Le rationnement est une étape clé pour atteindre une performance optimale dans son élevage de ruminants. Chaque jour, l’animal doit consommer la quantité d’aliments nécessaire pour couvrir ses besoins : cette quantité est appelée la ration. Le rationnement est nécessaire pour ne pas sous ou sur alimenter l’animal.
Les Besoins Nutritionnels des Bovins
Les besoins sont séparés en deux catégories. A partir de ces données, il est possible de calculer les besoins en protéines (unité PDI), en énergie (unité UFL pour production laitière ou unité UFV pour production de viande), mais aussi en vitamines et en minéraux. Une fois les besoins identifiés, il faut déterminer les caractéristiques du ou des fourrage(s). Il faut calculer si les apports prévus couvrent les besoins et assurent une bonne balance protéique ruminale et donc un bon fonctionnement du rumen.
Composition de la Ration
La ration est la quantité d'aliments à distribuer à un animal pour lui permettre d’assurer la couverture de ses besoins d’entretien et de production en énergie, azote, minéraux, oligo-éléments et vitamines. La couverture des besoins se fait grâce aux fourrages qui peuvent être complétés par l’apport de concentrés.
Les Fourrages
Le fourrage est constitué de plantes ou de mélanges de plantes utilisés pour l'alimentation du bétail. Il est l'ingrédient principal de la ration des herbivores. Il peut être frais, conservé en sec ou par voie humide c'est à dire ensilé. Les fourrages ne couvrent pas toujours tous les besoins des bovins.
Il existe en plusieurs types, qui se distinguent par leur mode de conservation :
- Les fourrages verts directement pâturés par les animaux pendant la belle saison : herbe, luzerne, colza…
- Les fourrages récoltés et conservés pour une consommation pendant l’hiver, parmi lesquels :
- Les fourrages secs comme le foin (herbe fauchée puis séchée sur le pré avant sa récolte), ou encore la paille ;
- Les fourrages ensilés, stockés après broyage dans un silo et conservés par acidification en l’absence d’oxygène : ensilage de maïs, d’herbe, ou occasionnellement de sorgho ou de pulpe de betterave ;
- Les fourrages plus ou moins séchés, conservés à l’abri de l’air dans un film plastique, que les éleveurs appellent l’enrubannage d’herbe ou de légumineuses. C’est un produit intermédiaire entre un foin et un ensilage.
L’herbe tient une place prépondérante dans l'alimentation des bovins (60 % en moyenne).
Les Concentrés
Les concentrés sont apportés en complément du fourrage. Ils permettent d'augmenter la valeur énergétique et protéique de la ration. Une ration avec un rapport fourrage/concentré élevé aura une densité énergétique plus faible qu’une ration avec un faible rapport fourrage-concentré. Cependant, trop de concentrés provoquent des problèmes de santé dus principalement au manque de fibres dans la ration (acidose du rumen) et la quantité de fourrages dans la ration doit être maximale car ce sont des sources de nutriments très économiques. Il est donc essentiel de prendre en compte tous ces facteurs afin d’équilibrer ce rapport.
L’éleveur, qui connait ses animaux et sait évaluer leurs besoins, va régulièrement adapter la ration qu’il leur distribue. En particulier, il va la compléter avec des aliments concentrés, d’origine végétale et minérale.
Un complément protéique est apporté par les tourteaux, obtenus à partir des graines de plantes oléagineuses comme le soja, le lin, le tournesol ou encore le colza, après extraction de l’huile. Un complément énergétique est apporté par des céréales riches en glucides telles que le blé, l’orge et le maïs ou d’autres végétaux tels que les betteraves sous forme de pulpe. Des compléments minéraux (calcium, phosphore) et vitaminiques peuvent être apportés.
Importance de l'Équilibre Nutritionnel
De plus, pour une digestion azotée efficace, il faut des sources d’azote mais aussi d’énergie. S’il y a trop d’azote fermentescible dans la ration par rapport à la quantité d’énergie fermentescible, les risques de mammites, de mérites et de diminution de fertilité sont augmentés. Cela engendre en plus une perte économique et une excrétion d’urine augmentée ce qui peut entraîner des conséquences néfastes sur l’environnement.
S’il y a trop d’énergie, les besoins ne seront pas couverts, car une partie des protéines ne sera que "virtuelles". En effet, il n'y aura pas assez d'azote fermentescible comparé à l'énergie disponible pour créer des protéines.
Indicateurs de la Qualité de la Ration
- La note d'état corporel est un indicateur compris entre 1 et 5. Cette note diminue lorsque l'animal ingère trop peu d'énergie et augmente quand la prise énergétique est trop importante.
- De la même manière, le score de remplissage du rumen est une note s'établissant entre 1 et 5 en observant l'arrière de l'animal, côté gauche.
- Le temps de rumination est un bon indicateur de la teneur en fibres de la ration. Il doit être au moins de 8h.
- Les matières fécales étant le reflet de la digestion, elles sont un très bon indicateur de la qualité de la ration.
- La production laitière est aussi un très bon indicateur de la qualité de la ration alimentaire.
- La composition du lait permet d'évaluer les apports protéiques et énergétiques de la ration en quantifiant l'urée du lait, le TB et le TP.
Le Mash : Un Aliment Hybride
Le mash est un aliment principalement destiné aux bovins lait et viande. Le mash est un assemblage de matières premières et de produits semi-finis non broyés contrairement aux aliments standards dosés, broyés, mélangés pour les aliments « farine », granulés pour les autres. Il présente l’intérêt d’une fabrication rapide avec un processus simple, donc économique.
Le mash est un aliment hybride. Il a été conçu pour répondre au déficit de confiance qui a frappé les éleveurs après la crise de l'ESB dans les années 90. Il reflète l'exigence impérative de « voir » les matières premières destinées à nourrir les animaux d’élevage et d'une plus grande transparence en matière d’étiquetage (liste des matières premières ou catégories des ingrédients).
Réglementation et Sécurité Alimentaire
En France, les viandes bovines proviennent d’animaux nourris exclusivement de végétaux et de compléments minéraux. L’apport de compléments alimentaires aux fourrages est encadré par une règlementation rigoureuse, tant à l’échelon national qu’européen. La réglementation impose un étiquetage précis de tous les produits achetés par l’éleveur et destinés à l’alimentation des animaux.
Pour éviter tout risque de contamination des bovins par l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), l’utilisation de farines animales est interdite dans leur alimentation. De plus, l’ajout d’additifs à action anabolisante ou antibiotique dans les aliments distribués aux bovins est interdit.
Interdictions et Contrôles
- Depuis 1990, en France, les farines de viandes et d’os sont interdites dans l’alimentation des bovins.
- En 1994, l’interdiction a été étendue à l’alimentation de tous les ruminants, bovins, ovins et caprins.
- En 2000, en France et dans l’Union Européenne, l’utilisation des farines animales a été suspendue dans l’alimentation de tous les animaux dont les produits sont destinés à la consommation humaine.
La culture, l’importation et l’utilisation de plantes génétiquement modifiées pour l’alimentation animale sont soumises à une règlementation très stricte.
Adaptation de l'Alimentation aux Différents Types de Bovins
Les bovins mâles issus du troupeau français peuvent avoir plusieurs destinées :
- Soit orientés vers la production de veau de boucherie ;
- Soit castrés pour une faible proportion d'entre eux pour faire des bœufs ;
- Soit engraissés pour être abattus jeunes vers 18 mois pour produire du " taurillon ".
Alimentation des Vaches Laitières
L’alimentation des vaches laitières se partage en 3 périodes :
- La période d’élevage qui se termine avec le premier vêlage et pendant lequel l’alimentation de la génisse est du même type que celle des génisse de race à viande ;
- La période de production laitière pendant laquelle l’alimentation est plus abondante et plus concentrée en énergie avec les 3/4 de la ration constituée de fourrages (herbe et maïs principalement) et le quart restant de céréales et végétaux riches en protéines ;
- La période de finition qui a pour objectif de préparer la vache « réformée » avant l’abattage avec une nourriture plus énergétique constituée pour presque un tiers de céréales et végétaux riches en protéines.
Alimentation des Vaches Allaitantes
Pour les vaches allaitantes, les périodes se ressemblent si ce n’est que la période de production consiste pour la vache à porter et allaiter son veau. Ayant un besoin énergétique moindre, son alimentation est davantage basée sur les fourrages que celle des vaches laitières. Sur cette période, les vaches passent 60 à 80 % de l’année au pâturage, le plus souvent avec de l’herbe seule.
Le Maïs Fourrage : Un Élément Clé
Le maïs fourrage est un élément clé dans l’alimentation des bovins : il doit être équilibré, riche en énergie et facilement ingestible grâce à une très bonne digestibilité des fibres. Cela permet aux bovins viande un bon engraissement, déclenchant ainsi la production optimisée d’une viande de très bonne qualité ! Concernant les bovins lait, ils leur évitent, entre autres, les risques d'acidoses.
