Statistiques sur l'Alimentation au Québec

Le secteur agroalimentaire québécois est un pilier de l'économie, mais il est confronté à des défis tels que le gaspillage alimentaire et l'insécurité alimentaire.

Gaspillage Alimentaire

« 16% des aliments comestibles qui entrent dans le système bioalimentaire québécois sont perdus ou gaspillés », selon une étude québécoise de quantification des pertes et du gaspillage alimentaires.

41% de la nourriture est rejetée au long de la chaîne alimentaire, de la terre (ou mer) à la table, pour un total de 3,1 millions de tonnes.

Les aliments perdus ou gaspillés sont à 45% des fruits et légumes, 25% des produits céréaliers et grains et 13% des viandes et volailles.

Ce portrait du gaspillage alimentaire au Québec représente un outil de référence pertinent et essentiel pour orienter les initiatives mises en place qui s'attaquent déjà à la problématique.

Production de Viande

Dans son premier numéro Bioclips de l’année 2022, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) présente une brève analyse économique de la fabrication des produits de viande.

Première du secteur agroalimentaire pour la valeur des ventes, les exportations ou le nombre d’emplois, cette activité est dominée par deux grands transformateurs.

En 2020, les ventes ont généré 7,3 milliards de dollars.

D’après une estimation, 36 % de la valeur de la production ont permis l’achat d’intrants importés, tandis que les 64 % restant constituent la valeur ajoutée.

54 % de celle-ci servent à la rémunération des travailleurs.

Par ailleurs, le nombre d’emplois a progressé de 9 % entre 2012 et 2020, alors que la valeur des ventes augmentait de 56 %, sous l’effet d’une forte hausse des prix (+ 37 %) et des exportations (+ 46 %).

Insécurité Alimentaire

Au Canada, qui fait partie des pays les plus riches du monde, 14 % de la population souffre d’insécurité alimentaire. Soit un ménage sur huit qui a des difficultés à se procurer de la nourriture saine.

Plus particulièrement, ce sont les enfants, les communautés autochtones, les personnes issues de l’immigration, les nouveaux arrivants et les chefs de familles monoparentales qui sont les plus affectés par l’insécurité alimentaire.

Au Nunavut, province au nord du Canada, le taux atteint 57 %.

L’insécurité alimentaire est l’un des nombreux problèmes générés par la pauvreté, l’alimentation étant souvent le premier poste de dépense que rognent les personnes à faible revenu.

Parmi ses répercussions, on observe tout d’abord les problèmes de santé physique tels que le diabète, l’hypertension et les maladies cardiaques, qui entraînent une mort prématurée chez ces personnes défavorisées.

Dépression, anxiété, troubles de l’humeur… l’insécurité alimentaire touche également la santé mentale des individus.

Comme en Europe, les banques alimentaires au Canada ont vu le jour dans les années 1980 comme mesure palliative pour répondre à la crise économique et donc à l’insécurité alimentaire croissante.

Pourtant, force est de constater que 40 ans plus tard, le nombre de bénéficiaires ne fait qu’augmenter, l’insécurité alimentaire aussi.

À l’occasion de la rentrée scolaire, le site québécois Science Presse a réalisé une émission sur la restauration à l’école. On y apprend qu’1 enfant sur 5 au Québec ne mangerait pas à sa faim.

L’émission rappelle également que le Canada est le seul pays riche du G7 à ne pas avoir de programme national d’alimentation dans les écoles.

Pour autant, des actions sont réalisées pour lutter contre ce fléau, comme le Club des petits-déjeuners.

D’autres existent à l’instar de La Cantine pour tous ; la Tablée des chefs ou encore Alimentation 5 épices.

Pour rappel, le gouvernement canadien a également annoncé en avril dernier investir 1 milliard de dollars sur 5 ans pour un programme d’alimentation scolaire universel au Québec.

Initiatives Locales et Achat d'Aliments Québécois

Favoriser l’achat de produits alimentaires locaux dans les établissements publics, notamment en santé, est un objectif stratégique du gouvernement du Québec.

Si cette démarche semble naturellement porteuse de bénéfices - qualité des aliments, soutien à l’économie locale, réduction de l’empreinte écologique -, elle se heurte à de nombreux défis pratiques, juridiques et organisationnels.

En septembre 2020, le gouvernement de la province de Québec (Canada) annonçait sa Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois (SNAAQ).

Le plan 2023-2027 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a ainsi demandé que 100 % des établissements publics visés se soient donné une cible ou aient indiqué leur objectif en matière d’achat d’aliments québécois avant le 31 mars 2026.

