L'alimentation des Bouddhistes : Principes et Pratiques

Philosophie, sagesse orientale, méthode de développement personnel, les valeurs du bouddhisme influencent de nombreux courants contemporains. Plutôt qu’une religion, le bouddhisme est considéré en Occident comme une sagesse flexible dans laquelle chacun puise ce qui lui convient. Part notable de la vie quotidienne, l’alimentation est sans doute l’un des aspects de nos vies que le bouddhisme a le plus investi.

Principes Fondamentaux de l'Alimentation Bouddhiste

L’alimentation dans le bouddhisme repose sur des principes liés à l’éthique, la compassion et la modération. L’alimentation dans le bouddhisme suit des principes rigoureux, en particulier pour les moines qui respectent des règles précises dictées par les textes sacrés. Les pratiques alimentaires varient en fonction des écoles bouddhistes, des traditions locales et des textes religieux.

Il n’existe pas de règle absolue sur la consommation de viande dans le bouddhisme. L’alimentation dans le bouddhisme dépend des enseignements religieux et des coutumes locales. Si certains bouddhistes adoptent une alimentation végétarienne stricte, d’autres intègrent des produits d’origine animale selon des règles éthiques précises.

Le Végétarisme dans le Bouddhisme

« On ne peut pas réellement parler d’interdits alimentaires dans le bouddhisme. » Dans la tradition bouddhiste, pas de viande ! C’est une conséquence du principe de non-violence des bouddhistes, le tout premier principe moral. Il s’agit de ne pas attenter à la vie d’un autre être vivant sensible. Selon l’éthique bouddhiste, l’adepte doit donc devenir végétarien.

Dans le même temps, l’enseignement du Bouddha reconnaît que personne n’est parfaitement non-violent : c’est toujours une question de degré. Le végétarisme dans le bouddhisme n’est pas une simple préférence alimentaire, mais une véritable pratique éthique et spirituelle. Le végétarisme dans le bouddhisme mahāyāna découle du principe fondamental de l’ahimsā, qui signifie « non-violence » en sanskrit. Parmi elles, le mahāyāna, pratiqué en Chine, à Taïwan, au Japon et en Corée, encourage fortement le végétarisme.

Cependant, dans le contexte d’une Inde antique où prédominait un brahmanisme sacrificiel, la question qui s’est posée avec le plus d’acuité est celle des produits même du sacrifice et de leur possible consommation.

Diversité des Pratiques Alimentaires

L’alimentation dans le bouddhisme varie selon les écoles et les traditions locales. D’ailleurs, en Asie du Sud-Est où domine le bouddhisme Theravada [la tradition la plus ancienne appartenant au bouddhisme dit du petit véhicule que l’on retrouve notamment en Thaïlande, au Laos ou en Birmanie, NDLR] les bonzes mendient leur nourriture. En Thailande, les moines mendient leur nourriture. Le principe de pauvreté prend également le pas sur le végétarisme dans cette tradition s’appuyant sur l’enseignement du Bouddha.

Un moine doit ainsi se satisfaire de ce que l’on veut bien lui offrir, même si c’est de la viande. Le nourrir ne doit pas être une source de soucis pour la communauté qui l’entretient. Dans le bouddhisme theravāda, pratiqué en Thaïlande, au Sri Lanka et en Birmanie, les moines prennent un repas principal avant midi et ne mangent plus après ce moment. L’idée derrière cette règle est d’éviter l’avidité et d’encourager la discipline. Les moines ne cultivent généralement pas leur propre nourriture et dépendent des dons des fidèles.

L'Essence de la Cuisine Bouddhiste

La cuisine bouddhiste vise à relier le corps et l’esprit. Elle ne se réduit donc pas au seul végétarisme et peut, dans certains cas, s’appliquer à un régime carné. « D’une certaine manière, on pourrait dire que le bouddhisme tient pour acquis la maxime selon laquelle vous êtes ce que vous mangez », explique Esu Lee. Concrètement, cela revient à ne manger que ce qui est nécessaire pour nous maintenir en bonne santé et permettre la continuation du corps. « Aujourd’hui, nous mangeons une nourriture trop chargée.

« L’approche de la cuisine des temples est en fait une approche assez simple qui consiste à ne consommer que ce qui est bon pour nous : l’aliment devient presque un médicament », précise Esu Lee. De cette vision spécifique de l’alimentation quotidienne découle une classification des aliments. Selon Esu Lee, la cuisine de Kwan est sa manière d’accomplir sa vie et de transmettre ses bonnes énergies. C’est une philosophie de vie qui se résume à ceci : le respect et l’attention portés à toute chose vécue en pleine conscience.

Dans l’assiette, il s’agit de ne pas considérer le seul contenu mais bien l’ensemble : mon corps que je vais nourrir et ses besoins ; les aliments : leur qualité et leurs effets ; le processus par lequel je les transforme ; et enfin l’acte même de manger, purifié de toute gloutonnerie ou même d’envie.

Cuisine Shojin Ryori : L'Art Culinaire des Moines Bouddhistes

La cuisine Shojin Ryori, littéralement « cuisine des moines bouddhistes », est un trésor culinaire méconnu qui a prospéré au sein des monastères japonais depuis des siècles. La cuisine Shojin Ryori trouve ses racines dans les enseignements bouddhistes, où l’alimentation est considérée comme une pratique spirituelle essentielle. Cette tradition a commencé à prendre forme il y a plus d’un millénaire, lorsque les moines bouddhistes se sont engagés dans des pratiques ascétiques exigeantes qui nécessitaient une alimentation simple et nourrissante.

  1. La cuisine Shojin Ryori se distingue par sa simplicité. Les ingrédients sont choisis avec soin pour leur fraîcheur et leur qualité, et sont préparés de manière minimale afin de préserver leur essence naturelle.
  2. Les moines ont un profond respect pour la nature. Ils privilégient les aliments saisonniers et locaux, créant ainsi une connexion intime entre leur alimentation et l’environnement qui les entoure.

Exemples de Plats Shojin Ryori

  • Shojin-ryori Gohan (Riz de la cuisine des moines) : Un plat de riz cuit à la vapeur, souvent servi avec des légumes de saison et des ingrédients fermentés.
  • Miso-shiru (Soupe de miso) : Une soupe légère à base de pâte de soja fermentée, garnie de légumes et d’algues.

La cuisine Shojin Ryori offre bien plus que de simples plats. C’est une voie vers la compréhension profonde de l’interconnexion entre l’homme et la nature, entre le physique et le spirituel.

La Règle des 5 dans la Cuisine Shojin Ryori

Respectueuse des saisons et d'une agriculture raisonnée, la cuisine “shojin ryori” s'appuie essentiellement sur des condiments végétaux et locaux. Son mantra ? “Accepter ce que la nature offre au gré des saisons”, une rigueur au service de la nature qui force le respect. Outre cette inclinaison végétalienne, la cuisine “shojin ryori” suit également la règle des 5 :

  • L’abstention des cinq plantes à la saveur âcre : il s'agit d'éviter l'ail, l'oignon, la ciboule, l'ail tubéreux et l'oignon de Chine. Pourquoi ?
  • Une combinaison de cinq saveurs à chaque repas. Les assiettes doivent donc toujours être composées d'éléments acides, amers, sucrés, piquants et salés.
  • Une combinaison de cinq couleurs, à savoir le vert, le rouge, le jaune, le blanc et le noir qui doit être également de tous les menus.
  • Cinq modes de préparation culinaire sont à privilégier : la cuisson à l'eau, la cuisson sur le gril ou dans la poêle, la cuisson à la vapeur, les préparations crues ou fermentées, et la friture.
  • Tous les produits carnés sont à proscrire absolument.

La personne qui cuisine se doit d’adopter trois états esprits différents :

  • "l'esprit joyeux" : être reconnaissant de pouvoir préparer le repas lui-même
  • "l'esprit nourricier" : cuisiner avec compassion, en s'adaptant aux besoins de ses convives
  • "l'esprit magnanime" : tout préparer avec rigueur, en traitant chaque produit avec soin.

Bienfaits et Inconvénients du Régime Alimentaire Bouddhiste

Chaque régime alimentaire, y compris le régime alimentaire bouddhique, a ses avantages et ses inconvénients à prendre en compte.

Avantages

Le régime bouddhiste est principalement basé sur la consommation de végétaux. Ce régime alimentaire sain fournit des composés importants tels que des antioxydants, des substances phytochimiques, des vitamines, des minéraux et des fibres, qui sont associés à une réduction du risque de maladie cardiaque, de diabète et prévient certains types de cancer.

Inconvénients

Un régime végétarien qui limite la consommation de viande peut avoir certaines carences en nutriments s’il n’est pas correctement réalisé, même s’il permet la consommation d’œufs et de produits laitiers. Des études ont montré que les bouddhistes lacto-végétariens consommaient des calories similaires à celles des catholiques non-végétariens. Cependant, ils avaient un apport plus élevé en folate, en fibres et en vitamine A et consommaient moins de protéines et de fer.

Intégrer les Principes Bouddhistes dans l'Alimentation Moderne

Il est tout à fait possible d’introduire ces principes dans notre quotidien moderne. Pour les recettes, commencez par des plats simples comme le riz complet avec des légumes sautés, assaisonnés avec du gingembre et de l’ail. Méditer n’est pas seulement bon pour l’esprit. C’est aussi un atout pour la santé physique. La méditation améliore également la pleine conscience, y compris lorsqu’il s’agit de manger. Être pleinement conscient en mangeant aide à écouter son corps et ses besoins, évitant les excès alimentaires.

En incorporant ces éléments, nous ne faisons pas que suivre une mode diététique ; nous adoptons un mode de vie global qui peut améliorer notre santé mentale et physique.

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