Alimentation et Histoire au Grand Palais: Une Exploration

Le Grand Palais, monument emblématique de Paris, est un chef-d'œuvre architectural aux dimensions exceptionnelles. Avec plus de 70 000 m2 surplombés par la plus grande verrière d'Europe, il a été conçu comme une œuvre collective par plusieurs architectes de renom pour l'Exposition Universelle de 1900.

Le chantier de restauration et de mise en valeur, piloté par François Chatillon, a été guidé par le parti de retrouver les volumes, les perspectives, la luminosité et les décors d'origine du Grand Palais de la Belle Époque. Après une fermeture en mars 2021 pour d'importants travaux de restauration, le Grand Palais a rouvert intégralement ses portes le 20 juin 2025.

Le Grand Palais : Un Lieu de Manifestations Éphémères

Georges Grison, journaliste au Figaro, déclarait que « l’Exposition, en effet, véritable Protée, se métamorphose et se modifie à chaque instant ». Il soulignait ainsi l’importance des manifestations éphémères ou temporaires qui peuplent la durée d’une Exposition universelle.

La géographie d’une Exposition universelle, malgré ses structures architecturales et urbanistiques, est en constante transformation. Une attention au quotidien de l’événement conduit à explorer les situations en mouvement où les êtres humains, les objets et les lieux s’assemblent et se disloquent.

L'Alimentation comme Angle d'Étude

En étudiant les Expositions de 1889 et de 1900 sous l’angle de la consommation alimentaire, nous pouvons avancer l’idée qu’au-delà de leur dimension symbolique et de leurs stratégies représentationnelles, les Expositions universelles doivent être appréhendées en tant qu’espaces vivants qui impliquent une gestion biopolitique de la part des organisateurs, une économie affective dans la pratique du marché de la restauration et une expérience corporelle des lieux pour les visiteurs.

Le géographe suédois Torsten Hägerstrand nous invite à traiter les « événements » en tant que blocs d’espace-temps qui imposent leurs propres contingences spécifiques, tant sociales que physiques, aux activités humaines. Les mets et aliments présentés aux Expositions participent eux aussi d’une certaine manière à un processus de diffusion spatiale des nouveautés.

La Restauration : Un Élément Central des Expositions Universelles

Bien qu’ils fassent rarement partie des attractions dans le cadre d’Expositions universelles, il est indéniable que les services de restauration aient un rôle essentiel à jouer dans le succès de la manifestation. La restauration du public constitue toujours un élément central dans l’organisation de ces manifestations tant à cause de l’importance économique de ce service que de son rôle dans la réception de l’événement auprès du public.

Aujourd’hui comme hier, les facteurs de risque ne manquent pas à l’intérieur du marché de l’alimentation en raison du caractère précisément organique de l’objet consommé et du caractère vivant du consommateur. Dans le fait de manger ou de boire, il subsiste toujours un point aveugle d’incertitude, un résidu d’imprévisibilité.

La Construction de la Valeur des Aliments

L’approche constructiviste de l’économie qui ne considère pas le marché comme une entité transcendante mais plutôt comme une organisation nous conduit à mettre en évidence les différentes manières de présenter matériellement les mets et les produits alimentaires pour la construction de leur valeur dans le cadre de leur mise en marché aux Expositions de 1889 et de 1900.

L’Exposition universelle a ainsi pour fonction de clarifier l’économie, en ce sens qu’elle permet aux consommateurs d’acquérir des connaissances éclairantes et comparatives sur certains produits alimentaires, tels que la bière ou le vin, par ses expositions informatives accompagnées de kiosques de dégustation.

Par contre, à côté de cette fonction d’arbitrage, ces mêmes expositions remplissent aussi du même coup un rôle inverse aux yeux des producteurs, des négociants et des restaurateurs qui veulent vendre leur produit, celui de démontrer le caractère incomparable, incommensurable, voire sacré de certains mets ou aliments qualifiés d’exceptionnels.