Cette initiative interpelle particulièrement les acheteurs et les responsables de production alimentaire des établissements de santé et de services sociaux de la province puisque les achats alimentaires de ce milieu représentent près de 60 % de tous ceux du réseau institutionnel (santé, éducation, etc.) de la province de Québec.

Cette réalité n’est pas unique, plusieurs réflexions ont été menées dans des hôpitaux français afin de considérer la prestation alimentaire comme une composante de la remise sur pied du patient.

Les produits locaux sont souvent associés à la qualité et à la fraîcheur tout en minimisant l’empreinte environnementale liée au transport.

Le Dépôt Alimentaire NDG

Le Dépôt alimentaire NDG (pour Notre-Dame-de-Grâce) a été fondé en 1986 pour offrir une aide alimentaire d’urgence face à la crise économique.

Jusqu’en 2003, il était porté par le Conseil communautaire NDG, une coalition d’organismes du quartier Notre-Dame-de-Grâce réunis depuis 1942 pour soutenir et coordonner les initiatives d’engagement citoyen.

Devenu indépendant, il entame des démarches dès 2010 pour se rapprocher de deux autres organismes de la communauté : Action Communiterre (agriculture urbaine) et les Ateliers Boîte à Lunch (éducation alimentaire), avec lesquels il fusionne en 2015.

La fusion de ces trois organismes a ainsi permis de rassembler au sein d’un même centre les activités de jardinage, de cuisine, d’accès à l’alimentation et d’éducation.

En juin 2018, suite à un appel à projets, le Dépôt rejoint le réseau des centres communautaires d’alimentation du Canada, avec lequel il partage des valeurs et des objectifs communs.

Le Dépôt est situé dans l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, premier arrondissement de la ville de Montréal en termes de population, et qui compte plus de 45 000 résidents (soit 27 % de la population) vivant avec un faible revenu.

En 2017, 14 100 de ces résidents, soit 8,5 % de la population, ont utilisé les services d’une banque alimentaire.

Trois secteurs du quartier NDG ont été classés par la direction régionale de santé publique de Montréal en 2013 comme « des déserts alimentaires ».

L’arrondissement se distingue également par sa diversité linguistique et ethnoculturelle, avec 47 % d’immigrants - le plus haut taux de la ville de Montréal.

« Nous sommes convaincus au Dépôt que l’insécurité alimentaire est un symptôme de la pauvreté, et la façon la plus efficace de combattre la pauvreté c’est d’augmenter les revenus des individus. Ça a beaucoup influencé notre positionnement ces dernières années. On a une vingtaine de programmes basés autour de la santé : des programmes qui visent à améliorer la santé mentale et physique de notre communauté, avec plusieurs portes d’entrée à l’organisme. Soit vous pouvez venir pour un panier d’urgence (avec des choix sains), ou vous pouvez entrer par nos jardins collectifs, nos cours de cuisines, nos marchés de fruits et légumes sains, via nos repas communautaires… Tous nos programmes sont basés sur la santé ainsi que la dignité et le respect. L’idée c’est de bâtir une confiance avec nos participants pour les accompagner à accomplir leurs objectifs de vie » présente Daniel Rotman, le directeur du Dépôt.

Au contraire de l’aide alimentaire classique vue seulement comme une consommation d’aliments, le Dépôt voit l’alimentation non seulement comme une réponse à la faim, mais surtout comme une occasion d’aider des personnes à faible revenu face aux diverses difficultés qu’elles rencontrent.

En entrant au Dépôt par telle ou telle activité, les participants rejoignent un véritable écosystème, qui permet d’agir sur les enjeux systémiques liés à la pauvreté : insécurité alimentaire bien sûr, mais aussi isolement social, santé, développement personnel, engagement citoyen, insertion professionnelle, etc.

Pour Tim Lang, la démocratie alimentaire désigne « la grande lutte au cours des siècles, dans toutes les cultures, pour permettre à tous les citoyens d’avoir accès à une alimentation décente, abordable et bénéfique pour la santé, cultivée dans des conditions dans lesquelles ils peuvent avoir confiance ».

En ce sens, on peut considérer le Dépôt, et plus largement les centres communautaires d’alimentation du Canada, comme des espaces de démocratie alimentaire, l’initiative étant un projet porté par la société civile, pour un accès décent à une alimentation saine et durable, avec des valeurs inhérentes de justice sociale (accès, participation, pouvoir d’agir) et de citoyenneté.

Cette transformation sociale, ce changement de paradigme, repose sur une vision holistique de la pauvreté mais aussi de l’alimentation.

Multidimensionnelle, l’alimentation l’est autant que la pauvreté.

La politique d’alimentation saine instituée au Dépôt est le socle de tous les programmes.

