Alimentation et Cancer du Pancréas : Guide Complet

Le cancer du pancréas est une maladie grave dont l’incidence est en augmentation en Europe et en France. C’est le 4e cancer le plus mortel chez l’homme et le 5e chez la femme. La maladie n’est que très rarement diagnostiquée avant l’âge de 50 ans. Aux stades précoces de la maladie, les cancers du pancréas n’entraînent pas (ou peu) de symptômes.

Diagnostic et Traitement du Cancer du Pancréas

Le diagnostic d’un cancer du pancréas passe essentiellement par la réalisation d’un scanner abdominal. Cet examen permet d’observer la ou les tumeurs, de connaître leur taille et leur localisation précise. Une écho-endoscopie permet de visualiser le pancréas et son environnement. Une biopsie permet de connaître la nature d’une lésion et ses caractéristiques cellulaire et moléculaire.

Lorsqu’un diagnostic de cancer est établi, d’autres examens sont nécessaires pour préciser le stade de la maladie et savoir si elle est déjà étendue à d’autres organes. Un bilan sanguin est également réalisé, comprenant notamment le dosage d’un marqueur tumoral nommé CA 19-9. La concentration sanguine de ce marqueur peut augmenter en cas de cancer du pancréas.

Le seul traitement curatif des cancers du pancréas est la chirurgie. Seules les tumeurs pancréatiques de stade précoce sont opérables. Les tumeurs à un stade avancé ne pourront pas être opérées du fait d’envahissement des vaisseaux, voire la présence de métastases. Dans ce cas, on peut proposer de la chimiothérapie, associée ou non à une radiothérapie en cas de douleur, au niveau de la lésion pancréatique ou de certaines métastases.

Les indications de la chimiothérapie sont bien définies. Elle est utilisée lorsque le cancer n’est pas opérable, ou en complément de la chirurgie. Depuis quelques années, la chimiothérapie est parfois associée à ce que l’on nomme un traitement ciblé.

À l’issue du traitement d’un cancer du pancréas, un suivi médical régulier est toujours nécessaire. Ce suivi passe par une visite de contrôle effectuée tous les trois à six mois.

Facteurs de Risque et Prédispositions Génétiques

Le principal facteur de risque de cancer du pancréas actuellement identifié est le tabagisme. Une consommation importante d’aliments riches en graisses, l’obésité et le diabète de type 2 sont aussi des facteurs de risque associés à la maladie. Environ 5% des cancers du pancréas seraient liés à une prédisposition génétique à la maladie. Il est malheureusement possible de tomber malade sans avoir été exposé à des facteurs de risque.

D’autres facteurs de risque sont suspectés d’être en lien avec le risque de cancer du pancréas, mais les données scientifiques disponibles sont insuffisantes pour conclure. Depuis, des études ont monté que la consommation excessive d’alcool est un facteur de risque de pancréatite chronique, cette condition est impliquée dans les mécanismes sous-jacents du cancer du pancréas. Plus récemment, l’étude de Gaudin et al. a observé une augmentation modérée mais statistiquement significative du risque de cancer du pancréas en cas de consommation élevée d’alcool, quelle que soit la période de consommation dans la vie, et plus particulièrement la bière et les spiritueux.

De nombreuses études se sont intéressées au lien entre cancer du pancréas et consommation de viande rouge. Le rôle des amines aromatiques a également été suggéré à travers les risques associés au tabac, à la consommation de viande, et à certaines expositions professionnelles. Des études ont montré une association positive entre l’exposition aux rayons X et rayonnements Gamma (y) et le cancer du pancréas. Concernant les pesticides, des résultats contradictoires ont été obtenus dans des populations agricoles. L’expertise collective de l’Inserm de juin 2013 constate le peu de résultats expérimentaux disponibles mais souligne qu’une attention particulière doit être portée aux pesticides susceptibles d’activer les voies oestrogéniques au niveau pancréatique.

Aliments à Éviter et Recommandations Nutritionnelles

Le pancréas a un rôle essentiel dans la digestion et dans la régulation de la glycémie : c'est lui qui produit les sécrétions de sucs digestifs et de l'insuline. Quels aliments à éviter pour le protéger ? En cas de pancréatite ? De cancer du pancréas ?

"Il faut savoir que dans 90 % des cas, la pancréatite est le résultat d'une longue consommation d'alcool", déclare Romina Courtaut, diététicienne-nutritionniste à Lyon. "Ainsi, la suppression des boissons alcooliques est nécessaire".

Deuxième étape : "réduire les apports en graisses, surtout saturées", recommande la diététicienne. "Comme il existe un dysfonctionnement de la digestion (notamment celle des lipides), il faut éviter les graisses saturées qui sont difficiles à digérer et ne vont pas apporter de bons nutriments". Cependant, "on va consommer les produits qui contiennent le moins de matières grasses : on autorise par exemple les laits écrémés, les yaourts à zéro pourcent, les fromages maigres (ricotta, chèvre frais, mozzarella, camembert…) et les viandes maigres (pintade, dinde, poulet, veau, steak haché de bœuf à 5% de MG, lapin, rôti de porc…) ".

