Interactions entre l'alimentation et les antivitamines K (AVK)

Les antivitamines K (AVK) sont des médicaments anticoagulants largement prescrits depuis les années 1940. Ils augmentent la fluidité du sang afin d’éviter ou de traiter les caillots obstruant les vaisseaux sanguins, comme dans les cas de phlébite ou d’embolie pulmonaire. Ce médicament est un anticoagulant oral qui appartient à la famille des antivitamines K. Il empêche la formation des caillots en se substituant à la vitamine K.

Pour comprendre le fonctionnement d’un anticoagulant AVK, encore faut-il déjà connaître celui de la coagulation du sang, processus perfectionné activé par notre organisme en cas de blessure. Quand nous nous coupons, par exemple, une série de réactions se met en place afin de stopper l’hémorragie avant que l’on perde tout notre sang. Or les AVK empêchent le passage de la forme inactive à la forme active de la vitamine K en inhibant la synthèse des facteurs de la coagulation au niveau du foie, dits « vitamine K dépendants ».

Dès lors, la « cascade » de la coagulation n’est plus aussi efficace : l’activité procoagulante est diminuée, le sang reste plus fluide. Si la vitamine K est en partie fabriquée par la flore intestinale (vitamine K2), elle est largement apportée par la nourriture (vitamine K1 et K2). On sait aussi que leur marge thérapeutique est étroite, car l’écart entre leur seuil d’efficacité et leur seuil de toxicité est restreint.

Interactions des AVK avec d'autres substances

Les antivitamines K (AVK) interagissent avec de très nombreuses substances, en augmentant le risque d’hémorragie ou de thrombose. Certaines de ces substances sont contre-indiquées avec les AVK : l’aspirine à forte dose, les médicaments contenant du miconazole (Daktarin gel buccal, Gyno-Daktarin, Loramyc). D’autres substances sont déconseillées : l’aspirine à faible dose ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène, diclofénac, etc.).

De nombreuses autres substances nécessitent des précautions d’emploi avec les AVK et il est indispensable de ne JAMAIS prendre un médicament sans en parler à son médecin. Ces précautions s’appliquent également aux compléments alimentaires ou aux produits à base de plantes. Pour toutes ces raisons, l’automédication ne doit jamais être pratiquée lorsqu’on prend des antivitamines K.

L'automédication est particulièrement dangereuse chez les personnes sous anticoagulants oraux : n'utilisez aucun médicament sans l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien, signalez toujours que vous prenez un anticoagulant oral. En dehors du paracétamol pour traiter ponctuellement la fièvre et la douleur, ne prenez aucun autre médicament sans prendre l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien. Vous pouvez également consulter la fiche du médicament que vous souhaitez prendre pour vérifier qu'il n'interagit pas avec les anticoagulants.

Ce médicament ne doit pas être associé :

  • aux médicaments contenant de l'aspirine à forte dose, de la phénylbutazone ou du miconazole par voie buccale (DAKTARIN gel buccal, LORAMYC) : risque d'hémorragie ;
  • aux produits de phytothérapie contenant du millepertuis : diminution de l'effet anticoagulant (risque de thrombose).

Alimentation et AVK : ce qu'il faut savoir

Si la vitamine K est en partie fabriquée par la flore intestinale (vitamine K2), elle est largement apportée par la nourriture (vitamine K1 et K2). Certains aliments contiennent de la vitamine K en grande quantité et peuvent modifier votre INR (en bloquant l’action des AVK) : brocolis, laitue, épinards, choux, choux-fleurs, choux de Bruxelles, par exemple.

Ces aliments ne sont pas interdits, à condition de les répartir dans votre alimentation de manière régulière et sans excès. Il faut avant tout éviter la modification soudaine des habitudes alimentaires concernant ces légumes. Les interactions de ce médicament, susceptibles de modifier son effet, ne concernent pas que les médicaments : l'alcool et certains aliments peuvent faire varier votre INR.

Par ailleurs, il existe aussi des interactions alimentaires : évitez des apports importants d'aliments réputés riches en vitamine K comme les abats, brocolis, carotte, choucroute, choux, choux-fleurs, choux de Bruxelles, épinards, fenouil, foie, laitue... ou au contraire un jeûne prolongé qui diminuerait vos apports. Une prise excessive de boissons alcoolisées peut modifier l'effet du traitement, mais une consommation raisonnable est possible.