Les Lieux de Consommation et la Culture Matérielle

Ce marché se décline ainsi en différents lieux (restaurants, cafés, kiosques de dégustations) et les modes de valorisation des marchandises alimentaires varient selon les contextes de consommation. Les contingences spatiales et matérielles du manger et du boire qui constituent les cadres et les outils de l’expérience, ce qu’on désignera sous terme volontairement vague de culture matérielle, ne sont pas en position d’externalité devant la fluidité de l’échange marchand, mais sont au contraire très souvent essentiels à son fonctionnement.

Cette étude sur la consommation sur les sites des Expositions de 1889 et 1900 montre que ces manifestations doivent être pourtant aussi approchées comme des lieux de rassemblements publics où la manifestation est elle-même mise à l’épreuve de la réception des visiteurs. Elle devient ainsi un lieu dynamique d’interaction entre l’État organisateur, les producteurs et les vendeurs de denrées alimentaires, et le public.

Déjà notre considération pour le détail des pratiques de gestion, d’administration et de police des activités économiques nous conduit à relativiser les questions du pouvoir et de l’État dans le cadre des Expositions universelles (et coloniales) en 1889 et en 1900. La vitalité et la sécurité du public (comme celles des « indigènes » aux sections coloniales) deviennent dans le contexte républicain des préoccupations majeures pour asseoir la légitimité du mode de gouvernement et pour justifier aussi par l’exemple l’œuvre de mission civilisatrice outre-mer.

Le Grand Palais : Un Bâtiment Chargé d'Histoire

Construit à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, le Grand Palais a déjà de belles années derrière lui ! Contrairement aux nombreux bâtiments éphémères édifiés juste pour le temps de l’exposition, le Grand Palais est, dès le départ, prévu pour durer. Les réflexions autour du projet du Grand Palais prennent du temps et les travaux ne commencent qu’en 1897, ce qui laisse seulement trois ans pour tout mettre en œuvre !

Avec une surface globale de 72 000 m2, l'édifice est un véritable palais de verre et d’acier. Au moment de sa construction, le Grand Palais est prévu pour fonctionner sans électricité. Raison pour laquelle on opte pour une grande verrière laissant beaucoup de place à la lumière naturelle.

Vitrine de la modernité, le Grand Palais ouvre ses portes dès 1901 au Salon de l’automobile, du cycle et des sports ! En 1909, le Grand Palais abrite le Salon de l’aviation. Le Grand Palais est également un lieu sportif et mondain. De 1901 à 1957, des concours hippiques se déroulent dans la grande nef du bâtiment, notamment prévue à cet effet.

Dès le début de la Grande Guerre (1914-1918), le Grand Palais est réquisitionné par l'armée. Propriété de l'État, ce vaste bâtiment prévu pour accueillir de grands événements devient un casernement militaire et un lieu de rassemblement. Le 23 août 1944, des échanges de tirs entre policiers résistants et soldats allemands déclenchent un incendie qui ravage le Grand Palais.

Paris, Capitale de la Gastronomie

Le Centre des monuments nationaux a présenté « Paris, capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours » à la Conciergerie de Paris. L’exposition explore le rôle de Paris, capitale politique, dans le rayonnement de la gastronomie française. Le parcours se poursuit par le « Ventre de Paris », titre tiré du fameux livre d’Émile Zola. Dans cette troisième section, le visiteur est invité à découvrir le récit de l’invention du restaurant et de son extension.

Évolution de la Consommation Alimentaire

Associé à l’essor démographique qui s’est amorcé au XVIIIe siècle et se prolonge au siècle suivant, le formidable développement des transports lié à la révolution industrielle entraîne de profondes mutations dans la consommation alimentaire. Les fruits et les légumes produits localement ou importés voient ainsi leur consommation quadrupler entre la fin de l’Ancien Régime et le milieu du XXe siècle.

D’autres aliments remportent un large succès populaire, le sucre et les produits sucrés en particulier, traditionnellement réservés aux élites sous l’Ancien Régime, ainsi que la viande et le poisson dont la consommation est en hausse constante tout au long du XIXe et du XXe siècle. De même, celle du lait, des produits laitiers et des corps gras n’a cessé de progresser.

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