Lors d'une pancréatite, la régulation de la glycémie est également réduite. L'insuline ne peut pas réagir comme d'habitude. "Qu'il s'agisse d'une pancréatite ou d'un cancer, un problème au niveau du pancréas entraîne un dysfonctionnement des fonctions de cet organe, ce qui va interférer dans la santé et dans l'état nutritionnel de la personne", déclare Romina Courtaut.

Les aliments gras : "comme pour la pancréatite, on diminue au maximum les produits gras, notamment les viandes rouges constituées de graisses saturées. Pour ceux qui ne sont pas prêts à renoncer à la viande rouge, Romina Courtaut donne deux conseils : "Il ne faut pas en manger de manière trop répétitive. Il n'existe pas de fréquence bien précise, cela dépend de la problématique de la personne et du développement du cancer. Mais on peut considérer qu'une fois par semaine semble raisonnable. Le plus important, c'est de favoriser les viandes blanches, les poissons, les volailles sans la peau, les protéines végétales comme les légumineuses… ". "Il faut choisir des morceaux de viande qui sont les plus maigres".

"Pendant longtemps, des études soutenaient que le café n'était pas recommandé pour le pancréas. Mais à l'heure actuelle, aucune d'entre elles ne confirme vraiment ni l'un ni l'autre", explique Romina Courtaut. "Il n'y a aucun lien précis entre le café et le pancréas qui entraînerait son interdiction".

"Les produits laitiers sont déconseillés dans le sens où ils sont riches en graisses animales, et ont tendance à avoir plus de graisses saturées", note la diététicienne. "On va simplement favoriser les laitages écrémés, les fromages maigres, les yaourts à zéro pourcent… Le but est de toujours choisir les produits laitiers les plus frais et les moins gras".

Régime Cétogène et Cancer du Pancréas

Réduire son apport en glucides au profit d’une importante consommation de lipides, voilà la règle du régime cétogène. L’organisme privé de glucides doit alors dégrader les graisses dans le foie avec la cétogenèse. Selon une récente étude américaine menée par l’université de Princeton et du Translational Genomics Research Institute, ce régime pourrait également engendrer certains bienfaits.

En effet, cette alimentation serait une arme pour la chimiothérapie et, notamment, dans le cadre d’un traitement contre le cancer du pancréas. Le régime cétogène aiderait les médicaments de chimiothérapie à être plus efficaces. Ces conclusions ont été publiées dans la revue Cell. Dans le détail, ce mode d’alimentation diminuerait les niveaux de glucose dans les cellules cancéreuses du pancréas. Le système immunitaire serait alors plus armé pour se battre contre le cancer.

Récemment, une nouvelle étude a prouvé qu’un régime cétogène aide à tuer les cellules cancéreuses du pancréas lorsqu'il est associé à une trithérapie. En diminuant les niveaux de glucose dans les cellules tumorales, le corps a en quelque sorte "affamé le cancer". De plus, ce régime élève les corps cétoniques produits par le foie, ce qui exerce un stress supplémentaire sur les cellules cancéreuses. En limitant la disponibilité du glucose, le régime cétogène peut favoriser l'efficacité de la chimiothérapie.

Enfin, il a été démontré que le régime cétogène avait un impact favorable sur l'immunité antitumorale en induisant l'expression de gènes tumoraux pro-inflammatoires, ce qui affaiblissait davantage le cancer.

Une étude préclinique suggère que le régime cétogène pourrait améliorer l'efficacité de la chimiothérapie dans l’adénocarcinome du pancréas. Dans cette étude, un régime cétogène agit en synergie avec la chimiothérapie pour tripler le temps de survie par rapport à la chimiothérapie seule dans un modèle rigoureux de cancer du pancréas chez la souris.

« Nous savons que le glucose est un carburant majeur des cancers et que l'insuline est une hormone favorisant le cancer, dit le Pr Rabinowitz. Or le régime cétogène fait baisser les deux en même temps. En privant le corps de sucre, le régime cétogène oblige le corps à décomposer les graisses pour générer des molécules appelées corps cétoniques qui peuvent être brûlées par les cellules pour générer de l'énergie.

Le principal corps cétonique est le bêta-hydroxybutyrate. « Nous avons remarqué que le bêta-hydroxybutyrate agit comme un supercarburant qui déverse des électrons dans les cellules. Les cellules tumorales absorbent très efficacement ce supercarburant, mais par chance, lorsqu’il est apporté en trop grande quantité, il peut être toxique pour la tumeur. » Cet excès d'électrons provoque la génération d'espèces réactives de l'oxygène (ROS), des molécules apparentées aux radicaux libres, extrêmement instables et qui sont également générées par la chimiothérapie.

Prévention et Molécules Actives

Consommer régulièrement des aliments riches en apigénine et lutéoline préviendrait le développement de plusieurs cancers. Plusieurs recherches ont révélé que des aliments naturels comme certains légumes contiennent des molécules actives qui ont des bienfaits préventifs contre le cancer du pancréas. On y trouve par exemple le céleri et le persil, qui contiennent de l’apigénine et de la lutéoline, deux molécules actives particulièrement efficaces pour prévenir le cancer du pancréas. Elles bloquent la formation des nouveaux vaisseaux sanguins stimulés par l’inflammation, et indispensables à la progression des tumeurs.

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