Elle s’assure que les aliments fournis par le centre sont frais, sains et nutritifs, et ce aussi bien pour la santé des participants que pour la sensibilisation du plus grand nombre aux sujets relatifs à la nutrition et à la pauvreté.

Cette politique a été créée avec et pour les participants.

Le Dépôt a de fait repensé tous ses programmes, mais aussi sa politique d’achat, pour s’assurer de la sélection rigoureuse des aliments offerts.

Les aliments frais et non transformés d’origine locale et/ou biologique sont privilégiés autant que possible, permettant ainsi également de soutenir une transition vers une agriculture plus durable.

En 2019, le Dépôt a reçu la plus haute distinction du concours Prix d’excellence du ministère de la santé et des services sociaux.

Plusieurs programmes sont clairement destinés aux personnes à faible revenu, afin qu’elles aient accès à une alimentation saine de manière digne et respectueuse.

En parallèle, réduire l’isolement social ou encore partager les valeurs et les objectifs du Dépôt requièrent que celui-ci soit un espace de mixité sociale, où chacun peut découvrir, apprendre et participer, que ce soit aux ateliers ou en tant que bénévole, quelle que soit sa classe sociale.

Les ateliers d’agriculture urbaine, les marchés ou encore les évènements sont ainsi ouverts à toutes et tous.

Le Dépôt accueille environ 80 % de personnes à faible revenu, et 20 % issues d’autres classes sociales.

« L’idée, c’est vraiment de continuer ce changement pour pouvoir être un espace pour accompagner les participants et les aider à accomplir ce qu’ils veulent dans la vie. Donc on essaie de créer des programmes de réinsertion d’emploi ou pré-insertion d’emploi. On a plusieurs programmes pour soutenir différents groupes de la population sur certains enjeux spécifiques. C’est vraiment une approche d’empowerment, de respect et de dignité mais aussi une approche d’écoute » explique Daniel Rotman.

Terme polysémique, « empowerment » vient originellement de Grande-Bretagne, puis à été utilisé aux États-Unis, avant d’arriver en France dans les années 2000.

Il « articule deux dimensions, celle du pouvoir, qui constitue la racine du mot, et celle du processus d’apprentissage pour y accéder », on y retrouve également « trois dimensions : individuelle, collective et politique ».

Ainsi, cette notion implique une démarche émancipatrice, qui part de l’individu grâce à un développement, un renforcement de ses capacités, de son estime et de sa confiance en soi, qui lui permettent de s’engager au sein de l’action collective, pour transformer la communauté .

En ce sens, la notion d’empowerment rejoint bien le concept de démocratie alimentaire, tout en insistant sur la dimension individuelle propre à l’émancipation de chacun.

Donner à chacun les moyens de devenir un citoyen à part entière permet à chacun de se réaliser.

Les personnes à faible revenu ont un rôle essentiel à jouer pour la défense de leurs propres intérêts et des personnes qui vivent les mêmes situations, en partageant leurs témoignages.

Aidées, soutenues, épaulées, elles peuvent ainsi avoir les moyens de s’exprimer pour témoigner, mais aussi pour demander et même revendiquer des changements : « From this platform it becomes possible for people to move beyond their community to articulate their needs on a larger scale.

Il y a plus de huit mille personnes qui passent par le Dépôt chaque année. - Au club de justice sociale, les participants, les membres de l’équipe du Dépôt et des personnes extérieures discutent, invitent des militants, des représentants du monde académique, des personnes qui vivent dans des situations de pauvreté, pour témoigner, échanger et débattre. - La série d’évènements et d’ateliers sur le plaidoyer permet aux membres de s’informer et de se former sur des sujets tels que l’insécurité alimentaire mais aussi le « mal logement » ou encore l’emploi. Évènements et ateliers permettent ainsi de mettre le doigt sur les sujets cruciaux qui touchent les participants directement et quotidiennement. Plus globalement, le Dépôt participe à des activités de plaidoyer envers les médias ou les élus locaux « car on est conscients que nos activités locales ne seront pas suffisantes pour s’adresser aux causes de la pauvreté ou de la sécurité alimentaire ».

- Un soutien individuel est offert à chaque participant, par exemple au moyen de ressources juridiques mais aussi pour les aider à trouver ou retrouver un emploi. Chaque année, c’est plus de sept cents demandes de référence et d’assistance qui sont satisfaites. Soixante-trois pourcents des participants qui se sont engagés en tant que bénévoles ont acquis de nouvelles compétences grâce au Dépôt, des compétences qui permettent de (re)trouver un emploi plus facilement. Ainsi, sur mille quatre-vingt-seize bénévoles actifs, douze ont quitté leurs missions pour accepter un emploi.

