L'accident vasculaire cérébral (AVC) est une problématique mondiale avec plus de 12,2 millions de nouveaux cas chaque année, soit un AVC toutes les 3 secondes. En 2022, plus de 100 millions de personnes vivaient avec des séquelles d’AVC, près du double sur les 30 dernières années. En France, environ 120 000 personnes sont hospitalisées pour AVC chaque année, et plus de 30 000 en décèdent.
La prise en charge de l'AVC est une urgence médicale, car la connaissance des symptômes et l'appel immédiat des services de secours conditionnent le pronostic pour limiter les séquelles. Un grand nombre d’AVC peut être évité en agissant sur les facteurs de risque modifiables.
En Nouvelle-Aquitaine, les AVC touchent 2 personnes par heure. La prévention contre ces « attaques » est efficace, mais il faut aussi savoir reconnaître les signes d’un AVC pour agir vite et éviter les séquelles. En conséquence, les cellules du cerveau ne reçoivent plus l’oxygène et les nutriments dont elles ont besoin pour fonctionner normalement.
Selon le type d’AVC (et notamment les AVC ischémiques), des traitements efficaces existent, mais ils ne peuvent être administrés que dans les 4h30 qui suivent le début de l’AVC. En effet, un diagnostic et une prise en charge précoces permettent de réduire de 30% la mortalité ainsi que le risque et la gravité des séquelles. À chaque minute qui s’écoule avant le traitement, le patient victime d’un AVC perd en moyenne 1,9 million de cellules cérébrales. Le risque de dégradation irréversible ou de décès augmente donc à chaque minute.
Le Rôle de Votre Médecin dans la Prévention
Votre médecin joue un grand rôle dans la prévention. À l'occasion d'une consultation, évoquez avec lui votre risque cardiovasculaire et faites le point. Même si vous n'avez aucun facteur de risque apparent, ne négligez pas cet échange. Suite à cette évaluation, il vous conseille, si besoin, sur les moyens de réduire votre risque cardiovasculaire.
Changer d’hygiène de vie est indispensable, mais, parfois, ne suffit pas. Votre médecin traitant peut alors vous prescrire un traitement médicamenteux pour limiter les complications cardiovasculaires et en particulier l'accident vasculaire cérébral.
Alimentation et Risque d'AVC
Alors que l’AVC est la deuxième cause de décès dans le monde, ces données permettent d’y voir plus clair dans le lien entre le régime alimentaire et le risque de chaque type d’accident vasculaire cérébral. En effet, jusqu'à présent, la plupart des études ont examiné l'association entre l'alimentation et l'AVC, tous types confondus.
Les chercheurs ont analysé les données de 418.329 hommes et femmes de 9 pays (Danemark, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Royaume-Uni) participant à la cohorte EPIC entre 1992 et 2000. Les participants ont rempli des questionnaires sur leur alimentation, le mode de vie, les antécédents médicaux et les facteurs sociodémographiques, et ont été suivis pendant une moyenne de 12,7 ans. Durant cette période, 4.281 AVC ischémiques et 1.430 AVC hémorragiques ont été recensés.
Les groupes alimentaires étudiés comprenaient la viande et les produits carnés (viande rouge, viande transformée et volaille), le poisson et les produits à base de poisson (poisson blanc et poisson gras), les produits laitiers (lait, yaourt, fromage), les œufs, les céréales et les produits céréaliers, les fruits et légumes (combinés et séparément), légumineuses, noix et graines, et fibres alimentaires (fibres et céréales totales, fruits et fibres végétales).
Quel régime « idéal » contre l’AVC ?
Il est utile d’examiner les facteurs des différents sous-types d'AVC séparément, les associations alimentaires venant se combiner avec d'autres facteurs de risque spécifiques, tels que le taux de cholestérol ou l'obésité, qui influencent aussi différemment les deux types d’AVC.
- Des fibres avant tout: la quantité totale de fibres (y compris les fibres des fruits, des légumes, des céréales, des légumineuses, des noix et des graines) est associée à la plus grande réduction possible du risque d'AVC ischémique. Chaque apport de 10 g de fibres par jour est associé à un risque inférieur de 23%. A titre indicatif, 2 tranches épaisses de pain grillé complet fournissent 6,6 g de fibres, une portion de brocoli environ 3 g, et une pomme environ 1,2 g de fibres.
- Fruits et légumes: Pour la catégorie des fruits et légumes, ce nombre s’élève à 21 %, avec un effet plus marqué des fruits (23 %) que des légumes (14 %).
- Produits laitiers: La consommation de produits laitiers est associée à une réduction du risque d’AVC de 13 %. Cet effet protecteur est particulièrement marqué pour les produits laitiers pauvres en matière grasse et les fromages. Une relation dose-effet non linéaire a été mise en évidence entre la consommation de lait et le risque d’AVC.
- Poisson: Les consommateurs réguliers de poisson présentent un risque diminué d’AVC entre 9 et 14 % par rapport aux très faibles consommateurs.
- Fruits secs oléagineux: Les gros consommateurs de fruits secs oléagineux présentent une diminution du risque d’AVC de l’ordre de 10 % comparativement aux faibles consommateurs.
- Thé: Le risque d’AVC est diminué de 23 % chez les consommateurs de thé. L’analyse de l’effet de dose montre une diminution de ce risque de 13 à 18 % pour une augmentation de la consommation de 3 tasses par jour. L’analyse par sous-groupes met particulièrement en avant le thé vert pour ses effets protecteurs.
- Café: Il semble exister une relation non linéaire entre la consommation de café et le risque d’AVC.
- Viandes rouges et transformées: Parmi tous les groupes d’aliments étudiés, seul celui des viandes rouges et transformées montre une relation positive avec le risque d’AVC. En effet, une consommation élevée de viandes rouges est associée à une augmentation du risque de 9 % comparativement à une consommation faible. Cette valeur s’élève à 14 % pour les viandes transformées.
En conclusion, cette revue de littérature apporte des preuves solides sur les liens entre la consommation des aliments des différents groupes et le risque d’AVC. Des consommations élevées de fruits, légumes, fruits secs oléagineux, produits laitiers, poisson et thé, ainsi que des consommations modérées de café et de chocolat sont à promouvoir pour réduire ce risque.
Autres Facteurs de Risque et Modifications du Mode de Vie
Pour les AVC, la bonne nouvelle est que la prévention est efficace ! Mais de nombreux facteurs sont modifiables, le premier d’entre eux étant l’hypertension artérielle (HTA). Parmi les adultes de moins de 50 ans, les facteurs de risque traditionnels, tabagisme ou hypertension notamment, sont aussi mis en cause.
Il est démontré qu’un mode de vie sain, adopté par une population à haut risque cardiovasculaire et sans antécédent d’accident vasculaire cérébral (AVC), est associé à une réduction de 70% du risque de survenue d’un AVC.
En définitive, pour réduire efficacement le risque d’AVC, les modifications du mode de vie doivent porter sur de multiples facteurs de risques cardiovasculaires.
L'importance de l'activité physique :
- La sédentarité accroît la mortalité totale et la survenue d’AVC de 25 à 30 %, même chez les sujets âgés à haut risque vasculaire. Un bénéfice est observé quelque soit le type d’activité physique (de loisir, sportive, marche).
- Certaines études ayant démontré une diminution substantielle du risque d’AVC avec un exercice plus intensif, l’Association Cardiologique Américaine (AHA) préconise une activité aérobie plus intense avec au moins 40 mn, au minimum 3 à 4 fois par semaine en prévention primaire.
- Pratiquez une activité physique régulière adaptée à votre capacité physique. Faire ses courses, se rendre au travail, accompagner les enfants à l’école, peuvent devenir autant d’occasions de marcher.
- Si vous êtes parent, profitez du week-end pour partager les jeux de vos enfants (ballon, vélo, etc.) ou vous promener avec eux. Pendant la sieste, vous pouvez peut-être faire un peu de gymnastique à la maison, en vous aidant par exemple d’un programme enregistré sur CD ou DVD ou d’une plateforme de jeux vidéo. Si vous vivez dans un logement assez grand, pensez au vélo d’appartement. Il n’y a pas d’âge pour commencer une activité physique régulière, à condition de le faire progressivement.
