MaĂźtriser lâalimentation de la truie - gestante ou allaitante - est indispensable pour optimiser sa carriĂšre et la vitalitĂ© des porcelets Ă la naissance et ce, notamment dans un contexte de forte prolificitĂ©. Lâobjectif de la production porcine moderne est de maximiser la quantitĂ© et la qualitĂ© de la viande porcine produite par truie par an (ou au cours de sa vie) Ă coĂ»t rĂ©duit. Le premier pas est de sâassurer que lâanimal la truie produit un nombre appropriĂ© de porcelets par portĂ©e, par an ou au cours de sa vie.
Besoins nutritionnels spécifiques des truies
Au-delĂ du stade physiologique, les besoins nutritionnels de la truie Ă©voluent en fonction de plusieurs variables telles que son niveau de performances (prolificitĂ©, nombre de sevrĂ©s), de facteurs dâenvironnement comme la tempĂ©rature de la salle, mais aussi de facteurs qui lui sont propres, tels que son rang de portĂ©e, son Ă©tat dâengraissement ou encore son poids vif.
1. Reconstituer les réserves en début de gestation
Il faut profiter du premier mois de gestation pour permettre la reconstitution des rĂ©serves de la truie aprĂšs son sevrage. En effet, Ă ce stade, les besoins fĆtaux sont faibles et la truie va pouvoir valoriser lâaliment pour reconstituer ses rĂ©serves. La quantitĂ© dâaliment apportĂ©e Ă chaque truie va dĂ©pendre de son rang de portĂ©e, de son Ă©tat corporel (poids, Ă©paisseurs de lard et de muscles), des besoins de croissance (jusquâen quatriĂšme portĂ©e) et de lâobjectif dâĂ©tat Ă atteindre pour la prochaine mise-bas. Elle peut ainsi varier entre 2,6 kg Ă 4,0 kg par jour (aliment formulĂ© Ă 9,0 MJ EN/kg) en fonction des truies.
2. Maintenir lâĂ©tat corporel des truies en milieu de gestation
Entre le 30Ăšme et le 85Ăšme jour de gestation, les besoins du fĆtus sont encore faibles et la truie a reconstituĂ© ses rĂ©serves. Ainsi, la truie utilise lâaliment en majoritĂ© pour ses besoins dâentretien.
3. Pourvoir Ă la croissance du fĆtus en fin de gestation
Au-delĂ du 85Ăšme jour de gestation, la croissance du fĆtus est forte. Lâalimentation de la truie doit y pourvoir sans que la truie puise dans ses rĂ©serves destinĂ©es Ă la phase de lactation.
4. Besoins énergétiques et protéiques
Une truie en gestation nĂ©cessite environ 13 MJ d'Ă©nergie mĂ©tabolisable par jour, tandis qu'une truie allaitante peut en nĂ©cessiter jusqu'Ă 18 MJ/jour. Cette valeur peut ĂȘtre exprimĂ©e en Ă©nergie digestible (ED), en Ă©nergie mĂ©tabolisable (EM) et en Ă©nergie nette (EN). L'Ă©nergie nette est le critĂšre le plus pertinent pour Ă©valuer la valeur rĂ©elle d'un aliment pour l'animal. Ces Ă©lĂ©ments constituent les protĂ©ines et sont cruciaux pour la croissance des porcs. Essentiel pour le mĂ©tabolisme Ă©nergĂ©tique et la santĂ© osseuse des porcs, le phosphore doit ĂȘtre prĂ©sent en quantitĂ© adĂ©quate dans l'alimentation. Un excĂšs de phosphore peut Ă©galement contribuer Ă la pollution environnementale. Les besoins en Ă©nergie et en acides aminĂ©s sont interdĂ©pendants et sont exprimĂ©s sous forme d'un rapport entre la lysine digestible et l'Ă©nergie nette.
5. Alimentation en lactation
En lactation, prĂšs de 75 % des besoins de la truie sont consacrĂ©s Ă la lactation. Lâalimentation de la truie allaitante doit permettre de limiter les pertes de poids et dâĂ©tat corporel de la truie, tout en maintenant un bon niveau de lactation pour amĂ©liorer le poids de portĂ©e. Cette augmentation progressive en dĂ©but de lactation permet de limiter le risque de chute dâappĂ©tit. La capacitĂ© dâingestion de la truie Ă©tant limitĂ©e, tout retard dans la progression de consommation ou blocage (montĂ©e trop rapide) ne pourra pas ĂȘtre compensĂ©e ensuite. Dans des conditions de tempĂ©ratures Ă©levĂ©es, une baisse dâappĂ©tit peut ĂȘtre observĂ©e. Le plan dâalimentation de la truie doit ĂȘtre modulĂ© en fonction de son Ă©tat Ă lâentrĂ©e en maternitĂ©, sa capacitĂ© dâingestion, son appĂ©tit et la taille de la portĂ©e.
6. Importance de l'eau
Lâabreuvement correspond Ă 93,6 % de la consommation dâeau dâun Ă©levage. Apporter de lâeau aux porcs de plus de deux semaines en permanence est une obligation rĂ©glementaire, quel que soit le mode dâalimentation. Comme nous l'avons dit, il est essentiel d'assurer la consommation d'eau de la truie. Toute privation ou rejet d'eau en raison d'un manque de qualitĂ© aura une influence directe sur la production de l'Ă©levage.
Les consommations dâeau par jour sont :
- De 15 Ă 20 litres par jour pour les truies gestantes
- De 20 Ă 35 litres par jour pour les truies allaitantes.
Une truie qui ne boit pas suffisamment ne mangera pas non plus comme il faut. Le débit de l'abreuvoir est important, plus en été, afin que la truie puisse boire beaucoup d'eau sans avoir beaucoup de travail pour appuyer sur l'abreuvoir.
S. Kruse et al., dans un essai réalisé en 2011, ont vu comment la consommation quotidienne d'eau augmentait avec l'avance de la lactation, atteignant une consommation moyenne d'eau pendant la période de lactation de 27,5 litres / jour. Le jour de la mise bas, les truies avaient une consommation proche de 15 litres par jour, atteignant prÚs de 40 litres par jour en fin de lactation.
Comme le montre l'illustration 1, il faut faire attention Ă la pĂ©riode prĂ©-partum; dans cette Ă©tude, pendant les jours prĂ©cĂ©dant la mise-bas, une consommation d'eau Ă©levĂ©e a Ă©tĂ© enregistrĂ©e, avec une moyenne de 9 litres / jour pendant les 3 Ă 5 jours prĂ©cĂ©dant la mise-bas, en atteignant mĂȘme des pics maximaux de prĂšs de 18 litres d'eau la veille de la mise-bas.
7. Gestion des repas
La gestion des repas : multiplier la frĂ©quence des repas (3 au lieu de 2), les distribuer aux heures les plus fraĂźches (tĂŽt le matin ou en fin de journĂ©e) dans le cas de tempĂ©ratures Ă©levĂ©es. La quantitĂ© de prises quotidiennes dĂ©pend de la quantitĂ© d'aliment qu'elles ont; un maximum de 2-2,5 kg par repas serait idĂ©al. Par temps chaud, il serait intĂ©ressant de donner les repas tĂŽt et tard pour que les truies ne soient pas trop gĂȘnĂ©es par la chaleur.
Si les maternitĂ©s sont approvisionnĂ©es avec un seul aliment, alors les truies reçoivent lâaliment de lactation dĂšs leur entrĂ©e en maternitĂ©. Il faut alors ĂȘtre plus vigilant sur la cohĂ©rence des matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es dans les aliments de gestation et de lactation et limiter les quantitĂ©s distribuĂ©es dâaliment allaitante pour Ă©viter une surcharge en acides aminĂ©s. Quand plusieurs aliments peuvent ĂȘtre distribuĂ©s en maternitĂ©, lâaliment de gestation peut ĂȘtre apportĂ© jusque 2 ou 3 jours aprĂšs la mise-bas. Puis les truies passent Ă lâaliment allaitante. Si câest possible, une transition entre les deux aliments doit ĂȘtre effectuĂ©e, et ce dâautant plus si les formules des aliments de gestation et de lactation sont trĂšs diffĂ©rentes.
8. Impact sur les porcelets
Lâaugmentation homogĂšne du poids des porcelets dĂšs la naissance et le taux de pertes avant sevrage dĂ©pendent de la production laitiĂšre de la truie. La quantitĂ© de lait produit est directement liĂ©e aux apports nutritionnels de lâaliment et Ă la mobilisation des rĂ©serves corporelles. Au cours de la lactation, la truie voit donc ses fonctions physiologiques fortement sollicitĂ©es.
Fraser & Phillips, en 1989 corrélaient déjà la consommation d'eau et gain moyen quotidien des porcelets; une corrélation positive est observée entre la consommation d'eau dans les trois premiers jours de lactation et l'augmentation de poids des porcelets.
9. Facteurs influençant la consommation alimentaire
Le niveau dâingestion spontanĂ© de la truie est en gĂ©nĂ©ral tout juste suffisant pour couvrir ses besoins. Il varie notamment en fonction de lâambiance (tempĂ©rature, hygromĂ©trie etc.), du rang de portĂ©e, de la gĂ©nĂ©tique, de la concentration Ă©nergĂ©tique de lâalimentâŠLa consommation d'aliment chez la truie est particuliĂšrement rĂ©duite dans le cas de stress thermique rĂ©sultant dâune tempĂ©rature ambiante trop Ă©levĂ©e : Ă©tĂ©, climat tropical, consigne de rĂ©glage de chauffage de la salle... Ces tempĂ©ratures ont pour effet de diminuer lâappĂ©tit de la truie. La consommation sera Ă©galement limitĂ©e par la capacitĂ© dâingestion propre Ă lâanimal, particuliĂšrement chez les primipares. En effet, au sein dâun mĂȘme troupeau, la consommation spontanĂ©e de truies primipares en lactation peut facilement ĂȘtre de 20-25% infĂ©rieure Ă celles des multipares. Dans le mĂȘme temps, ces jeunes truies ont en plus un besoin de croissance Ă satisfaire.
10. Prévention des problÚmes de santé
Une alimentation Ă©quilibrĂ©e est importante pour la prĂ©vention des maladies et le bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral des porcs. Par exemple, une carence en zinc peut entraĂźner des problĂšmes de peau, tandis qu'un manque de vitamine E et de sĂ©lĂ©nium peut causer des troubles musculaires.
11. Optimisation de la croissance et de la qualité de la viande
Lâalimentation influence directement les taux de croissance, la conversion alimentaire et la qualitĂ© de la viande. Des Ă©tudes montrent qu'un rĂ©gime bien Ă©quilibrĂ© peut amĂ©liorer la croissance journaliĂšre de 15 Ă 20 % et rĂ©duire le temps nĂ©cessaire pour atteindre le poids de marchĂ© de 10 Ă 15 jours. Une alimentation riche en acides aminĂ©s essentiels et en Ă©nergie permet d'optimiser le rendement de viande maigre, augmentant ainsi la rentabilitĂ©.
12. Importance du colostrum
La consommation de colostrum et de lait constitue le premier instinct initial pour les porcelets aprÚs la naissance. Il est essentiel de veiller à ce que chaque porcelet consomme environ 250 g de colostrum. Cependant, la production de colostrum est limitée et peut varier. Pour maximiser cette production, il sera important de favoriser le développement optimal de la glande mammaire et de sa synthÚse en fin de gestation. Une accumulation excessive de graisse dans la glande peut entraver la mammogenÚse. Par conséquent, il ne faut pas suralimenter les truies pendant la gestation.
13. Alimentation post-sevrage
AprÚs la mise-bas, on doit laisser les portées consommer du colostrum avec leur mÚre pendant au moins 12 à 16 heures. Egaliser ensuite par taille et selon les mamelles de chaque truie.
Le sevrage se fait généralement 3 à 4 semaines aprÚs la naissance et un poids de 7 a 8 kg. Les besoins nutritionnels des porcelets changent. Ils doivent consommer des aliments solides à haute digestibilité, avec des niveaux de protéines ajustés (18 à 20 %) pour réduire le stress post-sevrage. Des acides aminés essentiels comme la méthionine et la lysine restent vital pour une bonne croissance.
Essayer qu'elles perdent le moins de condition corporelle possible. Quand nous avons obtenu un bon ingĂ©rĂ© au cours des 10 premiers jours, NOUS AVONS DĂJĂ FAIT LE PLUS DIFFICILE, maintenant nous devons terminer le travail et commencer Ă profiter. Une consommation Ă©levĂ©e en lactation n'est jamais une perte, c'est le meilleur investissement que nous puissions faire. Un signe que nous avons fait du bon travail est de voir des porcelets sauter une prise lorsque la truie donne Ă manger. Mais la meilleure chose que nous puissions faire est d'augmenter la consommation, d'essayer de nourrir plus de fois, d'Ă©viter les heures chaudes et surtout que la nourriture ne reste pas dans l'auge plus de 2 heures, idĂ©alement 30 minutes pour terminer la ration fournie Ă chaque prise.
14. Préparer la truie au sevrage-insémination et au prochain cycle de reproduction
Dans cette phase, nous avons déjà fait tout ce que nous avons pu pour la production de lait; Il est temps de vérifier que les truies ne deviennent pas trop maigres ou trop grasses en pensant au prochain cycle de reproduction et en gardant toujours à l'esprit que les porcelets doivent continuer à croßtre à un bon rythme.
Tableau récapitulatif des besoins en eau
Stade physiologique | Consommation d'eau (litres/jour) |
---|---|
Truies gestantes | 15 - 20 |
Truies allaitantes | 20 - 35 |
TAG: