Alimentation et Prévention du Cancer Colorectal

Cet article, basé sur plusieurs études, a pour objectif de présenter les relations entre les consommations d’aliments et l’incidence du cancer colorectal (CCR). Le cancer colorectal est le 3e cancer le plus fréquent en France, derrière le cancer de la prostate et le cancer du sein. C’est la deuxième cause de décès par cancer après le cancer du poumon. En effet, la qualité de notre alimentation et la survenue d’un cancer colorectal pourraient être liés.

Facteurs de Risque et Alimentation

Parmi les facteurs de risque identifiés : un âge supérieur à 50 ans, des antécédents familiaux de cancer colorectal, une maladie intestinale inflammatoire, l’obésité, le tabagisme, l’alcool, mais aussi l’alimentation. Certains aliments consommés en trop grande quantité constituent des facteurs de risques du cancer colorectal.

Aliments à Limiter

La consommation de viandes rouges (veau, mouton, bœuf, porc, chèvre), viandes transformées et boissons alcoolisées est associée à un risque augmenté de cancer colorectal. Il faut donc fortement limiter la consommation de ces catégories d’aliments. La consommation de viande rouge augmenterait de 29 % le risque de survenue du cancer colorectal chez les plus forts consommateurs, soit plus de 100g par jour. Ce risque diminuerait à 21 % en cas de consommation de 50 g de viande rouge au quotidien.

L’association entre consommation de viandes et risque de CCR s’expliquerait par la présence de l’hème dans la viande. L’hème encouragerait la formation de composés cancérogènes par les bactéries du côlon. Les effets cancérogènes sont attribués en particulier au stress oxydant induit par l’excès de fer héminique (qui est très abondant dans les viandes rouges), lequel pourrait entraîner la formation de composés potentiellement cancérogènes. Autre mécanisme impliqué : la cuisson à haute température peut donner lieu à la création de substances cancérogènes et génotoxiques (qui altèrent l’ADN).

Il est donc recommandé de limiter votre consommation de viande rouge à moins de 500 g par semaine (l’équivalent de 3 à 4 steaks de 100 à 150g). Quel que soit l’aliment, les modes de cuisson auraient aussi un rôle à jouer dans l’incidence des cas de cancer colorectal. Précisément, les cuissons utilisant des températures supérieures à 200°C ou qui exposent directement les aliments à la flamme (comme le barbecue ou les grillades). Celles-ci risquent d’entraîner la formation de substances cancérigènes ou potentiellement cancérigènes. Par mesure de prudence, mieux vaut limiter votre consommation d’aliments grillés !

Quant aux charcuteries, il s’agit des viandes qui sont conservées par fumaison, séchage ou salage (comme le jambon ou les lardons). Également appelées viandes transformées, les charcuteries sont classées comme « cancérogènes » pour l’humain depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). D’ailleurs, la consommation excessive de viandes rouges et de charcuteries serait responsable de près de 5 600 nouveaux cas de cancer colorectal par an, rappelle l’Institut national du cancer.

La consommation d’alcool serait elle aussi corrélée au risque de développer un cancer colorectal. Les études ont ainsi montré que ce risque augmenterait de 9 % dès la consommation d’un verre d’alcool au quotidien. Ce risque est proportionnel à la quantité d’alcool consommée. Ainsi, plus la personne consomme d’alcool, plus son risque de développer un cancer colorectal est grand. L’augmentation du risque de CCR due à la consommation d’alcool résulte d’un défaut de transformation de l’acétaldéhyde, formé à partir de l’éthanol, en acétate.

Près de 28 000 cancers seraient liés à une consommation excessive d’alcool. Parmi eux, le cancer colorectal, dont les risques apparaissent dès la consommation d’un verre d’alcool par jour et à plus forte raison si c’est davantage. Pour prévenir ce risque, vous devez réduire un maximum votre consommation d’alcool, de manière à la rendre occasionnelle et raisonnable : pas plus de 2 verres standards d’alcool par jour (ou par occasion), à plus forte raison après 65 ans car votre organisme tolère moins bien cette substance.

Aliments à Privilégier

Un régime alimentaire adapté permet de limiter les risques de cancer du côlon. Consommer du lait réduirait le risque de cancer colorectal. Le rôle protecteur du lait viendrait essentiellement de la présence de calcium. Le calcium diminuerait en effet le nombre de mutations du gène KRAS, impliqué dans le CCR. Il entraîne une réduction de la multiplication des cellules, de même que la mort des cellules cancéreuses. Le calcium, en effet, pousserait les cellules cancéreuses vers l’apoptose (mort cellulaire programmée), et pourrait avoir un rôle dans la régulation d’une hormone réputée promouvoir certains cancers.

L’effet préventif des fruits et légumes proviendrait des fibres, antioxydants, vitamines ou minéraux qui protègeraient contre le stress oxydatif des cellules et l’inflammation. Comment ces aliments peuvent-ils nous protéger du cancer colorectal ? De fortes teneurs en fibres réduiraient d’une part le risque d’insulino-résistance, donc d’hyperinsulinémie. Et les fibres sont par ailleurs nécessaires au microbiote intestinal, qui en les dégradant génère des produits aux vertus anti-inflammatoires et antiprolifératives.

Pour prévenir le cancer colorectal, il est important de promouvoir une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, en produits céréaliers complets, en lait et en fibres alimentaires. À l’inverse, il s’agit de limiter les viandes rouges, les charcuteries, de même que la consommation de boissons alcoolisées.

Hygiène de Vie et Autres Recommandations

En plus de ces modifications alimentaires, vous pouvez conseiller à vos patients d’adopter une bonne hygiène de vie. Cela passe par l’arrêt du tabac, pour les fumeurs, la pratique d’une activité physique (30 min par jour) et le suivi d’un régime encadré par un diététicien pour les personnes en surpoids ou souffrant d’obésité. Une pratique quotidienne d’au moins 30 minutes d’activité physique dynamique est recommandée pour rester en bonne santé.

La surcharge pondérale est un autre facteur de risque de cancer colorectal pour lequel on dispose de niveaux de preuve convaincants, et elle est responsable de 14 % des cancers du côlon et 7 % des cancers du rectum en France. Plusieurs mécanismes sont invoqués. Chez les personnes en surpoids ou obèses, on note en effet fréquemment un phénomène d’insulino-résistance. Or on sait qu’en pareil cas, le pancréas produit encore plus d’insuline pour compenser la baisse de sensibilité des tissus à l’hormone. Mais aussi que cette hyperinsulinémie induit la production d’une hormone de croissance qui favorise la prolifération cellulaire - et partant le risque de cancer.

Pour rappel, les compléments alimentaires correspondent à « des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal ». Ils permettent de pallier un manque de vitamines, de minéraux, d’acides gras… sous forme de gélules, d’ampoules ou de comprimés. La consommation de compléments alimentaires expose à certains risques pour la santé, c’est pourquoi vous ne devez pas en consommer sans avoir consulté votre médecin au préalable.

Dépistage du Cancer Colorectal

Bonne nouvelle : le taux de mortalité du cancer colorectal recule, notamment grâce au dépistage. Pour l’heure, un programme de dépistage organisé est proposé à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans. Entre 50 et 74 ans, vous bénéficiez d’un rendez-vous programmé tous les 2 ans, pour lequel vous recevez une invitation de l’Assurance maladie. Cette invitation vous donne accès sans frais au kit de dépistage que vous pouvez récupérer auprès de votre médecin traitant, de votre gastro-entérologue ou de votre gynécologue. Mais aussi en le commandant en ligne sur le site dédié ou en pharmacie.

Ce test est à réaliser chez vous en suivant le mode d’emploi, puis en l’envoyant au laboratoire pré-identifié sur l’enveloppe prévue à cet effet dans votre kit de dépistage. C’est à partir de la muqueuse du côlon ou du rectum, en contact direct avec la nourriture ingérée, que se développe le cancer colorectal. Il résulte le plus souvent d’une transformation maligne de tumeurs bénignes, les adénomes colorectaux (polypes).

Dépistage du cancer colorectal : qui ? Quand ? Comment ?

Pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, ce test rapide permet de détecter des traces de sang dans l’échantillon de selles prélevé chez soi. S’il est positif (il l’est dans 4 % des cas), cela n’annonce pas nécessairement un cancer. Mais une coloscopie peut alors être prescrite, pour le confirmer ou l’infirmer. Alors, n’hésitez pas : lors de la campagne de dépistage organisée en 2018-2019, le taux de participation n’était que de 30,5 %.

Troubles Alimentaires et Conseils Post-Opératoires

Après un cancer colorectal, le régime alimentaire redevient sensiblement le même qu’avant la maladie. D’une manière générale, une alimentation saine et équilibrée permet de prévenir les risques de rechute. En cas de stomie (colostomie ou iléostomie), d’autres troubles peuvent également apparaître et être maîtrisés en adaptant son alimentation.

Allier plaisir et apport énergétique est primordial dans la lutte contre la maladie. Toute perte de poids doit rapidement être signalée au cancérologue qui, dans le cadre de la prise en charge globale, demandera si besoin l’intervention d’un nutritionniste.

Tableau des Recommandations Alimentaires

Aliments à Limiter Aliments à Privilégier Autres Recommandations
Viandes rouges et transformées Fruits et légumes Arrêt du tabac
Boissons alcoolisées Céréales complètes Activité physique régulière
Aliments grillés Lait et produits laitiers Suivi diététique en cas de surpoids

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