Les maïs fourrage sélectionnés pour l’alimentation des bovins sont un véritable concentré d’énergie, avec un excellent niveau de rendement.
Amélioration de l'Efficacité Alimentaire
L’engraissement de bovins nécessite une alimentation riche en énergie et en protéines pour assurer un gain de croît et un état de finition suffisants. Le levier d’action prioritaire est de maîtriser au mieux la qualité de l’ensilage de maïs.
Il est recommandé d’apporter entre 90 et 95 PDI/UF pour les jeunes bovins de races laitières, entre 100 et 105 g de PDI/UF pour les JB de races allaitantes et entre 90 et 100 g de PDI/UF pour les femelles en finition.
Tableau des Equivalences Alimentaires
Le remplacement du blé par d’autres concentrés énergétiques et du tourteau de soja ou colza par d’autres concentrés protéiques est possible. Voici quelques équivalences :
Aliments (kg brut) | Remplace (en kg brut) | Intérêts et limites |
---|---|---|
1 kg de triticale | 1 kg de blé | Equivalent au blé |
1 kg d'orge | 0,91 kg de blé | Moins acidogène, seule en complément de l’ensilage possible mais indice de consommation détérioré de 10 à 15 % |
1 kg de maïs grain | 1,04 kg de blé | Riche en énergie, en sec : distribuer aplati, en humide à 65 % MS et moins : broyer à la récolte et ensiler, en humide à 70 % MS : stocker entier et inerter (absence d’air : big-bags,…), indice de consommation amélioré |
1 kg de betteraves fourragères | 0,15 kg de blé | Appétent, riche en énergie, 3 à 4 kg de MS/j en complément de l’ensilage de maïs, entières ou coupées, performances équivalentes |
1 kg de pulpe surpressée | 0,22 kg de blé | Appétent, riche en énergie, utilisable en plat unique avec apport de fourrages. Riche en Ca, pauvre en P, adapter l’AMV, bonnes performances |
1 kg de pulpe déshydratée | 0,85 kg de blé | |
1 kg de pommes de terre | 0,24 kg de blé | Appétent, riche en énergie, riche en amidon, limiter l’apport à 15-20 kg bruts/JB et apport indispensable de fibres. Co-produits intéressants. |
Valeurs Nutritionnelles des Viandes Rouges
Les valeurs nutritionnelles des viandes rouges synthétisent les valeurs nutritionnelles disponibles de tous les morceaux de viande et abats de bœuf, veau, agneau ou viande chevaline ayant été étudiés depuis 2006.
L’ensemble de ces données a permis, pour chaque morceau, de :
- Définir les allégations nutritionnelles possibles ;
- Calculer le Nutri-Score, suivant l’algorithme de 2023.
Anatomie et Physiologie de la Digestion Bovine
Les ruminants sont principalement des consommateurs de végétaux. Grâce à leur système digestif, ils sont capables de dégrader et valoriser la cellulose contenue dans les fibres végétales.
Les Quatre Estomacs
La vache est un herbivore ruminant. Elle possède 3 pré-estomacs (le réseau, le feuillet et le rumen) et 1 véritable estomac (la caillette).
- Le Rumen : Composé de deux sacs, ventral et dorsal, avec une capacité d'environ 150 litres. Les parois kératinisées permettent des contractions mécaniques.
- Le Réseau : En communication directe avec le rumen, il trie les particules alimentaires.
- Le Feuillet : Permet le recyclage de certains nutriments, notamment l'eau, le sodium, le phosphore et les acides gras volatils.
- La Caillette : Le véritable estomac, sécrétant de l’acide chlorhydrique et des enzymes pour digérer les protéines.
La Physiologie de la Digestion
La digestion chez le ruminant est permise par 3 phénomènes :
- Mécanique : Grâce à la rumination, réduisant la taille des particules.
- Biologique : Dans le rumen, grâce à des micro-organismes qui dégradent la ration.
- Chimique : Dans la caillette, avec l’action des enzymes digestives.
Besoins Alimentaires Précis et Calculables
Les ruminants ont des besoins alimentaires de plusieurs natures, qui peuvent se calculer par des formules mathématiques simples :
- Besoins en énergie (UFL)
- Besoins en azote (PDI)
- Besoins en phosphore et en calcium
- Besoins en eau
Ingrédients Variés en Alimentation Bovine
Trois catégories d’aliments sont distribuées aux vaches : les fourrages, les concentrés, les compléments minéraux et vitaminiques (CMV).
Pour calculer une ration cohérente, il est nécessaire de connaître précisément pour chaque aliment distribué : sa composition chimique, ses valeurs nutritives, son ingestibilité.
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