- La marche est facile à pratiquer chaque jour, en favorisant les déplacements à pied. Pensez également aux clubs ou associations qui proposent près de chez vous diverses activités (randonnées, aquagym, danse de salon, etc.) et qui vous permettront de développer vos contacts sociaux.
Le tabagisme et l'alcool :
- Une méta-analyse récente a mis en évidence une augmentation de 25% du risque d’AVC pour chaque consommation de 10 cigarettes quotidiennes. Le tabagisme passif est également mis en cause: il double le risque d’AVC.
- Pour éviter un AVC, il est recommandé de ne pas fumer ou d’arrêter. Fumer diminue vos capacités respiratoires et cardiaques à l’effort. Votre médecin traitant peut également vous aider et vous conseiller sur l’arrêt du tabac. Si vous êtes dépendant au tabac, il peut vous prescrire un traitement de substitution à la nicotine, sous forme de timbre, de gommes à mâcher ou de comprimés à faire fondre sous la langue. Si les dosages sont bien adaptés, ces substituts comblent le manque de nicotine.
- La relation entre la prise d’alcool et l’AVC ischémique suit une courbe en J, le risque étant le plus bas pour 2 verres par jour chez les hommes et un verre chez les femmes. Quant aux diverses drogues (cocaïne, amphétamines, ecstasy, héroïne) elles favorisent les risque d’AVC, ischémiques et hémorragiques.
Surpoids et obésité :
- Le surpoids aggrave le risque d'apparition des maladies cardiovasculaires dont l'AVC. Pour savoir si vous êtes en surpoids, calculez votre indice de masse corporelle ou IMC (poids divisé par la taille au carré).
- L’obésité accroît le risque d’AVC (fatal, ischémique ou hémorragique), tant chez les sujets âgés que chez les plus jeunes. Les élévations de tension artérielle, de cholestérol et de glycémie, favorisés par l’excès de poids, contribuent pour les trois quarts à cet excès de risque. Chez les sujets en surcharge pondérale ou obèses, le risque d’AVC augmente de 5% pour 1 kg/m2 d’IMC.
- Les recommandations actuelles préconisent donc la réduction pondérale dans ces populations, même si le bénéfice reste encore incertain, au vu des rares études sur le sujet.
Conseils alimentaires supplémentaires :
- Vous n'avez pas besoin de suivre un régime strict pour réduire vos facteurs de risque cardiovasculaire. Évitez une alimentation trop riche en graisses. Méfiez-vous des plats préparés (industriels). Ils sont souvent trop riches en sucres, graisses et sel. Attention au grignotage en dehors des principaux repas. Privilégiez une cuisson à la vapeur plutôt qu'au beurre ou en friture. Modérez votre consommation d'alcool.
- Le sodium augmente le risque d’AVC et la mortalité. En revanche, une augmentation quotidienne de 1g de potassium réduit le risque de 11%. Des apports élevés en magnésium sont associés à une diminution du risque, à l’inverse du calcium, qui a été rapporté de manière moins constante à une augmentation du risque. La quantité globale et le type de lipides et d’acides gras (saturés, mono insaturés, poly insaturés, oméga 3, trans…) n’affectent probablement pas le risque d’AVC de même la quantité et le type de protéines alimentaires. Les flavonoïdes (issus principalement des agrumes) et le lycopène (notamment des tomates) réduisent ce risque. L’Etude de prévention PREDIMED a clairement montré une réduction du risque d’AVC, confortant ainsi d’autres études sur le régime méditerranéen. Enfin, la dénutrition protéino-calorique est un facteur de mauvais pronostic si elle est présente au moment de l’AVC.
Bilan de Prévention Personnalisé
Entièrement pris en charge par l’Assurance maladie, il est fait avec un médecin, un pharmacien, une sage-femme, ou une infirmière pour bénéficier de conseils personnalisés et vivre en bonne santé plus longtemps. Vous pourrez ainsi comprendre et agir sur ce qui détermine votre état de santé, bénéficier d’actions de dépistage et lutter contre l’apparition de maladies telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore certains cancers. L’objectif est de devenir acteur de votre santé.
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