Le gaspillage alimentaire est un sujet dont on entend beaucoup parler, pourtant il n’est pas toujours évident de comprendre ce qu’il représente réellement ni les enjeux qui l’entourent. Bien loin d’un simple sujet tendance, le gaspillage alimentaire s’illustre comme un véritable phénomène de société aux répercussions nombreuses.
Qu'est-ce que le gaspillage alimentaire ?
De manière générale, le gaspillage alimentaire peut être défini comme la perte ou la destruction d’aliments en état d’être consommés. Le gaspillage alimentaire peut se produire à différents stades de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, de la production à la distribution, en passant par la transformation, la vente au détail et la consommation.
Ainsi, le gaspillage alimentaire constitue un problème majeur dans le monde entier, avec des conséquences environnementales, économiques et sociales importantes. On estime que près d’un tiers de la nourriture produite dans le monde est perdue ou gaspillée chaque année, ce qui représente des milliards de tonnes de nourriture.
L'ampleur du gaspillage alimentaire : chiffres clés
Le gaspillage alimentaire est une problématique majeure en France, mais également dans le monde entier. Voici quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes pour vous aider à mieux comprendre l’ampleur du gaspillage alimentaire à l’échelle de notre planète.
Les chiffres du gaspillage alimentaire en France
Selon l’ADEME (l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), 10 millions de tonnes d'aliments sont jetés ou perdus chaque année en France, soit l’équivalent de 150 kg par personne et par an. Presque 70% de ce gaspillage provient des ménages, un taux particulièrement élevé qui pousse à la réflexion ainsi qu’à une profonde remise en question de nos modes de consommation.
Ces chiffres peuvent choquer, alors même qu’1 personne sur 9 dans le monde est sous-alimentée. D’un point de vue économique, les chiffres sont tout aussi parlants, avec un coût du gaspillage alimentaire s'élève à environ 16 milliards d'euros par an en France (toujours selon l’ADEME).
Les chiffres du gaspillage alimentaire à l’échelle mondiale
Savais-tu qu’à l’échelle mondiale, environ un tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée chaque année ? Des chiffres qui paraissent irréels, mais qui démontrent bel et bien un important dysfonctionnement des systèmes de production, de distribution ainsi que de consommation de nos sociétés modernes. Ça pousse à la réflexion !
L’impact environnemental du gaspillage alimentaire
Au-delà de l’aspect purement éthique et financier, il faut garder à l’esprit que le gaspillage alimentaire est responsable de l'émission de 15 millions de tonnes de CO2 par an en France, soit l'équivalent de 3 millions de voitures qui roulent pendant toute une année.
Les origines du gaspillage alimentaire
Il serait faux d’affirmer qu’il existe une seule et unique origine du phénomène de gaspillage alimentaire. En réalité, ce dernier a lieu tout au long de la chaîne alimentaire, notamment lors de :
- la production agricole, détenant à elle seule environ 32% des pertes de la chaîne de gaspillage,
- l’étape de transformation, souvent sous-estimée mais impactant malgré tout significativement le gaspillage alimentaire à hauteur de 21%,
- la distribution et le transport, incluant des détériorations fréquentes des aliments, équivalent à 14% du gaspillage alimentaire total,
- notre consommation à domicile, représentant quant à elle près de 33% de la chaîne du gaspillage alimentaire, soit le poste de gaspillage le plus important !
En d’autres termes, le gaspillage alimentaire est un processus complexe impliquant de nombreux acteurs, traduisant que nous avons en quelque sorte tous·tes un peu notre rôle à jouer.
Produits alimentaires les plus gaspillés
Il s’agit principalement :
- des fruits et légumes, ces derniers ayant une durée de vie relativement courte et étant régulièrement jetés sans être complètement consommés,
- des boissons,
- du pain, les restes de pain étant souvent jetés au lieu d’être réutilisés en croûtons ou encore en pain perdu,
- des produits laitiers,
- des viandes et poissons, ou encore des plats préparés.
Les enjeux du gaspillage alimentaire
Le sujet du gaspillage alimentaire est très présent dans l’actualité, aussi bien en France qu’à l’étranger, et pour cause. Ce dernier s’accompagne d’enjeux sociétaux particulièrement importants, touchant tant à l’environnement, à l’économie qu’aux valeurs éthiques et sociales.
Les enjeux environnementaux
Les enjeux environnementaux du gaspillage alimentaire sont connus de tous, mais il reste crucial de les rappeler. Tout d’abord, il faut savoir que le gaspillage alimentaire contribue à la production de gaz à effet de serre, lesquels sont en partie responsables du changement climatique.
Lorsque les aliments sont jetés et finissent dans les décharges, ils se décomposent et produisent du méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone. Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), le gaspillage alimentaire mondial produit ainsi environ 3,3 milliards de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit environ 7 % des émissions totales.
Ensuite, au regard des ressources naturelles, il faut souligner que la production alimentaire nécessite la mobilisation d’importantes quantités de ressources naturelles comme l'eau, l'énergie et les terres agricoles. Or, le gaspillage alimentaire implique une utilisation inutile et surtout à perte de ces mêmes ressources. Toujours selon une étude de la FAO, le gaspillage alimentaire mondial équivaut à environ 250 km3 d'eau par an, soit suffisamment d’eau pour alimenter 9 milliards de personnes.
Les conséquences économiques
Au-delà de ses conséquences environnementales, le gaspillage alimentaire a également des impacts économiques négatifs significatifs sur les ménages, les entreprises ainsi que les gouvernements. Du point de vue des ménages, gaspiller de la nourriture revient à perdre de l’argent qui aurait pu être utilisé à de meilleures fins.
Selon la FAO, les conséquences économiques directes du gaspillage de produits agricoles (à l’exclusion du poisson et des fruits de mer) sont estimées à 750 milliards de dollars par an dans le monde, soit l’équivalent du tiers de notre PIB national. En France, le coût du gaspillage de denrées du champ à la poubelle représenterait 16 milliards d’euros annuels, d’après l’ADEME, soit 240€ par an et par personne si l’on rapporte ce chiffre à l’ensemble de la population française.
Le scandale éthique et social
La sécurité alimentaire de tous n’est pas assurée dans le monde alors même que nous produisons assez de denrées alimentaires pour combler les besoins énergétiques de chaque individu. Ainsi, aujourd’hui, 1 personne sur 9 souffre de sous-alimentation chronique dans le monde, soit 795 millions d’individus.
Et si ce fléau touche principalement les pays en développement, il n’en demeure pas moins une problématique prégnante dans nos pays industrialisés. Rappelons que le fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD qui a remplacé le PEAD pour la période 2014-2020) permet chaque année de distribuer des repas à 18 millions d’Européens, dont près de 4 millions de Français.
Les initiatives et mesures contre le gaspillage alimentaire en France
De la loi Garot en 2016, et à la loi EGalim en 2018, jusqu'à la loi Climat et Résilience en 2021, la France a pris de nombreuses dispositions législatives pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Depuis le 11 février 2020, l’objectif national en France est de réduire le gaspillage alimentaire, d'ici 2025, de 50% par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective et, d'ici 2030, de 50% par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale.
Au fil des années, l'arsenal législatif français s'est renforcé. Désormais, l’interdiction de rendre impropre à la consommation des denrées encore consommables s’applique aux industries agroalimentaires, aux grossistes, aux distributeurs et à la restauration collective.
Principales lois et mesures
- Loi Garot (2016) : Établit une hiérarchie des actions pour la lutte contre le gaspillage alimentaire, favorisant la prévention, le don, la transformation, et la valorisation en alimentation animale ou énergétique. Interdit la destruction d’aliments encore consommables.
- Loi EGAlim (2018) : Renforce les relations commerciales entre producteurs et distributeurs, visant à lutter contre le gaspillage alimentaire et à garantir une nourriture saine et durable.
- Loi AGEC (2020) : Précise la définition du gaspillage alimentaire, fixe des objectifs de réduction, étend l’obligation de diagnostic anti-gaspillage aux industries agroalimentaires, et introduit un label national « anti-gaspillage alimentaire ».
Que peut-on faire à notre échelle ?
La réduction du gaspillage alimentaire à la maison passe par un changement de nos habitudes de consommation. Cela implique des achats plus réfléchis, afin d’optimiser l’utilisation des ressources. La lutte contre le gaspillage alimentaire représente un engagement collectif et des actions concrètes de la part de tous les acteurs du système agroalimentaire.
Chiffres clés du gaspillage alimentaire en France (2021)
Étape de la chaîne alimentaire | Déchets alimentaires (tonnes) | % du gaspillage total |
---|---|---|
Production primaire | 1.24 million | 14% |
Transformation | 1.72 million | 20% |
Distribution | 633,000 | 7% |
Restauration | 1.08 million | 12% |
Ménages | 4.08 million | 47% |
Total | 8.8 million | 100% |
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