Quand un tel traitement AVK est prescrit, le médecin conseille de limiter considérablement les aliments qui contiennent de fortes teneurs en vitamine K. Quels aliments éviter ? Il n’est absolument pas nécessaire de supprimer totalement ces aliments, au contraire : ils apportent parfois des substances protectrices contre d’autres pathologies. Ils peuvent donc être consommés régulièrement mais toujours en quantités raisonnables.

La caféine, du thé et du café, peut également s’ajouter aux effets anticoagulants des médicaments.

Surveillance du traitement et précautions

Un traitement AVK nécessite un suivi sanguin régulier. La posologie de ce médicament est adaptée avec précision par votre médecin en fonction du résultat d'analyses de sang régulières : un INR trop bas traduit une action insuffisante et un risque de caillot sanguin ; un INR trop élevé traduit un surdosage et un risque d'hémorragie. Dans la majorité des cas, l'INR recherché doit être compris entre 2 et 3. Il est préférable (mais non indispensable) de pratiquer ces analyses successives dans le même laboratoire pour pouvoir comparer les résultats.

Remplissez votre carnet de traitement à chaque prise de sang (résultat de l’INR, dose quotidienne effectivement prise depuis le précédent INR). Signalez que vous prenez un traitement par AVK à tous les professionnels de santé que vous consultez (médecin, pharmacien, laboratoire d’analyses, infirmière, dentiste, kinésithérapeute, pédicure, etc.).

Si vous oubliez de prendre votre traitement anticoagulant oral (AVK), vous pouvez prendre la dose oubliée dans un délai de huit heures après l’heure habituelle de prise. Passé ce délai, mieux vaut sauter cette prise et de prendre la suivante à l’heure habituelle, le lendemain. En cas d'oubli d'une prise, le médicament peut être pris si le retard ne dépasse pas 8 heures. Au delà de ce délai, ne pas prendre la dose oubliée et prendre le lendemain la dose habituelle et non une double dose.

Tout signe pouvant faire penser à une hémorragie (urines rouges, selles rouges ou noires, taches anormales de la peau ou bleus multiples, saignements du nez ou des gencives...) doit vous conduire à prévenir immédiatement votre médecin ou un service médical d'urgence. Il en est de même si votre INR dépasse 5. si des saignements apparaissent, même minimes : gencives, nez, yeux (œil rouge), sang dans les urines, règles anormalement abondantes, apparition de « bleus » (ecchymoses), selles noires ou couvertes de sang rouge, vomissements ou crachats sanglants, coupure ou blessure qui n’arrête pas de saigner, etc. Si vous présentez un saignement, contactez rapidement votre médecin ou allez aux urgences les plus proches.

Pendant la durée du traitement, les injections intramusculaires ne peuvent être pratiquées qu'après avis médical, du fait d'un risque de saignement local. Les injections par voie sous-cutanée ou intraveineuse ne posent pas de problème, de même que les prises de sang. En cas d'intervention chirurgicale ou d'extraction dentaire, signalez à l'anesthésiste ou à votre dentiste la prise de ce médicament : une modification de votre traitement pourra éventuellement être décidée.

Les personnes qui prennent des traitements anticoagulants par voie orale (AVK) doivent faire attention à se protéger de tout ce qui peut provoquer un saignement : sports violents ou à risque de chute ou de coupure, bricolage, etc. Les personnes âgées, davantage à risque de chute, doivent prendre les mesures adéquates pour sécuriser leur domicile et prévenir les chutes. De plus, utilisez une brosse à dents souple (pour éviter de blesser vos gencives) et un rasoir électrique. Ne marchez pas pieds-nus et ne retirez pas vous-mêmes les cors ni les durillons de vos pieds.

Grossesse et allaitement

L’utilisation des AVK est contre-indiquée pendant la grossesse et l’allaitement. Il existe d’autres types de traitement anticoagulant que le médecin peut prescrire en cas de besoin.

Ce médicament ne doit pas être utilisé pendant la grossesse, sauf dans certaines situations exceptionnelles chez des femmes porteuses de valves cardiaques. Une contraception efficace est nécessaire pendant toute la durée du traitement. Le port d'un stérilet expose à des saignements et doit être évité. En cas de désir de grossesse, consultez votre médecin pour une modification du traitement.

Ce médicament passe dans le lait maternel : l'allaitement est déconseillé.

Voyage et AVK

En déplacement, pensez à emporter votre ordonnance, votre traitement en quantité suffisante, ainsi que votre carnet de suivi : certains AVK ne sont commercialisés qu’en France. En cas de voyage avec décalage horaire, demandez conseil à votre médecin pour ajuster vos horaires de prise. Attention, la valeur de l’INR peut varier entre deux laboratoires d’analyses, en particulier dans des pays différents.

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