immuno-allergique au cours des 6 premiers mois d’un traitement par fluindione.

En janvier 2018, la Commission de la transparence de la HAS a conclu pour Préviscan à un service médical rendu désormais modéré pour l’ensemble de ses indications thérapeutiques. Elle a précisé que son rapport efficacité/effets indésirables est modéré dans ses indications, au regard du risque de réactions immunoallergiques pouvant être sévères au cours des 6 premiers mois de traitement. Je réévalue son traitement au regard du risque immuno-allergique.

Conseils supplémentaires

  • Signalez que vous prenez un traitement par AVK à tous les professionnels de santé que vous consultez (médecin, pharmacien, laboratoire d’analyses, infirmière, dentiste, kinésithérapeute, pédicure, etc.).
  • En déplacement, pensez à emporter votre ordonnance, votre traitement en quantité suffisante, ainsi que votre carnet de suivi : certains AVK ne sont commercialisés qu’en France.
  • En cas de voyage avec décalage horaire, demandez conseil à votre médecin pour ajuster vos horaires de prise.
  • Attention, la valeur de l’INR peut varier entre deux laboratoires d’analyses, en particulier dans des pays différents.

Les personnes qui prennent des traitements anticoagulants par voie orale (AVK) doivent faire attention à se protéger de tout ce qui peut provoquer un saignement : sports violents ou à risque de chute ou de coupure, bricolage, etc. Les personnes âgées, davantage à risque de chute, doivent prendre les mesures adéquates pour sécuriser leur domicile et prévenir les chutes. De plus, utilisez une brosse à dents souple (pour éviter de blesser vos gencives) et un rasoir électrique. Ne marchez pas pieds-nus et ne retirez pas vous-mêmes les cors ni les durillons de vos pieds.

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