C’est le cas de Mikhail, qui est venu au Dépôt prendre un panier alimentaire d’urgence lorsqu’il est arrivé au Canada de Russie et qu’il se trouvait avec sa famille dans une situation de précarité. Il a trouvé son premier emploi au Dépôt en tant qu’assistant à la distribution pendant 8 mois.

Avec l’aide du Dépôt, grâce aux membres de l’équipe ou aux personnes rencontrées au centre, les difficultés s’estompent et chacun arrive peu à peu à se reconstruire et à reprendre sa vie en main, comme le montre ce témoignage d’un participant : « Simplement être actif avec d’autres personnes m’aide à sortir de chez moi et de mes réalités floues, et à me faire interagir avec d’autres. Je me sens moins isolé. Je n’ai plus l’impression que mes problèmes sont si grands face aux problèmes des autres. Je me sens utile, c’est très important ».

Depuis le rapprochement des trois organismes pour former le Dépôt centre communautaire d’alimentation, un nouveau modèle d’évaluation a été mis en place, appelé « modèle logique ».

Cet outil permet une planification et une évaluation permanente grâce à une explicitation des chemins d’impact des actions.

Des résultats qui s’expliquent également par une véritable culture d’innovation et de résilience, qui a pu être construite avec les trois organisations, au sein de laquelle toute l’équipe du Dépôt, mais aussi les bailleurs de fonds, sont prêts à constamment tester et évaluer.

« Le fait de bâtir une culture ensemble, ça créé une culture où la peur du changement n’existe pas, cela nous permet d’essayer des choses » explique Daniel Rotman.

En tant qu’organisme à but non lucratif, la gouvernance du Dépôt est assurée par un conseil d’administration (une dizaine de bénévoles).

Le directeur est assisté d’une directrice de développement et d’une directrice de programmes, qui gèrent les quatre grands volets du projet : le pôle ressources (administratif), le pôle éducation alimentaire, le pôle accès alimentaire, et le pôle agriculture urbaine.

Actuellement, le Dépôt occupe deux lieux distincts, un pour la partie administrative et l’autre pour les programmes, ce qui est contraignant pour une bonne organisation mais aussi pour un décloisonnement et un développement des activités, notamment avec les organismes partenaires.

Le Dépôt est un exemple parmi treize centres communautaires d’alimentation au Canada, l’objectif du réseau étant d’accréditer davantage de centres dans le pays pour gagner en efficacité et en stabilité.

Le changement d’échelle s’est donc réalisé par la structuration du réseau puis l’essaimage des centres dans le pays.

Tout d’abord, le fait d’intégrer plusieurs activités sous un seul chapeau permet aux participants d’avoir plusieurs portes d’entrée : une fois entrés par un atelier de jardinage ou par un panier d’aide alimentaire, ils sont davantage en confiance pour participer à d’autres activités au sein du même organisme, ils n’ont pas à refaire la démarche et à redonner leur confiance, surtout lorsque l’on parle de personnes isolées qui n’ont pas confiance en elles.

Au démarrage du Dépôt, seulement 5 % des participants qui allaient à la banque alimentaire allaient à l’atelier d’agriculture urbaine.

Un second facteur clé est de construire une relation de confiance avec chaque partie prenante, une relation qui se construit autour de valeurs et d’objectifs communs.

Les parties prenantes dans ce cas peuvent être aussi bien un jardinier d’Action Communiterre, qu’un bénévole au Dépôt, ou un partenaire financeur historique.

Un dispositif d’évaluation permanente des impacts est également essentiel pour la réussite d’un tel projet.

Coût de l'Alimentation

D’après Statistiques Canada, en 2017, un adulte canadien dépensait en moyenne 355 $ par mois pour se nourrir. Encore une fois, ce n’est qu’une moyenne.

Vos dépenses dépendront beaucoup de votre province de résidence, des supermarchés que vous fréquentez et de vos habitudes alimentaires.

Les provinces où les dépenses alimentaires restent les moins élevées sont la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador.

Le coût de la nourriture dépend toujours fortement de votre ville d’installation.

De manière générale, cependant, les produits frais (produits laitiers, fruits et légumes…) ont tendance à être beaucoup plus chers qu’en France ou en Belgique.

Il est également très difficile de trouver des produits locaux et-ou biologiques à petits prix.

Il n’est pas impossible de bien se nourrir, mais il faut faire preuve d’ingéniosité en allant dans plusieurs boutiques, marchés, et supermarchés !

Voici quelques prix moyens donnés à titre indicatif. Nous avons obtenu ces prix sur le site de Statistiques Canada ou directement sur les sites Internet des supermarchés canadiens (comme Metro à Montréal) en novembre 2024. Ces prix ne tiennent pas compte des réductions dont vous pouvez bénéficier.

TAG:

En savoir plus sur le sujet: